Face à l’homophobie : mettre fin à la hiérarchisation des discriminations | terra nova

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Le programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre présenté fin 2012 par Najat Vallaud


Belkacem souligne que « le progrès dans l’égalité des droits ne fera pas, à lui seul, reculer les expressions de peur, de rejet, d’intolérance, vis-à-vis de la différence relative à


l’orientation sexuelle et à l’identité de genre ». Pire que cela, aujourd’hui, LE DÉBAT AUTOUR DU MARIAGE POUR TOUS ATTISE LES VIOLENCES tandis que les discours prolifèrent sur le fait que


l’homosexualité n’est pas une variante de la sexualité, mais bien une déviance. La relativisation de la lutte contre l’homophobie souligne l’urgence d’accompagner le projet de loi de mesures


fortes pour refaire société. La sensibilisation en milieu scolaire, ou encore la formation des personnels confrontés aux victimes de violences homophobes sont des initiatives de fond


nécessaires. Néanmoins, il est un domaine qu’il ne faut pas ignorer pour opérer un véritable changement de paradigme : celui du droit. Profondément « hétérocentré », NOTRE SYSTÈME JURIDIQUE


DEVRAIT ÉVOLUER VERS UN MODÈLE GARANTISSANT UNE RÉELLE ÉGALITÉ, qui ne restera que partielle sans la modification de l’article 1er de la Constitution. Ce week-end, comme en novembre, les


défilés contre le mariage pour tous ont été le théâtre de débordements attendus. Les manifestants n’ont pas hésité lors d’interviews à qualifier l’homosexualité de désordre ou de danger pour


les fondements de la société. CES VIOLENCES, MORALES ET PARFOIS PHYSIQUES, via la mobilisation des extrémistes, S’INSCRIVENT DANS LE PROLONGEMENT DE LA LIBÉRATION DE LA PAROLE HOMOPHOBE


concomitante à l’ouverture des débats sur le « mariage pour tous » dans la société française. Confusion entre l’ouverture du mariage pour les couples de même sexe et la polygamie, discours


sur la pédophilie, rapprochements entre homosexualité et sexualité instable : autant de dérives qui ont déferlé dans la rue, sur les pancartes, et dans la presse… Une forme de discrimination


latente ressurgit, assortie de manifestations violentes de haine et d’injures. Que l’homophobie soit clinique, anthropologique, libérale, irrationnelle, cognitive, elle gagne du terrain en


France, où le malaise des homosexuels ne cesse de croître… SOS Homophobie, au mois de décembre, a vu ses appels augmenter de pas moins de 300 % par rapport à l’année 2011, où l’association


en avait reçu 350. POUR CERTAINS HOMOSEXUELS, LE DÉBAT A ENTRAÎNÉ UN RETOUR EN ARRIÈRE, alors qu’il leur semblait que la société évoluait vers une acceptation croissante de l’homosexualité.


Sur Twitter, le hashtag « simonfilsestgay » a entraîné derrière lui des insultes allant jusqu’à la menace de mort. Particulièrement inquiétant : ce qui aurait dû être considéré comme une


avancée n’a pas mobilisé que des ultras. LA REVENDICATION DE L’ÉGALITÉ DES DROITS A SUSCITÉ UNE LEVÉE DE BOUCLIERS, DE TOUTE PART, MÊLANT LES AVIS DIVERS DE CROYANTS, DE PSYCHANALYSTES, DE


POLITIQUES, D’INTELLECTUELS…   De façon pernicieuse, l’homophobie s’est introduite là où on ne l’attendait pas. Le débat a fait régresser le camp de ceux qui acceptaient en fermant les yeux,


qui s’est réveillé lorsque les homosexuels ont commencé à revendiquer les mêmes droits que les hétérosexuels. Au-delà de l’actualité, d’après les enquêtes réalisées, un homosexuel sur


quatre a déjà été agressé physiquement en raison de son orientation sexuelle au cours des dix dernières années. L’homophobie, en France, est coriace et il ne faut pas la sous-estimer. Une


violence symbolique faisant passer l’anormalité de l’homosexualité pour acquise se développe et ne cesse de croître. Pour certains, l’homosexualité est tolérée, en ce sens où elle est


acceptée mais désapprouvée, là où spontanément, car « contre nature », elle serait rejetée. LA BATAILLE CULTURELLE EST EN MARCHE. IL FAUT L’ARRÊTER, et pour cela étouffer cette propagation


des idées selon lesquelles l’homophobie n’est pas une discrimination pouvant être pleinement combattue. Du point de vue d’une certaine idéologie, s’il est impossible d’être « pour »


l’homophobie, qui est une discrimination punie par la loi, il est difficile d’être contre ; l’homosexualité étant considérée comme une dérive par rapport à une conception essentialiste du


couple. Si l’on tire le fil d’un certain raisonnement, l’homophobie est une discrimination « juste », voire justifiée. En juillet 1992, la Congrégation pour la doctrine de la foi dirigée par


le cardinal Ratzinger soulignait que « l’orientation sexuelle ne constitue pas une qualité comparable à la race, l’origine ethnique, etc. en ce qui concerne la non-discrimination. A la


différence de celles-ci, l’orientation homosexuelle est objectivement désordonnée et fait naître une préoccupation morale particulière. Il y a des domaines dans lesquels ce n’est pas une


discrimination injuste de tenir compte de l’orientation sexuelle, par exemple dans le placement ou l’adoption d’enfants, dans l’engagement d’instituteurs ou d’entraîneurs sportifs, et le


recrutement militaire ». A l’image de certaines composantes conservatrices de la société, LE DROIT FRANÇAIS NE PLACE PAS L’HOMOSEXUALITÉ AU MÊME PLAN QUE L’HÉTÉROSEXUALITÉ. Mais une nouvelle


approche est en train de se substituer à la perspective actuelle ; la logique de permissivité tend à être remplacée par l’avènement d’une réelle égalité des droits. Aujourd’hui, dans la


Constitution, ce principe est affirmé et respecté quand il concerne le sexe, la race ou encore l’origine, mais pas quand il a trait à la question de l’orientation sexuelle, qui apparaît


comme un sujet échappant aux textes fondamentaux. De façon cohérente, le droit privé a participé jusqu’alors à la perpétuation d‘un « modèle hétérosexuel ». Notre cadre juridique évolue dans


le bon sens, avec la dépénalisation de l’homosexualité, les mesures antidiscriminatoires, et bientôt, nous l’espérons, le mariage pour tous. Néanmoins, pour affirmer haut et fort le


principe d’égalité des droits pleine et entière pour les homosexuels, il apparaît pertinent de toucher à la Constitution de la Ve République. Après l’adoption du texte de loi sur le mariage


pour tous, L’ENRICHISSEMENT DU PRINCIPE D’ÉGALITÉ DANS L’ARTICLE PREMIER DE LA CONSTITUTION FRANÇAISE PERMETTRA D’ENVOYER UN MESSAGE CLAIR FACE À LA PROLIFÉRATION DE L’HOMOPHOBIE. Il serait


ainsi rédigé : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race,


d’orientation sexuelle, d’identité de genre, ou de religion ». Une proposition de loi constitutionnelle en ce sens ne sera pas seulement un outil pour mettre en cohérence les textes de loi.


Ce sera le préalable d’une nouvelle ère : celle de la fin d’une hiérarchisation institutionnelle des discriminations. Pour aller jusqu’au bout de cette démarche et affirmer une volonté


politique claire, il conviendra de mettre en place UNE AUTORITÉ DE LUTTE CONTRE L’HOMOPHOBIE ET LES DISCRIMINATIONS EN RAISON DE L’ORIENTATION SEXUELLE. Indépendante, elle pourra être saisie


selon les mêmes modalités que l’ancienne HALDE, et définira les contours et le cadre de ce combat plus que jamais d’actualité.


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