Travailler sur l’invisible dans une société amnésique
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Il s’agit tout simplement d’un texte majeur signé de Michel Berry et qui continue d’être une référence incontestée pour les chercheurs en management : _Une technologie invisible : l’impact
des instruments de gestion sur l’évolution des systèmes humains_. A l’origine publié en tant que Cahier de recherche du Centre de Recherche en Gestion de l’École Polytechnique, il est donc
disponible librement en _open access_. Le texte comprend un « avertissement au lecteur » que l’on se permet de reproduire : > Dans le cadre de son programme sur l’analyse des systèmes
sociaux > complexes, la DGRST a accordé en 1979 une aide au Centre de > Recherche en Gestion (CRG) pour mener un programme de recherche sur > le rôle des instruments de gestion dans
les systèmes sociaux > complexes. > > Ce travail a donné lieu en avril 1983 à un rapport collectif > regroupant plusieurs articles et ouvrages ainsi qu’un texte de >
synthèse. Le présent document est constitué par le texte de > synthèse auquel a été joint (voir annexe I) les termes d’une > controverse suscitée par la publication d’un article d’un
des > chercheurs du Centre (G. de Pouvourville), controverse qui alimente > très directement la problématique développée dans le texte de > synthèse. Cette production de Michel
Berry a été célébrée comme il se doit le 4 octobre 2013 à l’occasion de l’anniversaire des 40 ans du Centre de Recherche en Gestion de l’École Polytechnique. J’ai eu la chance d’y participer
et le bonheur d’entendre Michel Berry en commenter l’impact. Sa contribution, ainsi que celle de Jean Charroin (sur l’application du concept de technologie invisible au classement de
Shanghaï) et de Charles Goodhart (sur la loi dite de… Goodhart) ont été publiées dans un dossier spécial du Libellio d’AEGIS (vol. 9, n° 4, 2013, p. 27-48). De ces interventions, on peut
déduire, entre autres, que les dynamiques des classements et autres injonctions au _publish or perish_ héritées du modèle anglo-saxon et importées souvent de manière strictement mimétique
sans recul épistémologique sont porteuses de dérives. Loin d’être neutres, les technologies invisibles procèdent aussi de stratégies d’influence portées par des acteurs puissants. Et c’est
donc logiquement que Michel Berry appelle joliment à « raconter pour ne pas trop compter », et ainsi mieux résister aux technologies invisibles. Il est savoureux de noter que ce texte,
majeur, ne respecte aucun des critères qui permettraient d’en envisager la publication dans les « meilleures revues ». Simple cahier de recherche à l’origine, présentant une thèse – au sens
le plus fort – qui n’aurait pu être formulée sans la longue tradition de la recherche-intervention en prise avec « le terrain », il est à mille lieux de ce qu’on peut lire aujourd’hui à
longueur de pages des « meilleures revues ». Et c’est aussi parce que les technologies invisibles contribuent aussi – délibérément ? – à alimenter une certaine propension à l’amnésie
scientifique qu’il semble plus urgent que jamais d’entendre les chercheurs en management quand ils insistent sur la nécessité, toujours, de réinterroger les « fondamentaux », d’opérer des «
retours vers le futur ». Ceci nous amène tout droit à Booba : « _Regarder derrière sur le terrain, c’est ça être visionnaire_ » assène-t-il dans le morceau « Charbon » (album _Nero
Nemesis_). Une _punch-line_ à méditer alors que Booba, après avoir lancé le site web OKLM Official pour faire découvrir de nouveaux talents, après avoir proposé l’application OKLM Radio qui
concurrence explicitement et très directement Skyrock FM dans la conquête d’audience, va très probablement mettre en œuvre dans les prochains mois la jurisprudence « Jay-Z » : ainsi, après
le deal TIDHAL–Barclays Center, à quand le deal OKLM–Accor Hotel Arena (ex-Paris Bercy) ? Reconnaissons que dans tous les cas, la première vidéo de ce qui pourrait très vite devenir le
pilote d’un projet de bien plus vaste envergure a de l’allure… Une _punch-line_ qui n’est pas sans rappeler aussi la célèbre formule de Steve Jobs lors de son discours aux étudiants de
l’université de Stanford en 2005 : > You can’t connect the dots looking forward ; you can only connect > them looking backwards. So you have to trust that the dots will > somehow
connect in your future. Un raccourci vertigineux donc, comme le saluerait sans doute Jean Birnbaum du _Monde des Livres_ sur Twitter… Comme à sa très chouette habitude. Une _punch-line_ de
Booba qui invite enfin à lire et relire encore et encore le texte de Michel Berry. Et à se faire plaisir en regardant ensuite cette interview de Jacques de Saint Victor. Parce que s’il y a
bien un enseignement à tirer de la recherche en management en général, et du texte de Michel Berry en particulier, c’est celui-ci : les _issues_ épistémologiques, théoriques et pragmatiques
sont rarement respectueuses des frontières académiques et institutionnelles telles qu’elles peuvent, à un moment, s’instituer. C’est donc logiquement que les recherches réellement
rigoureuses et pertinentes tombent en général à côté des boîtes comme des critères retenus dans les « classements » des revues académiques, lesquels alimentent les _rankings_ spectaculaires
dont la presse grand public comme spécialisée est friande. Alors, puisque l’entrepreneuriat devrait légitimement être enfin le thème qui alimentera la prochaine campagne présidentielle,
osons l’ultime provoc’ : oui, Jay-Z ou Dr Dre ce sont bien les nouveaux Steve Jobs. Et reconnaissons que notre exemplarité stratégique francophone peut s’estimer chanceuse : s’il vit aux
États-Unis, Booba n’a jamais rappé autrement qu’en français, comme tous les rappeurs français d’ailleurs. En conclusion de cette trop brève analyse, on ne se rappelle que trop combien la
culture hip-hop en général et le monde du rap en particulier sont trop souvent taxés d’être peuplés d’auteurs analphabètes, ne respectant rien, et accessoirement sans mémoire. C’est du moins
ce qu’assument de penser sur les plateaux TV les Alain Fnikielkraut ou Eric Zemmour. À de tels gros « biffs » – beaufs ? – auxquels le papa de Marty Mc Fly fait rendre gorge dans le film de
Robert Zemeckis avec des coups de poing devenus légendaires… … On adresse donc cette vidéo de l’un de nos grands épistémologues et également professeur à l’École Polytechnique, Jean-Pierre
Dupuy… … Et on finit, avec Michel Foucault. En notant que le Hip-Hop, si mal compris, est indéniablement le plus stratégique des courants musicaux : n’a-t-il pas fait, en effet, de la guerre
contre l’amnésie portée par les technologies invisibles le sens premier d’un combat à gagner quand on veut conquérir déjà le simple droit d’exister ?
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