Snu, service militaire : les projets du gouvernement pour embrigader la jeunesse et comment y répondre

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Snu, service militaire : les projets du gouvernement pour embrigader la jeunesse et comment y répondre"


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Depuis les années 80, les classes dominantes se sont attelées à nous faire croire que la chute du mur de Berlin signait la « fin de l’Histoire », et que les démocraties libérales avaient


gagné pour de bon en écartant la perspective de guerres. Mais la guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe, est venue détruire ce récit. Face au risque de désengagement militaire des


États-Unis en Europe, les pays européens se sont lancés dans une course au réarmement. Dans ce contexte, le gouvernement français mène depuis plusieurs mois une propagande de guerre sans


précédent, qui rencontre très peu de détracteurs dans le champ politique institutionnel. Le consensus militariste s’étend jusqu’au Parti Socialiste et à Europe Écologie Les Verts, qui


promeuvent une « _écologie de guerre_ » pour justifier la militarisation. Pour renflouer leurs armées et défendre leurs intérêts, l’une des priorités des États européens est de réussir à


enrôler idéologiquement et physiquement les jeunes générations futures. Mais ce projet n’est pas simple. Les classes dominantes doivent à la fois aller à rebours de leurs propres discours


antérieurs, mais aussi convaincre une jeunesse, pourtant largement politisée contre le génocide en Palestine et la complicité de la France, de défendre son armée impérialiste. Le


gouvernement cherche à ce que les nouvelles générations rejoignent une armée qui, rien que l’an dernier, a réprimé et tué contre la mobilisation pour l’indépendance de la Kanaky, et dont


l’objectif premier est de faire régner un ordre néocolonial sur les cinq continents. Macron et la bourgeoisie sont conscients de cette difficulté, et c’est pour cela qu’ils entendent saisir


la jeunesse dès le collège, à l’aide d’une propagande brutale. LES PLANS DU GOUVERNEMENT POUR MILITARISER LA JEUNESSE Emmanuel Macron a annoncé mi-mars une « _refonte_ » du Service National


Universel (SNU) pour répondre « _aux besoins de la nation_ » et permettre « _à une jeunesse volontaire d’apprendre avec les armées et d’en renforcer les rangs_ ». Dans ce cadre, le


haut-commissariat au Plan et France Stratégie ont proposé au Président quatre scénarios possibles de mobilisation de la jeunesse. Autrement dit, des projets de réforme pour embrigader des


centaines de milliers de jeunes dans les rangs de l’armée, que ce soit à travers un SNU « vitaminé » pour attirer 200 000 jeunes par an, ou encore un service civil obligatoire élargi à la


majorité d’une classe d’âge, soit près de 600 000 jeunes. Le haut-commissariat au Plan et France Stratégie évoquent également le retour d’un service militaire obligatoire, qui serait ouvert


à 300 000 hommes, ou 600 000 hommes et femmes. Bien que cette idée reste au stade de proposition, et que la défense d’un retour à une forme de service militaire obligatoire est encore


embryonnaire en France, elle illustre les premiers pas des classes dominantes pour avancer dans la militarisation des générations futures. Au cours d’une interview en mars dernier sur la


chaîne YouTube _Legend_, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a également annoncé la préparation de nouveaux dispositifs qui visent à séduire et à embrigader de nombreux jeunes. Il


souhaite réformer la Journée Défense et Citoyenneté (JDC), pour « _la recentrer autour de la défense_ ». Il y explique : « _Avec les jeux vidéo, il y a un rapport à l’arme qui est virtuel.


Qui de mieux qu’un militaire pour rappeler à quel point ce n’est pas un jouet, que c’est un objet absolument clé pour la suite ?_ ». En ce sens, à partir de septembre 2025, de nouvelles


activités telles que des mises en situation concrètes d’interventions militaires, l’usage d’armes virtuelles mais aussi des rations militaires lyophilisées au déjeuner viendront composer la


nouvelle JDC. L’embrigadement idéologique passe donc également par des formes de divertissement dignes de dystopie. En faisant « jouer » les jeunes à la guerre, le gouvernement cherche à


rendre les métiers de l’armée désirables, et à les préparer à un avenir de conflits armés. Un rapport d’information sur le thème de « _la sensibilisation de la jeunesse à l’esprit de


défense_ », sorti le 9 avril et commandité par un député RN et un député LR membres de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale, donne un aperçu


des plans que préparent les classes dominantes pour les générations futures. Forts de leurs visites en Suède et en Lettonie – deux pays qui ont rétabli le service militaire obligatoire – les


rapporteurs proposent un plan qui mêle embrigadement idéologique et physique des jeunes. Très concrètement, les rapporteurs proposent la mise en place d’un « _parcours de citoyenneté à la


culture de défense renforcée_ », qui commencerait dès le collège avec des enseignements spécialisés, et s’achèverait par un service national généralisé. Ce service comprendrait un volet


militaire pour les volontaires, et un volet civil obligatoire pour tous les autres. Les rapporteurs insistent sur le caractère obligatoire d’une partie du dispositif proposé, qui le


distingue de l’actuel SNU, jugé « _fourre-tout_ ». De la macronie au RN en passant par Les Républicains, la bourgeoisie cherche ainsi les moyens les plus efficaces de faire contribuer la


jeunesse à l’escalade guerrière. Mais pour contraindre les futures générations à s’engager auprès d’une institution aussi réactionnaire que l’armée, où les dimensions racistes, sexistes et


autoritaires de l’État français sont exacerbées, ils doivent mener un intense travail de propagande. L’ÉCOLE AU CŒUR DE LA PROPAGANDE DE GUERRE Pour tenter de remplir les rangs de l’armée,


les classes dominantes savent qu’il faut s’y prendre tôt, et que l’école est l’institution clé pour mener à bien ce projet. Le rapport des députés LR et RN pour la Commission de défense


développe ainsi : « _La volonté de diffuser le plus largement possible l’esprit de défense n’est réalisable que par l’intermédiaire de l’école_ ». Le rapport pointe ainsi l’« _insuffisance_ 


» du cours d’Éducation Morale et Civique (EMC), et propose la création d’un enseignement visant à « _améliorer notre résilience et notre volonté de défense, tout en préparant le terrain aux


futurs et nécessaires recrutements_ ». L’objectif est donc de faire entrer de manière toujours plus claire la propagande de guerre dans les écoles dès le plus jeune âge. Dans le rapport, le


collège est considéré comme le « _moment privilégié pour être sensibilisé à ces sujets, sans a priori idéologique ou politique_ ». Une manière de chercher à contrôler les esprits des enfants


à partir de 12 ans, en les assénant de discours nationalistes, impérialistes et pro-guerre. Dans l’esprit du gouvernement, qui de mieux que les enseignants pour transmettre des discours


bellicistes et sécuritaires aux jeunes ? Bien que n’émettant que des scénarios hypothétiques, le texte donne ainsi une idée de ce qui attend les jeunes générations futures : des dispositifs


de militarisation au service des intérêts directs des armées, et une offensive idéologique importante pour matraquer « _l’esprit de défense_ » aux jeunes, à travers l’armée et la police,


mais également par le corps enseignant. C’est dans ce sens également qu’en janvier 2024, Macron insistait pour faire de l’école le « _fer de lance du réarmement civique_ », où qu’en 2025 un


dispositif « Classe Défense » ait été impulsé dans l’objectif de resserrer les liens entre l’école et l’armée. Ces mesures s’inscrivent dans une tradition républicaine qui n’est pas


nouvelle. Jules Ferry lui-même pensait l’école comme un moyen d’« _incliner les enfants aux choses militaires_ », et il défendait de prendre « _l’enfant petit, pour lui apprendre et lui


redire qu’il n’y a plus de nation sans la notion du devoir...._ ». Ce matraquage physique et idéologique passe également par une répression massive des collégiens et des lycéens sur leurs


lieux d’étude. Les arrestations et les exclusions brutales dans les lycées pendant le mouvement Palestine illustrent la volonté du gouvernement de faire taire toute forme de contestation


sociale dès le plus jeune âge. Avec le SNU et ses dérivés, l’enjeu pour le pouvoir est également de mettre sous surveillance le mouvement lycéen, foyer traditionnel de contestation, et de


renforcer « l’autorité » et le respect des « valeurs de la République » sur les jeunes générations, encore trop indisciplinées pour obéir à un projet militariste et nationaliste. LE PS, LES


VERTS ET LA FRANCE INSOUMISE SUR L’EMBRIGADEMENT DES JEUNES Mais alors que l’heure est à l’élaboration de dispositifs d’embrigadement de la jeunesse, la gauche institutionnelle se joint aux


discours militaristes. Ainsi, le Parti Socialiste, qui inscrivait déjà dans son programme en 2016 le retour du service militaire, publie en 2023, par le biais d’Hélène Conway-Mouret,


sénatrice PS, et d’une dizaine d’autres parlementaires, une contribution sur leur site intitulée « _Être au rendez-vous de notre défense_ ». Ils y critiquent le SNU, qu’ils considèrent comme


étant un projet « _aux vernis militaristes_ », qui « _brouille[rait] l’image de la finalité militaire_ ». Ils souhaitent un dispositif plus directement en lien avec l’armée, donc. Pour


renforcer « _l’esprit de défense_ » de la population, et en particulier des secteurs jeunes, ils appellent plutôt à ce que la réserve nationale soit « _massifiée_ », et à ce que le lien « 


_armée-société_ » soit renforcé. Même son de cloche pour Europe Écologie les Verts, qui prône une « écologie de guerre » et qui a créé en 2024 une commission « Défense » au sein du parti.


Flora Ghebali, membre de la liste EELV aux élections européennes 2024, est d’ailleurs ouvertement favorable à la réinstauration du service militaire pour insuffler une « _culture de


l’autorité et de la hiérarchie_ » dans la jeunesse, comme elle l’expliquait sur le plateau de RMC l’année dernière. La France Insoumise, elle, tranche dans cet océan de discours


militaristes. Mais derrière une position pacifiste, son programme ne cherche pas tant à construire une alternative antimilitariste qu’à penser une voie d’affirmation de l’impérialisme


français en indépendance des États-Unis. LFI propose depuis plusieurs années la mise en place d’une « conscription citoyenne ». Au programme, neuf mois de service obligatoire pour tous les


jeunes de moins de 25 ans, avec pour objectif de « _redonner à la Nation la souveraineté sur son outil de défense_ », comme LFI l’explique dans son programme de 2022. Le projet comprend une


formation militaire initiale au maniement des armes, et des formations ponctuelles auprès de la police, de la gendarmerie et de la sécurité civile. Il est stipulé que « _cette conscription


constituera le socle d’une Garde nationale permettant la refonte des réserves actuelles_ ». Une manière de rapprocher la jeunesse de la police, en dépit du racisme structurel que celle-ci


véhicule, et de l’armée, outil de projection de l’impérialisme français sur les cinq continents, ce qui revient à nier le rôle que jouent ces deux institutions dans le maintien de l’ordre


social pour les classes dominantes. De surcroît, cette proposition pose les fondements d’un retour progressif au service militaire obligatoire. Présentée comme un moyen de lutter « _contre


la précarisation de la jeunesse_ » car elle inclut une rémunération au SMIC, cette proposition a bel et bien comme centralité la militarisation de la jeunesse « _au service de la Nation_ »,


donc des intérêts de ses classes dominantes. Une perspective qui amène d’ailleurs LFI à critiquer le SNU d’Emmanuel Macron, jugé « _folklorique_ », et qui serait un « _caprice_ » du


président. La France Insoumise considère que c’est « _un dispositif coûteux qui ne remplit aucun objectif légitime en termes de défense_ ». En d’autres termes, LFI ne soutient pas le projet


de SNU de Macron non pas en raison de son objectif militariste de mise au pas de la jeunesse, mais plutôt parce qu’il ne serait pas assez efficace pour atteindre cet objectif. CONTRE LA


MILITARISATION, UNE RÉPONSE ANTIMILITARISTE ET INTERNATIONALISTE DE LA JEUNESSE Au Poing Levé, nous sommes résolument contre le SNU ou le retour du service militaire, même masqué sous une


forme volontaire ou avec un droit d’objection de conscience. Nous ne voulons pas gâcher notre jeunesse au profit d’une nation qui en opprime d’autres et qui est complice d’un génocide. Face


à la propagande de guerre déployée massivement par le gouvernement, il faut nous battre pour un autre projet que celui d’un avenir guerrier et austéritaire qu’il nous promet. Bien que les


classes dominantes aient encore du chemin à parcourir avant de réussir à imposer un service militaire généralisé, comme l’illustre l’opposition au SNU et les pancartes « _Parfois en


garde-à-vue, jamais au garde-à-vous_ » déployées pendant la réforme des retraites, il faut s’y opposer et s’organiser dès maintenant. En ce sens, il faut renouer avec la tradition


antimilitariste et anti-impérialiste des mouvements étudiants et ouvriers contre la guerre d’Algérie puis contre la guerre du Vietnam. La jeunesse doit s’inspirer des centaines d’Américains


qui ont refusé de s’engager au Vietnam pour défendre les intérêts réactionnaires de leur pays, et dont les pancartes en manifestation affichaient « _Burn draft cards, not children_ » [Brûle


ta carte de conscription, pas des enfants]. En imitant leur exemple, nous refuserons de participer à un « effort de guerre » qui, bien loin de la « défense de l’Europe », servira à maintenir


la domination de l’armée et des grands capitalistes français aux quatre coins du globe, comme au Sahel où l’armée française est massivement rejetée par les populations, ou en Kanaky. La


priorité du mouvement étudiant actuel est de forger une génération qui a comme boussole l’anti-impérialisme plutôt que le patriotisme. Nous n’avons rien à attendre des gouvernements de Trump


ou de Macron qui répriment les jeunes et criminalisent tout soutien à la Palestine. Les intérêts de la jeunesse se trouvent au contraire du côté des classes populaires argentines qui


luttent contre le gouvernement d’extrême-droite de Milei depuis plus d’un an, de la jeunesse serbe qui a renversé son Premier ministre, et plus largement des jeunes à l’international qui


relèvent la tête face à la montée de l’extrême-droite. Le mouvement étudiant international doit s’emparer de l’internationalisme et de l’antimilitarisme pour s’affronter aux plans mortifères


des classes dominantes.


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