De nantes à brest, les trotskystes face aux nazis
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C’est presque, mot pour mot, le titre de l’ouvrage publié l’an passé par Robert Hirsch, Henri Le Dem et François Preneau, _De Nantes à Brest, les trotskystes dans la guerre (1939-1945).
Résistance antinazie, ouvrière et internationaliste_ qui fait écho à la biographie du dirigeant trotskyste allemand, Martin Monath, également publiée chez Syllepse. Après la débâcle de
l’armée française face à l’Allemagne, les trotskystes français, déjà fragmentés sur le plan organisationnel, sont très affaiblis. Ils diffèrent entre eux sur la ligne à suivre. Par-delà ces
désaccords, toutes et tous défendent l’idée que la guerre ne pourra durer éternellement, qu’elle sera porteuse d’une nouvelle vague révolutionnaire, comme en 1917-1918, et que le monde du
travail est appelé à y jouer un rôle décisif, notamment le prolétariat allemand, alors sous les drapeaux et portant un uniforme nazi. C’est ainsi qu’intrépides, courageux et déterminés, les
militants trotskystes de la région nantaise et de Brest se lancent corps et âme dans l’intervention en direction du monde du travail, quel que soit, ou non, son uniforme. Robert Hirsch,
Henri Le Dem et François Preneau se sont livrés dans cet ouvrage à un travail colossal : grâce à la préservation de « _quinze des 19 ou 20 numéros publiés_ » du journal clandestin _Front
ouvrier_, les auteurs se sont alors attelés à reconstituer la mémoire de ce « _groupe de jeunes ouvriers et ouvrières de la région nantaise_ » qui ont, durant dix-huit mois, publié ce
journal ouvrier clandestin, étendant leurs ramifications à d’autres endroits de Bretagne, stratégique pour les Nazis, comme Brest et son port militaire. NANTES, BASTION TROSTKYSTE En 1940,
après la débâcle et le début de l’occupation, Nantes devient l’une des bases de repli pour les militants des « Comités pour la Quatrième Internationale », l’un des courants organisés de la
mouvance trotskyste hexagonale, fortement désarticulée par les effets de la guerre. Nantes est en effet une ville où les trotskystes sont déjà bien implantés. Yvan Craipeau, Marcel Gibelin
et Jean Rous y « _publient un bulletin local_, L’Etincelle, _organe des Comités pour la 4e Internationale_ ». Dès 1943, avec la constitution du Parti communiste internationaliste (PCI) à
partir de la réunification de la plupart des courants se revendiquant du trotskysme, _Front ouvrier_, journal au centre de l’ouvrage, devient le bulletin central des Nantais. Les trotskystes
sont peu nombreux. Comme le rappellent les auteurs, « _au lendemain de la victoire électorale du Front populaire, les deux organisations trotskystes, le Parti communiste internationaliste
et le Parti ouvrier internationaliste, ne regroupaient que quelques centaines d’adhérents et d’adhérentes. Une poignée seulement en Loire-Inférieure_ ». Cette situation devient encore plus
compliquée avec le début de la guerre, puis avec la débâcle et l’occupation. Ils continuent néanmoins à publier et à diffuser, dans la clandestinité, _La Vérité_ et _Front ouvrier_ : « _La
stratégie du front ouvrier et la décision d’éditer des bulletins d’entreprises qui porteront ce nom furent adoptées en juin 1943 par le Parti ouvrier internationaliste réuni clandestinement
en congrès._ ». En nous donnant à voir, au fil des pages, les différents numéros de _Front ouvrier_, les auteurs refont ainsi vivre les débats qui traversent les trotskystes. Dans le premier
édito d’août 1943, la politique est claire : « _Le front ouvrier est un rassemblement clandestin des meilleurs militants ouvriers sans distinctions de parti. Il travaille dans l’ombre et
organise la lutte pour les salaires. Il travaille à la défaite hitlérienne par l’organisation de la grève perlée, du ralentissement de la production. Il soutient les réfractaires aux
déportations en Allemagne en organisant la solidarité et la résistance collective aux rafles dans les chantiers. Il travaille à regrouper en son sein tous les militants ouvriers pour
encadrer le mouvement de masse de demain_ ». Les auteurs ont ainsi pu recenser les divers éditos publiés entre août 1943 et avril 1944 et revenir sur la façon dont les militants font face à
de multiples questions allant de la répression policière à celle du ravitaillement en passant par la résistance ouvrière, le front ouvrier et paysans, la question de l’armement, des réfugiés
et des réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). A BREST, S’ADRESSER AU TRAVAILLEUR SOUS L’UNIFORME ALLEMAND À l’époque, Brest est une ville ouvrière et militante. C’est
d’ailleurs le théâtre de violents affrontements analysés par Trotsky comme les signes avant-coureurs de la montée vers les grèves de mai-juin 1936. Le 5 août 1935, après que le gouvernement
Laval ait réduit de 10 % les dépenses publiques, les ouvriers de l’Arsenal voient leur paie rabotée : « _6 000 ouvriers de l’Arsenal, rejoint par les travailleurs d’autres secteurs,
manifestent devant la préfecture_ ». Malgré les interdictions, les ouvriers continuent leurs actions et font face à une répression importante réunissant soldats, gardes mobiles et marins.
Bilan : 1 mort, 200 blessés et des marins réfractaires emprisonnés. Mais Brest est également un port stratégique : « _Dès octobre 1940, les responsables militaires allemands lancent les
travaux pour pouvoir accueillir et entretenir leurs navires de guerre à Brest, puis décident de construire une immense base sous-marine_ ». Sur place, les militants trotskystes locaux vont
demander des renforts pour mener une politique aussi audacieuse qu’à contre-courant. Ainsi, pour échapper au STO instauré quelques mois plus tôt, Robert Cruau, Alex Bourguilleau, Serge
Tuauden et Georges et Henri Berthomé sont envoyés à Brest. Cruau et Berthomé, qui parlent allemand sont « _d’accord pour être de l’équipe militante qui mettra en œuvre le "travail
allemand"_ » abordé également dans l’ouvrage publié chez Syllepse. André Calvès, à l’époque tout jeune militant trotskyste, explique ainsi comment « _Robert Cruau envisage de développer
la propagande en direction des militaires. De Paris, nous recevons_ Arbeiter und Soldat, _‘journal clandestin animé par un camarade émigré Paul Widelin (de son vrai nom Martin Monath, qui
sera arrêté et fusillé par la Gestapo en juillet 1944)_ ». Dès lors, la politique à destination des soldats allemands passe par la publication de journaux pour les soldats, _Arbeiter und
Soldat_ et _Zeitung für Soldat und Arbeiter im Westen_. RÉPRESSION ET DÉPORTATION Poursuivis à la fois par les nazis, le gouvernement collaborateur français et les forces de Staline, les
trotskystes ne sont nulle part en sécurité [1] Le 6 octobre 1943, une opération simultanée de la Gestapo permet d’arrêter plusieurs dirigeants, cadres et militants du Parti ouvrier
internationaliste de Brest et Paris liés au « travail allemand ». Cruau est assassiné, treize autres militants brestois sont arrêtés, envoyés à Rennes avant d’être déportés. Quatre mourront
dans les camps. Du côté des militants allemands, la cellule brestoise est démantelée et les activistes sont passés par les armes [2] APRÈS-GUERRE Le coup est très dur, à Brest comme à
Nantes. Néanmoins, le PCI se restructure dans les deux villes à la Libération. Rapidement, à partir de décembre 1944, paraît _Le Prolétaire de l’Ouest_ « _organe de la région nantaise du
Parti communiste internationaliste_ ». À Nantes en particulier « _les révolutionnaires ont désormais pignon sur rue. Tous les samedis, le PCI tient une permanence au café des Amis du sport_
». Malgré les affrontements avec les staliniens, le PCI réussit à se construire. Ainsi, « _l’année 1946 fut une année faste pour le PCI nantais puisqu’entre le second congrès national de
février et le troisième, en septembre, ses effectifs furent multipliés par trois_ ». Par la suite, néanmoins, à partir de 1947 et après le reflux des grèves de 1947-1948, la situation
devient plus compliquée et « _face à un PCF désormais hégémonique à gauche et confrontés à la scission de la CGT, nombre de militants ouvriers du PCI nantais ont bien du mal à se retrouver_
». L’ouvrage, particulièrement documenté et complet est une mine d’or pour celles et ceux qui veulent suivre l’aventure des trotskystes durant la période. Les nombreuses archives exhumées et
mobilisées ainsi que les témoignages rassemblés permettent de donner corps à une époque où, bien qu’il fut minuit dans le siècle, les trotskystes refusaient de rendre les armes et leur
drapeau internationaliste. Avec courage et détermination, des succès et des coups très durs, à Nantes, Brest et ailleurs. Autant de raisons pour se saisir de cet ouvrage passionnant.
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