Argentine. Des milliers de travailleurs et d'étudiants réunis autour du pts pour s'organiser contre milei

Ce 1er mai, de nombreuses délégations d’organisations affiliées au PTS (_Parti des Travailleurs Socialistes_) représentant des dizaines de lieux de travail et d’études différents se sont

réunies au stade couvert de Ferro à Buenos Aires. De nombreux secteurs de travailleurs étaient présents : cheminots, enseignants, fonctionnaires, personnel de santé, métallurgistes,

travailleurs de la restauration, de l’agroalimentaire, dockers, employés municipaux, routiers, livreurs, et bien d’autres. Parmi ces délégations se trouvaient aussi des représentants de

plusieurs usines « récupérées » aux patrons par les travailleurs pour être placées sous contrôle démocratique ouvrier, comme l’imprimerie Madygraf ou la fabrique de céramique Zanon. La

rencontre a été l’occasion pour tous ces secteurs de s’organiser « _pour vaincre Milei, le FMI et tous leurs complices_ » comme indiquait l’affiche de l’évènement. À la tribune, se sont

succédés des représentants des différents secteurs en lutte, ainsi que des députés du PTS, élus dans le cadre du FIT-U (Frente de Izquierda – Unidad) (_Front de Gauche-Unité_), le front

électoral des différentes organisations d’extrême-gauche argentines comptant 5 députés au Parlement. Raúl Godoy, membre fondateur du PTS et figure de la lutte pour la récupération de la

fabrique Zanon, a ouvert l’évènement en rappelant la nécessité de la lutte contre les bureaucraties syndicales. Alors que ces dernières ont offert à Milei une trêve de plusieurs mois, les

différents épisodes de forte mobilisation au cours de l’année écoulée ont arraché à la CGT l’appel à une grève générale le 10 avril dernier, massivement suivie. Mais pour obtenir plus qu’une

journée isolée, il faudra la coordination et l’auto-organisation par en-bas des travailleurs pour transformer et démocratiser les syndicats en indépendance des bureaucraties. C’est

l’optique du MAC (Movimientos de Agrupaciones Clasistas), regroupement les fractions syndicales révolutionnaires affiliées au PTS. Une lutte des travailleurs qui doit se lier à celle des

retraités. C’est ce qu’ont rappelé deux militants du PTS retraités membres du mouvement qui, tous les mercredis, manifeste devant le Congrès. Ce mouvement auto-organisé, en indépendance des

partis politiques, est durement réprimé par le protocole ultra répressif de la ministre de l’intérieur Patricia Bullrich. Avant-garde de la résistance face à Milei, ce mouvement est pourtant

ignoré par les directions syndicales et le péronisme. C’est d’ailleurs naturellement que la salle a entonné le slogan « _qu’ils viennent voir, les retraités apprendront à la CGT comment

lutter_ ». C’est lors d’une de ces manifestations que la police a gazé l’éboueur et député du PTS Alejandro Vilca, les députés du FIT-U étant toujours les seuls présents les mercredis avec

les retraités. Lors de son intervention, il a rappelé les diverses insultes racistes dont il a été victime suite à cela, notamment de députés libertariens, « _parce que je suis membre d’une

communauté originaire, parce que je suis coya, parce que ça les dérange que les peuples originaires soient toujours vivants, que la lutte et la résistance de nos peuples pour nos territoires

dure encore depuis 500 ans_ ». Paula Akerfeld, enseignante et syndicaliste, a ensuite salué « _les travailleuses, qui sont majoritaires dans la société, qui représentent 70% du secteur de

la santé, de l’éducation. Nous luttons pour que les syndicats prennent en charge la lutte contre les oppressions. C’est pour ça que nous nous organisons dans le collectif Du Pain et Des

Roses_ ». Outre les délégations ouvrières et étudiantes, étaient également présents sur scène des référents des luttes pour les droits des femmes et LGBT, secteurs qui se sont illustrés

cette année par des mobilisations massives le 1er février suite aux propos transphobes de Javier Milei à Davos, ainsi que le 8 mars. Cette rencontre a également montré l’importance de

l’internationalisme, avec des interventions de camarades d’autres continents comme Julia Wallace, figure de Black Lives Matter et militante à Left Voice (organisation soeur étatsunienne de

RP et du PTS). Elle a décrit les attaques violentes de Trump envers les travailleurs, immigrés, LGBT dans les premiers mois de son mandat, et les mobilisations qui ont vu le jour pour y

faire face. Mais aussi le besoin d’une lutte internationaliste, les politiques tarifaires et impérialistes de Trump ayant un impact dans le monde entier, en même temps que monte une « 

internationale réactionnaire » liant les partis d’extrême-droite de Trump, Milei, l’AfD en Allemagne etc. Depuis la France, Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente, a évoqué la

répression internationale du mouvement de solidarité avec la Palestine. Lui-même est victime d’une accusation d’apologie du terrorisme pour un tweet de soutien au peuple palestinien, comme

est poursuivie Vanina Biasi, députée du FIT-U pour le même motif. La salle entière a ensuite apporté son soutien au militant pour son procès en brandissant des pancartes en français « 

_soutenir la Palestine n’est pas un crime_ » et en scandant le slogan « _la clase obrera es una y sin frontera_ » (la classe ouvrière est une et sans frontières). > INCROYABLE ! Plus de 

2500 travailleurs, jeunes, retraités > rassemblés en Argentine pour le 1er mai autour du PTS apportent > leur SOUTIEN à @AnasseKazib, jugé le 18 juin pour son soutien à > la 

Palestine. >  > La solidarité internationaliste en actes, rendez-vous le 24 MAI à > Paris… pic.twitter.com/TeGrvBB2SW >  > — Révolution Permanente (@RevPermanente) May 2, 2025

Figure du mouvement étudiant et candidat du PTS aux prochaines élections législatives, Luca Bonfante a ensuite pris la parole pour saluer l’occupation de dizaines d’universités lors du

mouvement qui a explosé l’an dernier contre l’austérité budgétaire de l’éducation publique, ainsi que le mouvement international étudiant de solidarité avec la Palestine. Alors que la

bureaucratie des centres étudiants liées au partis d’« opposition » péronistes et radicaux cherche à canaliser la mobilisation, il a rappelé l’importance d’unifier les assemblées

auto-organisées des différentes universités, et de socialiser les bilans et réussites du mouvement de chaque fac pour parvenir à étendre et démocratiser le mouvement, en indépendance des

bureaucraties. Une politique qui passe aussi par se lier au mouvement des travailleurs, dans l’optique d’un « nouveau Cordobazo », évoqué tout au long du meeting en référence au soulèvement

étudiant et ouvrier contre la dictature militaire en 1969. Après que les milliers de membres de la rencontre se soient répartis dans plus de 10 commissions traitant de thématiques

différentes, pour débattre et adopter au vote des motions relatives aux prochaines orientations, les députés Nicolas Del Caño et Myriam Bregman ont conclu l’événement. Nicolas Del Caño a

commencé par dénoncer l’opposition de façade qu’affichent au parlement les péronistes, pour au final permettre le vote des lois d’austérité du gouvernement Milei. Le président vient de

passer un nouvel accord avec le FMI, augmentant ainsi la dette impérialiste de l’Argentine et n’annonçant que dévaluation, inflation, coupes budgétaires et autres attaques contre les

travailleurs, au bénéfice des grands exportateurs et spéculateurs financiers. Mais c’est sous le précédent gouvernement péroniste d’Alberto Fernandez qu’a été reconnue la dette contractée

par l’ancien président Macri avec le FMI, et qu’ont été adoptées des attaques austéritaires contre les retraités et classes populaires. Le vote pour le moindre mal, prôné chaque année par

les directions syndicales en faveur des péronistes ne permettra donc pas une vraie opposition au FMI et au patronat. Mais la solution prônée par le député ne consiste pas qu’en un vote pour

la gauche, qui sera inefficace si les travailleurs n’ « _arrachent [pas] les syndicats aux bureaucraties syndicales pour s’unir aux travailleurs non contractuels et aux chômeurs_ ». C’est

pour porter cette voix que le PTS constitue pour les élections « _des listes avec des travailleurs, des étudiants, des militants pour les droits des femmes et LGBT_ » pour revendiquer le « 

_non paiement de la dette, la nationalisation des banques et des monopoles du commerce extérieur et la répartition temps de travail entre travailleurs et chômeurs_ ». Pour conclure la

rencontre, Myriam Bregman, avocate, députée et candidate aux présidentielles de 2023 pour le FIT-U, a salué ceux qui affrontent la répression de Bullrich, comme les retraités et les

journalistes réprimés par la police comme Pablo Grillo, hospitalisé depuis plus d’un mois. Mais aussi les organisations qui leur viennent en aide comme la Puesta de Salud (Poste de Santé),

collectif auto-organisé composé d’étudiants en médecine et de travailleurs de la santé, présents dans les manifestations pour soigner les blessés et mobilisés en défense de la santé

publique, ainsi que le CeProDH (Centre des Professionnels des Droits Humains), collectifs d’avocats et juristes affiliés au PTS. Ce collectif cherche également la vérité et la justice pour

les crimes commis par la dictature militaire, un « _génocide de classe_ ». Myriam Bregman a d’ailleurs rendu hommage aux mères de la Plaza de Mayo, les mères des disparus de la dictature qui

ont défilé sur la place pour la première fois il y a 48 ans, un exemple pour lutter contre la résignation. « _Vous imaginez les mères de la place de Mayo dire "c’est impossible, on n’a

pas le rapport de force", alors que leurs fils avaient disparu et que Videla était pire que Milei ? C’est eux qui n’ont pas le rapport de force ! Nous, on veut construire un grand

parti des travailleurs qui s’inspire des meilleures expériences de l’Histoire et qui lutte comme une mère, comme une grand-mère des marches de 1977_ ». Figure de la gauche argentine, MYRIAM

BREGMAN SERA PRÉSENTE LE 24 MAI À PARIS, POUR LE GRAND MEETING INTERNATIONALISTE ORGANISÉ PAR RÉVOLUTION PERMANENTE. Comme elle l’a indiqué, « _l’extrême-droite sait très bien où elle va.

C’est pour cela qu’ils organisent des forums et qu’ils déclarent faire partie de l’internationale réactionnaire, un véritable pôle contre-révolutionnaire contre les peuples et les

travailleurs du monde entier. C’est pourquoi nous pensons qu’il faut mettre toutes nos forces à convaincre que nous aussi, nous méritons notre propre internationale. Nous voulons

reconstruire une internationale des travailleurs et des peuples opprimés du monde entier, pour affronter ces fachos de toutes nos forces_ ». Pour participer à l’organisation de cette lutte

internationaliste, inscrivez-vous au meeting internationaliste de Révolution permanente, en cliquant ici ! _Lire aussi : Myriam Bregman, la trotsk la plus connue d’Argentine_