À l'ariane, les doudous reçus en consultation

Au poste d'assistants, les petits du quartier. Venus avec leurs nounours pour les faire ausculter. Première étape : le nounoursologue, sorte de médecin généraliste dédié. En fonction

des souffrances, les enfants confient dès lors leur doudou aux kinés, radiologues, dentistes, sages-femmes, pharmaciens, orthophonistes ou infirmières. Pourquoi un tel jeu de rôle ? Pour

apprivoiser le milieu des blouses blanches, essentiellement. __ _« Il s'agit de montrer que l'hôpital ne doit pas faire peur_, commente Julien Andouard, président d'Humanice.

_Pour eux, ça relève encore de l'inconnu. Mais les instituteurs nous disent souvent qu'ensuite, les enfants veulent tous être docteurs. » _ __Casaque sur les épaules et calotte sur

la tête, les petits aiment particulièrement le bloc opératoire. Où défilent Mon p'tit cœur, le Chat, Pintao, Lapi choco, et autres bêtes à poils. Pour les apprentis chirurgiennes,

difficile de conserver la distance du médecin. _« C'est trop mignon ! Et nous aussi, on se prend vachement au jeu. » _ DÉDRAMATISER __Professeur de grande section à la maternelle Les

Mésanges, Sandrine Cassier apprécie l'opportunité. _« Nous avons déjà une approche de ce milieu par la littérature jeunesse. Mais là, on va plus loin encore dans la sensibilisation. »_

Pour elle, le stand du dentiste pourrait bien être le plus important. __ _« Les dents sont souvent mal soignées dans le quartier. Il faut apprendre aux enfants à ne pas manger trop de

sucre_. » Mais d'une manière générale, l'opération permet de _« mettre des mots sur les maux »_ : _« Quand on apprend de mauvaises nouvelles, je leur montre les photos des ateliers

auxquels ils ont assisté. Pour qu'ils s'en souviennent et dédramatisent. C'est une manière de débloquer la parole. » _Les enfants, de leur côté, assurent avoir appris plein

de choses_. « Maintenant, je sais soigner les nounours, me laver les mains, et entendre le cœur »_, glisse l'une d'entre eux.