La presse satirique a une histoire

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_CETTE NOTE DE LECTURE FUT INITIALEMENT PUBLIÉE LE 24 OCTOBRE 2007 SUR __NONFICTION.FR__, SOUS LICENCE CREATIVE COMMONS. NOUS LA PUBLIONS ICI AUJOURD’HUI CAR LE LIVRE TRAITÉ RENVOIE AUX


CARICATURES, À LA LIBERTÉ DE LA PRESSE, À LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, DE RIRE. À LA LIBERTÉ, TOUT COURT._ L’ouvrage que les éditions Autrement ont fait paraître au début du mois d’octobre est


édité à l’occasion des 10 ans du Festival LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE et d’une exposition à la Bibliothèque Abbé Grégoire de Blois (du 21 septembre au 10 novembre 2007) ayant pour thème « 


Quand le crayon attaque, images satiriques et opinion publique en France, 1814-1918 ». Ce livre s’intéresse donc aux caricatures au XIXe siècle, c'est-à-dire à leur « âge d’or ». Mais


qu’est-ce, au juste, qu’une caricature ? D’emblée, Annie Duprat insiste sur le fait qu’en dépit des apparences « il n’est pas toujours facile d’en donner une définition satisfaisante », ce


qu’appuie Bertrand Tillier : « un objet protéiforme et insaisissable » après avoir néanmoins, esquissé les contours d’une définition : « une représentation révélant les aspects déplaisants


ou risibles d’un sujet ou d’une situation, en en accentuant des caractères ou des détails choisis » . Étymologiquement, « caricature » vient de l’italien caricatura, lui-même issu de latin


caricare, dont nous avons tiré aussi le mot « charge ». L’ouvrage s’articule autour de cinq chapitres (3 chronologiques et 2 thématiques). Le premier couvre la période 1814-1848, qui voit


les caricatures surveillées par le pouvoir, ce qui oblige les dessinateurs à les coder de plus en plus (« répression est mère d’invention », résume Annie Duprat). Le deuxième chapitre


traite, quant à lui, des années 1867-1881 puisque, en 1852, Napoléon III rend la pratique de la caricature politique quasiment impossible. Cela conduit donc les caricaturistes à explorer de


nouveaux sujets, notamment la satire de mœurs. À partir de 1867, le régime adoucit la législation, ce qui permet un nouveau développement de charges toujours plus transgressives. Le


caricaturiste André Gill et l’éditeur François Polo en sont alors deux figures incontournables (avec, par exemple, _La Lune_). C’est également le moment où le progrès technique permet


d’accroître les tirages et d’augmenter le nombre de vignettes dans les pages intérieures. La troisième période démarre en 1881, lorsque la liberté de la presse est enfin reconnue. Les thèmes


majeurs des caricatures – dont on oublie parfois la violence, beaucoup plus forte qu’aujourd’hui – sont alors, sans surprise : la question sociale, l’antisémitisme et l’anticléricalisme.


Sont ensuite évoqués, dans un quatrième temps, les représentations véhiculées sur les femmes (dont la revendication du droit de vote est moquée), les militaires (sous la IIIe République,


durant laquelle le service militaire devient obligatoire, l’absurdité de la vie de caserne est raillée), le monde des bourgeois (« microcosme où l’élégance des gestes et des costumes


contraste avec la vanité des propos »),… Dans le cinquième chapitre, Bertrand Tillier pose la question de la nature artistique de la caricature. Il note que, même si Baudelaire lui accorde


d’être, dès 1857, un « genre singulier », la caricature reste dépréciée car associée à l’idée de stéréotype, mais aussi à une certaine médiocrité morale et plastique. De même rappelle-t-il


qu’au tournant du XIXe et du XXe siècle, le caricaturiste voit son statut évoluer de celui d’artiste à celui de « journaliste de crayon ». En effet, tout au long du XIXe siècle, l’auteur de


caricatures a souvent suivi des études aux Beaux Arts et se consacre davantage à la peinture (Gill, ou Daumier, par exemple) ; il ne voit ses « charges » qu’avec dédain, tout en se


satisfaisant des revenus qu’elles lui procurent. Mais, petit à petit, il revendique davantage une démarche journalistique (on pense par exemple à Sennep). Enfin, après ces propos assez


généraux mais essentiels pour saisir la trame de l’évolution historique des caricatures, le lecteur sera heureux de trouver, en fin de volume, une sélection de six images efficacement


commentées qui – bien que conçue pour les enseignants – à n’en pas douter, le satisfera. Il regrettera toutefois que seules six d’entre elles aient reçu ce privilège. Fort heureusement, les


auteurs n’oublient pas d’évoquer les difficultés d’interprétation inhérentes à de telles sources. Certes, « la satire s’attache (…) aux ressorts secrets de la société, ignorés par l’imagerie


officielle. [Et] [p]ar contre coup, elle renseigne aussi sur les goûts du lectorat qu’elle cherche à séduire ». Cependant, elle est parfois malaisée à manier. Ainsi, s’il intéressant


d’étudier ce qu’elle représente ce qu’elle donne à voir, il ne faut pas, pour autant, négliger ce qu’elle dissimule. En effet, pour se limiter à un exemple, le monde rural – qui représente


plus de 80 % de la population française des années 1870 – est significativement oublié… On appréciera par ailleurs l’index (avec notice) des illustrateurs et des publications reproduit(e)s,


ainsi que la présence d’une chronologie et d’une bibliographie. Mais l’essentiel de ce livre, dont on tourne les pages d’un œil amusé – voire goguenard – et ravi, n’est pas là. Il réside


plutôt dans l’abondance de (très bonnes) reproductions (200 illustrations couleurs). Les présentations rapides, qui introduisent les chapitres, n’ont rien de rébarbatif et vont à


l’essentiel, permettant au profane comme à l’amateur éclairé de décoder et savourer les coups de crayons bien placés. Et l’on se dit, au moment de ranger ce livre, qu’on en tournerait


volontiers encore quelques pages…


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