Nombre de morts, de personnes testées, vaccinées… quels indicateurs ont été utilisés par les médias pour suivre la pandémie?
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© Crédits photo : Captures d'écran/montage La Revue des médias Face à une situation inédite, les médias audiovisuels ont principalement utilisé le « nombre de décès », statistique
aisément compréhensible, pour rendre compte de la pandémie de Covid-19. Publié le 10 novembre 2021 Comme chacun d’entre nous, les médias ont été fortement bouleversés par l’épidémie de
Covid-19. Que ce soit dans leur travail, leurs méthodes, leur organisation, ils ont dû s’adapter. Les journalistes, rarement spécialisés sur les thématiques des sciences et de la santé, ont
dû couvrir un sujet d’une intensité médiatique inédite — voir nos études sur les JT et sur les chaînes info — et sur lequel même les scientifiques disposaient de peu d’informations. Parmi la
multitude d’indicateurs statistiques fournis par Santé Publique France pour rendre compte de l’évolution de l’épidémie, il a fallu faire des choix. Ce sont eux que nous avons scrutés sur
des plages horaires de forte audience dans six médias audiovisuels français (TF1, France 2, BFMTV, franceinfo:, France Inter et RTL) entre le 21 janvier 2020 et le 31 août 2021 (voir
méthodologie en bas d’article). Ils offrent une fenêtre d’observation de la façon dont les médias se sont emparés de ces outils pour rendre compte oralement de la crise sanitaire. LE NOMBRE
DE DÉCÈS, INDICATEUR LE PLUS UTILISÉ PAR LES MÉDIAS « _Un mystérieux virus qui vient de faire sa première victime en Chine. Il a même conduit soixante personnes à l’hôpital_. » Depuis son
apparition sur franceinfo:, le 12 janvier 2020, et surtout à partir du 22 février (premiers décès en Europe), l’évolution de l’épidémie provoquée par le nouveau coronavirus est
principalement suivie, dans les médias audiovisuels, à travers le nombre de décès. Dans des proportions variables : de l’ordre de 30 % sur BFMTV et franceinfo:, et jusqu'à près de 44 %
chez RTL. Vient ensuite, sur toutes les chaînes observées, le nombre de tests réalisés, représentant jusqu'à 22 % des termes employés sur TF1. Cinq des six chaînes ont utilisé le nombre
de cas comme troisième indicateur (entre 14 % et 19 %). Seule BFMTV s’est davantage intéressée au nombre de personnes vaccinées (15 %). En réalité, c’est surtout au cours de l’année 2020 —
particulièrement au premier semestre, période de médiatisation la plus intense — que le nombre de morts domine uniformément les autres indicateurs. À partir du mois de mai, le nombre de
décès est brusquement, et définitivement, beaucoup moins évoqué (de l’ordre de 3 à 5 fois moins selon les chaînes) — ce qui a pu donner l’impression à certains, dans les mois qui suivirent,
que cet indicateur était _« oublié »_. Le nombre moyen de décès quotidiens commence, à partir du 8 avril 2020, à baisser drastiquement. L’heure est au déconfinement, aux questionnements sur
les vacances d’été, aux conséquences économiques de la crise. À PARTIR DE L’ÉTÉ 2020, LES INDICATEURS SE DIVERSIFIENT Dès le mois de juillet, le nombre de morts n’est déjà plus l’indicateur
principal dans les journaux télévisés de 20 heures. Il est supplanté sur TF1 par le nombre de cas, et sur France 2 par le nombre de tests réalisés. Après que la priorité lui a été de nouveau
accordée en octobre et novembre, le nombre de décès cède sa place d’indicateur numéro un à partir de décembre 2020 — il ne la retrouvera qu’à l’été 2021. Entre-temps, et à la suite du
lancement de la campagne de vaccination (le 27 décembre 2020), le nombre de personnes vaccinées s’impose petit à petit comme indicateur phare dans les deux plus grands rendez-vous
d’information télé. Sur France 2, le nombre de cas et le nombre de tests administrés sont alternativement le deuxième indicateur le plus évoqué, tandis que TF1 fait un choix différent
(alternance entre le nombre de décès et le nombre de tests réalisés). Le tournant est beaucoup plus net et rapide du côté de BFMTV, seule chaîne à privilégier, dès le mois de décembre 2020,
le nombre de personnes vaccinées. À quelques exceptions près, le décompte des morts reste ensuite le deuxième indicateur le plus utilisé par la chaîne, mais à un niveau très inférieur à
celui du printemps 2020. Chez sa concurrente du canal 27, le nombre de décès est encore régulièrement utilisé, en 2021, sur sa tranche de fin d’après-midi, pour rendre compte de l’épidémie.
Dès le mois de décembre, et jusqu'à la fin de la période observée, le nombre de personnes vaccinées et de décès seront alternativement l’indicateur le plus évoqué à l’antenne. Seule
exception : le mois de mars, où le nombre de patients en réanimation occupera la deuxième place (derrière le compte des personnes vaccinées). Contrairement aux chaînes de télévision, la
radio continue à privilégier le nombre de décès comme indicateur clé avec toutefois, là encore, une intensité moindre. Pour autant, France Inter et RTL n’emploient pas de manière identique
les autres indicateurs. La station publique accorde davantage d’importance au nombre de tests (indicateur n°2), et apparaît comme la chaîne qui évoque le moins, en proportion, le nombre de
personnes vaccinées. Sur RTL en revanche, ce chiffrage occupe la 2e place et se démarque plus nettement de l’indicateur n°3 (nombre de tests). Ces grandes tendances reflètent à la fois les
phases de la pandémie, de la politique sanitaire, et les choix éditoriaux, eux-mêmes dépendants des données disponibles. COM' GOUVERNEMENTALE, ACTU ET COMPLEXITÉ Pour Hélène Romeyer,
enseignante-chercheuse à l’université de Bourgogne-Franche-Comté, les journalistes ont même été _« esclaves »_ de la communication gouvernementale, qui concernait au début le nombre
d’hospitalisations et de morts. « _Les journalistes manquaient d’outils et de connaissances pour faire face à ce sujet, ce qui les a forcés_, estime-t-elle, _à utiliser les données qui leur
étaient fournies par les autorités. _» Au bout de quelques semaines, les points de situation quotidiens de la direction générale de la santé (DGS) ont accordé une plus grande place aux
tests, ce qui s’observe clairement dans les graphiques de notre article. Certains événements ont pu favoriser l’emploi ponctuel de tel ou tel indicateur. Le franchissement de la barre
symbolique des 100 000 morts en France, à la mi-avril 2021, a ainsi redonné une visibilité accrue, mais très temporaire, au nombre de décès attribuables au Covid-19. Pour Nicolas Berrod,
journaliste au _Parisien_ qui s’est spécialisé dans le suivi de la pandémie, la comparaison avec les stratégies vaccinales menées ailleurs dans le monde, nourrissant des interrogations sur
le plan français, explique en partie l’importance accordée par les médias audiovisuels au suivi du taux de vaccination à partir du mois de janvier 2021. Les admissions en réanimation et les
hospitalisations sont, quant à elles, le plus souvent mentionnées lorsque les hôpitaux apparaissent débordés ou sur le point de l’être — moments qui précèdent les périodes de confinement,
que ce soit au printemps 2020 ou à l’automne 2021. De son côté, le taux d’incidence (nombre de nouveaux cas sur sept jours pour 100 000 habitants) n’a émergé médiatiquement qu’à la fin du
mois d’août 2020, à la faveur du regain épidémique et des débats sur la réouverture des classes dans les écoles, et connaît, sans s’imposer, un usage à éclipses. L’été a également joué un
rôle dans la plongée de certains indicateurs, agissant comme un « _trou noir_ ». « _C’est une période de l’année où il y a moins de journalistes, il y a donc une couverture moins efficace de
certains sujets_, suggère Hélène Romeyer. _Et puis il y a les marronniers des grandes vacances qui reviennent en force. Les mois d’été ne sont pas consacrés à l’information._ » Enfin,
plusieurs indicateurs n’ont quasiment jamais été évoqués oralement dans les médias audiovisuels : la présence du virus, le R0, le taux de dépistage, le taux de positivité, ou le nombre de
guérisons. « _Ce sont ceux qui sont les plus compliqués à expliquer_, estime Anne Goffard, virologue au CHU de Lille. _Ils sont beaucoup moins intuitifs que le nombre de morts._ » Le taux de
contamination des eaux usées, dont les données sont en accès libre depuis seulement avril 2021, a eu _« du mal à percer et à s’imposer dans les discussions_ », constate Nicolas Berrod. «
_Cette crise a fait ressortir le manque de qualification des journalistes et du grand public sur ces sujets scientifiques_, estime Anne Goffard, _et je trouve ça dommage que nous n’en
tirions pas davantage de leçons._ » _MISE À JOUR DU 19/11/2021 À 12H20 : INSERTION DU LIEN VERS L'ARTICLE DU PARISIEN._ _Remerciements à Nicolas Hervé, Jean Carrive et David Doukhan
pour leur aide technique et théorique._ MÉTHODOLOGIE Les indicateurs de suivi de l’épidémie ont été extraits de l’observation, du 21 janvier 2020 au 31 août 2021, des termes employés
oralement à l’antenne (quelle que soit la forme conjuguée ou l’accord singulier/pluriel), sur la base de retranscriptions automatiques effectuées à l’aide du logiciel Vocapia. Nous n’avons
comptabilisé que les termes précédés d’un nombre un à deux mots avant, et jusqu’à dix mots après, afin d’éviter une trop grande distorsion des résultats. Ainsi, le terme « réanimation » seul
n’est pas pris en compte, car pouvant se rapporter, par exemple, à des reportages sur le quotidien dans un service de réanimation. En revanche, _« Le service de réanimation est débordé, il
ne reste plus que deux lits disponibles »_ sera comptabilisé comme se rapportant au nombre de personnes admises en réanimation. Ont par ailleurs été exclus des résultats les indicateurs
utilisés de façon trop anecdotique (« taux de positivité », « nombre de guérisons »,…). Les indicateurs évoqués à la télévision ont pu être répétés ou complétés à l’écran sous forme de
synthés (appelés couramment « bandeaux »), graphiques ou cartes, qui n’ont pas été étudiés ici. Les plages horaires des médias observés sont hétérogènes mais correspondent à des heures de
grande écoute pour chaque chaîne : TF1 : journal télévisé de 20h (19h55 à 20h40) semaine et week-end, période du 01/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement (excepté une journée
manquante). France 2 : journal télévisé de 20h (19h55 à 20h40) semaine et week-end, période du 01/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement. BFMTV : programmes de fin d'après-midi
(16h55 à 20h05 en semaine, 17h55 à 20h05 le week-end), période du 01/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement. Franceinfo: : programmes de fin d'après-midi (16h55 à 20h05 en
semaine, 17h50 à 20h05 le samedi, 18h55 à 20h05 le dimanche), période du 08/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement (avec 5 jours manquants disséminés sur la période). France Inter :
matinale radio (06h25 à 09h05 semaine et week-end), période du 21/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement (avec 5 jours manquants disséminés sur la période). RTL : matinale radio
(06h55 à 09h35 en semaine, 06h55 à 09h25 le week-end), période du 21/01/2020 au 31/08/2021 transcrite exhaustivement. Pour toutes ces raisons, LES RÉSULTATS PRÉSENTÉS ICI SONT À CONSIDÉRER
COMME DES ORDRES DE GRANDEUR ET DES INDICATEURS DE TENDANCES et non comme des résultats absolus. UN AN DE MÉDIAS SOUS COVID-19 - ÉPISODE 1/5 Malgré un nombre de décès plus important, la
crise sanitaire a moins occupé les journaux télévisés durant les six derniers mois de l’année 2020. Mais la santé reste la thématique la plus médiatisée en 2020, une première depuis
vingt-cinq ans.
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