La france redevient une terre de tournage de films et séries
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Grâce à la modification de la fiscalité, plus attractive, la France est redevenue un lieu de tournage attractif. L’afflux des tournages, tant français qu’étrangers, profite aussi bien à
l’Île-de-France qu’aux régions. Axel Scoffier Publié le 01 mars 2018 Le cinéma français tourne à nouveau en France : c’est une bonne nouvelle ! Depuis plusieurs années, une concurrence
fiscale s’était pourtant installée en Europe et dans le monde pour attirer les tournages de films ou de séries télévisées, sources de dépenses locales directes et vecteurs du rayonnement
médiatique des territoires. Beaucoup de pays ont ouvert un crédit d’impôt pour les producteurs locaux ou étrangers : le Royaume Uni (25 %), l’Italie (25 %), l’Irlande (32 %) etc… La Belgique
a mis en place un système de tax shelter au fonctionnement légèrement différent, mais dont l’effet localisant est le même : le bénéfice fiscal est accordé aux entreprises belges qui
investissent dans le tax shelter, mais l’argent mobilisé a pour but de financer une partie des dépenses de tournages en Belgique. En Europe de l’Est, le bas coût de la main-d’œuvre est un
facteur de compétitivité, en particulier en Hongrie et en République tchèque où des studios de tournage se sont développés dans les cendres de studios soviétiques. Enfin, au Maroc, ces
avantages sont couplés à ceux du climat et aux paysages désertiques dont ont besoin certains films et séries (Star Wars hier, Les Nouvelles aventures d’Aladin et Le Bureau des légendes
aujourd’hui). > Les tournages étrangers ont longtemps échappé à notre > territoire, même lorsque la logique géographique les aurait > dirigés vers la France Dans cette course, la
France, premier pays producteur de cinéma en Europe, a été longtemps concurrencée par ses voisins, avant de mettre sur pied un crédit d’impôt en 2004 (au taux de 20 %). Mais les taux de plus
en plus attractifs des voisins ont peu à peu incité les films français à déserter le sol national pour se tourner en Belgique ou en Europe de l’Est. Pire, les tournages étrangers ont
longtemps échappé à notre territoire, même lorsque la logique géographique les aurait dirigés vers la France : encore en 2014,le film Vue sur mer, d’Angélina Jolie, dont l’histoire se
déroule sur la Côte d’Azur, a été tourné à Malte (rendu attractive par le coût de son travail et le crédit d’impôt à 20 %). Devant cette course au mieux-disant fiscal lancée au cours de la
dernière décennie, conscients de l’impact négatif croissant des délocalisations de tournage sur l’activité, les pouvoirs publics ont revalorisé les crédits d’impôts en faveur des producteurs
en les portant à 30 % pour les films français et étrangers, et à 25 % pour les productions audiovisuelles de fiction et d’animation. Une ouverture a même été faite pour les films français
tournés en langue étrangère, qui ne sont en principe pas éligibles au crédit d’impôt, lorsqu’ils mobilisent beaucoup d’effet spéciaux et visent donc le marché international, ou lorsque
l’usage d’une autre langue est imposé par le scénario. L’effet de cette réforme a été immédiat sur les productions françaises, et les retombées économiques se ressentent sur l’ensemble du
territoire. Mieux, de plus en plus de films étrangers choisissent aussi de tourner en France, accompagnant le rayonnement des territoires jusque dans les productions américaines, indiennes
ou chinoises. LE RETOUR DES FILMS À GROS BUDGET Les films français à gros budget, premier bénéficiaires des délocalisations (HHhH de Cédric Jimenez en Hongrie, L’Odyssée de Jérôme Salle en
Afrique du Sud, Les Visiteurs 3 la révolution en République tchèque…), sont majoritairement relocalisés en France depuis 2016. Au premier chef, Valérian et la cité des mille planètes de Luc
Besson, au budget pharaonique de 197 millions d’euros, a été tourné en France dans les studios de la Cité du cinéma (Saint-Denis). Au revoir là-haut, le film historique d’Albert Dupontel, a
reconstitué les tranchées et le Paris des années 1910 à Bry-sur-Marne. Santa et Cie, la comédie loufoque et numérique d’Alain Chabat, a tourné et produit l’ensemble de ses effets spéciaux en
France. Mécaniquement, les techniciens français et les studios de tournage bénéficient de ce regain d’activité : les studios de Bry-sur-Marne, qui menaçaient de mettre la clef sous la porte
en 2014 et 2015, ont repris des couleurs, tandis que ceux de Luc Besson augmentent leur carnet de commande (essentiellement avec des productions Europacorp) malgré un contexte très
concurrentiel. Plus généralement, c’est toute la gamme de la production française qui réinvestit le territoire français, avec des films emblématiques comme Django (Étienne Comar) tourné en
Auvergne-Rhône-Alpes, Chez nous (Lucas Belvaux) dans les Hauts-de-France, Une vie violente (Thierry de Perretti) en Corse, ou encore Les hommes du feu (Pierre Jolivet) en Occitanie. Beaucoup
de ces films sont intimement inscrits dans leur région de production qu’ils contribuent à valoriser, et en racontent l’histoire, les problématiques, la société… L’AVANTAGE DES SÉRIES
Classiquement, les fictions unitaires et feuilletons français, en raison de coûts de production plus bas que le cinéma, n’avaient pas les moyens de concevoir une délocalisation et étaient
tournées en France, en studio ou à proximité de Paris ; peu à peu, sous l’influence des politiques régionales en faveur de la production, les industries locales se sont étoffées et les
tournages en région se généralisent. La série anthologique Meutres à… décline ainsi sa formule dans une multitude de villes (Saint-Malo, pour le premier épisode, jusqu’à Aix-en-Provence et
Strasbourg dans la saison 4). > De nombreuses séries françaises tournent en région parce > qu’elles tissent un lien particulier avec le territoire dans > lequel s’inscrit leur
histoire Bien plus, de nombreuses séries françaises tournent en région parce qu’elles tissent un lien particulier avec le territoire dans lequel s’inscrit leur production et leur histoire :
c’est le cas de la série alpine Les Revenants (Canal +), tournée autour du lac d’Annecy ; plus récemment, de la série policière Les Témoins (FranceTV) qui a choisi pour cadre de ses enquêtes
les Hauts-de-France. Plus explicitement encore, Guyane (Canal +) met en scène une histoire d’aventure dans la jungle guyanaise d’un jeune stagiaire à la recherche d’un filon d’or mythique.
Ce n’est pas seulement le cas des séries originales, mais aussi des adaptations de séries anglo-saxonnes comme Malaterra, qui transpose les falaises jurassiques du Dorset anglais vues dans
Broadchurch sur les côtes schisteuses de la Corse contemporaine. Mais la récente montée en gamme des séries françaises pouvait faire craindre une croissance des délocalisations, corollaire
de la hausse des coûts de production : heureusement, et notamment grâce au crédit d’impôt, les saisons 1 et 2 de Versailles, la série de Canal +, qui un temps ont risqué d’être tournées en
Belgique, ont vu finalement leurs décors reconstitués à Vaux-le-Vicomte et dans les studios de Bry-sur-Marne. Par rapport au cinéma, le temps long et la saisonnalité des séries induit une
plus forte identification potentielle au lieu, qui fait partie, au même titre que les personnages, des caractéristiques principales de l’histoire. Nombre de séries sont d’ailleurs intitulées
d’après le nom de leur terrain de jeu : Twin Peaks, Gotham, Rome, Wayward Pines, Marseille… Pour les territoires, c’est aussi l’assurance d’une meilleure caractérisation, de dépenses de
tournage plus importantes et d’une exposition médiatique plus longue. L’exemple canonique est bien sur celui de la série Plus belle la vie, écrite et tournée quotidiennement à Marseille dans
les studios de La Belle de Mai depuis 2004. Suivant ce modèle, Telfrance, les producteurs de Plus belle la vie rachetés par TF1 fin 2015, ont ouvert des studios à Sète pour dupliquer leur
modèle d’écriture et de production sur leur nouvelle série, Demain nous appartient. À la grande joie de la mairie de la ville, qui avançait fièrement en août dernier près de 500 000 € par
mois de retombées économiques pour l’économie locale des tournages dans les studios de Telfrance. L’ANIMATION RELOCALISÉE MASSIVEMENT > L’économie de l’animation joue un rôle structurant
pour le > développement des territoires Mieux encore que les séries de fiction, l’économie de l’animation joue un rôle structurant pour le développement des territoires. La hausse du
crédit d’impôt, couplée à une réforme des aides aux producteurs d’animation et portée par un marché international en très forte demande (notamment par les chaines de télévision destinées au
jeune public) ont conduit à une croissante nette de la production et une relocalisation très forte du tissu de production en France, après des années de délocalisation dans des pays à bas
coût (notamment en Asie). Alimentés par d’excellentes écoles (les Gobelins par exemple), les studios d’animation français se regroupent en pôle de compétitivité dans plusieurs régions : à
Angoulême, autour du pôle Magelis ; en Auvergne-Rhône-Alpes, à Villeurbanne et à Valence (la Cartoucherie) ; dans les Hauts-de-France, autour d’Ankama à Roubaix ; en Occitanie, à Toulouse
(Tat Productions). En 2016 et 2017, le développement ou l’ouverture de nouveaux studios a conduit à de très nombreuses embauches (chez Xilam, Ankama, TeamTo…). Parmi les leaders de la
production française, le studio Illumination-Mac Guff produit à Paris les franchises de renommée internationale de l’américain Universal : Moi, Moche et Méchant, Les Minions, Tous en Scènes…
Chaque année, ce sont des dizaines de millions d’euros qui sont investis dans les studios parisiens, rendus attractifs par le crédit d’impôt international. AFFLUX DE FILMS ÉTRANGERS À
l’image des productions Illumination-Mac Guff, de plus en plus de films étrangers sont tournés en France depuis plusieurs années. Les films américains sont en effet courtisés par le monde
entier : en 2016, près d’un film sur deux produit par les majors américaines était tourné hors des États-Unis. Traditionnellement attirés par des pays limitrophes (le Canada), anglophones
(le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Australie) ou à très bas coûts (Maroc, Asie), les films américains regardent désormais aussi vers la France. Ils s’appuient sur son imaginaire
culturel et touristique (Midnight in Paris, de Woody Allen), ses architectures spectaculaires (Hunger Games au Palacio d'Abraxas à Noisy-le-Grand), la modernité de sa métropole (Mission
Impossible 6), la richesse de son histoire (Dunkerque, de Christopher Nolan). Cependant, les blockbusters tournés en studios restent encore trop peu nombreux comparés à ceux tournés chez
nos voisins anglais (à Pinewood) ou allemands (à Babelsberg). En cause : les cachets des acteurs prestigieux ne sont pas pris en compte dans le calcul du crédit d’impôt, contrairement à
d’autres pays qui les intègrent généreusement. Heureusement, les films américains ne sont pas les seuls à choisir la France: plusieurs films indiens ont été également tournés en France,
comme Tamasha, qui a mis en valeur avec succès les paysages corses, mais aussi des films britanniques (Johnny English 3), russes (La Cuisine) etc… De même, un nombre croissant de séries
étrangères tournent en France, comme Riviera (SKY) sur la Côte d’Azur, Meurtre au paradis (BBC) en Martinique, ou encore Marseille (Netflix), dont la seconde saison est en cours de tournage.
Et il n’y a aucun doute que la série chinoise Fleur et Brume, produite par Hunan TV et tournée dans le Finistère, aura un impact sur le tourisme breton, de même que Family on the go, série
chinoise comique à succès de CCTV1 dont la saison 3 est partiellement tournée à Marseille. UNE INVITATION AU VOYAGE Le cinéma et les séries sont parmi les premiers vecteurs du désir de
voyage, comme a pu l’expliquer l’anthropologue Marc Augé dans ses ouvrages (comme L’impossible voyage, Rivages, 1997, 187 p.). Plusieurs études anglo-saxonnes ont essayé de mesurer, avec
plus ou moins de succès, l’impact d’un film sur l’attractivité touristique d’un lieu : la société TCI Research a ainsi estimé en 2012 que 40 millions de touristes seraient directement
influencés chaque année par un film (soit près de 4 % des touristes internationaux), tandis que pour Oxford Economics, en 2010, ce seraient 10 % des voyages au Royaume-Uni qui auraient été
motivés par l’attrait d’un long-métrage. Les pays et les territoires se saisissent avec plus ou moins de bonheur de cette opportunité, organisant des campagnes de promotion en parallèle de
la sortie d’un film, des applications, des ciné balades… Mais beaucoup, en France, reste à faire – en partie parce que, à l’image de Paris, le cinéma ne représente qu’une partie des
nombreuses propositions qui attirent les touristes étrangers, aux côtés de tous les autres régimes d’informations (publicité, mode, sport etc.). Pour autant, le cinéma correspond à une forme
de promotion particulièrement contemporaine, par la narration, à l’heure où le storytelling est appliqué à tous les objets. Le cinéma, la série, sont des vecteurs de diffusion d’images
(donc de territoires) naturellement narratifs. D’ailleurs, le spectateur ne s’y trompe pas : comme pour le placement de produit, les films trop artificiellement touristiques sont montrés du
doigt pour leur manque d’authenticité. Il n’en demeure pas moins que les sites bien identifiés dans un film, bien mis en valeur par la collectivité, peuvent générer un afflux touristique a
posteriori : le musée du Louvre avait constaté un afflux de touriste très net après la sortie du Da Vinci Code, et des tours dédiés avaient été organisés pour satisfaire les attentes des
visiteurs. Le succès de l’attractivité de la France en matière de tournage est une bonne nouvelle pour l’économie nationale et pour les filières locales spécialisées : studios de tournage,
producteurs d’animation et d’effet spéciaux, mais aussi de jeu vidéo, paysages et sites touristiques, bénéficient de ce regain. Pour autant, un déficit d’attractivité reste présent sur les
gros blockbusters, et la concurrence reste rude du côté des pays étrangers, en particulier au Royaume-Uni grâce à son tissu de studios modernes et occupés. La fiscalité mouvante des pays
concurrents rend fragile cette position de force récemment gagnée, rappelant qu’en termes d’industrie du cinéma, rien n’est jamais définitivement acquis. -- Crédits photos : [_Tournage à
Paris_]. inFocusDC/iStock [_Caméra_]. yvonnestewarthenderson/iStock [_Entrée du Louvre_]. serts/iStock
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