En finir avec les plastiques à usage unique | terra nova
En finir avec les plastiques à usage unique | terra nova"
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
3.1.2. RÔLES ET COMPÉTENCES DES TERRITOIRES : UNE IMBRICATION À TOUTES LES ÉCHELLES Au-delà de l’aspect réglementaire au niveau national, les compétences en matière de lutte contre les PUU
sont endossées au niveau local par les collectivités territoriales. Ainsi, le décret d’application de la loi AGEC publié en avril 2021 dit Décret “3R” précise que la stratégie nationale de
suppression des PUU à l’horizon 2040 se déclinera selon des plans quinquennaux, avec des objectifs de réduction, de réemploi et de recyclage définis en étroite concertation avec les
collectivités territoriales françaises. De fait, toutes les collectivités locales ont un rôle à jouer – de la commune à la région, en passant par l’intercommunalité. L’implication des
territoires dans la lutte contre les PUU peut en effet s’appréhender à différentes échelles : au niveau des communes, des départements, des régions, des collectivités d’Outre-mer. L’ensemble
de ces échelons administratifs constitue les collectivités territoriales (ou collectivités locales) françaises, régies par l’article 74 de la Constitution du 4 octobre 1958, et dont les
compétences sont définies par le Code général des collectivités. Les collectivités s’administrent librement, disposent d’un pouvoir réglementaire pour l’exercice de leurs compétences, et
peuvent conduire depuis 2003 des expérimentations sur leur territoire pour un objet et une durée limitée. Ainsi, les Régions ont un rôle à jouer à travers leurs compétences de planification
pour la gestion des déchets via l’obligation de rédiger des PLANS RÉGIONAUX DE PRÉVENTION ET DE GESTION DES DÉCHETS (PRPGD). Ces plans régionaux sont des documents de planification élaborés
par les acteurs régionaux, sous l’autorité du / de la Président.e du Conseil Régional. Ils concernent tous les producteurs de déchets, et tous types de déchets (hors déchets militaires et
radioactifs) et permettent de définir les besoins pour l’élimination, le stockage et les installations nécessaires à la collecte, le traitement et la valorisation. De plus, les compétences
régionales dans le domaine des transports, de la formation et du développement économique en font un échelon pertinent pour élaborer des stratégies de sortie des PUU cohérentes, prenant en
considération les contraintes et spécificités logistiques, humaines et économiques du territoire. Sur le plan opérationnel, comme dit précédemment, LA COLLECTE ET LA GESTION DES DÉCHETS
MÉNAGERS ET ASSIMILÉS SONT GÉRÉES AU NIVEAU INTERCOMMUNAL PAR LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS DE COOPÉRATION INTERCOMMUNALE (EPCI)[64]. L’échelle des EPCI semble également être une échelle
pertinente pour faire émerger des filières de la recherche (allant de la recherche au soutien d’initiatives économiques). De leur côté, les COMMUNES exercent des compétences relatives à la
propreté et à la lutte contre les dépôts sauvages. En outre, L’ENSEMBLE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ONT UN RÔLE D’EXEMPLARITÉ À JOUER – notamment à travers la COMMANDE PUBLIQUE
(c’est-à-dire l’ensemble des contrats passés par les acheteurs publics ou privés pour satisfaire leurs besoins[65]), pour réduire voire supprimer le recours aux PUU, et plus largement au
jetable. Dans la gestion des services, des locaux et des équipements publics, chaque administration peut ainsi adopter une démarche de lutte contre les plastiques, dans la gestion des
cantines et des crèches par exemple au niveau communal (interdiction des couches jetables, interdiction des emballages à usage unique dans les cantines, etc.). En mars 2021, un décret a
notamment précisé pour chaque type de produits les seuils de réemploi ou de matière recyclées à intégrer, pour guider les administrations locales dans leurs achats publics. Si l’ensemble des
collectivités territoriales a des compétences et un rôle à jouer dans la lutte contre les PUU, en amont au niveau des usages des administré.e.s, mais également en tant que membres d’un EPCI
à FP, il reste que le périmètre de leurs responsabilités est par définition limité, et qu’une articulation coordonnée des démarches conduites aux différents échelons territoriaux apparaît
donc nécessaire pour engager une dynamique cohérente de sortie des PUU. L’un des enjeux clés des EPCI réside également dans les relations qu’elles entretiennent avec les éco-organismes. En
effet, ceux-ci disposent d’un pouvoir organisateur et de négociation majeur. Par le biais de la contractualisation avec les collectivités locales via les EPCI, ils orientent les modes de
prise en charge des déchets sur un territoire. Leurs cahiers des charges leur imposent des actions de prévention mais celles-ci se limitent souvent à des actions à la marge, et les
éco-organismes tendent à privilégier des initiatives qui permettent de mieux trier, mais pas de moins consommer. Les EPCI et les collectivités territoriales qui les composent peuvent alors
chercher à peser soit dans cette organisation, où elles se retrouvent opératrices des filières organisées par les éco-organismes, soit dans le développement de solutions en amont de la
production de déchets (changements des comportements, mise en place de boucles en amont de la production de déchets ultimes, etc.). 3.1.3. LA QUESTION DE L’ÉCHELLE D’INTERVENTION AU CŒUR DES
STRATÉGIES DE SORTIE DES PUU On l’a vu, l’une des difficultés majeures pour sortir des PUU réside dans les échelles à privilégier. Dans le cas de la ville de Paris par exemple, l’échelle de
la commune comme échelle d’intervention peut sembler trop importante. Il faut donc en revenir à l’échelle des quartiers ou des arrondissements, selon Florentin Letissier, Adjoint à la Maire
de Paris en charge de l’ESS et de la contribution à la stratégie Zéro Déchet, pour mettre en place des actions concrètes, nécessitant d’avoir à la fois un gisement suffisant et un
écosystème d’acteurs sur lequel s’appuyer. A l’inverse, l’échelle de la commune peut parfois sembler restrictive puisque celle-ci est intégrée dans un écosystème naturel plus large, qui ne
recoupe pas ses limites administratives. _« Dans le cas de la lutte contre la pollution plastique, des réflexions à l’échelle du bassin versant[66] seront ainsi nécessaires »_ estime WWF
dans son Guide Territoires Zéro Pollution Plastique[67]. À ce titre, structurer la réflexion autour des divers espaces du territoire pourra être utile pour préciser les leviers d’action de
la collectivité et les parties prenantes à associer. 3.1.4. LES TERRITOIRES, CONFRONTÉS À DES CONTRAINTES MULTIPLES : Par leurs compétences en matière d’administration du territoire – via
les achats et l’aide publique, l’aménagement, l’assainissement solide et liquide, l’animation de réseaux d’acteurs – les collectivités territoriales et les EPCI ont donc un rôle certain pour
faciliter et soutenir les démarches de sortie des plastiques à usage unique des acteurs économiques et de la société civile, mais quels sont leurs principaux freins ? On pourrait
d’abord identifier un frein d’ordre psychologique, relevant d’une peur de brusquer les habitant.e.s du territoire, devant lesquel.le.s les élu.e.s doivent justifier de leurs actions. Au-delà
des habitant.e.s, l’un des enjeux des élu.e.s est également la maîtrise des coûts liés aux déchets. A cet effet, certains syndicats mettent en place des solutions pour limiter la production
de déchets et donc leur coût de traitement (ex : recyclerie, bourses aux matériaux ou objets, supermarchés inversés [68], contrats de performance déchets ménagers et assimilés[69] …). Par
ailleurs, la lutte contre les PUU est un défi environnemental parmi beaucoup d’autres, et sa place dans l’agenda politique dépend également des autres priorités locales et des urgences à
gérer quotidiennement : lutte contre les dépôts sauvages ou encore application des nouvelles réglementations en matière de gestion des déchets. Ainsi, la réorganisation territoriale induite
par la loi NOTRe[70] et plus récemment la crise sanitaire ont représenté des défis de taille pour les collectivités territoriales, pouvant restreindre ou repousser les objectifs en matière
de lutte contre les PUU. A cela s’ajoutent plusieurs contraintes restreignant la marge de manœuvre des collectivités territoriales et EPCI : ● SUR LE PLAN MÉTHODOLOGIQUE : L’ABSENCE DE
MÉTHODE UNIQUE ET RECONNUE POUR LA CONDUITE DE DIAGNOSTICS Pour être pertinente et légitime, l’élaboration d’une stratégie de sortie des PUU gagne à s’appuyer sur une connaissance précise
des dynamiques de production et de consommation sur le territoire : quelles sont les principales sources de production / de consommation de PUU ? Quelles sont les alternatives disponibles
localement ? Lesquelles pourraient être développées prioritairement ? Comme l’a précisé Antoine Guillou, adjoint chargé des ressources humaines, du dialogue social et de la qualité du
service public à la Ville de Paris, lors de la Conférence Paris Zéro Plastique 2024 organisée en avril 2021, _« le diagnostic d’entrée est nécessaire pour identifier les façons de bannir le
plastique à usage unique. La règle principale est de bannir dès qu’il y a une alternative »_. A ce titre, la Ville de Paris a par exemple identifié parmi les secteurs prioritaires la
restauration et la grande distribution, particulièrement consommatrices de plastiques à usage unique. En 2021, la Métropole du Grand Paris a également lancé une ÉTUDE DE MÉTABOLISME
TERRITORIAL, CONSISTANT À INVENTORIER PLUS LARGEMENT LES DIFFÉRENTS FLUX DE DÉCHETS, ET À CARTOGRAPHIER LES ACTEURS ET LES FILIÈRES EXISTANTES POUR METTRE EN PLACE UNE DÉMARCHE D’ÉCONOMIE
CIRCULAIRE. Cependant, il n’existe pas de méthodologie unifiée pour conduire ces “diagnostics déchets”, préalable incontournable à la mise en action d’une stratégie éclairée d’éradication
des PUU. Au niveau national, des travaux sont actuellement menés par le CEREMA[71], pour quantifier sur les flux de macro-plastiques issus des déversoirs d’orage situés sur les réseaux de
collecte et en tête des stations d’épuration[72]. Cependant, au niveau local, il revient à chaque collectivité de conduire un diagnostic territorial ; les méthodologies et le périmètre
peuvent varier en fonction des objectifs : quels plastiques inclure dans l’analyse ? Quelle définition de « l’usage unique » retenir ? En conséquence, les collectivités territoriales
françaises expérimentent aujourd’hui des actions de manière disparate, en raison du manque de cadre méthodologique permettant d’identifier facilement les axes prioritaires sur lesquels
travailler et les alternatives à mettre en place. Des standards méthodologiques communs permettraient aussi de comparer des situations et des actions d’une commune à une autre, et de mettre
en exergue des bonnes pratiques. ● SUR LE PLAN RÉGLEMENTAIRE : L’APPLICATION CONCRÈTE DES MESURES, PARFOIS DIFFICILE À ENVISAGER ET À ANTICIPER Si la loi AGEC fixe un cadre en matière
d’interdiction des PUU, l’application concrète de ces interdictions passe par la publication de décrets, en précisant les modalités et les alternatives existantes à privilégier. Or, le
rapport d’information de la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale publié en septembre 2020 déplore un taux d’application _« particulièrement faible »_ – à peine 5% –
de la loi : sur les 103 mesures d’application de la loi, seules deux étaient entrées en vigueur à cette date. Le temps de concertation nécessaire à l’identification des modalités
d’application et la crise sanitaire expliquent en partie ces délais dans le passage de décrets, délais pointés du doigt par nombre d’associations environnementales, tout comme l’absence de
sanctions en cas de non-respect des interdictions votées. ● SUR LE PLAN ORGANISATIONNEL : METTRE EN ŒUVRE UNE APPROCHE TRANSVERSE, ALLANT BIEN AU-DELÀ DES SERVICES LIÉS À LA GESTION DES
DÉCHETS Pour garantir la pertinence et la bonne mise en œuvre de stratégies de sortie des PUU, la collectivité devra impliquer largement les services concernés, en amont de la démarche._ _Il
faut donc créer une culture commune, des messages, et montrer clairement les bénéfices de ce type d’actions, au-delà de la réduction de l’empreinte environnementale. Or, le caractère
transverse de la lutte contre les plastiques nécessite de créer des ponts entre les différents services des collectivités, à l’image de la fonction « responsable transition » qui se
développe dans les collectivités et vise cette transversalité. L’enjeu est que le sujet des PUU ne soit pas cantonné aux services techniques de la gestion des déchets mais puisse toucher
d’autres services : l’événementiel, le sport, l’éducation, etc. Ainsi, la ville de Roubaix a mis l’accent sur le volet social et économique de sa politique Zéro Déchet, en insistant sur les
retombées positives de la démarche pour la société civile et les acteurs économiques. De même, la Ville de Paris a mis en place en octobre 2020 un comité de pilotage pour sa Stratégie de
sortie de plastiques à usage unique, rassemblant tou.te.s les élu.e.s référent.e.s sur le sujet, dont notamment l’adjointe en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la
réduction des déchets, du recyclage et du réemploi (Colombe Brossel), l’adjointe en charge des questions d’alimentation, avec des enjeux importants d’économie circulaire (Audrey Pulvar),
l’adjointe en charge de la Prospective Paris 2030 et de la résilience (Célia Blauel). Pour conduire des actions transversales, les différentes Directions de la Ville (évènementiel,
attractivité et emploi, des finances, de la propreté, etc.) sont en outre amenées à tisser de nouvelles collaborations et à désigner en leur sein des personnes chargées spécifiquement des
questions relatives à la lutte contre les PUU. “_Le sujet est devenu si important qu’il doit irriguer l’ensemble des directions de la Ville”, _résume Florentin Letissier, Adjoint chargé de
l’ESS et de la contribution à la stratégie Zéro Déchet. Le portage politique de la question des PUU est donc crucial, et L’ORGANISATION EN SILO DES SERVICES ENVIRONNEMENT ET ÉCONOMIE EST
BIEN SOUVENT UN FREIN À LA MISE EN ŒUVRE D’ACTION. En outre, élu.e.s et services techniques doivent être également impliqués dans les démarches et pouvoir se mettre au diapason de ces sujets
dans les services. ● SUR LE PLAN STRATÉGIQUE : LA QUESTION DE LA PRÉVENTION, LE PARENT PAUVRE DE LA LUTTE CONTRE LES PLASTIQUES À USAGE UNIQUE La question de la prévention des déchets en
général, et par extension des PUU, est très peu mentionnée dans le Code général des collectivités territoriales[73]. De fait, au-delà des compétences évoquées plus haut, il n’y a pas de
responsabilité désignée sur la prévention des déchets ni sur la sensibilisation des populations à ces problématiques. Ainsi, les collectivités s’en saisissent par défaut, pour éviter que la
charge des déchets à traiter n’augmente de manière incontrôlée, de même que les éco-organismes, pour les filières dont ils sont responsables (par exemple, CITEO sur la question des
emballages plastiques). En définitive, au-delà des interdictions de mise sur le marché listées dans la loi AGEC, la prévention de ces derniers sur les territoires émanent le plus souvent
d’actions volontaires des collectivités territoriales, qui vont au-delà des obligations réglementaires. Autrement dit, l’État fixe des objectifs mais pas d’obligation, si bien que les
acteurs des territoires, à différentes échelles, ont des obligations de moyens, mais pas d’objectifs de résultat. Ainsi, les actions en matière de sensibilisation dépendent des moyens
pouvant être déployés sur le terrain, et de la créativité de ces différentes actions. ● SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE : LES ALTERNATIVES AUX PUU, EN L’ABSENCE D’ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE, RESTENT
DISPARATES, LIMITÉES ET SUBVENTIONNÉES Comme dit précédemment, la diffusion massive des PUU a répondu à un enjeu de rentabilité économique. Le plastique est un matériau léger, peu onéreux,
et lorsque celui-ci est à usage unique, la question de son traitement semble occultée car elle est déplacée vers l’aval de la chaîne de valeur (et donc portée par les usagers et les
industriels via l’éco-contribution). De ce fait, la mise en place d’alternatives au PUU est un défi économique, d’autant qu’il est nécessaire de les généraliser pour atteindre les économies
d’échelle existantes sur les PUU. Si l’on prend l’exemple concret de la consigne, structurer un système logistique de collecte et de nettoyage de contenants réutilisables en France nécessite
de remettre en place des stations de lavage, supprimées avec la fin des systèmes de consigne, requérant des investissements initiaux. Selon Florentin Letissier, en charge de la politique
Zéro Déchet de la Ville de Paris, le développement économique de la consigne à Paris est ainsi freiné par les difficultés d’accès au crédit et au foncier, et l’aide publique est donc
fortement sollicitée pour jouer un rôle d’amorçage pour ce type d’alternatives. A ces difficultés peuvent s’ajouter d’autres contraintes telles que la standardisation des contenants, la
logistique, la résistance des consommateurs et consommatrices et la faisabilité du recyclage de ces matériaux. Un autre frein à la lutte contre les PUU réside dans ce que l’on peut appeler
le dilemme du chemin emprunté – ou _“équilibre de Nash”[74]_ – par les collectivités territoriales, ayant massivement investi ces dernières années dans des solutions de traitement (centres
de tri en vue du recyclage, stations d’incinération) dont l’équilibre économique repose sur une projection des tonnages de déchets entrants et des recettes liées à la revente de matières
valorisées. 3.2. QUELQUES INITIATIVES EXISTANTES A ce jour, les initiatives territoriales emblématiques en matière de lutte contre les PUU sont peu nombreuses et relativement récentes. De
nombreuses collectivités entament en effet à ce stade, un an après le vote de la loi AGEC, une phase de réflexion stratégique et de diagnostic, avant de définir des leviers d’action et
d’engager des initiatives concrètes sur le terrain. Les initiatives de sortie des PUU, si elles sont encore éparses et se jouent à plusieurs échelles, commencent toutefois à se multiplier
depuis près d’une dizaine d’années. Depuis 2015 (année de la loi sur la Transition Énergétique et la Croissance Verte), le mouvement en faveur de l’économie circulaire favorise en effet une
mobilisation accrue autour de la thématique de la réduction des déchets[75] : le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a ainsi lancé en 2015 des appels à
projet “_Territoire Zéro Déchet, Zéro Gaspillage”_, ce qui a permis d’identifier 153 territoires volontaires pour réduire leurs déchets et qui ont pu bénéficier d’un soutien pendant une
durée de 3 ans. La même année, l’association Zero Waste a lancé son Programme Territoires[76], visant à accompagner des territoires à sensibiliser et former les décideur.se.s à la réduction
des déchets. Dans ce contexte propice, certaines initiatives ont porté spécifiquement sur la lutte contre les déchets plastiques, voire sur les plastiques à usage unique. Le guide
_Territoires zéro pollution plastique_ publié en septembre 2020 par WWF France à destination des communes françaises et leurs groupements, met en avant plusieurs démarches pionnières en ce
sens. Pour certaines collectivités, les élections locales sont également l’occasion de mettre en place des plans d’actions, à l’image de la Ville de Paris, ayant émis son plan d’action pour
la sortie du PUU à l’horizon 2024, à la faveur des municipales de 2020. La dynamique semble donc lancée. 4. LES VOIES DE SORTIE DES PUU 4.1. SOLUTIONS DE SORTIE DES PLASTIQUES À USAGE UNIQUE
: MYTHES ET RÉALITÉS En parallèle de l’information croissante sur les conséquences néfastes de l’omniprésence des plastiques dans nos vies, de nombreux acteurs proposent et expérimentent
des solutions pour s’en détacher. ● _LES MATÉRIAUX ALTERNATIFS_ Grands gagnants de la diabolisation des plastiques, certains matériaux comme le bambou, le verre ou le carton sont devenus
les nouvelles _stars_ des rayons. Au-delà même des emballages, de nombreux fabricants choisissent de remplacer les matières plastiques par des matières métalliques ou textiles pour conférer
à leurs produits une image de durabilité. Alors que les propriétés du plastique – légèreté, résistance aux chocs et aux variations de température, transparence, etc. – ont longtemps fait sa
force, les alternatives pour un même usage se multiplient. Cependant, SUBSTITUER UN PRODUIT JETABLE PAR UN AUTRE PRODUIT JETABLE NE RÉSOUT EN RIEN LA PROBLÉMATIQUE DE L’USAGE UNIQUE, et la
pression exercée par ce type de consommation sur les capacités existantes en matière de gestion des déchets. De fait, la collecte, le tri et la valorisation des déchets issus d’un usage
unique rencontrent des limites et génèrent des externalités, dont notamment les émissions carbones liées à la logistique et au fonctionnement de l’industrie du recyclage et/ou de
l’incinération. LA RÉDUCTION DE L’USAGE DE MATÉRIAUX « SUPERFLUS » RESTE AINSI LE PRINCIPAL LEVIER POUR RÉDUIRE L’IMPACT DE SA CONSOMMATION. A ce titre, la Charte signée en Février 2021 par
19 acteurs de la restauration livrée (Uber Eats, Deliveroo, Frichti, Stuart, FoodChéri, etc.) pour réduire volontairement leur utilisation d’emballages plastiques à usage unique est
emblématique : si ces engagements semblent prometteurs, rien ne garantit formellement que l’usage de matériaux de substitution aura un impact plus faible, ce qui invite à s’interroger plus
largement sur la nécessité de la livraison de repas, en substitution à des pratiques « usuelles » de cuisine sur place ne requérant aucun contenant intermédiaire. Cependant, quand l’usage
unique s’avère incontournable et qu’il n’existe pas d’alternative réemployable[77], quel matériau privilégier ? Pour un acheteur, qu’il s’agisse d’un individu, d’une organisation privée ou
d’une administration publique, le choix de l’alternative à favoriser s’avère de fait souvent cornélien quand il s’agit d’abandonner le plastique jetable, puisqu’il nécessite de prendre en
considération un ensemble de facteurs (poids, résistance, hygiène, origine géographique, recyclabilité, etc.). De plus en plus, la commande publique s’appuie sur des analyses du cycle de vie
de produits ou services, permettant d’éclairer les impacts environnementaux et éventuellement sociaux de ces derniers, de leur production jusqu’à leur fin de vie. Outils précieux pour
instruire une politique d’achat, ces outils ne sont malheureusement pas exhaustifs : bien souvent, l’analyse des impacts se focalise sur les émissions de dioxyde de carbone, et ne prend pas
toujours en compte des critères sociaux ou sanitaires comme la toxicité des matériaux ou les conditions de travail tout au long de la chaîne de valeur. Ainsi, le bambou, de plus en plus
utilisé pour remplacer le plastique dans la vaisselle jetable reste problématique, puisqu’il contient également des éléments nocifs (la mélamine est toxique pour les reins, le formaldéhyde
est cancérigène) et qu’il est souvent jeté, après un usage unique, dans la poubelle tout venant, alors promis à l’incinération ou à l’enfouissement. _Encart : les bioplastiques, quésaco ?_
_L’appellation “bioplastiques” désigne des polymères à la fois “biosourcés” (issus de matières végétales : amidon du blé, pommes de terre ou maïs, cellule extraite du bois, huile de
tournesol…) et « biodégradables » (pouvant se dégrader, notamment par compostage domestique ou industriel). _ _Cependant, la substitution de produits plastiques à usage unique par les mêmes
produits constitués de bioplastiques ne peut être considérée comme une solution pleinement satisfaisante, pour plusieurs raisons._ _Tout d’abord, le “biosourcé” n’est pas sans impact. En
effet, la réglementation européenne reconnaît le caractère biosourcé à un sac en PUU dès lors qu’il respecte une teneur minimale de 50 % de carbone biosourcé : il en découle que la plupart
des plastiques biosourcés est de fait obtenue à partir d’un mélange entre des matières fossiles et organiques. De plus, la production de plastique à partir de carbone issu de plantes pose
question lorsque celles-ci sont produites à l’autre bout de la planète et utilisées pour des cultures alimentaires que la production plastique vient concurrencer. Si aujourd’hui les
bioplastiques représentent environ 0,02% de la surface de terre agricole au niveau mondial[78], la vigilance, localement, doit rester de mise (pression sur l’eau, les sols et les cultures
vivrières, etc.). Dans une perspective de résilience, ce ne sont pas seulement les terres agricoles utiles aujourd’hui qui sont à considérer, mais aussi celles qui seront nécessaires à
l’avenir pour produire autrement sous les contraintes environnementales qui s’imposeront, de plus en plus, à nous[79]._ _Le biosourcé, à l’instar des plastiques recyclés, suppose aussi une
adaptation des process industriels qui exigent des investissements parfois significatifs. _ _Ensuite, le caractère biodégradable des plastiques doit lui aussi être relativisé. En 2019, sur
les 1,17 million de tonnes de plastiques biosourcés produits, seulement 55% étaient biodégradables[80]. De fait, nombre de plastiques « biodégradables » ne le sont en fait que dans des
conditions de température et d’oxygène très précises, nécessitant ainsi un traitement industriel coûteux._ _Ainsi, la terminologie “bioplastiques” ne recouvre absolument pas un ensemble de
plastiques miraculeusement neutres pour l’environnement : leur production reste souvent gourmande en ressources (agriculture intensive, consommation d’eau, transports) et ils ne se dégradent
absolument pas naturellement dans les milieux naturels. Il est donc encore une fois important de recentrer leur utilisation sur des usages pertinents, par exemple pour les sacs de collecte
de biodéchets ou les films de paillage en agriculture, quand leur fin de vie est prise en charge._ _● LA CONSIGNE _ Pour endiguer à court terme les impacts liés à la prolifération des
plastiques à usage unique, de nombreuses initiatives portent également sur leur fin de vie, de manière à les collecter, les trier et les recycler. Que l’usage soit unique mais que la matière
plastique puisse, en quelque sorte, perdurer en rejoignant des filières de recyclage pour être réintégrée dans de nouveaux emballages. De fait, les expérimentations de _« reverse vending
machines »_ se sont multipliées ces dernières années. Souvent situées dans des zones commerciales et des grandes surfaces alimentaires, ces « distributeurs inversés » permettent aux
usager.e.s d’apporter leur bouteille / gobelet plastique et de recevoir en échange des bons d’achat ou de réduction, ou une gratification monétaire correspondant souvent au prix de la
consigne. Ce type d’initiatives, généralement financé par les producteurs eux-mêmes, permet de lutter contre une problématique majeure : l’insuffisance de la collecte séparée des déchets
plastiques consommés hors foyer. Souvent, les bouteilles plastiques finissent ainsi, faute d’exécutoire disponible, dans le bac vert, promis à l’enfouissement ou à l’incinération.
Trending News
L’acteur Omar Sy accusé de «propos menaçants» envers un agent SNCFL’acteur Omar Sy accusé de «propos menaçants» envers un agent SNCF Par Pauline Landais-Barrau et Ambre Lepoivre Il y a 2...
Nantes : un hôtel 3 étoiles du centre-ville braqué à main arméeNantes : un hôtel 3 étoiles du centre-ville braqué à main armée Par Simon Cherner, Le Figaro Nantes Il y a 5 heures Suje...
Mondiaux de tennis de table : prithika pavade s'arrête en huitièmesMONDIAUX DE TENNIS DE TABLE : PRITHIKA PAVADE S'ARRÊTE EN HUITIÈMES La Française Prithika Pavade a été éliminée en ...
Tottenham-Manchester United : Van De Ven miraculeux, Romero piégeux, Shaw calamiteux... Les tops/flops de la finale de Ligue EuropaTottenham-Manchester United : Van De Ven miraculeux, Romero piégeux, Shaw calamiteux... Les tops/flops de la finale de L...
Real Madrid : blessé à la jambe droite, Endrick devrait manquer le Mondial des clubsReal Madrid : blessé à la jambe droite, Endrick devrait manquer le Mondial des clubs Par Le Figaro avec AFP Il y a 23 he...
Latests News
En finir avec les plastiques à usage unique | terra nova3.1.2. RÔLES ET COMPÉTENCES DES TERRITOIRES : UNE IMBRICATION À TOUTES LES ÉCHELLES Au-delà de l’aspect réglementaire au...
8e de finale de la coupe gambardella : les jeunes du mans fc veulent créer la surprise face à l'om - iciC'est un match dont ils se souviendront sûrement toute leur vie. Les U18 du Mans FC affrontent l'Olympique de ...
Euro de patinage : les français lopareva et brissaud médaillés d'argent en danse sur glaceEURO DE PATINAGE : LES FRANÇAIS LOPAREVA ET BRISSAUD MÉDAILLÉS D'ARGENT EN DANSE SUR GLACE Les Français Evgeniia Lo...
Le garage gat services a ouvert ses portes à guéret - iciUn nouveau garage s'est installé à Guéret, dans le quartier de Maindigour. Baptisé GAT Services, il est tenu par le...
Lorànt deutsch raconte son terrible accident de scooterInterrogé par _RTL_, Lorànt Deutsch s’est confié sur son terrible accident de scooter survenu dans la nuit du 24 au 25 n...