Manif monstre pour le climat : des intérêts trop divergents nuisent à la lutte
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Près d'un demi-million de de personnes ont manifesté en faveur du climat vendredi le 27 septembre à Montréal. Les mobilisations ont aussi été très soutenues ailleurs au Québec : dans la
ville de Québec, Trois-Rivières, Gatineau, Sherbrooke, notamment. Comment expliquer l’ampleur de cette « expression en acte d’une opinion politique », pour reprendre les propos du
sociologue français Olivier Fillieule pour décrire les manifestations ? Plusieurs explications sont possibles : certains mentionneront « l’effet Montréal ». Ce n’est effectivement pas d’hier
que des manifestations massives se déroulent dans la métropole. Depuis 2003 et le déclenchement de la guerre en Irak, Montréal est régulièrement la scène de mobilisations historiques.
D’autres souligneront la nature particulière du problème du climat : nous sommes tous et toutes concernées par cet enjeu, il serait donc plus facile de mobiliser autour de cette cause que
sur d’autres. Sans oublier la température clémente de ce vendredi, invitant à la marche, et faisant du réchauffement climatique un acteur en soi de la mobilisation! Quelle que soit
l’explication privilégiée, il faut ajouter, en arrière-plan, la présence d’une société civile forte, qui inclut non seulement le mouvement étudiant, mais les élèves du secondaire, en plus
des groupes environnementaux et communautaires et des syndicats. Cette mobilisation de masse est clairement le fruit d’un travail militant de longue haleine et n’est en rien « spontanée ».
J’aimerais néanmoins proposer ici une autre explication, basée sur mes recherches portant sur les mouvements sociaux et l'action collective en perspective comparée. Cette explication
présuppose des liens entre les mobilisations de rue et l’arène partisane; autrement dit, ce qui se passe au parlement ou à l'assemblée nationale a un effet sur ce qui se passe dans la
rue et inversement. Elle n’invalide en rien les explications précédentes, mais propose plutôt de porter un autre regard sur le 27 septembre. Elle cherche aussi à comprendre non pas tant
pourquoi la mobilisation a émergé, mais pourquoi elle est de telle ampleur. LES MOUVEMENTS SOCIAUX SONT LÀ POUR RESTER En science politique, on s’attend à ce que les conflits politiques se
déroulent normalement dans l’arène institutionnelle, c’est-à-dire le parlement et l’assemblée nationale. Si les mouvements sociaux ont un rôle, ce devrait être celui de lanceurs d’alerte
proposant de « nouveaux » enjeux au débat public, repris ensuite par les partis politiques et les élus. On suppose généralement que les mouvements sociaux sont « incorporés » au système
politique et qu’ils vont utiliser la voie institutionnelle pour faire valoir leurs revendications. Dans cette perspective, les mouvements sociaux ne sont pas considérés comme des acteurs
politiques au long cours et ne sont pas au centre du fonctionnement de la démocratie représentative. Ce n’est pas la position que je partage. Comme d’autres, je pense que les mouvements
sociaux font partie intégrante de nos démocraties. Ils sont là pour rester. Ils ont un rôle central à jouer de « vigilance citoyenne » et d'expression politique d'identités et
d'intérêts. Ils ne sont donc pas une anomalie de notre système politique, mais bel et bien des acteurs politiques à part entière, qui jouent à la frontière des institutions formelles.
Il est donc intéressant de regarder les mobilisations pour le climat en lien avec l’arène partisane. UN ENJEU FLOU PORTÉ PAR DES GROUPES INDISTINCTS Dans l’arène partisane (fédérale ou
québécoise), il ne semble pas avoir de place politique pour permettre une réelle politisation de l’enjeu environnement. Le seul clivage partisan qui existe sépare les climato-sceptiques et
les autres, renvoyant les « autres » à une masse indistincte sur le plan politique. Leurs démarcations politiques ne sont pas audibles. Si elles l’étaient, les débats se joueraient aussi sur
le rapport à l’économie libérale capitaliste et la justice sociale. On verrait alors apparaître des différences fondamentales entre le groupe des « autres », qui s’opposerait sur leur
conception de ce que devrait être notre économie pour répondre aux enjeux du climat, sur l’intervention attendue (ou non) de l’État, sur la prise en compte des inégalités face aux
changements climatiques. Autrement dit, il n’y a pas de débat partisan sur la question climatique pour le moment, ni de débat possible au sein des arènes institutionnelles. Le jeu politique
se déroule donc dehors, dans la rue. On considère, en sociologie, qu’un clivage politique existe s’il est porté par des forces politiques et sociales pendant une durée assez longue. Ce n’est
pas le cas pour les enjeux environnementaux. Ceux-ci sont portés par une kyrielle de personnes, de réseaux et d’organismes (pensez-y, même les banques ont fermé leur porte le 27 septembre
en après-midi), mais sans parapluie claire. Les demandes sont très diverses, souvent peu précises et font référence à un ensemble très disparates d’action qui touchent l’environnement.
Lutter contre le réchauffement climatique et faire du compost, est-ce vraiment le même combat ? À QUOI POUVONS-NOUS NOUS ATTENDRE FACE À UNE TELLE SITUATION ? Le premier scénario possible
est l’émergence de médiation politique, c'est-à-dire qu'un acteur politique ou un parti relaie les revendications de la rue dans les urnes, permettant la politisation partisane de
l’enjeu. Jusqu'à présent, le Parti Vert du Canada, bien qu'en croissance, n'a pas joué ce rôle. Celle-ci n’enlèverait pas la mobilisation de rue, mais au moins, tout le monde
ne se retrouverait pas du même côté de la barrière ou presque. Il est en effet problématique pour un mouvement social de ne pas pouvoir jouer pleinement son rôle de protestataire parce que
les ministres de l’environnement sont à leur côté. Dans ce contexte, la question de la cible de la mobilisation devient problématique, de même que celles des revendications ou des demandes.
Cette première réponse est possible, mais peu probable, au moins à court terme. Autre scénario possible: notre système de représentation politique n’étant pas au meilleure de sa forme, on
peut s’attendre à une radicalisation de la protestation, au moins une partie de celle-ci. Comme on n’a jamais vu des mesures progressistes ou de nouveaux droits sociaux adoptés sans le poids
de la rue, il y a de forte chance que des processus similaires se reproduisent pour les questions environnementales. Un exemple de cette radicalisation? Ce matin, des militants écologistes
du groupe mondial Extinction Rebellion ont été arrêtés par les autorités après avoir grimpé dans la structure du pont Jacques-Cartier pour dénoncer le « manque d'actions significatives
» dans la lutte contre les changements climatiques. Car il est peu probable que parmi les personnes mobilisées, toutes acceptent que la marche « historique » de 500 000 personnes survenue le
27 septembre ne serve à peu près à rien sur le plan politique. Il s’agira donc, pour les mobilisations, de réellement faire « irruption » dans la vie publique, par d’autres voies que celui
du défilé auquel nous avons assisté. On peut s’en réjouir où s’en inquiéter. Ce n’est pas vraiment la question ici, mais disons que la probabilité est grande pour que des formes plus
subversives de protestation se mettent en place. Dans toute cette histoire, les partis politiques en place, et nous sommes en campagne électorale, rappelons-le, ont une responsabilité très
grande à jouer sur la manière dont la mobilisation de masse en faveur du climat va se traduire au plan politique. Ils ne semblent pas en avoir conscience… [ _Vous aimez ce que vous avez lu ?
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