"c'est un vrai carnage" : dans l'eure, une parcelle de chênes centenaires pillée et dévastée | tf1 info

Nouveau fléau dans les forêts françaises : les vols de bois se multiplient dans l'Hexagone. Rien qu'en Moselle, une quarantaine de propriétaires privés ont déjà été victimes de ces

pillages en règle. Comment opèrent les escrocs ? Quel est ce trafic ? TF1 s'est penché sur la question. Suivez la couverture complète Le 13H Robert ne reconnaît plus sa parcelle de

trois hectares. Les ronces ont tout envahi. Il n'y a plus aucun arbre. Et pour cause : il y a deux ans, des voleurs ont coupé et dérobé 123 chênes centenaires (nouvelle fenêtre) sur son

terrain près de Chaignes (Eure), des arbres de 30 mètres de haut. Un vol en plein jour et pas vraiment discret : les arbres ont d'abord été entreposés à proximité du terrain où ils ont

été volés, ce qui a permis à Robert de les photographier.  Quelques jours plus tard, les chênes centenaires avaient disparu, embarqués par les voleurs. _"Ils viennent, ils coupent du

bois. Ça tombe dans tous les sens. Il y a toutes les branches qui restent. Il y a les troncs qui sont en travers dans tous les sens. Ils coupent tout à 100%. Il ne reste rien. C'est un

vrai carnage",_ témoigne Robert, dans le reportage en tête de cet article. La forêt mettra plusieurs dizaines d'années à se remettre de ce pillage. Un expert est venu estimer les

dégâts. La taille des souches permet de chiffrer la valeur des chênes abattus. _"On est à plus de 1 mètre de hauteur de souche. Là, en l'occurrence, pour un chêne qu'on a

estimé à peu près net de nœud, donc un chêne assez pur sur son tronc, on peut estimer à peu près 800 euros pour les parties les plus nobles"_, détaille-t-il. Manque à gagner pour le

propriétaire, plus de 120.000 euros.  DES SOCIÉTÉS BASÉES À L'ÉTRANGER Couper des arbres si gros demande un savoir-faire de professionnel. Ces vols sont commis en plein jour par des

entreprises d'exploitation forestière au service de sociétés basées à l'étranger. Le maire de la commune a porté plainte. _"Sur les parcelles, il ne reste plus rien. Ils ont

juste laissé une lisière de bois",_ constate-t-il.  Comment ces voleurs procèdent-ils ? L'opération a en réalité été menée par les employés de la société qui travaillent sur une

parcelle où ils étaient autorisés à couper du bois. Mais ils ont largement dépassé ces limites, pourtant clairement matérialisées. _"À partir du moment où ils ont trouvé une parcelle

avec un propriétaire intéressé pour faire de la coupe, on va en profiter, on va élargir un peu et on va prendre les arbres qui sont à côté", _détaille Guillaume Grimm.  * Lire aussi

Trafic de bois : comment des chênes centenaires abattus illégalement dans les Yvelines ont fini en Chine Selon les spécialistes, ces chênes servent ensuite à alimenter le marché chinois, où

la demande et les prix ont doublé en 10 ans._ "Au-delà de la perte financière pour les propriétaires, pour les associations, ce qui est dramatique, ce sont les dégâts considérables pour

l'environnement. Les sols qui ne permettront pas à des arbres de se régénérer",_ pointe Virginie Meurisse, de l'association "Sauvons la Tournelle". Il faudra alors

en replanter et attendre au moins 70 ans pour atteindre la taille qu'ils avaient lorsqu'ils ont été abattus.  UN NUMÉRO D'URGENCE MIS EN PLACE Des vols désastreux qui se

multiplient ces dernières années partout en France et plusieurs affaires ont été portées devant les tribunaux, en Ariège ou dans le Grand Est. Pour tenter de mieux quantifier le phénomène et

mieux l'évaluer, la Fédération de propriétaires forestiers, Fransylva, a décidé de lancer une ligne téléphonique d'urgence en avril dernier (nouvelle fenêtre). Des déclarations

importantes puisque selon la Fédération, l'ampleur du phénomène pourrait être sous-estimée dans l'Hexagone.  Un site Internet a aussi été lancé pour sensibiliser les propriétaires

alors que Fransylva appelle les pouvoirs publics à une meilleure reconnaissance et prise en charge de ces délits, notamment par la création d'une cellule spécialisée et

l'indemnisation des victimes. En 2021, un bûcheron espagnol avait, sans autorisation, volé entre 300 et 400 arbres sur un terrain de la commune de Perles-et-Castelet, en Ariège.

Essentiellement des chênes et des sapins vieux de 30 ans. Une douzaine de propriétaires fonciers avaient alors porté plainte et l'individu avait écopé de 18 mois de prison dont neuf

ferme et plusieurs dizaines de milliers d'euros d'amende. Il a également dû verser 300.000 euros de préjudice à ses victimes. ------------------------- La rédaction de TF1info |

Reportage TF1 : Patrick NININE, Julien BERVILLE, Mathieu POISSONNET