"j'ai vu des femmes mourir" : ses filles menacées d'excision au bénin, elle se bat pour rester en france

Arrivée en Lot-et-Garonne en 2019, Laure craint d'être expulsée avec ses deux petites. Des parents d’élèves de l'école où ses filles sont scolarisées se mobilisent. Laure aime

Tonneins. Mais depuis un mois, elle vit la peur au ventre. Depuis que les gendarmes ont débarqué un matin de fin décembre à son domicile pour l’informer de son assignation à résidence. « Je

n’ai pas d’adresse postale donc je n’étais même pas au courant. Mes enfants étaient terrifiés », confie la trentenaire béninoise, arrivée dans la cité des tabacs en février 2019. Après deux

ans en France, sans titre de séjour, elle ne se voit pas repartir au Bénin, terre de « corruption » et désormais classé dans les pays à risque. Problème : quand Laure a effectué sa demande

d’asile, il n’y figurait pas encore. « J’avais une attestation de demande d’asile, renouvelée tous les six mois. Mais en septembre 2020, le couperet est tombé : l’Office français de

protection des réfugiés et apatrides ( Ofpra) a rejeté ma demande sans raison concrète. Je crains pour mes filles, menacées d’excision là-bas. J’AI VU DES FEMMES MOURIR DE CES ATROCITÉS SOUS

MES YEUX », détaille la jeune femme, en proie aux larmes. Le 30 décembre, c'est le tribunal administratif de Bordeaux qui rejette sa demande. Toutefois, contactés ce mercredi, les

services de la préfecture ne programment PAS D'EXPULSION LE 22 JANVIER, COMME LAURE L'IMAGINAIT. "On attend que la Cour nationale des droits d'asile se prononce et on

s'en tient à cet appel pour prendre une décision", confirme Morgan Tanguy, secrétaire général de la préfecture de Lot-et-Garonne. La trentenaire n’en est pas à sa première épreuve.

Celle qui a œuvré dans les champs de kiwis jusqu’en novembre a TOUT VENDU POUR REJOINDRE LA FRANCE, SANS POUR AUTANT CROIRE À L’ELDORADO. TONNEINS MOBILISÉ « J’ai caché ma fille aînée pour

lui éviter un mariage forcé », raconte Laure. Elle voulait fuir la violence de son quotidien à Cotonou et offrir un avenir plus glorieux à ses deux autres petites. « Je me portais bien

économiquement. Mais il n’existe aucune aide juridique au Bénin pour les femmes. Je ne demande rien à la France, même pas l’asile politique, juste qu’on me laisse aller au bout de mon

recours et de protéger mes filles .» Elles sont toutes deux scolarisées en CP et CM2 à l’école Jean-Macé et leur situation a ému des parents d’élèves dont Laetitia Colombel, qui entend

mobiliser les locaux, via notamment courriers et pétitions. « J’avais envie d’aider les camarades d’école de mes enfants. Il faut qu’on soit un maximum de personnes vendredi vers 16 heures à

la sortie de l’école pour faire signer la pétition qu’on a lancée [NDLR : " Non à l'expulsion de Laure et ses filles menacées d'excision au Bénin]. Je vais tout donner

jusqu’à la fin de semaine », avance la comptable tonneinquaise. > "Même si nous devons respecter la loi et le droit, nous ne pouvons > ni ne devons rester insensibles à cette 

décision" Sur change.org , elle avoisine les 300 contributions ce mercredi. La mère de famille voudrait aussi exposer la situation personnelle de Laure en préfecture et prévoir un

courrier à l’Inspection académique sur l’importance de la scolarisation de ces fillettes. En attendant, mercredi 6 janvier au matin, le maire Dante Rinaudo s’est exprimé sur la question. «

Les deux premières filles plus âgées ont été victimes de cette mutilation. Un arrêté d’expulsion a été ordonné par la Préfecture et, même si nous devons respecter la loi et le droit, nous ne

pouvons ni ne devons rester insensibles à cette décision. Nous demandons à la préfecture de réexaminer humainement ce dossier. » Aujourd’hui fatiguée, Laure s’est pourtant beaucoup

impliquée dans la vie locale et la paroisse notamment, qui l’appuie dans ses démarches. « Ils m’ont toujours soutenu, c’est une communauté incroyable. Et moi je n’ai rien lâché...»