Avec l'endométriose, les femmes ont 41% de risque en plus de développer le covid long

Essoufflements, douleurs articulaires, fatigue, brouillard mental : le risque de développer un Covid long est 41% plus élevé pour les femmes souffrant d'endométriose que chez les autres

femmes, conclut une étude française menée par l'Hôpital Foch (Paris), l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et l’Université de Fribourg (Suisse). Un résultat

particulièrement important alors que l'endométriose touche 10% des femmes, elles-mêmes deux fois plus à risque de Covid long que les hommes, d'après Santé Publique France. Lire

aussiLes femmes sont plus à risque de développer un Covid long que les hommes COVID LONG ET ENDOMÉTRIOSE, DES PATHOLOGIES AVEC DES SIMILARITÉS IMPORTANTES "_Je ne connais personne

d'autre avec le Covid long et l'endométriose, mais il doit y en avoir tellement_", écrit une internaute sur le forum Reddit en quête de cas similaires au sien. Après trois ans

de Covid long, elle rapporte une aggravation de certains symptômes depuis un an, notamment des douleurs pelviennes et problèmes intestinaux. Un témoignage anonyme qui reflète les derniers

résultats des équipes de gynécologie et d'obstétrique de l'Hôpital Foch parus dans la revue_ BMC Women's Health. _ Lire aussiL'endométriose, maladie qui touche une femme

sur 10, pourrait être liée à une infection bactérienne _"L'endométriose et le Covid long ont des impacts physiopathologiques similaires, qui impactent les mêmes mécanismes,

notamment inflammatoires, causant une potentielle synergie néfaste_", explique à _Sciences et Avenir_ le Dr Alexandre Vallée, chef du service d’épidémiologie et santé publique de

l'hôpital Foch et premier auteur de l'étude. L'équipe y a collecté les données de précédentes études chez plus de 200.000 femmes pour évaluer le risque de Covid long avec

endométriose. "_Nous avions observé des similitudes entre ces pathologies et fait un parallèle. Toutes deux comportent notamment une inflammation chronique avec dérégulation immunitaire

et des dysfonctionnements endothéliaux_", détaille Alexandre Vallée. 41% DE RISQUE EN PLUS DE DÉVELOPPER UN COVID LONG EN PRÉSENCE D'UNE ENDOMÉTRIOSE La méta-analyse de ces

données révèle un surrisque de 41% chez les femmes avec endométriose par rapport aux femmes n'en souffrant pas. "_C'est beaucoup, ces valeurs nous ont un peu surpris car elles

sont liées à un seul paramètre, l'endométriose_", commente Alexandre Vallée. Mais le lien entre ces deux maladies semble logique. "_Une femme avec une endométriose a déjà les

mécanismes liés au Covid long altérés, ce qui la rend plus fragile au moment de l'infection par le virus_." En outre, le récepteur ACE2 servant de porte d'entrée au virus du

Covid-19 est particulièrement abondant dans les tissus endométriosiques, "_ce qui pourrait favoriser l'infection systémique _(de l'organisme entier, ndlr)", suggère

Alexandre Vallée. Si le lien de corrélation ou de cause à effet entre les deux pathologies reste à confirmer, les chercheurs estiment à 16,2% la survenue du Covid long chez les femmes

infectées avec une endométriose, contre 10% pour celles qui n'en souffrent pas. Lire aussiENQUETE. A la recherche des causes du Covid long, entre souffrance des patients et conflits

scientifiques ADAPTER LA PRISE EN CHARGE DU COVID LONG L'aggravation des symptômes de l'endométriose rapportée par l'internaute anonyme est également corroborée par les

observations cliniques des médecins de l'étude. _"Après développement d'un Covid long, les femmes avec endométriose montraient une exacerbation de leurs symptômes,

probablement en raison de la persistance de cytokines _(protéines régulatrices des systèmes immunitaires, ndlr)_ qui exacerbent l'inflammation et prolongent les symptômes de

l'infection initiale_", interprète Alexandre Vallée. Des douleurs exacerbées ou des troubles de la coagulation peuvent ainsi se renforcer chez ces patientes. Lire aussiCovid long :

une prise en charge "insatisfaisante" en France, selon le Covars Pour ces femmes doublement atteintes, Alexandre Vallée espère une adaptation de la prise en charge, pour

l'instant très axée sur la réadaptation cardio-respiratoire. "Comme l'endométriose est hormonalement dépendante, il faudrait vérifier si les menstruations augmentent les

symptômes du Covid long en même temps que ceux de l'endométriose", explique-t-il. Et adapter la prise en charge en fonction du cycle de la patiente, voire tester des médicaments

jouant sur les hormones elles-mêmes pour contrôler les symptômes.