Ukraine-russie : trump obtient la reprise des négociations mais les contradictions demeurent

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Lundi 19 mai, Donald Trump a annoncé, sur son réseau Truth Social, que l’Ukraine et la Russie avaient entamé des « négociations immédiates » au sujet d’un cessez-le-feu. Une annonce


triomphaliste au sortir d’un échange téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Une semaine après l’échec des négociations directes, une première depuis mars 2022, entre l’Ukraine


et la Russie, qui se sont soldées par un simple échange de prisonniers, Trump avait indiqué son intention de parler directement au président russe. Le ton du communiqué est triomphaliste et,


pour l’instant, les autorités ukrainiennes comme russes semblent aller dans la direction voulue par Trump : « _La Russie et l’Ukraine vont commencer immédiatement des négociations en vue


d’un cessez-le-feu et, plus important encore, de la fin de la guerre_ » a ainsi déclaré Trump. De son côté, Poutine s’est dit « _prêt à travailler avec la partie ukrainienne sur un


mémorandum concernant un éventuel futur traité de paix définissant un certain nombre de positions et le proposera_ » selon l’agence TASS. Quant à l’Ukraine, Zelensky a indiqué qu’il n’avait


pas connaissance du mémorandum mais qu’une « _fois que nous l’aurons reçu, nous serons en mesure de formuler notre vision en conséquence, telle que nous la concevons_ ». Mais derrière cette


convergence apparente, les divisions persistent au cœur de cette diplomatie frénétique et le manque de confiance est palpable. Zelensky avait ainsi demandé à Trump de ne prendre « aucune


décision » sans son accord tandis que les impérialismes européens ont annoncé renforcer leurs sanctions au sortir de l’échange entre Washington et Moscou. Pour cause, aucune des


contradictions réactionnaires que ces négociations cristallisent ne semble avoir disparu. Vraisemblablement, Poutine cherche à gagner du temps. En effet, le président russe peut compter sur


l’avantage tactique de ses armées sur le front ukrainien, quelques jours après avoir lancé la plus grande attaque simultanée de drones depuis le début de la guerre en Ukraine. Moscou a donc


du temps et la réussite des négociations n’est pas dans ses intérêts immédiats comme le note Michael Kimmage dans _Foreign Policy_ : « _La Russie dispose de moyens pour prendre l’avantage


dans une longue guerre d’usure. Elle pourrait favoriser un retrait des États-Unis du conflit, ce qui aurait un impact sévère sur le moral des Ukrainiens, limiterait les capacités


opérationnelles quotidiennes de l’armée ukrainienne, et enverrait un signal fort à l’échelle mondiale indiquant que l’Ukraine est incapable de maintenir sa relation bilatérale la plus


importante_ ». Comme il le souligne cependant, l’avantage militaire de la Russie est précaire au point qu’elle ne peut pas attendre trop longtemps non plus, dans l’espoir que Trump se lasse


et abandonne l’Ukraine : « _D’un point de vue technique, la dynamique semble être du côté de la Russie, puisqu’elle s’empare de kilomètres carrés de territoire ukrainien, mais cette


dynamique ne mène nulle part. Depuis des mois, la Russie tente en vain de prendre la ville ukrainienne de Pokrovsk. Cet échec s’accompagne de pertes colossales : on estime à 790 000 le


nombre de morts ou de blessés depuis le début de la guerre (auxquels s’ajoutent 48 000 disparus), dont plus de 100 000 rien que pour cette année. Si ce rythme se poursuit, d’ici la fin 2025,


la Russie comptera plus d’un million de pertes, sans que sa situation stratégique ne soit meilleure qu’en 2022_ ». Poutine doit donc composer avec Washington et ne peut pas se permettre de


se mettre Trump à dos mais il pourrait tout aussi bien décider que ce nouveau round de négociation n’est pas encore l’opportunité qu’il espère. Si le président étasunien a empoché quelques


succès diplomatiques, notamment lors de sa tournée au Moyen-Orient et, un peu auparavant, lors des négociations entre l’Inde et le Pakistan, sa politique ukrainienne a tout d’un échec. Plus


de cent jours après son entrée en fonction, Trump n’est toujours pas parvenu à réaliser sa promesse de campagne de mettre fin à la guerre. Philip H. Gordon dresse ainsi un tableau sombre du


bilan de Trump sur le dossier ukrainien : « _L’échec de l’approche de Trump était prévisible. Il partait du principe qu’il pouvait intimider l’Ukraine pour qu’elle cède à la Russie en


adoptant le récit russe sur la guerre et en menaçant de couper l’aide américaine à Kyiv. Mais il a sous-estimé à la fois ce que voulait réellement la Russie — la soumission totale de


l’Ukraine — et la détermination d’une Ukraine farouchement indépendante à s’y opposer. Pire encore, en n’incluant aucune menace de représailles envers la Russie en cas de refus de compromis,


Trump a abandonné une grande partie de son levier sans rien obtenir en retour, disant en substance à Moscou : “Si vous n’acceptez pas mon plan, je me retire et vous laisse tout ce que vous


voulez” — pas exactement_ The Art of the Deal ». Or, comme le soulignaient plusieurs diplomates étasuniens, Trump veut mettre fin aux combats, à la fois pour satisfaire son image de faiseur


de paix mais aussi pour limiter la surextension des forces militaires étasuniennes dont l’opération au Yémen a montré, comme le révélait le _New York Times_, les limites. Pour ce faire,


Trump a imposé un certain nombre de conditions à l’Ukraine pour faciliter la signature d’un cessez-le-feu, voire d’un plan de paix, à l’avantage de la Russie, grâce à son principal moyen de


pression : la prolongation du soutien militaire colossal que les États-Unis fournissent à l’Ukraine. Trump a également déclaré à plusieurs reprises qu’il n’hésiterait pas à quitter les


négociations si un accord n’était pas trouvé. Cependant, la résistance du Kremlin constitue un obstacle majeur, si bien que certains des proches conseillers de Trump appellent à appliquer


une stratégie de pression maximale, non plus sur Zelensky, copieusement humilié lors d’une visite à la Maison Blanche à la fin février, mais sur Poutine. Le sénateur néoconservateur Lindsey


Graham a ainsi proposé un texte de loi visant à imposer à plus de 500 % les produits pétroliers russes, frappant au cœur de son économie. Une proposition appuyée par le président finlandais


dans une tribune publiée, le 19 mai, sur le _Guardian_ et les dirigeants européens qui réfléchissent également à faire artificiellement baisser le prix du pétrole russe pour frapper les


finances du pays : « _Il est largement attendu que Graham, qui a discuté de son projet de sanctions avec des ministres européens des Affaires étrangères la semaine dernière, adapte les


dispositions du texte pour le cibler spécifiquement sur les entreprises étrangères important de l’énergie russe. Graham, fidèle à Trump, présente ses sanctions comme un complément à la


politique tarifaire de Trump, et non comme une alternative. Le projet initial prévoyait d’imposer des droits de douane de 500 % sur les marchandises de tout pays commerçant de l’énergie avec


la Russie — une approche de type “tir au canon” que Trump a lui-même abandonnée dans sa guerre commerciale_ ». Mais cette approche nuit à un objectif tout aussi important pour Trump :


tenter, si l’opportunité se présente, de desserrer les liens entre la Russie et la Chine, ce qui impose de ne pas frapper trop durement le Kremlin, sauf à obtenir l’effet inverse de celui


recherché. Trump a ainsi indiqué dans son communiqué qu’il était prêt à signer un accord commercial substantiel avec la Russie une fois un hypothétique accord signé. Dans cette situation,


Trump continue vraisemblablement de vouloir ménager Poutine en faisant peser sur l’Ukraine l’essentiel des concessions, mais un revirement de la Maison Blanche constitue une possibilité


ouverte. Quel que soit le scénario que choisisse Trump – la pression sur l’Ukraine, les pressions sur la Russie ou le retrait pur et simple des négociations – et l’issue des négociations, ce


seront, dans tous les cas, les travailleurs ukrainiens et les classes populaires qui en payeront le prix. Cette lutte, des frictions et des négociations de brigands, montre encore une fois


le caractère totalement réactionnaire de cette guerre. La Russie de Poutine continue à poursuivre la protection des intérêts de ses capitalistes à travers la constitution d’une « zone tampon


 » à sa frontière occidentale sur le dos des populations des pays voisins. Les États-Unis et les impérialistes européens ont pendant presque trois ans collaboré pour mener une « guerre par


procuration » contre la Russie, en accaparant de façon hypocrite la question de l’auto-détermination nationale de l’Ukraine. Maintenant que leur alliance est affaiblie, des tensions et


contradictions émergent entre eux, mais ils continuent à poursuivre des objectifs impérialistes et réactionnaires. Dans cette guerre, qui est encore loin d’être finie, ce sont les intérêts


des travailleurs, des secteurs populaires d’Ukraine, de Russie et de tout le continent qui sont les grands absents.


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