« reprise » de l'aide humanitaire à gaza : une annonce cynique alors que le génocide s'intensifie

Après plus de deux mois et demi d’arrêt de l’aide humanitaire, Israël a autorisé lundi l’entrée de cinq camions, et une petite centaine ont pu entrer ces mardi et mercredi dans la bande. Si

Netanyahu s’est dit diplomatiquement contraint d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire, celle-ci est cependant loin d’altérer le dessein génocidaire élaboré par les autorités israéliennes

 : affamer la population palestinienne. « UNE GOUTTE D’EAU DANS L’OCÉAN » POUR L’ONU Ce changement de posture intervient en effet dans un contexte humanitaire dramatique à Gaza. Le blocus

total imposé depuis des mois, couplé à la destruction des infrastructures, a plongé dans la famine l’immense majorité de la population. Sur la période allant du 1er avril au 10 mai, ce sont

ainsi près de 2 millions de Gazaouis qui se trouvaient dans une situation d’insécurité alimentaire de niveau critique et 70 000 enfants qui souffraient de malnutrition aiguë. Dans de

nombreux cas – et particulièrement pour les enfants – les conséquences de semaines de famine seront irréversibles. Surtout face à l’utilisation délibérée pendant plusieurs mois de la famine

comme outil génocidaire, les moins de 200 camions arrivés depuis lundi sont très loin de répondre aux besoins. Avant même le 7 octobre 2023, ce sont près de 500 camions qui entraient chaque

jour à Gaza. En réalité, le blocus est quasi intégralement maintenu. Ainsi, ce sont près de 8 600 camions d’aide que l’ONU ne peut toujours pas envoyer à Gaza du fait de l’opposition

israélienne. Action contre la Faim dénonce pour sa part dans un communiqué ne pas pouvoir acheminer vers Gaza la nourriture stockée en Jordanie. Outre la faiblesse des quantités, le contenu

de l’aide, limitée principalement à de la nourriture et à des médicaments, est loin de répondre aux besoins de la population. Comme le dénonce une médecin de MSF : « _nous avons besoin de

fioul, de matériel pour construire des abris et d’outils médicaux comme des scalpels_ ». L’acheminement de cette aide vers la population est dans tous les cas rendu très compliqué par

Israël, qui a non seulement ralenti les équipes onusiennes en imposant un itinéraire impraticable, mais aussi détruit les infrastructures essentielles à Gaza. UNE AIDE CYNIQUE QUI N’ENTRAVE

EN RIEN LE GÉNOCIDE Dans ce contexte, Médecins Sans Frontières a dénoncé une aide qui « _ne sert qu’à éviter l’accusation d’affamer les habitants de Gaza, tout en permettant à peine leur

survie_ ». De fait, cette ouverture survient alors qu’Israël s’apprête à passer à la prochaine étape de son offensive. Depuis mercredi dernier, l’aviation israélienne se déchaîne dans toute

la bande et l’armée israélienne se prépare à une nouvelle offensive terrestre d’ampleur. Les Gazaouis ont ainsi été sommés de se déplacer au sud de l’enclave, compliquant largement la

possibilité d’organiser des points de distribution des denrées qui y sont acheminées. Si la reprise (très) partielle de l’aide humanitaire a été ordonnée sous la pression de plusieurs pays

occidentaux, celle-ci apparaît davantage comme une caution affichée par Netanyahou pour s’assurer que rien n’entrave la mise en œuvre de la nouvelle étape du génocide. Celui-ci justifiait

ainsi cette ouverture en s’inquiétant que les « _amis d’Israël_ » ne le « _soutiendraient_ » plus, alors que ces derniers sont contraints d’afficher une posture plus critique sous la

pression des voix de plus en plus nombreuses qui exigent la fin du génocide en Palestine. De même, le ministre suprémaciste Bezalel Smotrich, un des plus fervents partisans du nettoyage

ethnique de Gaza, a expliqué cette semaine : « _lorsque nos bons amis nous demandent de nous arrêter et de fournir une aide minimale, nous acceptons pour pouvoir poursuivre. Les gens

recevront une pita et une assiette de nourriture, c’est tout. Cela n’atteindra pas le Hamas et permettra à nos amis dans le monde de continuer à nous fournir un parapluie diplomatique._ »

Face au cynisme d’Israël qui monnaye l’aide humanitaire pour s’assurer de ne pas être lâché par ses alliés, soutiens de la première heure du génocide, et à l’hypocrisie des puissances

occidentales qui affichent une opposition factice à la politique de Netanyahou, il faudra poursuivre les mobilisations pour faire barrage à la politique génocidaire israélienne quelles que

soient ses formes.