Licenciements, « restructuration » à stmicroelectronics : 3 500 travailleurs sont visés
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Le 10 avril, la direction de STMicroelectronics annonçait la suppression de 2 800 postes dans le monde. En France, le plan prévoit 1 000 suppressions d’emplois et 2 500 mobilités internes.
Envisageant des départs « _volontaires_ » pour mener son offensive sociale, la direction prétend réorienter la production vers des technologies plus modernes et plus rentables. Mais les
travailleuses et travailleurs ne sont pas dupes et ont réagi le 16 avril au travers de la CGT : « _ Ce n’est pas une simple transformation de l’entreprise, comme le martèle la Direction du
groupe, mais bien un projet de restructuration, de délocalisation et de destruction d’emplois_ ». Nadia, syndiquée à la CGT et salariée du site de Crolles, témoigne : « _Le PDG annonce
qu’ils comptent ne remplacer qu’un départ sur trois dans l’entreprise. Le but ce sera de fermer des lignes de production en France. À Tours c’est sûr, les machines seront démontées puis
envoyées à Singapour. Pour Crolles, à part quelques machines qui iront à Rousset, on ne sait pas encore pour le reste, la direction ne veut pas lâcher d’infos_ ». Car le silence est une
méthode bien rodée. Pendant des semaines, les annonces sur les fermetures de poste ont été filtrées par la presse avant d’être enfin confirmées. Cette attente permet de préparer les
travailleuses et travailleurs à une période difficile, de les amener à se questionner sur leur avenir, leur stabilité économique, de les résigner et ainsi tuer toute contestation dans l’œuf.
Quand les salarié·es demandent des précisions, systématiquement, la direction élude, esquive ou refuse d’informer. Ainsi, au CSE, on assume carrément : « _La réponse est claire : on ne
donnera pas les chiffres !_ ». Les suppressions de postes mettent déjà les travailleuses et travailleurs sous pression, et illustrent bien le visage du « _dialogue social constructif et
respectueux_ » que prône la direction. Nadia renchérit : « _Ce qu’il va se passer c’est que certains vont être désignés volontaires, des travailleurs risquent d’être convoqués
individuellement et poussés vers la sortie, comme à chaque fois_ ». À Crolles, l’usine visée est celle qui produit des wafers de 200 millimètres, des plaques de silicium utilisées dans la
microélectronique. Moins moderne, moins rentable, elle est en sursis. ST mise désormais sur le passage au 300 millimètres, et sur sa nouvelle usine – plus performante, plus automatisée, et
cofinancée par l’État. En 2022, Emmanuel Macron avait promis 2,9 milliards d’euros d’aides publiques pour accompagner ce virage qui a permis à l’entreprise d’investir aux frais du
contribuable. En échange, ST promettait alors 1 000 créations d’emplois. Or, en 2025, ce sont 1 000 suppressions qui se profilent. La stratégie est la suivante. Les départs non remplacés,
combinés à des investissements dans des pays à bas coût, créent les conditions idéales d’une fermeture : sous-effectif, sous-performance, rentabilité dégradée. Le tout, habillé de raisons
économiques « objectives ». Et on passe ainsi de « départs volontaires » à des délocalisations. La direction justifie ce plan par une conjoncture difficile. En 2024, le marché de
l’automobile s’est contracté, et le chiffre d’affaires de ST a chuté de 20 %. Mais cette baisse est relative aux années 2022 et 2023 – historiques pour le secteur de la microélectronique.
Nadia précise : « _Le semi-conducteur c’est un marché cyclique, avec des périodes de fortes demandes qui se succèdent à des périodes de recul, c’est comme ça, la direction ne l’ignore pas.
Elle avait annoncé un chiffre d’affaires de 20 milliards en 2027, à la suite des résultats records de 2022 et 2023, mais en 2024 ils sont en dessous des attentes à 13 milliards. Dans la même
période de recul des résultats, les actionnaires ont vu leurs dividendes augmentés de 50%. Alors maintenant que les résultats et bénéfices s’effondrent, il faut se serrer la ceinture, mais
on a de l’argent pour les actionnaires, pas les salarié·es._ » Ce plan de « restructuration » n’a rien d’exceptionnel. Il s’inscrit dans une logique bien connue : investir massivement quand
les profits s’annoncent juteux, tailler dans les effectifs quand les rendements ne sont plus optimaux. Mais dans un secteur comme la microélectronique, cette logique est de plus en plus liée
à la militarisation de l’économie. Car les semi-conducteurs ne servent pas uniquement à nos voitures ou à nos téléphones. Ils sont devenus essentiels aux drones, aux missiles, à
l’intelligence artificielle militaire. Les nouvelles usines de ST, plus spécialisées, plus performantes, répondent à cette demande croissante. Officiellement, l’entreprise ne produit que
pour des usages civils. Mais les composants restent polyvalents, et leur traçabilité est faible. C’est ainsi que des puces produites à Crolles ont été retrouvées dans des drones russes. Pour
Gaza, le risque est le même. Les puces produites ici se retrouvent dans les armes israéliennes. En lien avec Urgence Palestine et Stop Arming Israël, des salarié·es de ST ont mené
l’enquête. Nadia, syndiquée à la CGT, résume : « _Ça a été un travail de plusieurs mois, fait avec les informations publiquement disponibles puisque la direction ne veut pas collaborer. On a
trouvé bien plus de liens qu’on pensait entre ST et des boîtes liées à la défense israélienne. Sans tracer les puces, il est clair qu’il y a un gros risque qu’elles y finissent._ » C’est ce
qui a conduit à l’envoi d’une lettre ouverte à la direction, exigeant des mesures afin de s’assurer qu’il n’y ait aucune contribution de l’entreprise, de près ou de loin, au massacre en
cours, et donc de rendre publique la liste de ses partenaires et de suspendre toute coopération avec des entreprises du secteur de la défense israélienne, y compris hors armement. La
direction a vaguement répondu qu’elle respectait les législations internationales, effectuait des contrôles, et que les puces étaient « _destinées à des fonctionnalités civiles et pas autre
chose_ ». Face à cette langue de bois, une grève a été déclenchée le 10 avril à Crolles. Pour exiger de nouveau de leur direction une rupture des liens avec les entreprises israéliennes et
une plus grande transparence sur le devenir de leur production. Les salarié·es refusent de voir leur savoir-faire mis au service d’un massacre. Cette mobilisation révèle autre chose : dans
une période de crise, de guerre et de militarisation, les travailleuses et travailleurs doivent non seulement défendre leurs emplois, mais aussi choisir à quoi ils servent. À
STMicroelectronics, une voie s’esquisse : politiser le travail lui-même, et en reprendre le contrôle.
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