Elections pro : la cgt premier syndicat chez neuhauser, un triomphe face à invivo et la répression syndicale

Dans les boulangeries industrielles détenues par le groupe InVivo, la CGT Neuhauser devient première organisation syndicale à l’échelle nationale, avec 41% des voix, tous sites confondus.

Dans l’usine de Folschviller, en Moselle, bastion CGT que la direction du groupe InVivo avait tenté de décapiter en licenciant Christian Porta, 80% des ouvriers ont voté pour la CGT. Le

syndicat était le seul à présenter une liste au collège des ouvriers, car pas un seul n’a souhaité se présenter sur une liste concurrente, et faire ainsi le jeu de la direction. Christian

Porta raconte : _« Sur 201 votants, 161 ont voté pour la CGT, tous collèges confondus, c’est tout simplement historique dans l’usine. Même parmi les cadres et les agents de maîtrise on a

fait autant de voix que la liste conduite par la direction »_. Des listes CGT étaient également déposées dans les usines de Reims et d’Aubignan. Dans cette dernière, où la CGT se présentait

pour la première fois, 90% des ouvriers ont voté pour le syndicat, quand _« la CFDT elle n’a recueilli que 3 voix… alors qu’il y avait deux personnes sur leur liste »_ raconte Christian

Porta. _« Ce syndicat qui roule pour la direction depuis des années ne sera désormais même plus représentatif, tout comme la CFTC »_. UNE ÉLECTION DANS UN CONTEXTE D’OFFENSIVE ANTI-SYNDICALE

BRUTALE Cette victoire fait suite au combat de près d’un an de la CGT Neuhauser contre la répression syndicale. La direction du géant de l’argroalimentaire Invivo, qui détient Neuhauser,

s’était en effet acharnée à licencier illégalement Christian Porta, délégué CGT du site de Folschviller. Malgré plusieurs mois d’une offensive patronale ayant commencé en février 2024, après

un chantage à la fermeture de l’usine, des intimidations et la tentative de licenciement d’ouvriers soutiens de Christian Porta, les travailleurs avaient enchaîné les victoires juridiques,

sur fond de larges mobilisations solidaires dans l’usine, et d’un soutien public qui en avaient fait une affaire d’ampleur nationale. Pour ces élections, la direction misait sur le fait que

la CGT recule, en espérant que sa politique de terreur dissuaderait les travailleurs de soutenir le syndicat. Dans cette perspective, Christian Porta rapporte qu’elle a été jusqu’à _« 

répandre des rumeurs dans des réunions avec des élus de la municipalité de Folschviller, en disant que si la CGT gagnait ils fermeraient la boîte. Sur des salariés qui ont pour beaucoup déjà

connu les deux plans de licenciement qu’on a subis en 2017 et 2018, c’est vraiment jouer avec leurs traumatismes de manière dégueulasse »._ Sur le site de Moselle, le délégué syndical

rapporte même que _« plusieurs salariés ont été appelés par un numéro de téléphone fixe de l’entreprise pour leur proposer de participer à la liste de la CFTC, alors qu’ils n’avaient jamais

donné leur numéro personnel à ce syndicat »_. Pourtant, _« malgré tous ces efforts, la direction n’a pas trouvé un seul ouvrier dans toute l’usine qui accepte de se présenter sur une liste

pro-patronale face à la CGT ! »_. De son côté, la CFDT, qui a produit des tracts attaquant Christian Porta, le qualifiant de _« trotskyste contemporain qui veut fermer nos usines »_ a été

sanctionnée dans les urnes par la perte de sa représentativité. UNE CAMPAGNE DE TERRAIN GRÂCE À UNE ORGANISATION HÉRITÉE DE LA GRÈVE Dans ce contexte, face ce niveau de pression, la victoire

de la CGT a indéniablement été le produit de la cohérence du syndicat depuis des années, de sa défense sans relâche des salariés face à la direction, sans compromissions, mais aussi des

victoire obtenues, notamment face à la répression et aux intimidations. Pour Christian Porta, _« à cette reconnaissance acquise s’est ajoutée pendant toute la durée de la campagne un travail

de terrain énorme du syndicat, que même la direction a été forcée de reconnaître. On a réactivé notre fonctionnement de l’époque de la grève, avec des référents dans chaque équipe de

l’usine qui étaient prêts à déjouer les coups de pression et les mensonges de la direction et ses relais, pour convaincre tous les collègues de l’importance d’aller voter. Entre les

pressions de la direction et le fait qu’on était la seule liste à se présenter côté ouvrier, c’était loin d’être gagné que plus de 80% des ouvriers aillent voter. Mais des dizaines de

salariés militaient activement pour le succès de la liste, et ça a payé. Il y a même plusieurs cadres et agents de maîtrise qui ne sont pas spécialement pro-CGT mais qui ont voté pour nous,

en nous disant reconnaître que nous étions de loin les seuls à être présents au quotidien »._ APRÈS CETTE VICTOIRE, SE PRÉPARER POUR LA SUITE La CGT Neuhauser envoie donc un signal très fort

à la direction d’InVivo avec cette victoire. Pour ce groupe international qui a consacré l’attention d’une partie importante de sa direction à la disparition rapide de la CGT du site de

Folschviller, quitte à s’enfoncer dans l’illégalité et à dépenser des millions d’euros, c’est sans doute un échec de grande magnitude. Non seulement la CGT de cette usine est encore là,

renforcée, mais la CGT s’est même développée sur d’autres sites, et est maintenant la première force, quand deux syndicats patronaux perdent quant à eux leur représentativité. C’est

évidemment un message envoyé à tous les travailleurs réprimés qu’il est possible non seulement de résister face aux attaques, mais aussi de renforcer les organisations de lutte des

travailleurs, à la condition de déployer une stratégie à la hauteur du niveau de conflictualité imposé par le patronat. Pour Christian Porta, c’est le signe que la _« méthode Neuhauser paye.

On est pas obligés de se résigner à voir partout les organisations syndicales combattives reculer. Par contre il faut être clair, cette méthode est aux antipodes de ce que nous proposent

actuellement les directions confédérales, en se proposant de devenir les conseillers du gouvernement et des capitalistes face à la guerre commerciale. Notre méthode, c’est celle de

l’indépendance claire vis-à-vis du patron, de la lutte des classes, de l’auto-organisation des travailleurs et des liens avec les soutiens et les mouvements sociaux. »_ Après cette série de

victoires, le délégué syndical se veut pour autant lucide quant au fait qu’une « une nouvelle bataille vient d’être remporté, mais que ça n’est pas terminé ». Pour le syndicaliste, _« après

avoir tenté de me licencier illégalement et après tous leurs coups fourrés, ils vont continuer à mettre la barre plus haut parce qu’ils ne peuvent pas supporter que les salariés s’organisent

et se battent pour défendre leurs intérêts »._ Christian Porta explique notamment que, si les syndicats « combatifs » CGT et FO cumulent plus de 70% des voix, les travailleurs font face

pour la première fois à _« un bloc qui se constitue et à un grand nombre de cadres qui ont intégré la CFE-CGC avec comme ambition d’en finir avec nous. Ces gens sont des casseurs de grève

déterminés. À Folschviller, sur les 6 qui étaient sur leur liste, 4 avaient témoigné contre moi pour me faire licencier. »_ Pour lui, _« c’est pour cette raison que la prochaine étape va

être celle de la consolidation, la formation de la nouvelle équipe syndicale à Folschviller et surtout le développement de la CGT à l’échelle nationale dans toutes les usines Neuhauser. Plus

largement, nous voulons que cette démonstration encourage les travailleurs d’InVivo et de toute l’industrie agro-alimentaire à ne pas se résigner, et à monter des syndicats déterminés pour

la lutte des classes, qui ne va pas se calmer dans le contexte de guerre commerciale et de tensions internationales que nous connaissons. »_