A69 : la justice autorise la reprise du chantier, la lutte doit continuer !

La justice a autorisé, ce mercredi 28 mai, la reprise du chantier de l’A69, interrompu depuis le 27 février après une longue lutte écologiste. Philippe Tabarot, ministre des Transports, pour

qui cette décision « constitue un véritable soulagement », a annoncé cette reprise « à partir de mi-juin de manière progressive ». En juin sera également examiné à l’Assemblée un projet de

loi visant à légaliser les travaux, et déjà adopté par le Sénat.

Pour rappel, le projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, imaginé dans les années 1990 par le groupe pharmaceutique Pierre Fabre pour faciliter les échanges routiers entre les deux

villes, ne s’est concrétisé qu’en mars 2023 avec le commencement des travaux. Très vite, une forte opposition s’est manifestée : non seulement le nouvel axe n’offrirait quasiment aucun gain

de temps, mais il déposséderait les agriculteurs de plus de cinq cents hectares de terres, tout en détruisant la biodiversité partout autour de lui. Par conséquent, ce chantier est devenu un

enjeu de lutte central pour le mouvement écologiste. La ZAD de Crem’arbre à Saïx réunissait des militants de toute la France et de nombreuses organisations, qui occupaient les arbres

destinés à la coupe. Ils ont été pris pour cibles par l’État qui a déchaîné contre eux une violente répression, mais ils avaient fini par obtenir gain de cause, du moins temporairement.

Après une longue lutte, le Tribunal administratif de Toulouse avait en effet exigé en février dernier l’arrêt immédiat du projet. Mais cette victoire judiciaire n’était qu’un sursis.

L’État a en effet fait appel de la décision d’arrêt des travaux. Le résultat de cette procédure d’appel pourrait être rendu en 2026. C’est un recours qui a permis, en attendant, la reprise

du chantier, sous prétexte que « l’interruption du chantier en cours de réalisation de l’A69 faisait peser des risques sur la sécurité des installations et des personnes aux abords du site »

et avait « des répercussions lourdes sur le tissu économique local, en provoquant l’arrêt brutal de l’ensemble des activités », d’après Philippe Tabarot. Le risque, désormais, est que

l’autoroute soit terminée avant la décision d’appel, et que le concessionnaire, déjà visé par 42 rapports de manquement administratif et 15 arrêtés préfectoraux de mise en demeure, se

précipite, au mépris des règles environnementales.

Face à cette nouvelle offensive écocidaire, les militants sont prêts à repartir à l’action et appellent à se mobiliser les 4, 5 et 6 juillet prochains. Soyons-y nombreux, car s’il est

certain que l’État n’hésitera pas à déployer son arsenal répressif à nouveau, il est nécessaire de faire front. Ce revers démontre qu’une bataille menée sur le seul terrain de la justice

bourgeoise ne pourra suffire à interrompre le projet. Il est essentiel de créer un véritable rapport de force, avec une alliance entre écolos et travailleurs, pour mettre fin, tant que c’est

encore possible, à ce projet écocidaire.