« j’étais cachée dans l’ombre et cela m’allait très bien » : les confidences exclusives de cléo, l'épouse d'herbert léonard

Parismatch

« j’étais cachée dans l’ombre et cela m’allait très bien » : les confidences exclusives de cléo, l'épouse d'herbert léonard"


Play all audios:

Loading...

Lundi 3 mars, Barbizon. Le corps d’Herbert Léonard repose à l’hôpital de ­Fontainebleau, où il est décédé la veille à 18 heures. Cléo ­Léonard nous ouvre les portes de leur domicile, une


vaste maison blanche où ils ont emménagé le 11 septembre 2001. Dans le grand bureau d’Herbert, des peintures d’avions de combat, quelques disques d’or et un planning. Des concerts étaient


­programmés en province, où il remplissait encore de petites salles. Le téléphone sonne sans cesse, Cléo répond poliment à tout le monde. Mais cet après-midi elle a envie de raconter l’homme


qu’elle a aimé pendant cinquante-sept ans, le chanteur populaire, le père de famille, l’époux volage, parfois, et leurs combats communs. Un soleil doux éclaire son visage ­souriant malgré


la tristesse. PARIS MATCH. COMMENT VOUS ÉTIEZ-VOUS RENCONTRÉS ? CLÉO LÉONARD. C’était en 1967, nous étions tous les deux invités à un ­Musicorama d’Europe n° 1 à Lyon. J’étais chanteuse à


l’époque, il paraît même qu’il avait participé à des séances d’enregistrement de l’un de mes disques mais je n’en avais aucun souvenir ! C’est Ronnie Bird qui nous a présentés. On a passé la


soirée ensemble, on est repartis le lendemain en voiture à Paris. Michel Fugain était là aussi, parce que sa bagnole était tombée en rade. Nous sommes devenus un petit groupe d’amis. IL


DÉMARRAIT EN SOLO, APRÈS AVOIR FAIT PARTIE DES LIONCEAUX. Exactement, il était deuxième guitariste des Lionceaux, qui ne faisaient que copier les Beatles. Herbert avait une vraie voix soul,


il était fait pour le rhythm and blues d’alors. Mais ses disques ne se vendaient pas, malgré de nombreux passages à la radio. Herbert était bon dans tout. Mais il était très décalé par


rapport à l’époque… La suite après cette publicité IL ÉTAIT UN AMOUREUX EXUBÉRANT ? Oh non, c’était un garçon assez timide, assez réservé, qui avait un fort accent alsacien. Son “Bonjour


Cléo” [elle l’imite] pesait 20 tonnes… APRÈS TROIS ALBUMS PASSÉS INAPERÇUS, IL SE TOURNE VERS GÉRARD ­MANSET EN 1970. Oui, ils ont écrit et composé un album hors normes. Ils ont adoré


travailler ensemble, Herbert était assez admiratif de Gérard, mais leur disque en commun n’a pas rencontré son public. Il va alors quasiment arrêter la musique pendant dix ans. À CAUSE DE


SON ACCIDENT DE VOITURE ? En partie, oui. Et même s’il s’en est sorti, tout ne s’est pas tout de suite remis en place. Il ne voulait pas qu’on le voie avec toutes ces cicatrices, il était


assez obsessionnel avec ça. Tout a fini par rentrer dans l’ordre sans qu’il ait besoin de se faire opérer… VOTRE FILLE NAÎT EN 1973. IL S’EST BEAUCOUP OCCUPÉ D’ELLE ? Au début, oui, mais


quand le succès est arrivé, il était assez absent, il rentrait tard, elle partait tôt pour l’école… Parfois, ils ne se croisaient pas pendant quinze jours. Durant toute cette période, il a


­développé une vraie passion pour l’aéronautique et est devenu journaliste pour “Aviation magazine”, spécialiste des aéronefs soviétiques. Ça lui plaisait énormément. Moi, un peu moins, je


le préférais musicien. IL AURAIT PU NE JAMAIS REVENIR À LA MUSIQUE ? J’en suis convaincue ! C’est Vline Buggy qui l’a remis dans le bain, en lui faisant rencontrer Julien Lepers, alors


animateur sur RMC. Il adorait son job de journaliste, mais comme il écoutait Vline, qui tenait à ce qu’il écoute les maquettes de Lepers, il s’est laissé convaincre. “POUR LE PLAISIR” EST UN


IMMENSE SUCCÈS, EN 1981. COMMENT L’AVEZ-VOUS VÉCU ? D’abord, je vous rappelle que personne ne voulait sortir le disque ! On le considérait alors comme un has been. Il a fallu que Vline


mette ses propres deniers dans l’affaire pour que Polydor accepte de distribuer l’album… Quant à moi, j’étais cachée dans l’ombre. On m’avait expliqué dès nos débuts qu’il ne fallait pas que


j’apparaisse à ses côtés. Un chanteur en couple attirait forcément moins les filles qu’un célibataire ! C’était le deal entre nous. Donc je n’ai fait aucune sortie officielle avec lui,


aucune première, aucun gala. Je n’allais pas à ses concerts. J’étais écartée systématiquement pour ne pas gêner l’impact qu’il pouvait avoir sur les nanas qui l’admiraient. Et cela m’allait


très bien. C’était son métier. S’il avait été banquier, je ne serai pas allée dans le hall de la banque pour le regarder travailler. IL EST RESTÉ LE MÊME HOMME FACE AU SUCCÈS ? Lui oui !


Comme tous les chanteurs, il a passé sa vie à courir les filles. [Elle rit.] Même s’ils sont un peu obsédés du slip, ils n’ont pas besoin de demander. Je n’ai jamais eu de respect pour ces


filles qui viennent voir le chanteur pour une aventure d’un soir et qui s’imaginent qu’il va rester avec elles toute sa vie. Ce sont des cerveaux légers. Et c’est une féministe qui vous


parle ! VOUS AVEZ TOLÉRÉ ? J’ai fermé les yeux. J’ai un caractère sauvage et quand je n’étais pas contente, j’allais voir ailleurs. À partir du moment où j’avais accepté son métier, je


n’allais pas le lui reprocher ensuite. J’ai moins aimé les fois où il a eu des liaisons plus longues, parce qu’elles entamaient le potentiel de notre couple et de notre famille. C’EST LA


VRAIE DÉFINITION DE L’AMOUR ? Je ne sais pas. Je crois que j’aurais eu du mal à m’intéresser longuement à un homme au parcours de vie monacal… IL VOUS PARLAIT DE SON MÉTIER ? Très peu. Même


quand des gens du métier lui demandaient de me saluer, il oubliait… Les hommes sont plus égoïstes que nous, les femmes… Tout ce qui sort un peu de leur monde, ça peut attendre. VOUS DITES ÇA


AVEC TENDRESSE ? Avec fatalisme. [Elle sourit.] On ne peut pas changer les choses. On est restés cinquante-sept ans ensemble. On a attendu trente-sept ans avant de se marier. On ne peut pas


dire qu’on n’ait pas réfléchi à notre histoire. POURQUOI DÉCIDE-T-IL DE VOUS ÉPOUSER EN 2004 ? Nous n’en avons jamais parlé. Le soir du Nouvel An, il m’avait laissé une petite enveloppe


dans laquelle il avait écrit : “Et si on se mariait ?” On avançait en âge, il a voulu me protéger, il s’est probablement dit que ce serait plus simple pour moi s’il avait un problème… EN


2006, IL ACCEPTE DE PARTICIPER AUX TOURNÉES “ÂGE TENDRE ET TÊTES DE BOIS”. PAR DÉPIT ? Non, ça lui plaisait, même s’il fallait parfois attendre des heures entre le premier passage et le


second… Il était content de retrouver des amis comme Dave ou Hervé Vilard, les deux qui m’ont fait signe d’ailleurs hier après l’annonce de sa mort. Au fond, cette petite carrière musicale


lui permettait de continuer à travailler sur ses avions. Il était encore sur scène début février et retrouvait toujours le public avec bonheur. EN 2017, IL PASSE TRENTE-DEUX JOURS DANS LE


COMA, QUE S’EST-IL ­VRAIMENT PASSÉ ? On était ici à la maison, il est monté se coucher. Cinq minutes plus tard, il réapparaît en panique. “Je ne peux plus respirer, aide-moi, je vais


mourir.” Quand le Samu est arrivé, ils m’ont fait comprendre qu’il n’était pas passé loin. Après l’avoir intubé dans le salon, ils l’ont emmené en roulant au pas, parce qu’il y avait


complication sur complication. Ses poumons s’étaient comprimés, il fallait les réoxygéner. Alors ils l’ont plongé dans le coma. Avec ma fille, on s’était préparées au pire. POURTANT IL S’EN


SORT ET REMONTE SUR SCÈNE QUELQUES MOIS PLUS TARD ! Parce qu’il avait juste envie de vivre encore ! Quand il est sorti de l’hôpital de Bligny, en 2017, il était devenu non-fumeur. Il avait


perdu l’envie, le goût, le geste. Depuis le temps que je lui demandais d’arrêter de fumer… Mais quand je refais le film, il aurait dû mourir en 2017. Il avait tellement maigri, il n’avait


plus un muscle. Tout le reste, ensuite, n’a été que du bonus. EN DÉCEMBRE, VOUS APPRENEZ QU’IL SOUFFRE D’UN CANCER DU POUMON. Lors d’un rendez-vous chez le pneumologue, on découvre qu’il y a


un nodule sur le poumon. Il faut opérer très vite. Mais il n’a pas envie de passer Noël à l’hôpital. Deux semaines après, ­l’oncologue nous dit qu’il faut démarrer la chimio le 15 janvier.


Il s’y rend, il la supporte bien, pas d’effets secondaires. Trois semaines plus tard, seconde chimio et ajout d’une immunothérapie. Là, il a du mal à encaisser. On apprend qu’il n’y a plus


un, mais trois nodules, dont un sur le tibia. Quand on rentre à la maison, il n’est pas capable d’aller promener les chiens tellement il est fatigué. ET LA TROISIÈME CURE N’A PAS EU LIEU. Il


y a dix jours, il me dit qu’il ne peut plus respirer. J’appelle les pompiers, qui le transfèrent aux urgences. Il est admis en réanimation trois jours plus tard. J’ai été à ses côtés tous


les jours. Le 1er mars, j’ai demandé à ma fille, mon gendre et nos ­petits-enfants de venir. J’avais compris qu’il était en train de nous quitter. Le cancer était métastasé, les médecins le


lui ont dit, me l’ont dit. Il a accepté l’inéluctable, sans savoir combien de temps il lui restait. Samedi, donc, il était heureux de voir ses petits-enfants. EST-IL MORT PAISIBLEMENT ? Ma


fille et moi sommes allées le voir le dimanche, il allait beaucoup mieux. Presque rigolard, malgré les fils qu’il avait dans le nez pour respirer. Il a vanné notre fille, moi, il m’a


renvoyée dans mes filets parce que j’avais eu le malheur de lui dire qu’il ferait mieux de respirer par le nez plutôt que par la bouche. “Tu n’es jamais contente”, a-t-il rigolé. Je me suis


dit “la vie est revenue”, et nous sommes parties rassurées vers 17 h 15. À 18 heures, le médecin m’a appelée : “Il est en train de partir.” Quand je suis arrivée, il était déjà mort. Ces


quelques dernières heures avec nous ont été son chant du cygne. COMMENT VOUS SENTEZ-VOUS CE SOIR ? Je vais tenir le coup. J’ai toujours été habituée à être seule, vous savez… POURQUOI EST-CE


QUE ÇA A MARCHÉ ENTRE VOUS DURANT ­CINQUANTE-SEPT ANS ? Parce qu’on avait des caractères très différents, parce que nous avons su être à l’écoute l’un de l’autre. Et puis Herbert m’a fait


le plus beau cadeau au monde, dont je lui serai toujours redevable ; il m’a donné Éléa, notre fille unique. Mon père m’avait dit : “Comme je suis persuadé que tu es mon chef-d’œuvre, ton


bébé sera ton chef-d’œuvre.” Grâce à Herbert, c’est ce qui s’est passé.


Trending News

Le coup de projecteur de france bleu elsass en réécoute sur ici : podcast, replay

Tous les vendredis, recevez le meilleur de la semaine d’ici Elsass : certifié 100% local ! En cliquant sur "S’abonn...

Interview assane ndoye (elan chalon) : « je ne veux plus qu’on dise que je suis juste un jeune potentiel » – basket europe

Formé à l’Elan Chalon, vainqueur du Trophée du Futur et du championnat Espoirs en 2013, Assane Ndoye (2m, 22 ans) a été ...

Olivier lafargue (entraîneur de bourges) : « quand on est capable de montrer un niveau de basket comme ça, c’est un régal » – basket europe

Impitoyable face à Roche Vendée (82-55), le Tango de Bourges reste à égalité avec Lattes Montpellier à la deuxième place...

Au lycée saint-cricq, un bac techno peut mener aux grandes écoles

Dès la classe de seconde, les lycéens s’évertuent à obtenir le bac STI2D, un bac technologique à vocation scientifique, ...

Des moustiques anti-dengue lâchés à nouméa

Ce mercredi 10 juillet dans le centre-ville de Nouméa, en Nouvelle Calédonie, s’est tenue une cérémonie peu commune : un...

Latests News

« j’étais cachée dans l’ombre et cela m’allait très bien » : les confidences exclusives de cléo, l'épouse d'herbert léonard

Lundi 3 mars, Barbizon. Le corps d’Herbert Léonard repose à l’hôpital de ­Fontainebleau, où il est décédé la veille à 18...

Jo - boxe : «c'est pour ma dignité», au coeur d’une controverse, imane khelif en larmes après son combat

JO - BOXE : «C'EST POUR MA DIGNITÉ», AU COEUR D’UNE CONTROVERSE, IMANE KHELIF EN LARMES APRÈS SON COMBAT La boxeuse...

Revel. 240 participants «les pieds dans l'eau»

Un parfum de grande solidarité en faveur des enfants des hôpitaux de Toulouse en rémission de cancer, dimanche sur les b...

Le psg, lens et l'ol en force dans l'équipe type

L'ÉQUIPE TYPE DE 12E JOURNÉE DE LIGUE 1 SELON LES NOTES DE L'EQUIPE : Gardien : Donnarumma (PSG) Défenseurs : ...

Cannabis : le père de famille blanchissait des millions

Cannabis : le père de famille blanchissait des millions - Valeurs actuelles LA BOUTIQUE Voir le produit Voir le produit ...

Top