Problème électrique ou tension avec le curé? Pourquoi la magie de cette crèche très appréciée dans une église de Cannes n’est plus

Sacrilège à Notre-Dame-d’Espérance! Trésor patrimonial liturgique local, la crèche monumentale centenaire qui fait la renommée de l’église du Suquet s’est figée. Les anges ne volent plus

dans le ciel de Bethléem au-dessus des maisons mauresques. Les ailes du moulin ne tournent plus et sa rivière s’est tarie. Fini le manège des moutons, ânes et animaux de la Nativité. Même

les quatre cantiques qui rythmaient le mouvement des automates se sont tus.

Sur les réseaux sociaux, notamment les groupes Facebook sur l’histoire de Cannes, des fidèles et amoureux de ces quelques minutes d’enchantement en échange d’une pièce, laissent des dizaines

de messages de tristesse et de déception.

"J’y venais tous les jeudis quand j’étais petite, quel dommage" glisse Jackie, 71 ans. "Comme c’est triste, cette crèche était merveilleuse, réagit un autre Cannois. Elle était le Suquet.

Elle était Cannes. C’était un rêve".

Avec les fêtes qui approchent, l’affaire tourne au cauchemar. Depuis début décembre, la crèche biblique, immobile, est éclairée d’une succession de lumières rose, bleu, violet. Pas du goût

de tous... "Ce n’est pas une boîte de nuit", soupire une Suquetane, outrée.

Comme explication à cette mauvaise surprise de Noël, une affichette, signée Monsieur le curé, apposée à côté de la crèche: "Les mécanismes ne seront pas mis en action cette année. Il s’avère

qu’une mise aux normes de l’installation électrique est nécessaire".

Interrogé, le père Paul Chalard, nommé l’an dernier à Notre-Dame-d’Esperance confirme: "La commission communale de sécurité est passée, a débranché la vingtaine de multiprises de la crèche.

J’attends un devis pour que les mécanismes puissent être réinstallés début janvier, automate par automate".

"Ce n’est pas la mairie qui a empêché l’allumage de la crèche du Suquet. La commission communale de sécurité est passée en novembre 2023, sans contre-indication quant à l’ouverture de

l’église au public. Un rapport de vérification électricité périodique a été réalisé en mars 2024 à la demande de la mairie en tant que propriétaire du bâtiment. Ce rapport indiquait le

besoin de procéder à la réfection de certains circuits électriques à partir du tableau général. Ces travaux ont été réalisés en novembre 2024. La crèche appartient à la paroisse et son

contrôle relève donc de sa compétence et responsabilité. La commission communale de sécurité n’a pas compétence à vérifier l’installation électrique de la crèche mise en place depuis des

années par l’ancien bénévole et la paroisse".

Ce bénévole et bienfaiteur, c’est Gilles Mangiantini, 66 ans, qui en connaît en effet tous les réglages techniques...

C’est lui qui, en 2010, a mis en place ce système d’animation musicale et lumineuse, tout en conservant les mécanismes d’origine, investissant sur ses deniers personnels pour acquérir de

nouveaux santons Saint-Sulpiciens, la rendant chaque Noël plus attrayante, en entente avec les curés successifs.

Mais depuis l’arrivée du père Chalard, le courant n’est pas passé entre les deux hommes. En février, Gilles Mangiantini a dû se résoudre à quitter l’église du Suquet. " Il a tout fait pour

que je parte. Il ne m’a pas laissé le choix. J’ai récupéré tous mes personnages en plâtre. Un départ dans la douleur", livre-t-il, non sans émotion après quatorze années à bichonner cette

poétique évocation de la naissance du Christ datant de 1920. "En mars, je lui ai dit que j’étais à sa disposition pour mettre en route la crèche à Noël, mais il ne m’a pas contacté".

Mais ce passionné a trouvé un autre écrin pour exprimer ses talents de créchiste amateur. C’est à la cathédrale de Grasse, dans la chapelle du Saint Sacrement qu’il a installé une grande

crèche, fabriqué de nouveaux décors, installé de spectaculaires personnages en plâtre polychrome. À découvrir, une crèche fixe mais la magie opère aussi...

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