Rencontrez les botanistes qui ont supprimé les noms racistes des plantes
Rencontrez les botanistes qui ont supprimé les noms racistes des plantes"
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
Read in English En juillet 2024, les délégués du Congrès botanique international de Madrid ont voté en faveur de remplacement du mot _caffra_ et ses dérivés dans plus de 200 espèces de
plantes, de champignons et d'algues. De nombreux noms de plantes africaines comportaient le mot _caffra_, dérivé d'un mot arabe signifiant infidèle et utilisé pour identifier la
région de l'Afrique australe et ses habitants indigènes. Bien qu'à l'origine, ce mot ne portait pas un sens dérogatoire, au cours du temps il a été utilisé dans des insultes
raciales en anglais, en afrikaans, en espagnol et en portugais. Le vote a été le point culminant d'une campagne menée par Estrela Figueiredo et Gideon Smith de l'Université Nelson
Mandela en Afrique du Sud, qui a débuté en 2001 avec la publication d'une proposition1 visant à remplacer le mot par des variantes d'_afra_ pour représenter leurs origines
africaines. _Nature Africa_ les a interrogés sur leur rôle dans cette décision historique. QUELLES DIFFICULTÉS AVEZ-VOUS RENCONTRÉES AU COURS DU PROCESSUS ? ESTRELA FIGUEIREDO (EF) : Il y a
toujours des voix qui s'élèvent contre le changement. Ces réunions comportent généralement une section consacrée à la nomenclature, dans laquelle les participants peuvent proposer de
nouveaux noms d'espèces végétales ou des modifications des noms d'espèces végétales existants ou des règles d'attribution des noms. Notre proposition a été publiée en 2021, il
y a donc eu une longue période pendant laquelle nous avons dû faire face à des points de vue opposés et, souvent, à un antagonisme considérable. Certains scientifiques craignaient que ce
changement ne sème le chaos dans l'ensemble du système de dénomination. Cela a pris beaucoup de temps et a parfois été très décourageant. GIDEON SMITH (GS) : Il y avait aussi la crainte
qu'en changeant un nom, il faille tout changer. Nous y avons répondu en nous concentrant sur une seule injure raciale et en proposant une solution simple : supprimer le "c"
et le remplacer par un "a" pour obtenir "afra". 3. QUEL EST L'IMPACT DE CE CHANGEMENT ? EF : Il n'est plus nécessaire d'utiliser une injure raciale pour
parler de certaines plantes. À un niveau plus élevé, ce changement peut montrer qu'il existe une volonté d'éliminer les sources de conflit dans les sociétés dont nous faisons
partie et, surtout, que des changements pacifiques de l'ordre établi soient possibles. GS : Autrefois, les étudiants nous disaient : "Pourquoi nous enseignez-vous un nom qui
contient une insulte ?". Nous n'avons plus à le faire. Nous pouvons nous lever fièrement et parler d'_Acacia affra_, l'acacia africain, ou d'_Erythrina affra_,
l'arbre corail. 4. COMMENT PENSEZ-VOUS QUE CE CHANGEMENT INFLUENCERA L'AVENIR DES CONVENTIONS DE DÉNOMINATION SCIENTIFIQUE ? EF : Nous pensons que les collègues scientifiques
seront plus sensibles aux épithètes qu'ils choisissent lorsqu'ils publient de nouveaux noms de plantes. Des changements dans les codes qui régissent les noms scientifiques sont
possibles, nous espérons donc que ce changement particulier dans le code botanique aura des répercussions dans d'autres domaines. GS : D'autres, comme les zoologistes, doivent
s’occuper de ce problème. Et je pense qu'ils ont l'occasion de prendre des décisions similaires qui peuvent bénéficier à leurs communautés. Parmi les noms qui pourraient être revus
figurent le buffle du Cap, Syncerus caffer caffer, ou le scarabée brun, Anophthalmus hitleri, mais il n'y a actuellement aucun projet2 pour effectuer ces changements. EF : Le moment le
plus gratifiant a, sans aucun doute, été l'annonce du résultat du vote. Nous avions besoin d'un soutien d'au moins 60%, nous avons donc été ravis lorsque le vote a atteint
63%. GS : Le samedi 27 juillet au soir, l'injure était terminée, disparue, plus jamais. Et c'est là toute la beauté de cette proposition. 6. QUELLES SONT LES PROCHAINES ÉTAPES ? EF
: Après le vote, un comité spécial a été créé pour délibérer sur l'éthique et la nomenclature au cours des prochaines années. Il existe donc désormais un mécanisme permettant de
discuter des questions similaires. Bien qu'il s'agisse d'un pas en avant, le comité ne s'occupera qu'aux plantes, champignons et algues nommés après 2026. 7. QUELS
CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À D'AUTRES SCIENTIFIQUES DÉSIREUX DE PLAIDER EN FAVEUR DE CHANGEMENTS DANS LEUR DOMAINE ? GS : Pour les botanistes, il est essentiel de comprendre le code et les
mécanismes spécifiques des changements de noms. Pour ceux qui travaillent en zoologie ou en anthropologie, il existe des processus similaires. Le monde entier observe comment les autres
domaines vont gérer ces changements. Tout le monde peut participer aux discussions et au comité spécial qui doit devenir opérationnel au cours de cette année. Il ne s'agit pas d'un
processus secret, mais il faut comprendre les mécanismes de modification des noms, et un petit groupe d'experts, sous la direction de Kanchi Gandhi, Senior Nomenclatural Registrar de
Harvard, veille à ce que les règles soient respectées lorsqu'il s'agit de nommer de nouvelles plantes. Il s'agit d'un processus complexe et vital. Nous avons réussi à
mettre en place un mécanisme très simple, direct, sans dérapage et avec très peu de perturbations. C'est pourquoi il a réussi.
Trending News
Ne dites pas au Roi que la Belgique est un petit paysPhilippe et Mathilde sont à New York dans le cadre de la présidence belge du Conseil de sécurité de l’ONU. L’occasion po...
Des cours de français pour les réfugiés à l'université de strasbourg - iciDepuis ce lundi 2 novembre, 25 réfugiés syriens et irakiens suivent des cours de langue française à l'université de...
Comment mettre des cartes de fidélité sur son smartphone?Vous en avez marre de vous y perdre au milieu de toutes vos cartes de fidélité ? Votre smartphone peut vous aider à vous...
Chaque société a les adolescents qu'elle mériteSi l’adolescence est une réalité biologique, elle est aussi une construction sociale : les visages de l’adolescence. Pou...
Gilles bouleau sur "le 20 heures le mag : "les sujets ont la classe"Une semaine après le début de la diffusion du dernier né des programmes d'infos de TF1, "Le 20 heures Le Mag&q...
Latests News
Rencontrez les botanistes qui ont supprimé les noms racistes des plantesRead in English En juillet 2024, les délégués du Congrès botanique international de Madrid ont voté en faveur de remplac...
Explorez le monde, une page à la foisExplorez le monde, une page à la foisÀ la une Choisissez le tapis idéal pour votre salon : 5 conseils pour un choix adap...
Document lci - "dans l'enfer de l'ukraine, 21 jours sur le front" : notre reportage exceptionnel | tf1 infoLCI a diffusé ce vendredi, un reportage exceptionnel : "Dans l’enfer de l’Ukraine, 21 jours sur le front". Alo...
Qu’est ce que l’ins et que va-t-il changer dans ma pratique?L’INS est une identité de référence, partagée par tous les acteurs de santé, permettant un référencement fiable des donn...
Ina stat | la revue des médiasSix ans de sport dans les JT Quelle place est accordée au sport dans les journaux télévisés ? Ina STAT a analysé le trai...