Luis Enrique, le magicien fou qui a fait basculer le PSG dans une autre dimension

LUIS ENRIQUE, LE MAGICIEN FOU QUI A FAIT BASCULER LE PSG DANS UNE AUTRE DIMENSION

Huitième de finale aller de la Ligue des champions 2024. Le PSG affronte la Real Sociedad au Parc des princes. Après une première mi-temps laborieuse ce 14 février, les deux équipes rentrent

au vestiaire sur le score de 0 à 0. Les Parisiens ont peiné à imposer leur jeu face aux Basques. L'entraîneur, l'Espagnol Luis Enrique, en est conscient ; son équipe a besoin

d'un électrochoc. Soudain, l'Asturien explose : les bouteilles d'eau volent et il frappe violemment un tableau tactique. Mbappé, Barcola, Dembélé et le reste de l'équipe

sont abasourdis. « Si la Real Sociedad l'emporte, ce n'est pas grave ! Au moins, moi, j'essaie de jouer ! » s'époumone l'entraîneur, tournant autour de la table

centrale comme un taureau dans une arène. Ce coup de gueule musclé que l'on peut voir dans le documentaire en trois épisodes intitulé _Vous ne pouvez pas comprendre_ nous rappelle une

scène mythique jouée par Al Pacino dans _L'Enfer du dimanche. _Il va porter ses fruits.

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Ragaillardi, le collectif parisien va retourner sur la pelouse, porté par un vent nouveau. Ce soir-là, le PSG va finalement s'imposer 2-0, illustrant parfaitement comment Luis Enrique,

par son autorité et sa rigueur, a su transformer son groupe de vedettes individuelles en un véritable collectif. Bref, en faisant entrer le Paris Saint-Germain dans une autre dimension. Un

an plus tard, cette transformation vient d'atteindre son apogée. Après avoir éliminé Liverpool, Aston Villa et Arsenal, le PSG va affronter, le 31 mai 2025 à Munich, l'Inter de

Milan en finale de la reine des compétitions européennes, la Ligue des champions. Une occasion incroyable pour le club et ses actionnaires qataris d'écrire l'une des plus belles

pages de son histoire.

Le PSG, club à l'ambition affichée et démesurée depuis son rachat par le Qatar Sports Investments (QSI) en 2011, a longtemps cherché à conquérir l'Europe en misant sur des recrues

stars. Mais dépenser jusqu'à 2 milliards d'euros pour faire venir des Zlatan Ibrahimovic, des Neymar Jr., des Lionel Messi ou des Kylian Mbappé n'a pas suffi. Si cette

stratégie leur a permis de dominer outrageusement la Ligue 1, elle n'a pas été efficace pour se hisser au sommet de l'Olympe continental. Pour le PSG, la Ligue des champions est

restée une chimère émaillée de désillusions, comme la désormais célèbre « Remontada » de 2017.

À LIRE AUSSI 8 MARS 2017 : LE JOUR OÙ LE PSG SUBIT LA PLUS INCROYABLE « REMONTADA » DE L'HISTOIREC'est dans ce contexte que Luis Enrique a débarqué à Paris lors de l'été 2023.

Le club venait de voir partir, coup sur coup, Lionel Messi et Neymar Jr. Kylian Mbappé, l'enfant de Bondy, menaçait lui aussi de plier bagage – il partira finalement l'été

suivant. L'air était au pessimisme : comment un PSG dégarni de la sorte pouvait-il encore espérer maintenir son rang et candidater aux plus hautes marches européennes ?

Pourtant, sous la houlette de l'entraîneur espagnol, le PSG n'a pas sombré ; il a opéré une véritable métamorphose. Plutôt que de partir à la recherche de nouvelles stars, il a

fait le pari du collectif, seule véritable vedette de ce nouveau PSG à la sauce Enrique. Des joueurs comme Vitinha, Warren Zaïre-Emery, Joao Neves ou Désiré Doué ont vu leur influence

grandir sous sa direction, devenant des piliers d'un collectif où chaque joueur a un rôle précis et non négligeable.

La gestion du cas de Kylian Mbappé est, à cet égard, emblématique de la force de caractère de l'ancien joueur du Real Madrid (213 matchs de 1991 à 1996), puis du FC Barcelone (300

matchs de 1996 à 2004). Alors que l'incertitude planait sur l'avenir de la star de l'équipe de France, Luis Enrique a su prendre des décisions fortes : le faire sortir, le

mettre sur le banc, ou le faire jouer à des postes différents. Avec toujours un seul message clair : personne n'est au-dessus de l'institution et du projet de jeu.

Match après match, Luis Enrique a insufflé un véritable esprit du jeu basé sur l'intensité, la possession orientée vers l'avant et une forte cohésion collective. Loin des

individualités souvent mises en avant par le passé, le technicien espagnol a mis l'accent sur le collectif, exigeant un pressing constant, une récupération haute et une circulation

rapide du ballon. Les joueurs sont encouragés à prendre des initiatives et à être mobiles, créant ainsi un football plus dynamique et imprévisible, où chacun participe activement aux phases

offensives et défensives. Cet état d'esprit se traduit par une équipe plus disciplinée tactiquement et un groupe plus uni, affichant une détermination palpable sur le terrain.

À LIRE AUSSI LE PARIS SAINT-GERMAIN PEUT-IL RÉUSSIR EN LIGUE DES CHAMPIONS SANS STAR ? Pourtant, le chemin de la réussite n'a pas été linéaire pour l'Espagnol qui vient de fêter

ses 55 ans le 8 mai. Son PSG, fébrile lors des premières rencontres, a su traverser la tempête et montrer une résilience mentale, une capacité à surmonter les moments compliqués notamment en

Ligue des champions, où elle a su atteindre la finale après des phases de poules où elle n'est pas passée loin de la sortie. Son image d'un entraîneur arrogant, parfois méprisant,

envers les médias ne l'a pas non plus aidé. En témoigne sa réponse sèche à une journaliste de Canal+ après une défaite contre Arsenal au mois d'octobre : « Je n'ai aucune

intention de vous expliquer ma tactique parce que vous ne la comprendriez pas ».

Cependant, depuis début 2025, une évolution notable a été observée dans son comportement médiatique. Un changement qui a contribué à apaiser les tensions et à instaurer un climat de respect

mutuel entre l'entraîneur et les journalistes. Un changement qui explique aussi, pourquoi même d'illustres Marseillais comme Basile Boli ou Zinédine Zidane ont ouvertement fait

part de leur soutien envers le PSG, quelques jours avant la finale de Munich.

Cette force intérieure, on la découvre dans le documentaire _Vous ne pouvez pas comprendre_, où l'on apprend que, toutes les trente minutes – si l'on en croit ses dires –,

l'entraîneur espagnol réalise une série d'exercices : pompes, squats, fentes. Peu importe le contexte. Cette discipline de fer, cette philosophie de la résilience plongent en

partie leurs racines dans une tragédie personnelle.

En 2019, alors qu'il était sélectionneur de l'Espagne, Luis Enrique a dû quitter ses fonctions pour accompagner sa fille de 9 ans, Xana, atteinte d'un cancer des os. Elle

succombera à la maladie quelques mois plus tard. Ce drame, d'une douleur incommensurable, a bouleversé sa vie. Il y a puisé une force nouvelle, une endurance morale et une perspective

différente sur les épreuves du sport et de l'existence. Son retour au plus haut niveau, sa détermination sans faille et sa capacité à gérer la pression sont depuis perçus comme les

reflets d'une reconstruction intime. La dureté qu'il affiche parfois en public masque aussi une profondeur émotionnelle et une volonté de vivre chaque instant pleinement – y

compris dans le travail.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Sous sa direction, le PSG a retrouvé une âme, une identité de jeu claire et une mentalité de guerrier. En France, il a tout gagné : championnat,

coupe de France et Trophée des champions. Le club ne dépend plus des coups de génie isolés, mais d'une structure solide, d'un collectif huilé et d'une détermination sans

faille. Sous ses ordres, le jeune Désiré Doué incarne aujourd'hui le futur du PSG et probablement de l'équipe de France.

Si la conquête de la Ligue des champions reste un défi colossal, l'homme qui se dit incompris a déjà accompli l'essentiel : donner au Paris Saint-Germain un visage transformé.

Celui d'une équipe qui joue avec des principes, qui s'appuie sur un collectif, et qui, enfin, semble prête à rivaliser avec les plus grands – non par un empilement de stars, mais

par la force d'un véritable projet de jeu. Le PSG n'a jamais semblé aussi fort, car il a trouvé en Luis Enrique non pas un simple entraîneur, mais un véritable architecte de sa

renaissance.