Procès Le Scouarnec : comment les victimes se préparent au face-à-face avec leur bourreau
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PROCÈS LE SCOUARNEC : COMMENT LES VICTIMES SE PRÉPARENT AU FACE-À-FACE AVEC LEUR BOURREAU
Le regarder droit dans les yeux. L'ignorer. Détourner le regard. Ne pas venir. Des 299 victimes présumées de Joël Le Scouarnec, toutes ne savent pas encore quel comportement elles vont
adopter lorsqu'elles se retrouveront (ou non) à quelques mètres à peine du box dans lequel se tient depuis lundi 24 février celui qui, il y a 10, 15 ou 20 ans, leur a infligé
l'innommable.
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Alex*, par exemple, a d'abord hésité à répondre positivement à la convocation. Et puis, après avoir assisté à toute la première semaine, ce trentenaire a tranché. « C'est décidé,
je veux y aller », annonce-t-il sans ciller. Ce qui a achevé de le convaincre ? La manière dont ce procès a été organisé, avec la salle d'audience principale d'un côté et celle
réservée aux parties civiles installée plus loin, dans un autre bâtiment. « On nous a mis de côté dès le début, comme si on voulait nous cacher, s'insurge-t-il. Ce tribunal n'est
pas fait pour nous, mais pour lui ! »
Lui, c'est donc l'ancien chirurgien, un ponte de sa spécialité qui a évidemment perdu de sa superbe, mais pas son verbe. Linéaire. Froid. Précis. Et impudique, aussi. Trop pour
Alex, qui perçoit dans cette profusion de détails – et le calme avec lequel l'accusé déballe sa perversion – « une forme de fierté ». Alors, fin avril, c'est acquis, il ira lui
faire face. Du moins se dressera-t-il devant la présidente, Aude Buresi, et racontera sa vie qui a basculé en 2019 avec « un simple coup de téléphone de la gendarmerie ».
Cette légèreté avec laquelle il a appris l'impensable, le jeune homme entend d'ailleurs la dénoncer également, et il n'est pas le seul. D'autres parties civiles avec qui
il discute comptent bien, elles aussi, rappeler son manque de tact à l'institution judiciaire. « On en a parlé entre nous et, à un moment, on avait réfléchi à se répartir les
différentes thématiques que l'on souhaitait aborder, mais cette façon de faire a été abandonnée. Chacun va dire ce qu'il a envie de dire et, s'il y a des répétitions, ce
n'est pas grave, bien au contraire même ! À force de remuer le couteau dans la plaie, le message finira par être pris en compte. »
Reste à savoir si, le jour J, face à la figure de leurs insomnies, les émotions ne vont pas prendre le dessus. « Certains de mes clients se sentent rassurés car ils sont venus les premiers
jours et ont trouvé leur place, d'autant que, depuis mercredi, nous avons eu accès au palais de justice, explique Me Louise Aubret-Lebas. D'autres qui n'ont pas pu – ou voulu
– venir sont, en revanche, beaucoup plus inquiets. »
À tous, l'avocate a préparé un petit mémo pour qu'ils ne soient pas pris au dépourvu quand viendra leur tour. Un simple rappel du fonctionnement d'une audience, et des choses
basiques aussi, comme « venir avec une bouteille d'eau, apporter un en-cas pour après, car ça va être lourd, et prendre une bonne respiration avant de commencer », énumère-t-elle. À
mesure que la date fatidique approchait, elle a multiplié les prises de contact avec ses vingt-deux clients, à qui elle a proposé deux rendez-vous plus spécifiques. D'abord en novembre
et en décembre, puis au début du mois dernier. Depuis, toutes celles et tous ceux qui le souhaitaient ont été intégrés à une boucle WhatsApp pour pouvoir échanger en direct avec celle qui
porte leur voix depuis l'ouverture des débats.
À LIRE AUSSI PROCÈS LE SCOUARNEC : « LA PERVERSION A EXPLOSÉ COMME UNE BOMBE ATOMIQUE DANS LA FAMILLE »Une voix qu'ils auront eux-mêmes à faire entendre à partir de ce jeudi 6 mars, où
la première partie civile, Oriane, est appelée dès 13 heures. Suivront Sandra, Virginie, Arnaud, Sandrine… Pour celles et ceux abusés dans un cadre médical, la répartition s'est faite
en fonction des hôpitaux dans lesquels a exercé Joël Le Scouarnec. Le praticien, Alex ne le regardera pas. « Je n'en ai rien à faire de lui, je n'attends aucune réponse ni excuse
de sa part. Je réfléchis surtout à demander à la présidente qu'il ne m'adresse même pas la parole. En fait, je ne suis pas là pour lui, mais pour moi, et toutes les autres
victimes. » Quant à l'opportunité de déposer à huis clos (neuf dates ont été programmées à cet effet), il n'y a pas songé une seconde. En écho au procès des viols de Mazan, il
répète comme un mantra ce que Gisèle Pelicot avait clamé haut et fort : « La honte doit changer de camp. Elle est sur Le Scouarnec, mais aussi sur tout un système qui a permis de tels
agissements par ses silences, son aveuglement. »
« FAIRE TOMBER L'IMAGE CAUCHEMARDESQUE DE LE SCOUARNEC »
Puisqu'il doit encore patienter plus d'un mois et demi avant de pouvoir vider son sac, il est reparti chez lui. Loin de Vannes, de la Bretagne, de l'ouest de la France, où son
calvaire a pris racine. S'il suit à distance par la presse ce qui se passe dans le prétoire, il y reviendra « une semaine avant, pour se replonger dans l'ambiance. » D'ici
là, avec son avocat, il a déjà prévu une simulation dans son cabinet pour se préparer et peaufinera ses arguments qu'il a commencé à lister sur son ordinateur pour ne rien oublier.
À LIRE AUSSI « NE DIS RIEN ! » : AU PROCÈS LE SCOUARNEC, SA SŒUR DÉNONCE L'INCESTE ET LES SECRETS DE FAMILLEPour Camille*, cette confrontation lui permettra surtout de se « réapproprier
[son] histoire ». Ayant, comme une majorité, été abusée inconsciente ou endormie, elle va enfin pouvoir mettre un visage, réel, sur cette ombre qui hante ses nuits depuis des années. « Le
voir pour de vrai va faire tomber l'image cauchemardesque de Le Scouarnec », espère sa représentante, Me Aubret-Lebas.
À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Pour tous ces enfants brisés d'hier, la cour criminelle départementale du Morbihan sera, peut-être, la vraie salle de réveil.
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