Méritocratie en panne : le point noir de l’école française

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Méritocratie en panne : le point noir de l’école française"


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La promesse d'une école républicaine qui garantirait à chaque élève une égalité des chances, indépendamment de son origine sociale, semble de plus en plus difficile à tenir. C'est


l'un des constats les plus nets du rapport 2025 de l'Observatoire des inégalités, qui consacre plusieurs chapitres de sa dixième édition, publiée ce 3 juin, à la question


éducative. Si le niveau global de formation des jeunes Français s'est amélioré, les écarts sociaux, eux, restent entiers, voire se creusent dans certaines filières.


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Le tableau d'ensemble n'est pas sans éclaircies. Le taux d'illettrisme a été divisé par deux depuis 2004 (de 9 % à 4 %). La part de jeunes de 18 à 24 ans quittant le système


scolaire sans diplôme a baissé de 11,8 % à 7,6 % en dix ans. Et parmi les 25-29 ans, 40 % possèdent désormais un diplôme équivalent au niveau licence ou supérieur – contre 23 % pour


l'ensemble des plus de 25 ans.


Mais ces améliorations générales masquent une autre réalité : la réussite scolaire reste largement conditionnée par le milieu d'origine. À l'entrée en maternelle, les enfants de


cadres obtiennent déjà des scores nettement supérieurs à ceux d'enfants d'ouvriers dans les tests de langage et de mathématiques.


« Notre pays bafoue sa devise », alerte le directeur de l'Observatoire Louis Maurin, qui voit dans notre système « un modèle d'hypocrisie », qui corrige les inégalités en ajustant


puissamment les écarts de revenus, mais échoue à les éviter en amont, à cause de la défaillance de notre système éducatif. « Nous ne cessons de prôner l'égalité », souligne-t-il, mais «


 le décalage entre les discours répétés des pouvoirs publics et le quotidien de la population nourrit des tensions, plus encore que le niveau des inégalités ».


Les pouvoirs publics, depuis quarante ans, se paieraient-ils de mots ? Certes, l'écart des taux de chômage entre cadres supérieurs et ouvriers peu qualifiés se réduit : il est resté


inférieur à 4 % entre 2013 et 2023 chez les premiers, mais est passé de 21 % à 15,4 % chez les seconds sur la même période.


Certes, la France affiche la plus forte baisse de l'Union européenne du taux de jeunes de 18 à 24 ans sans diplôme (- 4,2 points en dix ans). Mais ces indicateurs favorables,


constamment mis en avant par les gouvernements successifs, masquent deux tendances de fond : un nivellement par le bas, et une reproduction sociale persistante.


Or les élèves issus de milieux modestes ne pourront pas gravir l'échelle sociale s'ils savent seulement lire, écrire et compter. Il faut leur offrir les moyens d'exceller, au


même titre que ceux issus de familles favorisées. Et c'est précisément là que l'école républicaine échoue.


C'est au collège que les inégalités se figent. Le rapport désigne la classe de sixième comme un « point de bascule » : à cet âge, 91 % des élèves issus de milieux favorisés maîtrisent


les compétences mathématiques attendues, contre seulement 50 % de ceux issus de milieux défavorisés. L'écart, déjà visible au primaire, devient ensuite structurel.


Ce décalage se reflète directement dans les choix d'orientation. À la fin de la troisième, les enfants d'ouvriers sont 6,5 fois plus nombreux à s'orienter vers un CAP que ceux


de cadres, et 3,5 fois plus nombreux en baccalauréat professionnel. À l'inverse, les filières générales et les classes préparatoires restent dominées par les élèves issus des


catégories sociales les plus élevées.À LIRE AUSSI QUAND NOTRE PASSION POUR L'ÉGALITÉ NOUS REND ENCORE PLUS MÉCONTENTS


Les écarts sont encore plus marqués dans les filières sélectives. Le rapport rappelle qu'à l'École normale supérieure, les enfants de cadres supérieurs représentent toujours plus


de deux tiers des effectifs, et que les enfants d'ouvriers y sont trente fois moins représentés, bien qu'ils soient tout aussi nombreux au collège. « Le diplôme classe » plus


qu'il ne libère, résume en substance le rapport.


Et les écarts se creusent, en dépit des nombreuses réformes : dédoublement des classes de CP et CE1 en éducation prioritaire, réforme du baccalauréat, nouvelle plateforme d'accès au


supérieur (Parcoursup) n'ont eu qu'un impact limité sur la réduction des inégalités de parcours.


La progression du nombre d'étudiants masque elle aussi une stagnation préoccupante. Les enfants d'ouvriers et d'employés représentent aujourd'hui 27 % des étudiants à


l'université – exactement le même chiffre qu'en 2009. Autrement dit, la massification de l'enseignement supérieur n'a pas entraîné sa démocratisation sociale…


« Le niveau de diplôme est certes plus élevé chez les jeunes, mais un quart d'entre eux ont au mieux un BEP ou un CAP », souvent insuffisant pour s'insérer dans le monde du


travail, alerte Louis Maurin. « Ce décalage entre la réalité et la perception qu'en ont en particulier les plus diplômés qui occupent l'espace médiatique explique un certain nombre


de discordances et d'incompréhensions, notamment entre les responsables politiques et les classes populaires. »


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Autre angle mort : les données (rassurantes) sur l'illettrisme, réduit à 4 % de la population âgée de 18 à 64 ans, selon l'Insee, excluent


les immigrés n'ayant pas été scolarisés en France… Une fois ces publics pris en compte, le taux d'illettrisme grimpe à 8 %, « soit environ trois millions de personnes ». Un défi


majeur, largement négligé.


Selon le rapport, la fracture éducative entre milieux sociaux ne cesse de s'aggraver : à conditions égales (sexe, lieu de résidence, origine), le simple fait d'avoir grandi dans un


milieu défavorisé réduit le revenu mensuel à l'âge adulte d'environ 1 000 euros. Le diplôme ne suffit pas à compenser cette origine. Dans les faits, les élites se reproduisent, et


l'école, loin de corriger cette tendance, la consolide. Une fatalité ?


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