« The Last of Us » : ce sixième épisode de la saison 2 qui réconcilie les fans avec la série

« THE LAST OF US » : L’ÉPISODE QUI RÉCONCILIE LES FANS AVEC LA SÉRIE

Après des années d'excès en tout genre, les épisodes « flash-back » font désormais tiquer pas mal de fans de séries. Parfois inutiles, car ils semblaient expliciter des choses que tout

le monde avait déjà comprises, presque toujours trop longs et brisant le rythme de la série, ces retours en arrière sont trop souvent presque aussi agaçants que les voix off inutilement

explicatives qui fleurissent également dans les fictions. Dans son épisode de la semaine, l'avant-dernier de sa (trop) brève deuxième saison, _The Last of Us_ se paye le luxe de

suspendre à nouveau complètement sa narration pour revenir en profondeur sur l'évolution de la relation entre le désormais feu Joel Miller (Pedro Pascal) et sa fille de substitution

Ellie (Bella Ramsey).

Impossible de faire plus casse-gueule, et pourtant : une fois encore, Neil Druckmann et Craig Mazin s'en tirent avec des honneurs inattendus et prouvent que des ficelles vieilles comme

le monde peuvent toucher directement au cœur. [embedded content]

[Attention : il vaut mieux être à jour de votre visionnage de _The Last of Us_ avant de le lire la suite.] N'importe quel spectateur un tant soit peu attentif savait que cela devait

arriver tôt ou tard : _The Last of Us_ allait forcément reconvoquer le fantôme de Joel Miller. Le simple fait que les bandes-annonces contiennent des images inédites de Pedro Pascal en

attestait.

Restait à savoir sous quelle forme ce retour allait se faire, et nous voici donc devant un épisode entier mettant entre parenthèses la quête de vengeance d'Ellie à Seattle pour dérouler

en une heure tout l'historique des rapports, parfois heureux, souvent tendus, entre Joel et Ellie dans l'intervalle qui sépare les deux saisons. L'occasion aussi de lever pas

mal de zones d'ombre et de non-dits…

_The Last of Us_ avait déjà tenté l'exercice dans sa première saison, lorsque de longs flash-back sur la vie d'Ellie avant la série avaient mis entre parenthèses tout un épisode

durant le sort de Joel grièvement blessé. Mais il ne faut pas y voir simplement une façon de retarder la fin de cette deuxième saison : ces retours en arrière sont, en effet, intimement

intriqués à la trame narrative et, en explicitant le passé, ils renforcent l'impact des événements présents.

_The Last of Us_ n'est pas tant une série d'action, malgré d'excellentes scènes d'action, d'horreur et de suspense, qu'une série jouant sur les émotions et sur

les liens entre les êtres. Et les émotions comme les liens doivent énormément aux souvenirs.

Une nouvelle fois, la structure de l'épisode est aussi simple qu'efficace : sa première moitié, sur la lancée des dernières images de l'épisode précédent, est consacrée à

trois tournants dans la relation « père-fille » de Joel et Ellie, correspondant, comme par hasard, à trois anniversaires de celle-ci.

Alors qu'elle vient d'avoir 15 ans, la complicité est encore réelle entre eux deux et, même si Ellie est toujours aussi tête brûlée et têtue que Joel est hésitant et maladroit, la

scène est globalement rassurante.

Pour les 16 ans d'Ellie arrive l'une des scènes les plus touchantes de tout le jeu, qui a donc été conservée pratiquement plan par plan dans la série : celle du planétarium. Lors

d'une patrouille, Joel a découvert un musée consacré, entre autres, à l'escape, laissé à l'abandon. Il y emmène Ellie, qu'il sait passionnée d'aviation,

d'astronomie et d'aérospatiale. Il lui permet ainsi de monter dans une véritable capsule de pilotage de fusée et lui offre une cassette contenant des enregistrements d'une

mission spatiale au décollage.

Autant le regard fixe et le visage tétanisé d'Ellie étaient terrifiants à la fin de l'épisode précédent, autant sa joie simple et presque enfantine dans toute cette séquence va

droit au cœur, ne serait-ce qu'en rappelant qu'elle aussi a droit à des moments de bonheur, en plein milieu d'une saison qui ne l'épargne pas vraiment…

Ses 17 ans sont plus anecdotiques : son anniversaire se résume à un affrontement père-fille adolescente dans les règles de l'art (sexe, drogues et tatouage, « toutes les merdes de

l'adolescence d'un seul coup », comme dit Joel), mais on comprend vite, bien plus vite que Joel en tout cas, que quelque chose de sombre ronge Ellie : le sentiment que Joel lui a

caché quelque chose au sujet des Lucioles.

La séquence suivante est bien plus développée et va occuper l'essentiel de la seconde moitié de l'épisode. Les 19 ans d'Ellie sont, en effet, l'occasion de sa première

patrouille hors de la ville en compagnie de Joel au cours de laquelle on va découvrir ce qui réellement arrivé au fameux Eugene. En brisant une promesse faite à Ellie dans un moment

particulièrement dramatique, Joel provoque la première véritable cassure dans leur relation, une faille qui ne sera jamais totalement comblée. En essayant de « faire au mieux », mais en

choisissant la voie de la violence (et de la sécurité, certes), il met à mal la confiance que lui portait Ellie, laissant place à tous les doutes.

Les cinq dernières minutes de l'épisode bouclent à la fois avec le début de la saison, puisqu'elles reprennent à la fois la scène de la fête du premier épisode, mais vue cette fois

par les yeux de Joel et qu'elles font écho d'une manière particulièrement poignante à la scène prégénérique de cet épisode : on y voyait le père de Joel, alors que ce dernier

vient de s'accuser à la place de son frère, lui expliquer qu'il essaye, en l'élevant, de faire « un peu mieux que [son] père » en refusant notamment la punition par la

violence et qu'il espère que Joel, à son tour, fera un jour « juste un peu mieux que [lui] ».

Lorsqu'on retrouve Ellie et Joel sous le porche lors de ce qui se révélera être leurs derniers moments passés ensemble, Joel parvient enfin à avouer à Ellie ce qu'il a choisi de

faire pour la sauver d'une mort inévitable. Il reprend à son tour les paroles de son père en espérant qu'elle fera à son tour « juste un peu mieux que lui ».

Mais la dernière image de l'épisode, montrant Ellie seule à Seattle lancée sur les traces d'Abby, montre de manière particulièrement tragique que Joel a échoué : ce qu'il a

transmis à Ellie, c'est une histoire de violence, et c'est avec celle-ci, mêlée à ses propres peurs de solitude et d'abandon, que la jeune fille va devoir se débattre.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre On pourra, certes, continuer de penser que le recours trop systématique aux flash-back est une faiblesse dans les fictions contemporaines,

particulièrement dans les séries. On pourra également remarquer sans risquer d'être trop injuste que l'écriture de Neil Druckmann et, surtout, de Craig Mazin ne s'embarrasse

pas de trop de nuances ni de finesses quand il s'agit de faire passer ses idées. L'objectif est ici, comme presque partout dans _The Last of Us_, de toucher directement le

spectateur au cœur (et à la larmichette).

Et, pour le coup, celui-ci est encore une fois parfaitement atteint. Seul bémol : il ne reste plus qu'un seul épisode à venir et cette deuxième saison a déjà un arrière-goût de

frustration, tant son récit va de toute évidence finir loin de toute conclusion lundi prochain. Rendez-vous est pris pour un final qui n'a d'autre choix que de relancer

l'action de la série : l'émotion, elle, ne l'a jamais quittée.