Gabriel Attal : l’impossible équation du « macroniste » repenti

GABRIEL ATTAL : L’IMPOSSIBLE ÉQUATION DU « MACRONISTE » REPENTI

Comment survivre à la tête d'un mouvement dont le rayon d'action pourrait se résumer au titre du film de Louis Malle, _Ascenseur pour l'échafaud _ ? Quand la classe politique,

dans son immense majorité, annonce sur tous les toits la fin programmée du macronisme, qu'il le veuille ou non, Gabriel Attal est lui-même sur la liste du cortège funéraire. Cruel

destin que celui du député des Hauts-de-Seine. Il y a un côté exécuteur testamentaire chez lui. Il a beau répéter qu'il n'est pas un disciple historique du chef de l'État,

qu'il n'a jamais fait partie de ses proches, et qu'entre le locataire de l'Élysée et lui, il y a bien plus qu'une épaisseur de papier de cigarette, il reste, pour

tous, un enfant de Macron. En tentant le pari risqué de prendre la tête de la machine électorale créée par son mentor, il y a près de dix ans, devenue aujourd'hui un parti croupion,

pour ne pas dire un objet politique évanescent et illisible, il s'est mis dans une position plus qu'inconfortable. Comment, en effet, défendre un héritage, tout en préparant le

meurtre du père ? Être dedans et dehors. Telle est la question, shakespearienne au possible, à laquelle celui que nous surnommâmes un temps « Gaby le magnifique » doit répondre.

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Sur papier, il a tout gagné : le contrôle du groupe parlementaire d'Ensemble pour la République, la direction du parti. Mais pour faire quoi ? Nombre de ses amis prétendent que son

obsession d'une candidature pour l'élection présidentielle de 2027 le pousse dans le ravin, sans qu'il ne le remarque. Son ambition ? L'ancien Premier ministre rêve de

faire de cette coquille vide qu'est Renaissance un grand parti populaire. En finir avec le parti 2.0.

Il a beau organiser colloques et réunions pour bâtir un projet, un programme électoral cohérent, tenter de galvaniser ses troupes en multipliant les déclarations fracassantes sur la sécurité

ou sur l'identité nationale, il ne choque pas, il agace. Comme si sa parole ne portait plus, ou beaucoup moins. Comme si son espace se réduisait au profit de plus sécuritaires que lui.

Comment peut-il faire entendre sa voix, aujourd'hui, celle d'un homme neuf, libre, indépendant, sans percevoir ricanements et persiflages ?

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre La dette ? N'a-t-il pas été ministre des Comptes publics sous l'autorité du président de la République ? L'école publique en

déshérence ? N'a-t-il pas, certes brièvement, occupé le poste de ministre de l'Éducation nationale, avec le soutien bienveillant du locataire de l'Élysée ? Difficile de se

défausser de ce passé « macroniste », d'une image de chouchou du président, et de jouer les Brutus comme il semble vouloir s'y préparer ?

À LIRE AUSSI ENTRISME ISLAMISTE : L'OFFENSIVE TACTIQUE DE GABRIEL ATTALEt si le très habile patron d'Ensemble pour la République avait commis, après la dissolution, une erreur

stratégique ? Plusieurs de ses proches lui avaient alors conseillé de se pencher sur l'option repli sur la Mairie de Paris, lui permettant, en cas de victoire l'an prochain, en

2026, de se préparer pour la présidentielle de 2032. Et de se peaufiner une nouvelle image, loin de l'ambiance délétère de cette fin de règne à mèche lente du macronisme. Le pari était,

bien sûr, loin d'être gagné, mais il lui aurait permis de se refaire une virginité politique. L'intéressé, touché par le syndrome de l'homme pressé, n'avait pas donné

suite. Pas question pour lui de traverser le désert. Il va donc lui falloir poursuivre son chemin de croix de fils un peu indigne.