Pourquoi Jeanne d’Arc n’a eu de rue à Paris qu’au XIXe siècle ?

POURQUOI JEANNE D’ARC N’A EU DE RUE À PARIS QU’AU XIXE SIÈCLE ?

On pourrait croire que Jeanne d'Arc a toujours fait partie du Panthéon français. Il n'en est rien. Il faut attendre les années 1840 pour qu'un célèbre historien, Jules

Michelet et un archiviste, Jules Quicherat, exhument une figure largement oubliée du roman national. Le second, notamment, publie cinq volumes sur les minutes de son procès qui avait sombré

dans les limbes. Republié en 1853 dans la bibliothèque Hachette, le texte de Michelet est aussi l'un de ses premiers succès.

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Voilà des conditions préparatoires à une rue Jeanne-d'Arc qui mesure pratiquement 1,5 km. Bel hommage, qui pour avoir lieu, aura besoin d'autres circonstances. Tout d'abord,

le projet haussmannien qui comporte notamment un grand axe dans le sud-est de Paris récemment englobé dans la capitale – le quartier appartenait à la ville d'Ivry jusque-là – mais

quelque peu négligé durant la première partie des travaux dans les années 1850. Ce nouvel axe, qui va apporter son lot de destructions, va aussi donner l'occasion d'un baptême de

rues. Mais un dernier acteur va intervenir : la compagnie de chemins de fer d'Orléans à Paris.

La reconstruction du premier embarcadère de la gare d'Austerlitz à partir de 1862 incite la compagnie à vouloir rendre hommage dans le 13e arrondissement à la figure orléanaise

qu'est Jeanne d'Arc, dont l'un des faits de gloire fut d'y lever le siège des Anglais. C'est à Orléans qu'a lieu depuis le XVe siècle l'une des plus

anciennes fêtes françaises, en l'honneur de la Pucelle.

Dans les années 1860, une autre figure orléanaise œuvre pour sa gloire : il s'agit de l'évêque de la ville, le puissant Mgr Dupanloup. Ce vœu local correspond à la volonté générale

et nationale de Napoléon III de faire de sa capitale un conservatoire toponymique des grandes gloires françaises. Cette conjonction de bonnes volontés explique ainsi que la rue,

nouvellement tracée en 1864, reçoive le nom de Jeanne d'Arc.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Mais c'est également tout un quartier qui va passer sous le vocable de celle qui sauva le royaume de France durant la guerre de Cent Ans. Par

un beau tir groupé, la rue se prolonge par la rue Patay, en mémoire de l'une de ses plus belles victoires. Mais surtout Jeanne n'arrive pas seule. On a pris soin de l'entourer

de ses compagnons passés à la postérité, Dunois, Richemont (le connétable de Bretagne), Xaintrailles, Baudricourt, Lahire. Ils ont tous droit à leurs rues aux environs. Hommage est rendu

aussi à son lieu de naissance, Domrémy, dont la rue aboutit au point de rencontre entre la rue Jeanne-d'Arc et la rue de Patay.

À LIRE AUSSI ET SI JEANNE D'ARC ÉTAIT DE GAUCHE ? Un peu plus tard, on inaugurera même une petite rue de Reims, qui rappelle le sacre de Charles VII, que son action avait permis. Seul

manque à l'appel l'un de ses plus célèbres compagnons, Gilles de Rais, dont la sinistre réputation aura contribué à le rayer de la liste. Ainsi, voilà pourquoi le 13e

arrondissement héberge une partie de l'histoire de la France, un XVe siècle très largement absent par ailleurs dans la topographie parisienne, hormis avec Jacques Cœur, le financier de

Charles VII, Jeanne Hachette, autre héroïne qui défendit Beauvais contre Charles le Téméraire, et Anne de Beaujeu, la sœur de Charles VIII.