Le « Nice Jazz Fest » retrouve le swing

Il fut un temps où les États-Unis ne semaient pas le chaos, mais des chewing-gums, des cigarettes et du jazz. Après la Seconde Guerre mondiale, les libérateurs ont importé sur la Côte

d'Azur, et notamment à Nice, cette musique si particulière, un peu vulgaire, inconnue et étrange. Pour les remercier de les avoir aidés à chasser le nazi, la ville organisa en 1948 un

concert dans son bel opéra. Un trompettiste noir, pas encore vedette mais déjà fabuleux, assura un show exceptionnel : Louis Armstrong.

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« Ce concert est devenu mythique. À tel point que lorsqu'il entre chez lui à La Nouvelle-Orléans, Armstrong convainc ses amis Nina Simone, Miles Davis ou Herbie Hancock de venir se

produire ici. L'histoire de notre festival débute ainsi », s'enthousiasme Graig Monetti, adjoint à la culture de la mairie de Nice et récent responsable de ce plus grand

rassemblement d'amateurs avec Montreux en Suisse.

Le trentenaire dynamique, fou de musique, a compris, avec le programmateur Sébastien Vidal, qu'il fallait revitaliser le concept, ouvrir la programmation à des artistes pas forcément

100 % jazz, telle la chanteuse pop Santa cette année, afin de drainer une nouvelle audience. Le but : rayonner à l'international et arracher l'étiquette collante d'un festival

trop pointu.

Et revigorer le genre, sans perdre le fan dédié : « Écoutez le rappeur Kendrick Lamar, il place des samples de jazz partout ! Notre but est aussi de dénicher les vedettes de demain,

d'être en avance. Nous avons fait découvrir en France Gregory Porter. Vous allez voir Tyreek McDole, je suis certain qu'il sera bientôt une référence absolue, il est

ultra-prometteur », certifie encore ce jeune passionné, qui se réjouit d'avoir carte blanche de la part du maire Christian Estrosi. « Il ne m'a jamais dit non. Je lui ai présenté

et fait écouter Travis Scott, il est devenu un spécialiste, je vous jure ! »

Travis Scott, qui remplit des stades outre-Atlantique, avait assuré à Nice son unique date de passage en France. Une vraie performance. Que les organisateurs n'ont pas pu renouveler

avec Diana Ross. Les dates du « Nice Jazz Fest », du 24 au 27 juillet, ne collaient pas avec la venue en Europe de la reine du disco et des productions Motown. Cette dernière se produira à

Paris et chez le concurrent, le festival de Montreux.

« Nous devons être agiles et prévoyants pour obtenir le meilleur booking. Il y a une telle concurrence, des Vieilles Charrues aux Francofolies de La Rochelle, les gens sont ultra-sollicités.

Nous n'achetons pas un artiste à n'importe quel prix. L'important est de garder notre singularité, de mélanger Matthieu Chedid et Lamomali avec Jorja Smith, Freddie Gibbs et

Raye. Il faut créer de l'inédit et on est live », continue Graig Monetti. Qui a initié une sorte de village pour entourer les concerts, afin de divertir et de sustenter le jazzeux

affamé.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Une dizaine de stands de chefs vont proposer de la nourriture, principalement des Caraïbes. Un certain JoeyStarr, ami avec Graig Monetti, va tenir

les rênes, en plus de jouer en début de soirée pour chauffer l'ambiance. « Je le saoulais avec notre festival depuis un moment, je lui ai raconté Louis Armstrong, notre histoire, il

m'a dit “OK” », relate l'adjoint à la culture. En attendant ces trois folles journées, l'homme a concocté les concerts d'ouverture et de clôture du sommet mondial des

océans, qui se tiendra à partir du 9 juin. Nice n'est plus uniquement la ville symbole d'une retraite paisible au soleil.

_NICE JAZZ FEST, DU 24 AU 27 JUILLET 2025, 28 GROUPES, 2 SCÈNES EN SIMULTANÉE._