Et si Tesla proposait un moteur thermique pour l’Europe ?

Engagée dans son combat militant pour sauver la planète, la vieille Europe n'imaginait sans doute pas l'effet mikado que son Green Deal allait entraîner. Pour mieux respirer, ses

réglementations mettent péril l'industrie automobile la plus performante au monde, celle qui fait aussi vivre plus de 12 millions d'individus. Elle la met à la merci

d'opportunistes chinois dont le déferlement annoncé des voitures électriques n'a été qu'un temps freiné par des droits de douane dissuasifs.

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Excepté SAIC (notamment MG) affublé d'un taux de 35,3 % supplémentaires aux 10 % existants, la cote générale est à 17 % pour BYD et 18,8 % pour Geely. Soit, au total cumulé, 27 et 28,8 

%. Mais la vindicte européenne ciblant toutes les productions made in China, les réimportations allemandes ou américaines passent à la même moulinette douanière. D'où le front commun

formé par BMW qui produit ses Mini et Aceman électriques chez Great Wall et Tesla qui, l'an dernier, a expédié de Shanghai 327 000 voitures vers l'Europe.

Le cas de Tesla, frappé par une surtaxe réduite à 7,8 %, est éclairant de ce qui se passe dans la tectonique des plaques industrielles. L'américain, défricheur du tout électrique, est

bien placé pour observer la réaction des Chinois. Ceux-là ont immédiatement revu leur offre en pariant sur les hybrides qui, elles, ne sont pas surtaxées à l'entrée sur le Vieux

Continent Pour le moment, car les projets d'usines décentralisées en Europe vont bon train et n'exposeront plus, d'ici deux ans pour les mieux placés, les modèles et leurs

batteries qui y seront produits aux surtaxes.

Mais si Tesla a une usine à Berlin, elle ne suffit pas à servir le marché européen. Et le « made in China » dégage des marges bien plus croustillantes comparé au « made in Germany ». La

donne a changé et si on ne sait pas encore quel sort sera réservé à la plainte déposée contre l'Europe, Tesla n'a pas actuellement de solution hybride pour compenser le manque à

gagner. Il y a deux solutions pour l'américain, investir dans une seconde usine européenne ce qui figure toujours dans ses intentions ou adapter une version hybride à ses prochains

modèles, car il est quasi impossible de modifier les actuels. Accessoirement, ces modèles pourraient viser des marchés pour le moment rétifs au tout électrique que fatalement Tesla devra

viser un jour, croissance oblige.

À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Pour cela, il faudrait un moteur thermique ce qui n'est guère difficile à trouver, moins que les ingénieurs capables de l'intégrer à bord,

avec ou sans boîte de vitesses selon la technologie retenue. Nul doute qu'Elon Musk préférera jouer cette partie sur tapis vert plutôt que d'affecter à cette révolution

copernicienne le pactole (9 milliards de dollars depuis 2009, plus de 1 milliard prévu en 2025) perçu auprès des constructeurs européens pour la vente des crédits d'émissions CO2.

Rappelons que ces crédits carbone achetés à Tesla permettent aux constructeurs concernés (Stellantis et ses 14 marques, nouveau venu dans le consortium formé par Toyota, Ford, Mazda et

Subaru) d'échapper aux amendes, encore plus chères. Celles-ci se déclenchent avec la redoutée norme CAFE pour chaque voiture vendue dépassant 93,6 g de CO2 (chiffre 2025). Les

constructeurs « pollueurs » pourront aisément fournir à Tesla le moteur de son choix, une boucle ironiquement bouclée dans un jeu de Mikado qui n'a pas fini de faire des dégâts.