Jo 2024 - les tireurs olympiques font-ils un malheur à la fête foraine, carabine en main?

JO 2024 - LES TIREURS OLYMPIQUES FONT-ILS UN MALHEUR À LA FÊTE FORAINE, CARABINE EN MAIN ? Le Figaro est allé demander à l’élite du tir sportif si elle profitait de ses compétences pour

décrocher les gros lots à la fête foraine. Publicité Gagner une tablette, une mini-moto ou la console dernière génération en n’ayant déboursé que quelques euros. Qui n'a pas rêvé au

moins une fois en déambulant dans les allées d'une fête-foraine de gagner le gros lot aux nombreux stands de tir à la carabine. Faire exploser un à un les ballons, dégommer les pipes en

plastique ou faire céder la ficelle qui retient le précieux lot attendant son heureux gagnant, une mission taillée pour l'élite des tireurs olympiques réunis à Châteauroux. _«Y aller,

ce serait un peu de la triche pour les athlètes dont c'est le métier, mais je vais y penser maintenant que vous m’en parlez»_, tranche la Française Camille Jedrzejewski spécialiste du

tir au pistolet. _«Je sais que si j'y vais, j'aurai de très fortes chances de décrocher le gros lot. Je préfère les autres attractions à la fête foraine mais je sais que certains

tireurs y vont pour se faire plaisir et épater la galerie...»_, confie l’ancienne spécialiste du pentathlon. Membre de l'équipe de France, Mélanie Couzy n'est jamais allée tenter

sa chance dans un stand. _«Ça ne m'est jamais venu à l'idée»_ explique-t-elle. _« Ce n'est pas la même vision et pas le même type de tir mais logiquement, on devrait être pas

mal»_, sourit-elle avant de nuancer. _«On se doute quand même que les armes ne sont pas idéalement réglées. Il faut bien que les gens gagnent leur vie. Mais avec un peu de logique et de

maîtrise dans les réglages, ce ne serait pas un réel problème. On fait une partie pour voir où l'arme tire et ensuite on est capable de compenser. Les néophytes ne peuvent pas le

savoir, mais au très haut niveau, on comprend vite comment rectifier le tir»_, ajoute la spécialiste de la fosse olympique qui participe cette année à ses deuxièmes JO. > Je gagne 

toujours des petits lots > Romain Aufrère Grand espoir du tir sportif tricolore du haut de ses 19 ans, Romain Aufrère (double champion du monde juniors) avoue tenter sa chance dans les

fêtes foraines de temps en temps. Avec un bon taux de réussite, surtout lorsqu'il s'agit de dégommer les ballons. _«J'aime bien y aller, ça me fait marrer et je gagne toujours

des petits lots, une peluche qui doit leur coûter quelques centimes alors que j'ai pris plusieurs plombs qui me coûtent cinq euros»_, résume l'athlète de 19 ans. FOURCADE ET LA

RÉVÉLATION DES CARABINES DÉRÉGLÉES Il y a tout de même un petit hic dans la quête du gros lot pour l'élite mondiale de tir sportif. En 2021, le quintuple champion olympique de biathlon

Martin Fourcade, l'homme qui ne tremblait jamais avec sa carabine face aux cibles, avait fait une embarrassante révélation qui avait mis en émoi le petit monde forain _« Au risque de

trahir un secret, les carabines sont déréglées et ne permettent pas de tirer correctement»_, avait expliqué le champion au micro de RTL. Le Figaro est donc allé à la rencontre des

professionnels de la fête foraine dans l'ouest parisien, en début d'été pour tirer au clair cette affaire. Nous avons vite constaté que nos questions dérangeaient, agaçaient même

le plus souvent. Nous avons insisté sans réussite jusqu'à ce qu’au bout de la nuit, alors qu'il fermait son animation, un propriétaire de stand accepte d'évoquer brièvement le

sujet. _«Déjà, vous comparez les carabines de compétition des tireurs olympiques et nos stands, ça n’a aucun sens »_, se défend Lucas (le prénom a été modifié à sa demande). _«Mes carabines

sont réglées régulièrement pour que cela convienne au plus large public possible mais elles sont manipulées dans tous les sens par des centaines de personnes par jour et les gens n’en

prennent pas beaucoup soin», _ajoute-t-il avant d’assurer _: «On peut évidemment gagner des gros lots, ce soir j'ai un écran LCD qui est parti à la ficelle»_, insiste le forain. > 

_La ficelle, c'est une arnaque !_ > Romain Aufrère _«Je confirme ce que dit Martin Fourcade : les carabines sont complètement déréglées et les plombs, de premier prix, déformés. Au

tir au ballon, ce n'est pas dur de corriger un peu mais la ficelle, c'est une arnaque ! Elle est impossible à toucher ! Ou alors je l'ai touchée mais elle n'a pas cédé.

C'est bizarre... Avec mon arme de compétition, j'y arriverais sans problème et même avec une carabine lambda, je suis quasi-certain de pouvoir y parvenir mais avec leur matériel,

impossible...»_, insiste Romain Aufrère capable de dégommer une tête d’allumette à une cinquantaine de mètres.  Lucas le forain repère en général très vite les as de la _« queue de

détente»,_ le nom approprié pour parler de la gâchette au tir sportif : _«Je les vois venir. Ce sont souvent des gendarmes ou des militaires qui débarquent entre copains pour s’amuser. Ils

tiennent l'arme d'une certaine manière et l'inspectent d'un coup d'œil.»_ _« Les carabines ? Des pétoires »_, renchérit un armurier parisien en souriant. _«Elles

sont souvent robustes mais avec un paquet d'années derrière elles, quasiment pas d'entretien et le canon sans doute fatigué à la longue. Une arme, pour qu'elle conserve toute

sa précision, il faut la nettoyer avec méticulosité. Les joueurs de fête foraine le martyrisent et je sais que les forains n'aiment pas quand on tente de les régler un peu»_, détaille

ce tireur expérimenté. _«J'ai tout entendu ou presque sur le tir aux fêtes, que les plombs sont de mauvaise qualité ou conçus de telle sorte qu'il est difficile de couper le fil.

Aux ballons, j'ai déjà gagné des peluches pour les enfants et j'avais même trouvé ma carabine en assez bon état. Mais pour gagner la fameuse pocket bike (mini-moto) qui fait rêver

tous les gamins à la ficelle, passez commande sur internet, ça vous reviendra moins cher »_, conclut-il.