Aya nakamura, objet d’un dictionnaire critique aux accents hagiographiques

Le journaliste Ismaël Mereghetti vient de sortir chez Lattes, une analyse très bienveillante du succès de la chanteuse française actuellement la plus écoutée au monde. Publicité Elle a

chanté _For me, Formidable _de Charles Aznavour lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris accompagné par la garde républicaine qu’elle a su débrider à la stupéfaction du monde entier.

Aya Nakamura est devenue la chanteuse française la plus écoutée dans le monde. Ce succès fulgurant méritait bien que les essayistes commencent à s’intéresser à son parcours. C’est chose

faite._ Aya Nakamura, dictionnaire critique _vient de sortir chez Lattès sous la plume du journaliste Ismaël Mereghetti, spécialiste notamment de hip-hop et de rap. Dans ce dictionnaire non

exhaustif et un tantinet hagiographique, composé seulement d’une trentaine d’entrées -de «Académie française» à «Zouk»- l’auteur explique lettre après lettre les raisons de son succès. À

partir d’anecdotes, de faits de vie inédits, d’analyse des paroles de ses chansons, de secrets de coulisses, l’encyclopédiste es Nakamura raconte cette interprète populaire, qui, à moins de

trente ans, a déjà gagné deux Victoires de la musique. _«AYA N’EST PAS BAUDELAIRE ET ÇA TOMBE BIEN»_ Aulnay-sous-Bois ouvre ce dictionnaire et nous plonge dans l’enfance de la future diva.

La petite Aya, née à Bamako au Mali, grandit dans le quartier de la Rose des vents à Aulnay-sous-Bois avec ses cinq frères et sœurs, précise l’auteur du _Dictionnaire critique_. La vocation

lui vient tôt puisque c’est à treize ans qu’elle écrit des premières chansons... qui ne verront jamais le jour. Très proche de sa famille, elle puise naturellement ses premières inspirations

dans la musique africaine. Ismaël Mereghetti souligne que son univers musical est composé, par exemple, de Naija musique, un genre qui puise ses sources «_dans les cultures rythmiques et

vocales des mille ethnies de la région, s’approprie le coupé décalé ivoirien et la rumba congolaise moderne, auxquels sont mixés du ragga, du dance hall, tout en empruntant des sonorités au

hip-hop et au R’n’B américains.»_ Mais elle modernise ce genre grâce à ses _toplines_, - «_un art mystérieux, qui consiste à produire des mélodies déverrouillant les cœurs», _selon le

journaliste. Cette manière «nakamuresque», ce style bien à elle qui marie le «parler des copines» avec les néologismes argotiques des banlieues, Mereghetti, la résume ainsi: «Aya n’est pas

Baudelaire et ça tombe bien». DJADJA, UN SUCCÈS INTERNATIONAL Sorti le 6 avril 2018, le titre _Djadja,_ issu de son deuxième album, a provoqué un raz de marée avec plus de 50 millions

d’écoutes. Des stars de la musique internationale, Madonna, Rihanna, Alicia Keys, pour ne citer qu’elles le reprennent. Il devient aussi numéro 1 aux Pays Bas, avant d’être diffusé dans une

grande partie de l’Amérique du Sud. Dithyrambique, Mereghetti évoque_ Djadja _comme«_ l’ouverture d’un nouveau monde»_. Pour lui, cette chanson fait d’elle une vraie égérie populaire et

planétaire: «_Aya est adoubée par le célèbre _New York Times_ qui la mentionne parmi les quinze musiciens européens à suivre absolument_.» Après _Djadja,_ les succès s’enchaîneront. Et la

mode lui ouvre ses portes, comme le souligne l’auteur: «_La marque de cosmétiques de luxe Lancôme la choisit comme ambassadrice mondiale.... La maison française de renom Balenciaga lui

propose une collaboration composée de tee-shirts et d’un sweat à capuche à son effigie»_. ÊTRE «DANS SON COMPORTEMENT», LA NAKAMURANCE En 2016, Aya Nakamura décide de mettre en place «_sa

propre règle : être dans son comportement_» comme nous l’explique l’auteur. Il écrit que ce double, ce comportement donc, elle le côtoie depuis toujours, assumant qui elle est. «_Un

caractère, d’après elle semblable à celui de ses sœurs et de sa mère, qui l’accompagne depuis son enfance, bien avant le succès»_. Mereghetti se pose la question de savoir si la chanteuse

est devenue féministe ou plus exactement une égérie du féminisme. Il ne semble pas le croire lorsqu’il écrit: «_Aya refuse malgré tout d’endosser un rôle de militante de la cause. Se faire

une place dans la société c’est déjà être féministe»._ A la lettre R,_ «Reine de France»_ montre combien l’auteur du _Dictionnaire critique_ est tombé en pâmoison de son sujet d’analyse. Ce

surnom royal lui est donné à partir de 2019 lorsque, selon Mereghetti, «_elle a assiégé l’une des demeures préférées des rois de France, le château de Fontainebleau pour le clip de _Pookie».

Aya Nakamura, désormais comparée à Catherine de Médicis ou Anne d’Autriche, aurait-elle la tête qui enfle. Non, toujours selon l’auteur, elle n’assumera pas la comparaison car, «_elle la

mettait mal à l’aise, la questionnait sur l’image qu'elle pouvait renvoyer»._ Pour le Larousse, une «critique» vise à établir la vérité ou l’authenticité d’une personne ou d’une œuvre.

Après la lecture du _Dictionnaire critique_ de Mereghetti, où l’on découvre quand même quelques détails intéressants de la vie de Nakamura, on en vient à penser qu’il a surtout rédigé un

bréviaire énamouré de la chanteuse. Au fond, il ne le cache pas: «_Aya est bien la Reine de France, même si, malheureusement, le royaume est divisé»._ _Aya Nakamura, Dictionnaire critique_

d’Ismaël Mereghetti chez Lattès, 14,90 € >