«montrer la direction de la vie» : à notre-dame de paris, les catholiques veillent et prient contre l’euthanasie

«MONTRER LA DIRECTION DE LA VIE» : À NOTRE-DAME DE PARIS, LES CATHOLIQUES VEILLENT ET PRIENT CONTRE L’EUTHANASIE La cathédrale de Paris accueillait mercredi soir une «veillée pour la vie»,

au cours de laquelle 2000 fidèles ont manifesté dans le recueillement leur attachement à la dignité de la vie humaine «dans toutes ses formes de fragilité». Publicité À l’appel des évêques

de France, l’Église catholique se jette à corps perdu dans la bataille contre le texte de loi ouvrant le droit à l’euthanasie. Elle n’est certes pas (tout à fait) seule : l’ensemble des

responsables des cultes, incluant aussi les autorités protestantes, orthodoxes, juives, musulmanes et bouddhistes, ont publié le 15 mai une tribune dénonçant _«les dangers d’une rupture

anthropologique»_ causée par cette proposition de loi. Mais elle est la plus bruyante et la visible des institutions religieuses à le faire. À l’image des 2000 fidèles réunis mercredi soir à

Notre-Dame de Paris pour _«prier pour la vie»_ et manifester ainsi leur opposition à l’euthanasie, à l’occasion de la seizième édition de cette veillée annuelle de prière où la piété de

l’assemblée se confronte aux débats brûlants de l’actualité. Après avoir demandé à tous les croyants de ne pas _«rester silencieux»_ et d’interpeller les parlementaires pour _«dire non à la

légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté»_, les 12 évêques d’Île-de-France présents dans le chœur de la cathédrale parisienne ont cette fois invité les participants au silence...

du recueillement et de la prière. Face aux _«inquiétudes»_ qui pèsent sur l’époque, l’archevêque de Paris Mgr Laurent Ulrich qui présidait la veillée a proposé à l’assemblée de _«se tourner

vers le Seigneur, pour que la raison l’emporte»_ dans les choix politiques à venir. Car c’est d’abord à l’appui de la raison, plus qu’aux évangiles et aux dogmes, que l’évêque auxiliaire de

Paris Mgr Emmanuel Tois a exposé les réticences de l’Église face aux journalistes rassemblés sur le parvis. _«La loi a toujours défendu la vie. Aujourd’hui, celui qui aide une personne à se

suicider commet un crime. Demain, on autoriserait ce comportement dans le cas de personnes en fin de vie, sans même définir clairement ce qu’est la fin de vie»_ a-t-il poursuivi. À ses

côtés, l’évêque de Nanterre Mgr Matthieu Rougé a ajouté ne pas vouloir _«surdramatiser»_ les débats, notant que l’examen du texte ne fait que commencer, et comptant sur _«la mobilisation

auprès des parlementaires»_ pour faire entendre la voix de ceux qui défendent _«la vie dans toutes ses formes de fragilités»_. Au-delà de la prière, cette veillée à Notre-Dame doit donc

encore constituer un témoignage, selon Mgr Rougé : _«Nous devons montrer la direction de la vie, en pensant notamment aux soignants qui sont déboussolés face à ce texte»_. C’est d’ailleurs

cette fragilité que les fidèles ont célébrée tout au long de leur prière, chantant avec les chœurs des petits chanteurs de Rueil-Malmaison et de Notre-Dame de la Salette que _«le royaume de

Dieu»_ est pour _«vous qui peinez sous le poids du fardeau»_ et _«vous qui combattez contre la maladie»_. Puis les chants ont laissé place à la prière méditative et silencieuse devant le

Saint-Sacrement exposé sur l’autel flambant neuf. LA DIGNITÉ D’UNE MÈRE FACE À LA MORT DE SON FILS HANDICAPÉ À l’aune du signe de la renaissance de Notre-Dame, reconstruite sur ses propres

cendres, et dont l’un des bâtisseurs a témoigné devant l’assemblée, les évêques ont également laissé la parole à Melvin, un jeune catéchumène venu évoquer le souffle qu’apporte à l’Église le

nombre grandissant des nouveaux baptisés de Pâques. Mais c’est en entendant les mots d’Anne Charrier que l’assistance a été le plus émue : cette mère de trois enfants s’est confiée

longuement, dans une dignité applaudie copieusement par les fidèles, sur la vie et la mort de son fils Louis-Marie, emporté l’an dernier par une maladie neurodégénérative. Lorsque le

diagnostic fut annoncé à sa famille par les médecins, son fils n’avait plus que quelques mois à vivre. Il est resté 16 ans encore à leurs côtés, entourés d’une équipe de soins palliatifs

dont la mère de famille a salué l’écoute, la bienveillance et l’humanité. Témoignant de cette épreuve, elle a souligné les joies reçues dans cette présence diminuée, mais vécue _«jusqu’au

bout»_ dans une unité familiale qui a _«fait grandir»_ tous les membres de son foyer. _«Je n’ai pas perdu seulement un frère mais un ami»_, avait confié un autre de ses enfants après la mort

de Louis-Marie. Privé d’une partie de ses facultés sensorielles, le jeune malade avait gardé l’ouïe, _«qui lui permettait d’entendre le son de la musique, celui des visiteurs qui venaient

l’entourer»_ a témoigné sa mère, qui se dit _«transformée»_ par cette épreuve. Tout au long de ces années, elle a confié s’être appuyée _«sur l’Évangile de l’Annonciation, dans lequel la

Vierge Marie dit à Dieu : que ta volonté soit faite»_. On songe en définitive, à entendre le récit bouleversant de cette mère pleine d’espérance, à la consolation qu’elle a puisée dans sa

foi. Que peut offrir comme réconfort une société sécularisée où les soins palliatifs, dernier refuge d’humanité au seuil de la souffrance et de la mort, sont atrophiés ? La réponse d’un

débat parlementaire qui dissèque l’épreuve de la maladie à l’aune de la _«qualité de vie»_ (l’expression est du rapporteur de la loi, le député Olivier Falorni) de chaque malade, sera-t-elle

suffisante ?