Quand le sport et la santé s’invitent au travail

Terminé toutefois le temps où l’activité physique était synonyme de performance à tout prix. Désormais, il semble qu’un vent de changement, mais surtout de mentalité souffle auprès de la

population en général, mais également chez les employeurs, constate la kinésiologue et fondatrice de l’entreprise Progrès 100 limites, Judith Chalifour. «En tant que kinésiologue, on prône

beaucoup le bien-être et c’est ce qu’on voit plus aussi dans les intentions. Les gens nous disent qu’ils ne veulent pas performer, mais qu’ils ont besoin de bouger pour être bien

mentalement», explique la professionnelle. Mais entre les différentes obligations familiales et personnelles, il est parfois difficile pour un employé de concilier le tout avec

l’entraînement physique. L’ENTRAÎNEMENT EN ENTREPRISE GAGNE EN POPULARITÉ Plusieurs entreprises de la région auraient trouvé la clé du succès pour répondre à ce besoin exprimé par plusieurs

employés de prendre soin de leur santé physique, mais aussi mentale. Le concept est simple. Des employeurs, et parfois même des employés, prennent le taureau par les cornes et choisissent

d’intégrer l’activité physique à leur routine de travail. Que ce soit sur l’heure du dîner ou encore à la fin du quart de travail, tous les moyens sont bons pour bouger entre collègues. La

kinésiologue Judith Chalifour est à même de constater ce phénomène qui prend de l’ampleur en Mauricie et au Centre-du-Québec depuis quelques années, alors que plusieurs institutions comme le

Cégep de Trois-Rivières, l’Institut secondaire Keranna et Soluce Fiscalité et Comptabilité font appel à ses services. «Je sens cet engouement et dans les dernières années, beaucoup d’études

ont prouvé l’importance d’intégrer les saines habitudes de vie, dont l’entraînement au travail. Et je pense que les entreprises réalisent l’impact que ça peut leur apporter aussi.» Mais si

les cours de groupe ont la cote en entreprise, ça ne veut pas dire qu’on peut mettre le tout en place sans avoir établi un véritable plan de match, prévient la kinésiologue. «C’est important

d’avoir un leader qui regroupe les gens pour les cours. Mais il faut aussi varier les activités pour que tout le monde y trouve son compte. Et souvent, au début, les entreprises vont faire

des essais et erreurs, mais ceux qui ont des comités, du temps et un budget alloué pour ça vont perdurer dans le temps», soutient-elle. LA SANTÉ MENTALE AUSSI IMPORTANTE QUE LE SPORT Mais

au-delà du sport en entreprise qui favorise la santé et diminue le risque de blessures, la santé mentale des travailleurs est aussi une nouvelle préoccupation de la part des employeurs,

remarque le kinésiologue de métier et propriétaire de Neurativ, Pierre-Philippe Normandin. «Depuis 5 ans, on travaille beaucoup sur la santé en entreprise, notamment avec la santé mentale où

on note une grande augmentation. Par exemple, les arrêts de travail, c’est presque 80 % de notre charge de travail actuellement», explique le professionnel. Ainsi, dans le cas de sa

clinique qui regroupe plusieurs professionnels de la santé, allant des chiropraticiens aux ergothérapeutes, jusqu’aux kinésiologues, M. Normandin propose un service clé en main aux

compagnies alliant le bien-être psychosocial et l’adaptation ergonomique de l’environnement de travail. «En entreprise, on travaille beaucoup avec les employés pour faire de la prévention et

de la promotion autant en santé physique que mentale. Donc quand on entre en entreprise, notre objectif à nous est d’analyser leurs besoins au niveau physique et effectif. Ça peut être de

manière individuelle, en atelier de groupe ou encore en formation pour outiller les gestionnaires. On agit de différentes façons sur la santé mentale en fait.» > L’entreprise Siemens 

Énergie a justement fait le choix de faire > appel à l’équipe de M. Normandin il y a un an afin de l’aider > en ce qui a trait à la santé de ses employés. Ainsi, aux deux > 

semaines, un ergothérapeute va rencontrer les salariés afin de les > outiller sur chaque poste de travail.   Mais cette collaboration va encore plus loin, puisque l’employeur permet

également à ses travailleurs de prendre un rendez-vous avec un professionnel de la clinique sur leurs heures de travail, que ce soit pour un problème personnel ou professionnel. «Nos défis

en santé-sécurité étaient vraiment d’ordre ergonomique quand on regardait l’historique des dernières années, donc le fait d’avoir cette expertise-là, ça nous aide à essayer de réduire nos

taux d’accident en général. C’est difficile à chiffrer après seulement un an, mais on a eu deux ou trois témoignages de gens qui disaient que ça leur avait probablement sauvé un arrêt de

travail», précise le directeur qualité, environnement et santé-sécurité chez Siemens, Michael Trudel. LES KINÉSIOLOGUES ET LES ERGOTHÉRAPEUTES ONT LA COTE Mais dans ce contexte, pourquoi

faire appel à des kinésiologues et ergothérapeutes en entreprise, plutôt qu’à des entraîneurs sportifs? Pour le coffre à outils que les professionnels peuvent offrir à leurs patients,

estiment les deux kinésiologues. > «Je mise beaucoup sur le niveau d’évaluation des risques de > blessures, notamment lombaires pour les travailleurs de bureau. >  Moi je donne 

surtout des entraînements en circuit pour le > renforcement musculaire et la stabilisation lombaire. Je veux que > les gens aient une meilleure conscience corporelle pour améliorer

> leur posture.» > —  Judith Chalifour, kinésiologue «Les avantages, c’est qu’on peut les outiller. Un ergothérapeute par exemple, c’est une boîte à outils qui vient te donner des

trucs autant pour l’aspect physique que mental. Les employés se sentent écoutés parce qu’on leur amène des solutions dans leur environnement», mentionne pour sa part Pierre-Philippe

Normandin. DES AVANTAGES POUR LES EMPLOYÉS... ET POUR LES ENTREPRISES Si de telles initiatives en entreprise sont positives pour les employés, il semble que les bénéfices vont au-delà de

ceux individuels. «Il y a plusieurs avantages dont la cohésion d’équipe, mais les employeurs aussi en ressortent gagnants et c’est ce qu’on tente de leur faire comprendre quand je fais

remplir des formulaires aux employés. Ils peuvent voir les résultats puisqu’ils ont des employés plus en santé, plus performants et il y a moins d’absentéisme», souligne Judith Chalifour.

«L’intérêt est là chez les employeurs parce que c’est une belle façon de faire de la rétention d’employés et de faire du bon recrutement grâce aux services offerts», conclut pour sa part

Pierre-Philippe Normandin.