Des années d’inceste, de violence et d’humiliations dénoncées

La fille et la belle-fille de Philippe Drapeau, un homme de 68 ans de Cowansville, affirment avoir vécu l’enfer pendant leur enfance dans les années 1980 et 1990. En plus d’abus sexuels,

physiques et d’insultes de toutes sortes, il aurait notamment obligé une d’entre elles à ingérer un morceau de selle, la poussant à vomir. Donner des coups et ligoter les jeunes filles

aurait aussi fait partie de son quotidien, tout comme il lui serait arrivé de se déguiser pour leur faire peur en pleine nuit. «Vous pourriez inférer que ce sont des faits tellement

horribles qu’elles ont inventé ces histoires», a déclaré Me Arianne Duval, procureure aux poursuites criminelles et pénales, lors de sa plaidoirie finale, jeudi. «Mais parfois, la fiction et

le réel se ressemblent. L’accusé a instauré un climat de terreur dans une famille où il n’y avait aucune limite d’intimité. Il leur a volé leur enfance et du même coup, leur innocence.» Les

deux plaignantes ont demandé et obtenu que l’ordonnance de non-publication les concernant soit levée, ce qui permet aux médias de nommer l’accusé ainsi que les liens qui l’unissent à elles.

Celles-ci étaient absentes du palais de justice, jeudi, et ont indiqué à _La Voix de l’Est_ qu’elles ne souhaitaient pas s’exprimer pour le moment. «Elles en gardent toujours des séquelles

et sont prises en charge, a dit Me Duval. Ça va les suivre toute leur vie. Mais elles sont soulagées d’avoir livré leur version des faits.» CONTRADICTIONS M. Drapeau, qui a plaidé non

coupable, n’a pas présenté de défense. Son avocate, Me Sophie Plouffe, a fait valoir en plaidoirie que les nombreuses contradictions et éléments nouveaux apportés au procès par les

plaignantes nuisent à leur crédibilité. «Des détails, elles en donnent et ça se contredit, a dit l’avocate. Et certains éléments ne tiennent pas la route.» Me Plouffe a également fait valoir

que les deux femmes ont pu se concerter afin de peaufiner leurs versions. Philippe Drapeau fait face en tout à 15 accusations incluant attentat à la pudeur, agression sexuelle, voies de

fait, voies de fait armées et séquestration. Les gestes reprochés auraient eu lieu à Bécancour, Cowansville et Dunham. Questionnée à savoir pourquoi les présumées victimes avaient attendu

longtemps avant de porter plainte, Me Duval a expliqué que l’une d’elles avait préféré attendre puisqu’elle entretenait toujours des liens avec l’accusé, un délai que l’autre a respecté.

«C’est un processus qui peut prendre du temps pour certaines personnes», a rappelé la procureure. La juge Julie Beauchesne, de la Cour du Québec, doit rendre son verdict en mars.