Soirée immersive dans les coulisses de l’industrie du cacao

Le jeudi 22 mai, au Café 440 à Sherbrooke, de 17 h à 20 h, le comité SVE enjoint la population à approfondir ses connaissances du commerce équitable lors d’une soirée sur le thème du

chocolat et son industrie aux dessous obscurs. «Les grandes bannières de chocolat, les grandes chocolatières qui sont des multinationales et [qui] font beaucoup beaucoup d’argent, ne sont

pas nécessairement toujours dans le commerce équitable et elles s’approvisionnent donc auprès de gens qui sont payés des _peanuts_», raconte la journaliste Karine Tremblay, qui a publié en

début d’année une série de reportages sur les conditions de vie des cacaoculteurs ivoiriens. À LIRE AUSSI En plus de Mme Tremblay, Christian Guiollot, fondateur de l’importateur et

distributeur équitable sherbrookois Umano participera à cette soirée. L’entrepreneur exposera les constats négatifs de la production de cacao ainsi que des pistes de solution.

«Malheureusement, il faut mettre ça [les dessous de l’industrie du cacao] sur le devant de la scène régulièrement, parce que les pratiques évoluent très lentement. C’est un secteur qui est

dominé par une poignée de très gros groupes multinationaux qui disent régulièrement qu’ils font des efforts. Ils en font probablement, mais quand des journalistes ou d’autres observateurs

vont sur le terrain [...], l’essentiel des problématiques reste présent», se désole M. Guiollot. Les clichés du photographe Simon Séguin-Bertrand, aussi de la partie lors du reportage en

Côte d’Ivoire, seront exposés pour fignoler l’immersion. «Dans ce reportage, ajoute Karine Tremblay, les photos sont vraiment importantes pour illustrer et montrer le vécu et le visage des

planteurs.» Il y aura en dégustation du chocolat équitable. UN REPORTAGE ENRICHISSANT, MAIS DÉCHIRANT En 2024, Karine Tremblay et le photographe Simon Séguin-Bertrand s’envolent vers la Côte

d’Ivoire pour réaliser un reportage récipiendaire d’une bourse du Fonds québécois en journalisme international. Le pays, qui est le premier producteur mondial de cacao, convenait

parfaitement au cadre de leur enquête, intitulée _L’envers du cacao_. Si les entreprises chocolatières font des recettes s’élevant à plusieurs milliards de dollars, les producteurs ivoiriens

vendent chaque kilo de cacao pour un peu moins de 5 $, un prix modique fixé par l’État. Les revenus des cacaoculteurs ne suffisent pas à assurer les coûts de maintenance des champs ni à

subvenir aux besoins de leurs familles. Les conséquences sont lourdes et nombreuses: «Il y a des répercussions non seulement sur le paysan, mais sur sa famille, sur les perspectives d’avenir

de ses enfants», a constaté la journaliste. Bon nombre de planteurs ivoiriens n’ont même pas accès au résultat final de leur labeur et de leurs sacrifices. > «C’est sidérant de voir que 

du chocolat, ils n’en mangent pas. > Ils se tuent à l’ouvrage pour cultiver le cacao et exporter ce > produit-là, mais ce n’est pas quelque chose qu’ils ont les > moyens de 

consommer.» > —  Karine Tremblay, journaliste à La Tribune Elle trouve confrontant de constater les inégalités démesurées entre l’abondance occidentale et la misère vécue par les

habitants du pays africain. «Le petit peu que je peux faire comme journaliste, c’est d’aller leur donner voix et visages. D’aller recueillir une parole qu’on n’entend pas en ce moment parce

que seuls dans la campagne [éloignée], ils n’en ont pas, de tribune.» Plus tôt cette année, le travail de Karine Tremblay et Simon Séguin-Bertrand a été reconnu à l’émission _Dans les

médias_, à Télé-Québec : ils y ont remporté le prix du reportage international.