En provence, le château de berne prépare à la fois sa réouverture et son procès

Entre le plaisir de rouvrir ses portes après d'importants travaux et la tension d’un procès imminent, le château de Berne, situé dans la plaine des Maures (Var), prépare sa saison 2021.

Depuis quelques semaines, les 200 salariés de ce fleuron œnotouristique du groupe MDCV en Provence (4 propriétés viticoles, 350 ha de vignes en AOC CÔTES DE PROVENCE), mettent les bouchées

doubles pour une réouverture de l’établissement mi-avril.   > Vignes du Château de Berne. Le domaine avait fermé ses portes en novembre 2020 avec le deuxième confinement. L'arrêt

contraint de l'activité lié à la pandémie de Covid-19 a été mis à profit pour renforcer l’offre réceptive de l’établissement, labellisé 5 étoiles Relais & Châteaux, et maintenir le

rythme de fréquentation annuel de... 300 000 visiteurs ! "Le restaurant, qui dispose d'une étoile Michelin depuis 2017, vient de se voir décerner l’étoile verte qui récompense les

engagements dans la gastronomie durable. Nous avons 27 chambres et suites et nous proposons trois villas privatives supplémentaires avec piscines, dans différents coins du domaine. Quant à

notre vignoble de 143 hectares, il a été labellisé en agriculture biologique en février", annonce son directeur marketing, Maxime Mathon.  > Le Château de Berne vu du ciel.

D'excellentes nouvelles pour le domaine et des perspectives réjouissantes, ternies par un procès qui approche. La société anonyme château de Berne est en effet appelée à comparaître

devant le tribunal correctionnel de Draguignan le 25 juin. Elle est poursuivie pour destruction d’habitats de la tortue Hermann, une espèce protégée. Les faits remonteraient à 2019 et ne

sont pas liés aux travaux récent sur la partie réceptive. Ils concerneraient des travaux de défrichement qui auraient été réalisés sans autorisation dans le secteur de la Haute-Verrerie sur

la commune du Cannet-des-Maures. Cette zone viticole de la Réserve naturelle nationale de la plaine des Maures (Var) fait l’objet d’une protection renforcée de l'espèce endémique

menacée... "La réserve est l’un des derniers foyers dans le monde de la tortue Hermann, présente dans le Var et en Corse. Sa mortalité importante causée par la destruction de son

habitat est difficile à constater en raison de la discrétion de cet animal. La preuve de destruction d’habitat a, cette fois, permis à la justice de se saisir de ces enjeux", se

félicite Mathilde Goueffon, juriste de France Nature Environnement Paca. Cette association et la Station d’observation et de protection des tortues et de leurs milieux (Soptom) se sont

portées parties civiles après la découverte, par des gardes assermentés de la réserve, d’une tortue blessée sur le secteur de Berne. PROTECTION DES TORTUES Selon le Code de l’Environnement,

la destruction d’habitat d’une espèce protégée est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 150 000 euros d’amende. Cette amende double quand ces infractions sont

commises sur une réserve naturelle protégée. Sollicitée, la direction du château de Berne n’a pas souhaité s’exprimer sur ce dossier en cours. "Les propriétaires situés en secteur de

réserve ont un devoir de vigilance. Ne pas connaître la réglementation consultable en ligne, ni la respecter quand on réalise des travaux, est le fait de personnes qui voient le profit

financier avant la protection de la biodiversité", affirme Mathilde Goueffon. En avril, une affaire similaire doit être jugée à Draguignan, mettant aux prises un autre domaine classé en

AOC Côtes de Provence : la société anonyme château des Launes (Ultimate Provence), propriété du groupe MDCV. France Nature Environnement PACA et la Soptom se sont également portées parties

civiles.