Télévision : pourquoi le séisme au maroc n’a laissé aucune place aux inondations en libye
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Séisme au Maroc, inondations en Libye : ces deux drames aux bilans similaires, survenus à deux jours d'intervalle, n'ont pas été couverts de la même façon. © Illustration :
captures d'écran Arte / BFMTV / montage La Revue des médias INFOGRAPHIES. Le drame marocain, survenu le 8 septembre 2023, et la tempête qui a frappé la Libye, deux jours plus tard,
n’ont pas bénéficié du même traitement médiatique. _La Revue des médias_ révèle des données inédites : le séisme a été 17 fois plus traité sur les chaînes d’information en continu et près de
sept fois plus dans les journaux télévisés. Camille Pettineo Publié le 16 novembre 2023 Début septembre 2023, deux évènements naturels ont causé la mort de milliers de personnes dans deux
pays d’Afrique du Nord : un violent tremblement de terre au Maroc dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre 2023, et des inondations meurtrières en Libye, du dimanche 10 au lundi 11
septembre. Deux événements qui ont eu lieu à quelques heures d’intervalle et comparables en termes de proximité géographique (environ 2 500 km entre Paris et les capitales Marrakech et
Tripoli) et d’ampleur. En date du 13 septembre 2023, le séisme au Maroc a fait 2 901 morts selon le ministère de l’Intérieur marocain. Le 24 septembre, selon un bilan toujours provisoire,
plus de 3 800 personnes ont été tuées à la suite des inondations en Libye — ce dernier bilan est toutefois sujet à caution, tant les sources officielles diffèrent. Pourtant, malgré ces
similitudes, le traitement médiatique de ces deux drames est loin d’avoir été identique. C’est ce que _La Revue des médias_ dévoile pour la première fois, grâce à l’étude des transcriptions
des programmes des chaînes d’information en continu et des journaux télévisés, sur les quatre premiers jours suivant les catastrophes — transcriptions réalisées par l’INA dans le cadre du
projet data.ina.fr. LES JT ONT PARLÉ 6,5 FOIS PLUS DU TREMBLEMENT DE TERRE AU MAROC QUE DES INONDATIONS EN LIBYE Si l’on se concentre sur les journaux télévisés du midi et du soir de TF1, de
France 2, de France 3, de M6 et d’Arte (uniquement édition du soir), la mention de la Libye a été prononcée à 61 reprises toutes chaînes confondues, contre 399 pour le Maroc. En moyenne,
sur les quatre premiers jours suivant l’événement, la Libye est mentionnée 15,3 fois par jour dans les journaux télévisés de ces chaînes contre 99,8 fois en moyenne pour le Maroc. Une
couverture en faveur du Maroc qui n’étonne pas Arnaud Mercier, chercheur au Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias (Carism). « _La France et le Maroc
entretiennent des liens particuliers. Le Maroc a été sous protectorat français, ce qui n’est pas le cas de la Libye. On y parle en partie français, des Marocains vivent en France et c’est un
lieu de villégiature. D’ailleurs, j’ai même vu une journaliste à la télévision être justement mobilisée alors qu’elle y était en vacances. » _Le chercheur relève ainsi « _une vraie
connaissance du Maroc et une facilité à couvrir le Maroc. Le public a un capital sympathie pour ce pays et peut se sentir concerné par ce qu’il s’y passe. Autant d’éléments qui sont
totalement absents avec la Libye._ » D’un point de vue culturel et démographique, la France est en effet plus proche du Maroc que de la Libye. En 2019, selon l’Insee, la France compte 807
600 immigrés d’origine marocaine contre 4 900 immigrés d’origine libyenne. Arnaud Mercier ajoute que « _les conditions de couverture médiatique en Libye sont difficiles. Ça reste un pays en
guerre, un pays divisé… Ce ne sont pas les mêmes facilités qu’avec le Maroc. »_ Enfin, notons que les inondations en Libye ont commencé un peu plus de 24 heures après le début de la
couverture du séisme au Maroc. Les très fortes pluies ont lieu le dimanche 10 septembre dans la région de Derna mais les premières alertes, notamment de l’ONU, n’arrivent que le lendemain,
le lundi 11 septembre, jour d’éditions spéciales ou de délocalisations au Maroc, notamment pour le journal de 20 heures de France 2. « _Les rédactions ont mis plusieurs jours avant de se
dire que la Libye méritait un sujet, même s’il n’y a pas d’identification, de familiarité ni de capital sympathie particulier avec ce pays. Parce que la situation était spectaculaire,
invraisemblable, et parce que les images étaient incroyables au sens le plus étymologique du terme_ », explique Arnaud Mercier. Les journaux télévisés du midi et du soir de France 2 parlent
1,4 fois plus du Maroc et 1,5 fois plus de Libye que ceux de TF1. Entre le 10 et le 13 septembre, plus d’un tiers de la médiatisation de la Libye se fait uniquement à travers deux éditions :
le 20 heures de France 2 (12 mentions*) et le journal du soir sur Arte (11 mentions*). Pour le Maroc, la médiatisation est plus homogène, peu importe l’édition du midi ou du soir ou de la
chaîne. Les journaux télévisés de France 2 totalisent 30,6 % des mentions du Maroc entre le 9 et le 12 septembre. SUR LES CHAÎNES D’INFORMATION EN CONTINU, LE MAROC EST MENTIONNÉ 17 FOIS
PLUS QUE LA LIBYE Là encore, pour Arnaud Mercier, « _les rédactions peuvent considérer de bon droit que, finalement, ce qui se passe en Libye intéresse spontanément moins les Français que ce
qui se passe au Maroc. Ce n’est pas une question de moyens techniques, c’est une question d’intention. On a décidé de mettre le paquet sur le Maroc, c’est un choix. _» Sur les chaînes
d’information en continu LCI, BFMTV, France Info et CNews, entre le 9 septembre et le 12 septembre, le Maroc a été mentionné 6 152 fois (voir méthodologie). De son côté, la Libye est
mentionnée « seulement » 352 fois par ces mêmes chaînes entre le 10 septembre et le 13 septembre. Le Maroc est ainsi mentionné 17 fois plus que la Libye sur le même laps de temps après que
les deux pays ont été touchés par une catastrophe naturelle, soit les quatre premiers jours à partir de la survenue du drame. Arnaud Mercier note également que « _le Maroc a connu un relais
de médiatisation avec le début de polémique sur le fait que le royaume chérifien ne faisait pas appel aux sauveteurs français. Une nouvelle pièce a été mise dans le jukebox : la relation
diplomatique abîmée entre la France et le Maroc._ » On observe une couverture médiatique en deux temps sur les chaînes d’information en continu. 92 % des mentions du Maroc se font dans les
trois premiers jours suivant le séisme (samedi 9, dimanche 10 et lundi 11). La Libye, quant à elle, passe de l’ombre médiatique à la lumière à partir du troisième jour après les inondations
: 98 % des mentions ont lieu mardi 12 et mercredi 13. Sur la courbe ci-dessus, lorsque les deux actualités se chevauchent (entre le 10 et le 12 septembre), le Maroc reste le sujet le plus
traité. Même lorsque les chaînes d’information en continu parlent moins du Maroc le 12 septembre, le nombre de mentions de la Libye n’augmente pas fondamentalement (168 mentions pour la
Libye contre 483 pour le Maroc). France Info et BFMTV parlent deux fois plus du Maroc que CNews et LCI. 65 % de la couverture du séisme au Maroc est faite sur ces deux premières chaînes.
Quant à la Libye, France Info en parle plus que ses trois concurrentes : 43 % des mentions du pays entre le 10 et le 13 septembre ont été faites sur la chaîne du groupe d’audiovisuel public.
Des tendances de couverture qui n’étonnent pas Arnaud Mercier. « _LCI a décidé à un moment que, de toute façon, l’international serait occupé par l’Ukraine, puis par le conflit
israélo-palestinien. Ils ont fait des choix radicaux. LCI est devenue la chaîne de la guerre en Ukraine._ » Quant à la position de France Info, grâce à France 24, « _ils ont la capacité de
pouvoir mobiliser un réseau partenaire qui couvre particulièrement l’international _—_ le parent pauvre de beaucoup de chaînes_ », décrypte le chercheur. Pour Arnaud Mercier, le fait qu’un
événement puisse en supplanter un autre dans la hiérarchisation de l’information sur les antennes n’est pas étonnant ou inédit : _« Il est très fréquent qu’un conflit d’attention médiatique
apparaisse sur deux événements qui, s’ils n’étaient pas survenus au même moment, auraient très probablement fait la une. Cela avait été le cas par exemple en 1999 avec l’incendie à
l’intérieur du tunnel du Mont-Blanc, qui était intervenu au même moment que le bombardement au Kosovo. On a décidé que le bombardement au Kosovo était plus important. C’était géopolitique,
la guerre en Europe… Résultat des courses, le Mont-Blanc, qui aurait dû faire la une, est passé à l’as. »_ _MÉTHODOLOGIE_ Nous avons étudié les journaux télévisés du midi et du soir de TF1,
France 2, France 3, M6 et Arte ainsi que les chaînes d’information en continu BFMTV, LCI, France Info et CNews. Pour les résultats concernant le Maroc, nous n’avons étudié que les journées
du 9 au 12 septembre (soit les quatre premiers jours après le séisme qui a lieu dans la nuit de vendredi 8 au samedi 9). Pour la Libye, nous avons étudié les journées du 10 au 13 septembre
(soit les quatre premiers jours après l’inondation qui a eu lieu dans la nuit du dimanche 10 au lundi 11 septembre). Les résultats sont obtenus grâce à un outil d’intelligence artificielle
(IA) spécialisé dans la transcription. C’est-à-dire qu’il est capable de transformer la parole d’un locuteur d’un document audiovisuel en texte. Nous nous sommes appuyés sur la technologie
de Vocapia, société française de R&D spécialisée dans le développement de logiciels pour le traitement de la parole, qu’il s’agisse de transcription de la parole en texte (reconnaissance
de la parole), de systèmes d’analyse audio, ou d’identification des langues et des locuteurs. On obtient le nombre de mentions de mots prononcés à l’antenne et détectés par l’IA (Maroc,
marocain, marocaine, Libye, libyen et libyenne). Les occurrences sont comptabilisées en tour de parole. Par exemple, si un mot est prononcé deux fois par une même personne sans qu’un autre
interlocuteur ne lui ait coupé la parole, ce mot sera comptabilisé une seule fois. Les chiffres présentés ici sont donc à prendre comme des indicateurs de tendance. Comment couvrir un
événement international lorsque l’on est un journal régional ? Sans bénéficier des mêmes moyens que la presse nationale, les quotidiens régionaux déploient des techniques pour articuler ces
actualités à l'échelle locale.
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