De vrais-faux articles pour faire oublier des abus en série
De vrais-faux articles pour faire oublier des abus en série"
- Select a language for the TTS:
- French Female
- French Male
- French Canadian Female
- French Canadian Male
- Language selected: (auto detect) - FR
Play all audios:
Sadri Fegaier, créateur du courtier en assurances de produits multimédias Sfam et des boutiques de produits high-tech Hubside, ici en 2016. © Crédits photo : JEFF PACHOUD / AFP Les sociétés
de l’homme d’affaires Sadri Fegaier (Sfam, Hubside…) sont jugées pour avoir arnaqué des milliers de clients. Pour tenter de redorer leur réputation en ligne, elles se sont payé des
publications sponsorisées sur de grands médias ces dernières années. Certaines sont toujours en ligne. Benjamin Douriez Publié le 23 septembre 2024 _« Un visionnaire »_, un _« travailleur
acharné »_, un _« entrepreneur engagé »_ à la _« formidable ascension »_ : sur cette page du site de _L’Express_, les superlatifs se bousculent pour retracer la _« success story »_ de
l’homme d’affaires Sadri Fegaier, créateur du courtier en assurances de produits multimédias Sfam et des boutiques de produits high-tech Hubside. Daté de décembre 2022, le portrait louangeur
a été discrètement dépublié peu avant l’été 2024. Sage décision : les entreprises du self-made-man venaient d’être placées en liquidation. Et le « visionnaire » comparaît du 23 septembre au
2 octobre devant le tribunal judiciaire de Paris. Il est accusé avec ses sociétés d’avoir ponctionné illégalement les comptes de milliers de consommateurs, notamment par des prélèvements
irréguliers sur le compte de clients qui avaient pourtant résilié l'assurance de leur téléphone portable. Les pratiques abusives se sont étalées sur près d’une décennie. Une durée hors
normes. Il risque deux ans de prison et 300 000 euros d’amende. _L’Express_ s’est-il fourvoyé sur Sadri Fegaier ? En fait, pas vraiment… Le panégyrique (dont on retrouve la trace dans les
arcanes du web) n’émane pas d’un journaliste de la rédaction. En haut de page, figure la mention « Publi-rédactionnel ». Autrement dit, une publicité aux allures d’article. Pour
s’auto-célébrer, l’homme d’affaires n’a pas payé que _L’Express_. À quinze jours d’intervalle, fin 2022, un portait similaire est publié par _Le Point_, sous la bannière « Le Point Stories »
dédiée par le magazine au _brand content_ (l’avatar moderne du publi-rédactionnel). Quelques mois plus tôt, c’était sur le magazine économique _Forbes_ — un article toujours en ligne au
moment où ces lignes sont écrites. Mais la plupart des « articles » achetés par le groupe en 2022 et 2023 concernent non pas l’homme mais ses entreprises. Ils proposent une description pour
le moins avantageuse de l’activité des boutiques Hubside (sur les sites de _Challenges_, et à nouveau, du _Point_ et de _L’Express_) ou de leur maison-mère, Indexia (toujours consultable sur
_Le Figaro_). Sur ces pages, bien sûr, aucune allusion aux abus en série dont elles sont accusées. Et les mentions sur la nature publicitaire du texte (« _contenu proposé par notre
partenaire_ ») ne sont pas forcément limpides pour l’internaute de passage. Dans les deux années précédant la faillite, au moins cinq grands médias ont donc publié des textes payés par les
entreprises de Sadri Fegaier. L’opération revient à utiliser les médias pour tenter de se refaire une virginité numérique. Confrontés à la multiplication des clients mécontents, le groupe
Sfam/Indexia s’est très tôt soucié de son e-réputation. De 2018 à 2022, il a confié une mission de _« réputation et gestion des risques en ligne » _à Avisa Partners, un cabinet d’influence
controversé — il a été accusé de mener des opérations de manipulation de l’information. 2 300 EUROS PAR ARTICLE Le groupe Sfam/Hubside/Indexia le rémunérait notamment _« selon le nombre de
publications obtenues »_ à hauteur de _« 2 300 euros hors taxes / article »,_ d’après le contrat détaillé dans un jugement du tribunal de commerce de Paris de septembre 2023. La
collaboration entre les deux sociétés s’est, en effet, terminée devant la justice, en raison des factures impayées. Impossible toutefois de savoir si les articles « obtenus » par Avisa
Partners étaient des publi-reportages achetés ou d’autres types de publications, comme des blogs créés de toutes pièces ou des articles nés de relations presse classiques avec les
journalistes. Selon _Mediacités_, le groupe a aussi fait travailler un autre spécialiste du nettoyage de réputation digitale, Net’Wash. Le principe ? Produire des contenus à tonalité
positive et s’assurer de leur bon référencement, afin de noyer les contenus négatifs présents en ligne. Mettre la poussière sous le tapis, en somme. Quoi de mieux que de profiter de la
respectabilité des titres de presse pour cela ? Le coût n’est pas si élevé : parfois quelques centaines, au maximum quelques milliers d’euros par article, selon plusieurs professionnels des
médias. DES ALERTES DEPUIS AU MOINS 2017 Ceux-ci auraient-ils pu détecter cette instrumentalisation par un acteur peu recommandable ? Il était difficile d’ignorer la réputation sulfureuse du
groupe. Les alertes des défenseurs des consommateurs, _Que Choisir_ et _60 millions de consommateurs_, sont régulières depuis au moins 2017. En 2019, la Sfam écope d’une amende de 10
millions d’euros pour pratiques commerciales trompeuses, à la suite d’une enquête de la répression des fraudes (DGCCRF) : de trop nombreux clients se sont retrouvés abonnés malgré eux aux
services du groupe. Mais les pratiques perdurent. En avril 2022, la DGCCRF annonce avoir bouclé une deuxième enquête, toujours pour pratiques trompeuses, transmise à la justice en vue d’un
procès — celui-là même qui se tient en ce mois de septembre 2024. Les médias généralistes ont embrayé avec des enquêtes, approfondies et souvent accablantes : « Sadri Fegaier, génie ou
escroc ? » se demande _Paris Match_ en juin 2022, tandis qu’en janvier 2023, sur France 2, « Envoyé spécial » se penche sur « Les secrets du plus jeune milliardaire de France ». Insuffisant
pour alerter les régies publicitaires chargées de commercialiser les espaces de brand content ou de publi-reportages. Et ce, bien qu’à l'époque, _Arrêt sur images_ pointe explicitement
le problème. Si bien que la schizophrénie guette certains médias. Le 15 mars 2023, _Challenges_ relaie une dépêche AFP indiquant qu’un collectif de 61 consommateurs victimes de la Sfam et
des boutiques Hubside assigne les sociétés en justice. Moins de six semaines plus tard, comme si de rien n’était, le site du magazine économique publie un « communiqué » vantant les magasins
Hubside, qui proposent _« une tech plus responsable et des prix plus accessibles »._ Alors que la Sfam écope d’une interdiction de commercialiser des assurances au printemps 2023, des
publi-communiqués pour l’autre filiale du groupe, Hubside, sont encore publiés en juillet (_Le Point_) et octobre (_L’Express_). Ironie, ce dernier contenu est titré : _« La satisfaction
client, une priorité du groupe Hubside »._ Les espaces de publi-communiqués ne font guère l’objet de filtrage sur le sérieux des acteurs demandant à publier. _« Quand le texte est fourni par
le client via son agence, nous ne menons pas de travail d’investigation. C’est différent lorsque nous écrivons nous-mêmes le contenu pour le compte de l’annonceur »_, explique-t-on à la
régie publicitaire d’un des titres concernés. Dans le cas de Sfam/Indexia, les contenus récents étaient fournis _« par une petite agence spécialisée dans le SEO »_ (NDLR : _search engine
optimization_ ; optimisation du référencement, en français). _« Toutefois, ensuite, le texte peut être dépublié si nous sommes alertés, par exemple par des lecteurs. »_ > _« Quand Leclerc
dit dans ses publicités qu’il est le moins > cher, je ne sais pas si c’est vrai »_ _« Difficile de se comporter en censeur préalable_, abonde Alain Weill, propriétaire de _L’Express_*.
_Le contenu est de la responsabilité de la marque. Quand Leclerc dit dans ses publicités qu’il est le moins cher, je ne sais pas si c’est vrai. La règle qui vaut pour une publicité normale
vaut pour du publi-rédactionnel. L’important est que la présentation soit sans ambiguïté, pour que le publi-rédactionnel ne soit pas confondu avec les articles produits par la rédaction. »_
L’absence de contrôles est pourtant un jeu dangereux pour les médias concernés. Car d’autres cas préoccupants ont été signalés. Fin 2023, _60 millions de consommateurs_ mettait à jour celui
d’un faux assureur nommé Zebrance. Il vantait ses contrats grâce à des articles sponsorisés sur les sites de _La Tribune, Le Dauphiné libéré, Le Point_… Problème : n’étant pas enregistré
auprès des autorités françaises, ses assurances n’avaient aucune valeur. _* Patron de _L’Express_, Alain Weill a été annoncé comme administrateur du groupe Sfam/Indexia fin 2022 (une
nomination finalement avortée, __selon _L’Informé_). Interrogé, il assure que la publication des publi-reportages est sans lien avec cet épisode : _« Elle avait commencé sur lexpress.fr
avant ma fausse nomination comme administrateur. Et je n’ai jamais abordé le sujet avec Sadri Fegaier. »
Trending News
États-Unis: Trump se targue d'avoir «libéré» l'armée des théories sur le genre et la «race»États-Unis: Trump se targue d'avoir «libéré» l'armée des théories sur le genre et la «race» Par Le Figaro avec AFP Il y ...
Panne d’électricité dans les alpes-maritimes : david lisnard espère que la justice se montrera «intransigeante»PANNE D’ÉLECTRICITÉ DANS LES ALPES-MARITIMES : DAVID LISNARD ESPÈRE QUE LA JUSTICE SE MONTRERA «INTRANSIGEANTE» David Li...
«LR n’est plus un parti pro-européen» : Attal attaque Retailleau après sa victoire à la présidence du parti«LR n’est plus un parti pro-européen» : Attal attaque Retailleau après sa victoire à la présidence du parti Par Le Figar...
Coupe de France : «On a fait le plein de confiance» se réjouit Barcola... Revivez le succès du Paris SG en finale face à ReimsMercato : «J’ai encore beaucoup à donner à cette équipe», l’appel du pied de Marquinhos au PSG Au club depuis 2013, le c...
Coupe de france : le psg avec safonov et barcola pour affronter reims en finaleCOUPE DE FRANCE : LE PSG AVEC SAFONOV ET BARCOLA POUR AFFRONTER REIMS EN FINALE Comme aux tours précédents, Luis Enrique...
Latests News
De vrais-faux articles pour faire oublier des abus en sérieSadri Fegaier, créateur du courtier en assurances de produits multimédias Sfam et des boutiques de produits high-tech Hu...
Volet idl – informations de liaisonLA LDL A POUR VOCATION D’ÊTRE UN OUTIL D’OPTIMISATION DU PARCOURS DE SOINS DU PATIENT PERMETTANT LA CONTINUITÉ DE SA PRI...
L'amour est dans le pré : les photos du mariage de claire et sébastienPar Sandra Ratesson | Chef de rubrique médias A bientôt 38 ans, Sandra Ratesson en a vu défiler des émissions de télévis...
Canoé kayak : le vick de veigné - iciDiffusé le samedi 7 octobre 2017 à 10:04 Publié le samedi 7 octobre 2017 à 0:12 Canoé Kayak au programme ce samedi, avec...
Colère des agriculteurs: le blocage de l'a7/m7 aux portes de lyon maintenu "pendant plusieurs jours"Présents depuis ce lundi 29 janvier, les agriculteurs qui bloquent l'A7/M7 ont décidé de maintenir ce blocage "...