Regard de sociologue sur l’organisation des festivals de cinéma
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En appréhendant les festivals de cinéma au prisme de la théorie du système ouvert, Alex Fischer identifie les mécanismes et ressources stratégiques de ces évènements et avance des pistes qui
peuvent leur assurer succès et durabilité. Axel Scoffier Publié le 04 mars 2019 Le management d’un festival de cinéma est un art délicat, tant le succès de l’évènement repose sur des
facteurs multiples et incertains. L’universitaire Alex Fischer propose dans cet ouvrage une rationalisation de ses facteurs clés de succès, reposant sur l’analyse claire de la structure
d’opération basique d’un festival et des jeux d’acteurs qui y prennent place. Sans être un manuel de conseils pour organisation de festival « clés en main », l’ouvrage permet de prendre du
recul sur une activité qui est au centre de l’économie du cinéma, et qui reste pourtant très peu théorisée. Ainsi, après avoir défini les caractéristiques majeures d’un festival de cinéma et
insisté sur le caractère fondamentalement social de cet évènement, l’auteur se propose d’analyser son fonctionnement à l’aune du modèle du système ouvert, qui permet une décomposition fine
du processus et l’identification de facteur clés de succès. LA CONNECTIVITÉ SOCIALE DES FESTIVALS DE CINÉMA Au cœur de la réflexion d’Alex Fischer se trouve l’idée qu’un festival est plus
qu’un évènement qui met des films au contact d’un public > Un festival est plus qu’un évènement qui met des films au > contact d’un public. , et dont le succès repose sur la maîtrise
d’une série de paramètres pratiques. Un festival de cinéma est avant tout un évènement éphémère fondé sur la connectivité sociale, la rencontre entre des films et des publics de natures
différentes dont la participation est dépendante de la participation des autres. La construction de l’évènement est donc d’abord une construction sociale : réalisateurs, publics, critiques,
vendeurs internationaux, distributeurs, sponsors, pouvoirs publics… sont liés par des besoins partagés auxquels répond le festival. La participation de chacun est déterminée par le bénéfice
qu’il espère tirer de la participation des autres. La satisfaction des participants n’est donc pas une simple conséquence de leur participation, mais bien la motivation fondamentale que
doivent garder en tête les organisateurs. Le festival est dès lors à envisager comme _site de passage_(1) et nœud d’un réseau social plus vaste, qui doit chercher à optimiser la satisfaction
de chacun de ses participants. Cette approche permet de mettre en perspective l’organisation de l’évènement et de tirer un certain nombre de conséquences pratiques. La nature dynamique de
l’environnement social nécessite de la part des organisateurs une constante adaptation, voire une capacité de manipulation de celui-ci. Ils doivent sans cesse anticiper la paralysie possible
en cas d’interférence d’un élément extérieur dans l’organisation : l’annulation d’un sponsor majeur, d’un acteur ou d’un cinéaste de renom etc… Alex Fischer prend l’exemple de deux
festivals ayant invité le réalisateur britannique Ken Loach : le Festival International du Film de Melbourne, dont il a menacé de se retirer si les organisateurs acceptaient le financement
du gouvernement israélien pour l’accueil de la réalisatrice Tatia Rosenthal (_$9.99_, 2009) ; et le Festival international du film d’Edimbourg, qu’il a aussi menacé de boycotter s’ils ne
refusaient pas le financement de l’ambassade israélienne pour le défraiement d’un réalisateur israélien. Dans le premier cas, les organisateurs ont tenu bon, Ken Loach a donc retiré son
film, mais les organisateurs ont gardé la main sur leur programmation et ont gagné en crédibilité ; en revanche, le second a prêté le flanc à d’autres critiques en cédant au chantage du
réalisateur. En conséquence, on voit combien il est difficile et pourtant crucial pour un organisateur de toujours garder le contrôle sur son évènement, tant la capitulation sur un certain
nombre de points peut ouvrir la brèche à d’autres critiques. Protéger au maximum la réputation du festival nécessite des organisateurs une grande capacité d’adaptation et de réaction. LE
FESTIVAL DE FILM COMME SYSTÈME OUVERT Structurellement, les festivals de film sont des lieux d’exhibition, où les films sont réunis pour être projetés devant un public à une date précise, et
pour être notamment vus et critiqués. Les films deviennent plus qu’un film, ils sont désormais _qualifiés_ et développent une _réputation_. Par la multiplicité des acteurs qu’il mobilise,
et des actions qu’il permet, un festival de cinéma peut être considéré comme un _système_, c’est à dire un assemblage d‘éléments formant un tout complexe. Afin d’aller plus loin dans la
réflexion, Alex Fischer confronte la structure d’opération d’un festival à la théorie des systèmes ouverts développée par Daniel Kratz et Robert Kahn dans_ The Social Psychology of
Organization_ (1978). Lorsqu’elle s’apparente à un système ouvert, une organisation est complètement dépendante de groupes extérieurs pour son fonctionnement, au contraire d’un système fermé
(ou intégré) au sein duquel l’organisation contrôle toutes les étapes de la production. L’originalité des festivals au sein de la catégorie des systèmes ouverts traditionnels est qu’ils
n’entrent pas dans le cycle de production en lui-même (ils ne sont qu’un moment de la production), et que le temps du déroulement physique du festival est très court : projections, accueils
des artistes, remise des prix ont lieu sur une période de quelques jours. Le modèle du système ouvert permet de décomposer un processus en quatre étapes : importation de la ressource ;
transformation de la ressource ; production ; re-énergisation et « entropie négative » (ou retour à l’ordre). 1/ L’IMPORTATION DES RESSOURCES est l’étape durant laquelle l’organisation
recherche, trouve et sécurise la ressource nécessaire à son fonctionnement : l’argent d’un sponsor, le film d’un participant, la venue d’un acteur ou d’un journaliste… Cette étape n’est
terminée que lorsque l’organisation a la main sur la ressource (argent sur compte en banque, film reçu, invité arrivé...), et la ressource n’est que fictive tant qu’elle n’est pas
effectivement contrôlée par les organisateurs. Par exemple, le Festival du Film de Zurich n’a pas pu accueillir le réalisateur Roman Polanski qui a été mis en détention alors qu’il s’y
rendait. De même, l’exclusivité de projection d’un film peut être volée jusqu’à la dernière minute. 2/ LA TRANSFORMATION DE LA RESSOURCE correspond au moment où la ressource est manipulée
par l’organisateur en vue d’une tâche précise : par exemple, la constitution de la programmation, véritable acte critique(2) tant le groupement thématique des sélections offre un axe de
lecture aux films choisis. 3/ LA PRODUCTION est l’étape où la ressource revient à son environnement d’une manière différente. Dans le cas d’un festival, c’est la couverture médiatique
(production d’un article, publication de photos de promotions), la remise de prix aux films en compétition, et plus largement, la constitution d’une réputation autour de chaque film. Un
festival est fondamentalement un producteur de réputation. 4/ La RÉ-ÉNERGISATION correspond au processus de gratification que chaque porteur de ressource reçoit en échange de son apport. Les
organisateurs du festival doivent s’assurer que leurs ressources sortent renforcées d’une gratification observable. La récompense est ainsi la principale gratification recherchée, et par
ricochet constitue la principale assurance de réussite d’un festival. Même si la relation de cause à effet entre récompense et succès public et critique ne peut pas être prouvée, elle est
avancée par les organisateurs soucieux de rendre légitime leur institution (« votre film a été distribué grâce au festival », etc.). RENFORCER LE SYSTÈME Le principal challenge d’un
organisateur est de parvenir à stabiliser ce processus hautement instable, à stabiliser la « chaîne logistique » du festival. Or, la ressource film, comme beaucoup de ressources, est, si ce
n’est à usage unique, du moins _périssable_ (Iordanova, 2009). Le principal atout d’un producteur est la _première_ de son film car une fois montré, le film est déjà vieux. Ce phénomène «
d’ici et maintenant » donne sa valeur au festival, mais rend la programmation impossible à pérenniser (un festival ne peut montrer les mêmes films tous les ans). Dès lors, l’organisateur
doit chercher à ralentir le dépérissement de la ressource, car la ressource cinématographique est rare. Un festival comme celui de Berlin sélectionne chaque année près de 400 films > Un
festival comme celui de Berlin sélectionne chaque année près > de 400 films. et, si l’on compte que chacun des 12 principaux festivals doit accueillir au moins 14 premières mondiales,
cela porte à 168 le nombre d’exclusivités par an que se disputent les festivals ! Il y a donc là une vraie compétition sur la ressource, rendue plus complexe par l’incertitude quant à la
qualité de chaque nouveau film, même d’un réalisateur reconnu. Alex Fischer identifie trois principales ressources nécessaires au fonctionnement de festivals de cinéma : les ressources de
financement, les ressources opérationnelles (films et lieux) et les ressources liées à la participation. Afin de pérenniser le succès d’un festival, il est ainsi avisé de chercher à
diversifier les sources de revenus ; d’autant que certains types de financeurs ne supportent que certains types de coûts. Du point de vue sociologique, les festivals qui marchent sont donc
des cycles répétés de systèmes ouverts. Fort de cette analyse, Fischer propose 8 points stratégiques permettant d’améliorer les potentialités du système ouvert : établir des alliances ;
adopter le bon timing ; choisir le bon lieu ; avoir une fonction identifiable ; encourager les affiliations légitimantes (Sundance et Robert Redford) ; mettre en avant les participants ;
contrôler les ressources ; rejoindre clubs et associations. Il démontre enfin lors d’un long exemple comment la redéfinition d’une identité et l’établissement d’une nouvelle offre a permis
au Gold Coast Film Fantastic Festival (en Australie) de renouer avec le succès. D’un abord assez conceptuel, cette réflexion permet de mettre en perspective un secteur d’activité très
concurrentiel, très social, et très peu théorisé, et peut sans doute aider les organisateurs de festivals (et de la plupart des évènements culturels) à prendre du recul sur leur activité et
à mieux orienter leurs pratiques.
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