Quelles questions facebook nous pose-t-il?
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André Gunthert, enseignant-chercheur à l'EHESS, est spécialiste des cultures visuelles et des cultures numériques Facebook fête cette semaine son dixième anniversaire. De nombreux
chercheurs sont à cette occasion sollicités – ici-même à travers ce dossier – pour partager leurs analyses sur ce réseau socio-numérique, dans le but de nous aider à le comprendre. On
s’interroge cependant plus rarement sur les questions que Facebook pose aux chercheurs. Quels problèmes posent donc internet et les réseaux sociaux à la communauté scientifique ? Quelles
sont les questions que l'on ne vous pose pas et que, en tant que chercheur, vous vous posez (et dont la réponse, aujourd’hui, ne vous paraît pas établie) ? ANDRÉ GUNTHERT : À
l'exception de quelques disciplines spécialisées, nous n'avions jusque là accordé qu'une attention modérée à la mécanique de la sociabilité, en la considérant plutôt comme un
donné, une évidence. En industrialisant et en objectivant les ressorts de la conversation, désormais figée, enregistrée et documentée, les réseaux sociaux nous obligent à réinterroger nos
interactions et leurs effets sociaux, c'est-à-dire de proche en proche l'ensemble de nos comportements culturels. Il s'agit d'une dynamique très riche, qui favorise à la
fois le renouvellement de la compréhension des formes sociales et des moyens de son interrogation scientifique. Pour ne prendre qu'un seul exemple, on peut se demander si Facebook ne
contribue pas à faire évoluer les paramètres constitutifs de l' « amitié », c'est à dire d'un échange interindividuel privilégié – si Facebook n'est pas en train de
changer la nature même de nos liens sociaux, par l'introduction d'une nouvelle fluidité, d'une nouvelle temporalité des échanges, sans parler de leur "augmentation"
documentaire. Mais pour répondre à cette question, il faudrait pouvoir définir exactement ce qu'on entendait jusqu'à présent par « amitié », et l'on s'aperçoit que cette
question n'avait pas encore été posée de manière suffisamment précise. Pour mesurer ce que les réseaux sociaux modifient, il faut renouveler tout notre matériel théorique et souvent
jusqu'à l'approche même des phénomènes – une reconfiguration qui a des effets rétroactifs sur notre façon de comprendre l'ensemble des dynamiques sociales. Un des défis
auxquels nous confronte Facebook, c'est l'hybridation entre des domaines autrefois séparés, comme le privé et le public, l'individuel et le collectif, la conversation et la
publicité. Cette hybridation est à la fois une des principales forces de l'application, qui engendre de nouveaux comportements, mais aussi un grand point d'interrogation. On entend
souvent parler de « nouveaux usages », liés au recours croissant aux réseaux comme Facebook et Twitter. Ces usages vous paraissent-ils si nouveaux que cela, et si oui en quoi ? ANDRÉ
GUNTHERT : Il y a clairement une ribambelle de nouveaux usages, comme les usages conversationnels des images, dont il faut souligner qu'ils sont souvent imposés par les usagers.
Comprenons bien que, mis à part l'extension téléphonique de la conversation orale, les outils de la sociabilité ordinaire sont passés brutalement du néolithique au XXIe siècle. Avec
internet et les réseaux sociaux, nous disposons d'une gamme à la fois très vaste et très sophistiquée de moyens de communication, dont on ne pouvait même pas rêver il y a quinze ans.
Face à ce bouleversement, le plus étonnant est d'observer la vitesse avec laquelle une majorité du public s'est approprié ces outils, de manière souvent très inventive. Outre leur
grande plasticité, une caractéristique particulière des réseaux sociaux est précisément leur disponibilité à l'appropriation par les usagers. Il n'y a là aucun hasard : comme on
l'entend souvent dire, sur ces plates-formes, c'est nous le produit. En d'autres termes, pour assurer leur financement publicitaire, il faut que ces applications retiennent
notre attention. Mais au lieu de nous proposer des programmes prêts à consommer, les médias sociaux ont fait de nous les acteurs de notre propre divertissement. Sur Facebook, le carburant
des échanges, c'est la dimension relationnelle, le fait même de faire signe, d'entrer en conversation ou d'entretenir le dialogue. C'est la raison pour laquelle les
réseaux sociaux nous laissent si facilement prendre le contrôle des usages, au lieu de nous les imposer, comme l'a fait jusqu'à présent la culture industrielle, puisque c'est
notre propre activité sociale qui entretient notre intérêt pour le site. Internet, et plus spécifiquement les réseaux sociaux, ont-ils d’après vous changé quelque chose à la relation
qu’entretiennent les journalistes avec les chercheurs, dans la façon de les solliciter ou dans ce qui leur est demandé ? ANDRÉ GUNTHERT : En augmentant le nombre d'usagers et la qualité
de leurs interactions, les réseaux sociaux ont amplifié les effets de fluidité sociale apportés par internet. Le dialogue entre chercheurs et journalistes est une des manifestations
évidentes de cette multiplication des passerelles. Il faut toutefois noter qu'il existe encore de nombreux groupes qui n'ont qu'un usage restreint, voire pas d'usage du
tout, de l'interaction en ligne, en particulier du côté des anciennes élites politiques et culturelles, détentrices d'un important capital social pré-numérique, et qui ont
d'autant moins ressenti le besoin d'avoir recours à ces outils. La césure s'établit aujourd'hui entre ces non-usagers ou ces micro-usagers et l'extrême fluidité
relationnelle qu'offre la participation aux réseaux. Nous avons en quelque sorte deux sociétés parallèles, avec des formes d'exclusion réciproque qui sont parfois d'une grande
violence, et là encore des effets imprévisibles.
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