Quand la technologie change l’écoute de la radio
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Les usages de la radio ont été façonnés par des innovations techniques qui ont amélioré la diffusion et la réception, favorisant l’immersion sonore de l’auditeur et le confort d’utilisation.
Aujourd’hui encore, l’évolution de la radio reste liée aux nouvelles technologies. Philippe DE CUETOS Publié le 15 mars 2016 LA FM ET LE TRANSISTOR, DES INNOVATIONS FONDATRICES C’est au
début des années 1920, que l’on assiste aux premières diffusions régulières de programmes radiophoniques à destination du grand public. La naissance du média radio s’appuie alors sur des
innovations dans deux principaux domaines : la radiodiffusion, mise au point notamment par Hertz puis Marconi1, et l’avènement de dispositifs d’acquisition et de restitution du son comme le
microphone, le haut-parleur puis l’enregistreur. Après la seconde guerre mondiale, deux innovations majeures vont transformer le média radio. C’est tout d’abord l’arrivée, à la fin des
années 1940, de la diffusion en modulation de fréquence (FM), qui améliore considérablement la fidélité sonore en diffusant un signal plus robuste et en apportant la stéréophonie2. Ensuite,
l’avènement du transistor, à partir des années 1950, réduit considérablement l’encombrement des postes de réception (jusque-là des meubles imposants), et fait ainsi de la radio un média
véritablement mobile. Ce positionnement lui permet ainsi de mieux se différencier d’un nouveau média alors émergent : la télévision. > Un auditeur français écoute la radio près de 3
heures par jour Aujourd’hui, un auditeur français écoute en moyenne la radio près de 3 heures par jour dont 1 heure en voiture3, essentiellement en FM. Quelques radios continuent encore
aujourd’hui à être diffusés en AM mais cette technologie centenaire est vraisemblablement amenée à disparaître dans les prochaines années : Radio France a ainsi annoncé l’arrêt d’ici la fin
de l’année 2016 de la diffusion de toutes ses stations encore diffusées en AM (en ondes longues et ondes moyennes), ce qui permettra à la société d’économiser des coûts de double diffusion4.
NUMÉRISER LE RÉSEAU DE DIFFUSION : LA RNT Le média radio a cherché dès les années 1980 à numériser sa diffusion grâce à la mise en place d'un nouveau réseau, la radio numérique
terrestre (RNT). Au niveau technique, la RNT est l’équivalent de la TNT pour la télévision : la numérisation des signaux permet d’optimiser l’utilisation du spectre radioélectrique (les
fréquences hertziennes) en réduisant considérablement les ressources nécessaires à la diffusion de chaque service de radio. Cela permet ainsi la diffusion d’un plus grand nombre de stations
de radios à des coûts unitaires réduits, et l’amélioration de la résolution sonore des émissions. La numérisation donne également aux éditeurs la possibilité d’enrichir les programmes avec
des données associées sous forme textuelle ou graphique. La RNT a déjà été lancée dans plusieurs pays d’Europe, notamment au Royaume-Uni dès 1999, ou plus récemment en Allemagne en 2011. Son
lancement officiel en France ne date que de juin 2014, après plusieurs années d’expérimentations et d’hésitations. Si le réseau numérique ne couvre aujourd’hui que les agglomérations de
Paris, Marseille et Nice, le CSA vient de publier son calendrier d’appels à candidatures qui prévoit une extension progressive de la couverture de la RNT d’ici 20235. > Un foyer français
possède en moyenne dix récepteurs de radio non > compatibles avec la RNT Depuis l’élaboration de la technologie et les premières expérimentations qui ont eu lieu au début des années 1990,
le développement commercial de la RNT aura nécessité un temps de maturation important, qui est principalement lié à l’incompatibilité du parc de récepteurs avec la RNT, ce qui requiert le
renouvellement complet des postes de radios, alors que le nombre détenus par foyer est élevé (un foyer français possède aujourd'hui en moyenne dix récepteurs de radio non compatibles
avec la RNT, autoradios inclus)6. Le coût pour les éditeurs de la double diffusion de leurs programmes en RNT et en FM pose également problème : en effet, au risque de perdre leurs auditeurs
actuels, les éditeurs qui diffusent en RNT devront maintenir une diffusion de leur radio en FM pendant plusieurs années en attendant le renouvellement complet du parc en récepteurs
compatibles RNT. On note que pour ce qui concerne la numérisation de la télévision en France, près de sept ans de double diffusion analogique/numérique auront été nécessaires avant le
passage à la diffusion tout numérique fin 2011 ; une extinction de la FM devrait prendre, le cas échéant, davantage de temps compte tenu du nombre de récepteurs à remplacer plus important en
radio qu’en télévision (moins de deux écrans de télévision en moyenne par foyer français). Enfin, le développement de l’usage de l’écoute de la radio sur le web peut également constituer un
obstacle à la généralisation de la RNT. En raison de la saturation des bandes de fréquences utilisées pour la FM, la RNT est une opportunité de nouveau marché pour les radios ayant une
couverture limitée en analogique, ainsi que pour de nouvelles radios. La RNT utilise en effet de nouvelles bandes de fréquences. En revanche, l’incompatibilité avec la RNT des terminaux
connectés (smartphones et tablettes), que la plupart des français utilisent déjà quotidiennement pour de multiples usages, est un frein certain à l’utilisation de ce réseau pour les
auditeurs. Certains pays ont déjà amorcé des réflexions, plus ou moins avancées, sur l’extinction de leur réseau analogique au profit de la RNT. La Norvège prévoit ainsi l’arrêt de la FM à
partir de 2017. DIFFUSION SUR LE NET ET USAGES NON-LINÉAIRES Dès la fin des années 1990, en dépit des connexions intermittentes et des faibles débits disponibles, quelques éditeurs ont
commencé à expérimenter la diffusion de leurs radios en streaming sur Internet. Ce comportement précurseur a ensuite largement été suivi, puis conforté par le développement du haut-débit et
l’arrivée des nouveaux terminaux connectés, notamment les smartphones7 qui ont démocratisé l’utilisation de l’Internet mobile. En France, près de 11 % du volume d’écoute de la radio est
réalisé aujourd’hui à partir des supports multimédia (mobile, ordinateur, TV, tablette, baladeur)8. La diffusion sur le web permet aux stations de radio de s’affranchir des limites des
réseaux hertziens, notamment des coûts fixes importants liés à l’installation et à la maintenance des émetteurs, ou encore la nécessité de répondre à des appels à candidatures dans un
calendrier et une étendue géographique prédéfinis, avant de pouvoir commencer à émettre9. Internet a ainsi permis aux éditeurs de s’adresser à un public plus large et de décupler leur offre
de programmes en lançant de nouvelles radios uniquement en ligne. Contrairement à la diffusion hertzienne, les coûts de diffusion en streaming sont proportionnels à l’audience, ce qui est
intéressant pour les radios ayant une audience limitée mais pourrait s’avérer problématique pour les radios les plus populaires, à mesure que cet usage se développe. Pour l’auditeur,
recevoir la radio via le web impose de disposer d’un abonnement à Internet et donc d’en assurer le coût, contrairement à la réception hertzienne qui ne nécessite aucun abonnement. Ceci est
toutefois peu limitant compte tenu de la pénétration croissante du haut et du très-haut débit, à la fois en réception fixe et mobile, du succès commercial des abonnements illimités, ainsi
que de l’ensemble des autres services qui sont accessibles depuis une connexion à Internet. Reste la question de la qualité de service de réception en mobilité dans certaines zones
géographiques, et notamment en voiture. La diffusion des radios sur Internet a donné naissance à de nouveaux usages, et en particulier à la consultation des programmes en mode non-linéaire,
le podcasting,apparu aux États-Unis en 2004. Elle a aussi permis à la radio de s’enrichir de données multimédias et interactives liées au programme en cours10, voire de la vidéo en direct
(que l’on appelle aussi la “radio visuelle”) . Les sites web ou applications mobiles de certaines radios se parent ainsi des allures de la presse en ligne, voire de chaînes de télévision, à
l’image du site de France Info qui ressemble de plus en plus à une chaîne d’information de la TNT. La radio prend ainsi vraiment le chemin de la convergence des médias initiée par Internet.
Une autre voie prometteuse d’évolution des usages apportée par le web est enfin celle de la personnalisation. Certains éditeurs ont déjà commencé à personnaliser leurs programmes, notamment
en déclinant leurs radios en plusieurs webradios indépendantes visant des auditeurs aux goûts et aux envies différents (NRJ en France annonce par exemple mettre à disposition 154
webradios11. Les plateformes de streaming musical dont la concurrence peut représenter une menace pour les éditeurs de radios12 vont déjà encore un peu plus loin dans la personnalisation en
utilisant des algorithmes de recommandation automatiques qui proposent aux auditeurs des listes de lecture musicales individualisées, pouvant être écoutées de manière ininterrompue, tels que
la fonctionnalité “Flow” de Deezer ou le service Pandora aux États-Unis. ÉCOUTER LE SON EN TROIS DIMENSIONS En améliorant considérablement la sensation d’immersion sonore apportée par la
stéréo, le son “3D” est une nouvelle étape dans l’immersion sonore d’un programme radiophonique. L’introduction de la stéréo à la radio dans les années 1950 est liée au développement de
l’écoute de programmes musicaux. À la différence de la diffusion en mono, la radio en stéréo consiste à diffuser deux signaux sonores différents : un destiné à l’oreille gauche de
l’auditeur, l’autre à son oreille droite. Ces deux signaux sont ensuite reproduits sur deux haut-parleurs, ce qui donne à l’auditeur une sensation de relief. La prise de son d’un programme
produit en stéréo est, dans son principe, réalisée à partir de deux micros qui sont suffisamment espacés l’un de l’autre afin de reproduire la distance séparant nos deux oreilles. La
sensation de relief rendue par la stéréo est cependant trop imprécise pour permettre à l’auditeur de bien distinguer l’origine et la direction d’un son. Deux modalités techniques
alternatives peuvent alors être mises en œuvre pour améliorer la spatialisation sonore d’un service de radio, et ainsi parler véritablement de “son 3D”: la diffusion d’un son en multicanal,
ou bien d’un son binaural. Certains éditeurs de radios proposent déjà sur Internet des programmes à la demande avec l’une ou l’autre de ces deux modalités13. La radio en son multicanal
permet d’améliorer le relief grâce à la capture, la diffusion, puis la restitution de plusieurs composantes d’une même source sonore. Plus le nombre de composantes est important, meilleure
sera la précision de la sensation de relief. Un son dit “Surround 5.1”, largement utilisé pour la vidéo et la télévision, donne ainsi, grâce à 6 composantes, une amélioration appréciable en
comparaison de la stéréo (qui peut être considérée comme un son multicanal de seulement deux composantes). D’autres formats encore plus riches existent comme le “7.1” ou même le “22.2”. La
spatialisation sonore n’est cependant bien rendue qu’à condition de disposer d’un environnement d’écoute adapté : casque audio spécifique, ou chaîne Hi-fi équipée de plusieurs enceintes
correctement disposées dans la pièce. Si un tel prérequis peut limiter l’adoption de ce procédé de son 3D, cet environnement d’écoute est toutefois commun avec celui utilisé pour le “home
cinéma”, déjà présent dans de nombreux foyers. Le son binaural s’appuie sur une nouvelle méthode de captation du son : aux micros classiques disposés à plusieurs endroits de la pièce se
substitue un dispositif spécial qui prend la forme d’une tête humaine pourvue de deux oreilles à l’entrée desquelles sont disposées les deux micros. En prenant en compte la physionomie
particulière de l’oreille externe lors de la captation du son, cette technique permet d’enregistrer avec précision les caractéristiques spatiales d’un son telles qu’elles seraient perçues
par un auditeur sur le lieu même de la captation. Le son binaural utilise seulement deux composantes sonores à l’instar de la stéréo. Pour profiter pleinement de la spatialisation sonore,
l’auditeur doit utiliser un casque ou des écouteurs afin que chacun des deux signaux soit reproduit tel quel à l’entrée de chaque oreille. Si la nécessité d’utiliser un casque ou des
écouteurs peut s’avérer limitante pour la généralisation du son binaural (dans les situations d’écoute collective par exemple), la sensation de relief fonctionnera toutefois avec n’importe
quel équipement stéréo du marché. Il est encore difficile de savoir si la radio en son 3D se généralisera dans un futur proche, quand on considère l’échec de certaines prévisions au sujet de
la télévision en trois dimensions, ainsi que les limites des deux techniques de spatialisation sonore évoquées précédemment. L’immersion sonore passant aussi par la qualité du son, on peut
s’attendre prochainement à une amélioration notable dans ce domaine grâce à la numérisation de la diffusion, à la généralisation du très haut-débit et à l’utilisation de nouveaux formats de
codage audio toujours plus efficaces. En matière d’accès, la diffusion sur Internet, en complément de la diffusion hertzienne terrestre, a permis d’augmenter l’exposition du public à la
radio, grâce à la grande variété de modalités de réception disponibles : en voiture grâce à l’autoradio, dans la rue avec son smartphone ou encore à la maison sur sa tablette. Cette tendance
pourrait encore s’accentuer dans les prochaines années, grâce au développement des objets connectés et des fonctionnalités de continuité d’écoute sur l’ensemble des terminaux. Il reste à
savoir si les éditeurs pourront pleinement profiter de ces innovations, et comment les auditeurs s’empareront de ces usages. Avertissement : cet article est une contribution personnelle qui
n’engage que son auteur et ne reflète en aucun cas l’opinion du ministère de la Culture et de la Communication -- Crédits photos : _Music to my eyes_. _FuRFuR_ (Sébastien Rofidal) / Flickr.
Licence CC BY-NC-ND 2.0 _The iSTREAM2 is a nostalgic 1950s style retro radio with DAB/ DAB+ advanced Wi-Fi internet radio features_. RobertsRadiouk /Wikimedia Commons. Licence CC BY-SA 4.0
_Serial Podcast_. Casey Fiesler / Flickr. Licence CC BY 2.0 * 1Pour des usages d’abord principalement militaires (télégraphie sans fil pour les communications marines). * 2La technologie de
diffusion dite par modulation d’amplitude, ou AM, introduite à la naissance de la radio ne permettait de diffuser que du son monophonique. * 3Source : Médiamétrie, « 126 000 Radio » et «
L’Année Radio 2013-2014 », données d’écoute en semaine pour les plus de 13 ans. * 4http://www.radiofrance.fr/extinction-des-ondes-moyennes * 5Conclusions du Conseil supérieur de
l’audiovisuel sur la consultation publique du 10 juin 2015 relative à la poursuite du déploiement de la RNT, publiée en décembre 2015. * 6Source : Médiamétrie, Étude Équipement Radio, 2015.
* 7En 2007. * 8Source : Médiamétrie, Global Radio, septembre-octobre 2015. * 9Ces obligations, qui sont définies dans la loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, ont
notamment pour objectif une gestion efficace des fréquences hertziennes, qui est une ressource rare, ainsi qu’une sélection des radios sur la base d’un « mieux-disant culturel ». * 10Le RDS
a déjà permis, dès la fin des années 1980, de diffuser des données associées aux programmes radiophoniques sur le réseau FM, toutefois limitées aux données textuelles. Avec la RNT, les
éditeurs ont la capacité d’ajouter des données graphiques à destination de certains récepteurs disposant d’écrans compatibles. Avec Internet, les éditeurs peuvent pleinement profiter de la
généralisation des capacités multimédia des récepteurs connectés multi-usages, notamment avec la vidéo. * 11Consulté le 13 janvier 2016. * 12D’après Médiamétrie, 42 % des internautes
français utilisent un service de streaming musical à la demande gratuit ou payant (Web Observatoire : 3ème trimestre 2015). * 13Notamment Radio France sur son site NouvOson.
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