La presse écrite tend l’oreille vers les articles audio
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Passer de l'écrit à l'oral permet à la presse écrite de fidéliser et élargir son audience. © Crédits photo : Howard Bouchevereau / Unsplash. Les versions audio des articles écrits
se multiplient sur les sites et applications des journaux français. Lus par des comédiens, des journalistes ou des voix de synthèse, les articles connaissent une nouvelle vie. Objectifs :
fidéliser les abonnés et élargir l’audience. Maya Elboudrari Publié le 24 mai 2021 Mediapart et _Le Monde Diplomatique_ les proposent depuis des années, le Figaro et_ _les_ Échos_ s’y sont
mis pour leurs éditos, _L’Express_ s’écoute en intégralité, _Le Monde_ ou _Le Journal du Dimanche_ y réfléchissent... À l’heure du boom des podcasts, les versions audio des articles écrits
attirent de plus en plus les médias. Pour fidéliser leurs abonnés et en conquérir de nouveaux, les journaux veulent varier les formats sur un même contenu et passent ainsi de l’écrit à
l’oral. UNE OFFRE QUI SE DÉVELOPPE PETIT À PETIT En 2020, _L’Express_ est devenu le premier magazine français à présenter une version audio complète. Sur son application, la rédaction
propose la lecture de son édition par des comédiens pour une durée de près de cinq heures chaque semaine, avec comme objectif de fidéliser ses abonnés, et d’atteindre un nouveau public.
Quelques articles sont aussi disponibles gratuitement sur le site du magazine ou sur les plateformes d’écoute comme Spotify, à l’instar des autres médias qui se sont mis à la lecture audio.
Pour mettre en place cette édition,_ L’Express_, comme d’autres médias français, s’est inspiré des journaux anglo-saxons, dont certains proposent des options audio depuis des années. Plus
précisément, le magazine a repris la formule de l’hebdomadaire britannique _The Economist_, qui a instauré une version lue de tous ses articles dès 2007. Pour Tom Standage, responsable de la
stratégie digitale de l’hebdomadaire britannique, « _les lecteurs sont souvent pressés par le temps et se sentent coupables de ne pas avoir lu suffisamment l'édition d'une semaine
donnée avant l'arrivée de la suivante _». Selon lui, ces articles lus par une demi-douzaine de présentateurs ou journalistes radio se distinguent des podcasts : ils demandent plus de
concentration et sont réservés aux abonnés. « _Nous considérons qu'il s'agit à la fois d'un service aux lecteurs et d'un outil de fidélisation, car les personnes qui
prennent l'habitude d'écouter l'édition audio sont plus susceptibles de rester abonnées chez nous. _» En France, _Le Monde Diplomatique_ a développé son offre audio dès 2015.
Le mensuel_ _rend aujourd’hui douze articles par numéro accessibles à l’écoute pour ses abonnés sur son site, lus par quatre comédiens. « _Une fois que le journal est bon à tirer, on choisit
les articles avec le rédacteur en chef : tous ceux à la une, et aussi d’autres qu’on juge agréables à écouter, au ton enlevé, sans trop de chiffres ou de noms propres_ », explique Thibault
Henneton, en charge de l’audio. Mediapart s’est aussi lancé dans l’audio en 2014, après quelques essais en 2011, mais cette activité n’a, jusqu’ici, pas été centrale dans la stratégie du
pure player. « _On a privilégié la vidéo très vite, et on a peu communiqué sur la partie audio, alors qu’on est l’un des premiers médias en France à avoir proposé cette option. Maintenant,
on veut diversifier les voix, et développer une offre de podcasts autour, pour toucher un nouveau public_ », avance Stéphane Alliès, le directeur éditorial. Le site souhaite aujourd’hui
consacrer davantage d’attention à ces formats, pour offrir un article lu par jour. > _« Dans un édito, le journaliste remet en voix ce qu’il a pu > écrire. _» > _CLÉMENCE
LEMAISTRE, RÉDACTRICE EN CHEF WEB, LES __Échos _ Pour instituer une offre quotidienne, une partie des journaux adaptent à l’audio leurs éditoriaux lus par les journalistes, en les rendant
accessibles à tous sur les plateformes comme Spotify ou Apple. C’est le cas de _Marianne_ depuis avril 2021 et des_ Échos _depuis 2018 — le magazine économique a suspendu cette option avec
le confinement, mais prévoit bien d’y revenir. Le_ Figaro_ réserve quant à lui ses voix humaines aux éditos, alors que, sur l’application, le reste des articles n’est disponible qu’en
version synthétique. Pourquoi se concentrer sur ce type d’articles ? « _Un édito, c’est vraiment incarné par la personne qui l’écrit, il y a une forme d’engagement, de prise de position. Le
journaliste remet en voix ce qu’il a pu écrire _», répond Clémence Lemaistre, rédactrice en chef web pour _Les Échos_. « _C’est souvent l’article le plus lu de la semaine. Et ça nous
semblait être le plus simple pour un premier test de podcast _», complète Aaron Fonvieille-Buchwald pour _Marianne_. Le magazine a commencé à proposer il y a deux mois en version audio les
éditoriaux écrits et vidéo de Natacha Polony (qui « _démarrent un peu lentement_ », autour de 5 000 à 10 000 écoutes), et aimerait développer cette offre d’ici deux ans. « _ON TOUCHE UNE
CIBLE PLUS JEUNE QUE LE LECTORAT HABITUEL »_ L’investissement dans l’audio semble payant._ Le Monde diplomatique_ consacre à présent autour de 3 000 € par numéro à son édition audio.
Habillages sonores, mixité des voix, variété des articles proposés… le journal atteint environ 300 000 écoutes par mois, selon ses propres chiffres. Dans cette audience, Alix, étudiante de
19 ans. La jeune fille s’est abonnée en partie pour cette version audio : « _C’est beaucoup plus simple pour moi d’écouter que de lire. Pour des articles d’une ou deux pages, il faut réussir
à se concentrer, alors que là je peux peindre, dessiner ou jouer aux jeux vidéo en même temps_ ». « _On sait que lorsqu’on va sur les plateformes d’écoute comme Spotify ou Apple pour
proposer ces versions audio, on touche une cible plus jeune que le lectorat habituel. C’est sur ces plateformes et sur les réseaux sociaux que ça se joue _», commente Arthur Fouvez,
directeur général adjoint du groupe _L’Express._ Jérôme, 54 ans, chef d’entreprise, s’est réabonné au magazine exclusivement pour sa version audio, qu’il écoute plusieurs soirs par semaine
lorsque ses yeux « _sont saturés_ ». « L’Express_ est revenu dans mon quotidien alors qu’il avait disparu, l’audio est une vraie valeur ajoutée_ », témoigne-t-il. La version audio pousserait
davantage à aller au bout des articles, ou à en découvrir de nouveaux. « _Ça m’incite à cliquer sur le bouton d’écoute dès qu’un titre m’intéresse, pour des articles que je n’aurais pas
forcément lus_ », souligne par exemple Benoît, développeur de 35 ans, qui écoute notamment _Le Monde diplomatique_. La majorité des médias interrogés ne s’adressent donc pas en priorité aux
personnes aveugles ou malvoyantes à travers leurs éditions audio. Ces options ne sont, en effet, souvent pas adaptées aux lecteurs d’écran des personnes handicapées. « _Les plus jeunes ou
les personnes qui maîtrisent complétement les logiciels sauront se diriger sur ces sites. Mais la majorité de nos abonnés, les plus âgés, n’y arriveraient jamais_ », commente Virginie
Marcelli chez Vocale Presse. Sur abonnement, ce site met à disposition une version audio automatique générée à partir des articles de plusieurs dizaines de médias français, pour des
personnes qui ne peuvent pas ou plus les lire. Certains médias s’intéressent néanmoins à ces possibilités. _La République du Centre_ a par exemple présenté un premier article au sujet du
handicap le 30 avril, accessible via SoundCloud et lu par la journaliste qui l’avait écrit. C’est aussi la raison pour laquelle _Ouest-France_ propose une synthèse vocale automatique de ses
articles depuis plusieurs années, sans beaucoup de développement pour l’instant. « _NE PAS SURJOUER_ » Côté voix, les journaux ont le choix entre les logiciels de synthèse ou la lecture par
des comédiens ou des journalistes. Chez Mediapart, c’est pour l’instant un comédien qui choisit les articles qu’il lit pour les abonnés du pure player, en fonction de leur taille, de leur
thème, et de leur actualité — inutile de proposer un contenu « chaud » en version lue plusieurs jours plus tard. _Le Monde Diplomatique_ et le journal d’investigation en ligne se sont
partagés pendant des années une voix, celle d’Arnaud Romain. De lui-même, ce comédien a proposé en 2014 à ces deux journaux qu’il appréciait d’en constituer une version lue. Habitué des
livres audio, il s’est plié à un nouvel exercice avec l’écriture journalistique : « _On se met en arrière en tant que comédien, il ne faut pas surjouer. On est là pour mettre en évidence ce
qu’un journaliste a investigué _». Il reconnaît que pour des articles plus longs — ceux du _Monde diplomatique_ peuvent atteindre trente minutes — il faut « _interpréter davantage, pour
capter l’attention _». Comment passer de l’écrit au son ? Certains médias refusent de penser autrement leurs articles. « _Je préfère que la technologie s’adapte à ce que font les
journalistes plutôt que l’inverse. Je ne veux pas que la question d’une écriture différente se pose_ », commente Julien Cadot, pour Numerama. « _Il faut faire ressentir les citations, lire
doucement, introduire le titre… Aménager sans réécriture_ », détaille Marie Guibal de _La République du Centre_. D’autres changent légèrement l’écriture, comme _Les Échos,_ ou transforment
les contenus pour les rendre plus agréables à écouter. C’est le cas du podcast À Voix haute chez_ Ouest-France_, qui sélectionne régulièrement depuis 2019 des articles pour les adapter en
audio, en intégrant par exemple des ambiances sonores ou quelques phrases des témoignages lorsque le ou la journaliste les a enregistrés. Ces podcasts sont écoutables par tous, sur les
plateformes comme sur le site, et publiés quelques temps après les articles sources, qui sont quant à eux payants. « _Certains épisodes atteignent plusieurs milliers d’écoute. La narration
différente vise un public plus jeune, plus mobile, moins en contact avec le journal papier_ », décrit Edouard Reis Carona, rédacteur en chef délégué. LE PARI DES VOIX SYNTHÉTIQUES Pour
certains auditeurs, un article « joué » par une voix humaine ne garantit pas un résultat agréable à l’oreille. Benoît a arrêté d’écouter Mediapart pour cette raison : « _J’avais vraiment
l’impression d’être au théâtre, alors que ce n’était pas du tout le ton de l’article. _» Jérôme, le chef d’entreprise abonné à _l’Express, _juge quant à lui la qualité de lecture « _très
moyenne _» et un peu mécanique. Ces deux journaux, comme la plupart des autres, se méfient des logiciels de synthèse vocale, dont la qualité serait encore trop robotique pour écouter
convenablement des articles. Numerama, au contraire, a noué le premier partenariat français en avril avec Remixd et en tire pour l’instant un bilan satisfaisant. « _25 % des écoutes vont
jusqu’au bout, sachant que les formats ne durent jamais moins de deux ou trois minutes. C’est assez énorme quand on compare à un temps de lecture classique sur le web, qui est plutôt autour
d’une minute_ », s’enthousiasme Julien Cadot, directeur de la stratégie éditoriale du site. Remixd, entreprise de text-to-speech, passe automatiquement tous les articles à l’audio, en
intégrant quelques publicités. « _Ce n’est pas avec ça qu’on va révolutionner notre business model. C’est plutôt une fonctionnalité de confort, et une nouvelle manière d’accéder à
l’information, en faisant autre chose en même temps_ ». Plusieurs médias qui n’ont pas encore franchi le pas confient réfléchir aux options de l’audio, comme _Le Monde_ ou _Le Journal du
Dimanche_. L’hebdomadaire garde un œil sur les éditions des médias étrangers, pour peut-être démarrer la sienne dans les prochains mois. Il vient d’ailleurs de lancer début mai, sur les
plateformes d’écoute, une version audio de « L’antisèche », rubrique quotidienne qui décrypte sur le web un mot ou une expression dans l’actualité. Celle-ci est produite par Europe 1.
Jusqu’à présent, les articles audio réservés aux abonnés ne sont disponibles que sur les sites des médias, leurs applications mobiles ou via des flux RSS privés. Mais Apple et Spotify ont
récemment annoncé que leurs plateformes pourraient bientôt accueillir des podcasts payants, une nouvelle opportunité pour ces éditions audio. « _Cela peut signifier que les mentalités
commencent à évoluer, que les gens ne s'attendent plus à ce que tous les podcasts soient gratuits. Nous surveillerons ça de près_ », souligne Tom Standage pour _The Economist_. Comment
ce format audio, qui semblait s’inscrire initialement dans le prolongement de la radio amateur, est devenu un média à part entière ? Retour sur les grandes dates de l’histoire du podcast.
ENTRETIEN AVEC DELPHINE NOYON Dans les médias français, les podcasts ont le vent en poupe, qu’il s’agisse des quotidiens nationaux, des hebdomadaires… et même de la presse régionale.
Rencontre avec Delphine Noyon (_La Nouvelle République du Centre-Ouest _et _Centre Presse)_.
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