Climat, Covid-19, IA : le casse-tête de la recherche photos | la revue des médias
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Comment illustrer un article en photo sans tomber à côté, ni dans le cliché ? La question se pose d’autant plus pour des sujets nouveaux ou abstraits, sur lesquels chacun peine à se faire
une idée. Il faut du temps pour élaborer collectivement une image juste de la réalité.
« Ça commence. » Le 14 juin dernier, avant une canicule historique par sa précocité, le journaliste Loup Espargilière, fondateur du média Vert, s’agace sur Twitter : « à peine les premiers
signes d’une brutale vague de chaleur qui va mettre à rude épreuve nos organismes, notre agriculture et l’ensemble de la biodiversité, que certains médias brandissent déjà des images de
vacanciers ravis d’être à la plage. » Des pieds dans les vagues, des parasols et des danses inspirées sous les jets d’eau. Or, rappelle le journaliste, « une vague de chaleur ou une
canicule, c’est beaucoup de souffrances, notamment chez les plus précaires, les plus âgés, les travailleurs en extérieur ». Et il demande à ses confrères et consœurs de « se mettre à
réfléchir aux imaginaires qu’ils véhiculent ». Le même jour, Marc Hay, le présentateur météo de BFMTV s’emportait lui aussi : « la France va cramer cette semaine ! » Un changement de ton
assumé dans l’espoir de provoquer un électrochoc.
En parallèle de ce coup de gueule bien senti, Vert relaie l’étude menée par Saffron O’Neill, une géographe britannique selon laquelle « visual portrayals of fun in the sun misrepresent
heatwave risks in Europeans newspaper (dans les jounaux européens, les images de détente au soleil représentent mal les risques liés à la canicule, NDLR) ». Les scientifiques ont observé un
corpus de 245 articles en France, Allemagne, Pays-Bas et Royaume-Uni traitant de la canicule de 2019. Tous les pays, et particulièrement le Royaume-Uni et les Pays-Bas, représentent la vague
de chaleur par des photos d’activités de loisir en extérieur. « Cela crée une dissonance entre l’information catastrophique et l’illustration légère, les lecteurs ne comprennent pas et cela
n’invite pas à l’action », note Loup Espargilière.
Pour ne pas provoquer « l’évitement délibéré des informations », il faut trouver un juste ton, un équilibre. Sur France 2, la présentatrice des bulletins météo de 13 et 20 heures, Chloé
Nabédian, tranche : « à 13 heures, je propose un bulletin grand public avec des informations susceptibles d’intéresser les vacanciers ; tandis qu’à 20 heures le discours sera plus orienté
pour informer les professionnels météo-dépendants. » Mais l’équilibre semble difficile à tenir et la journaliste indique se voir reprocher d’être « soit trop anxiogène, soit trop légère ».
Une réflexion serait donc en cours chez France télévisions pour mettre en place un journal du climat hebdomadaire afin d’approfondir certains sujets et de ne plus s’en tenir à la simple
météo. Les choses bougent, donc, même dans les grands médias. Le 14 septembre, Loup Espargilière, accompagné de confrères et consœurs de plusieurs rédactions, a publié une « Charte pour un
journalisme à la hauteur de l’urgence climatique ». Troisième des treize points de ce document visant à mieux traiter le changement climatique : « s’interroger sur le lexique et les images
utilisées […] éviter les images éculées et les expressions faciles qui déforment et minimisent la gravité de la situation ». Quant à Radio France, sa directrice a dévoilé fin août un
manifeste qui engage la Maison ronde dans un « tournant » environnemental, avec notamment un plan de formation à destination de ses équipes.
Thierry Meneau, chef du service photo au quotidien Les Échos, n’a pas attendu le coup de gueule de Loup Espargilière ou de Marc Hay pour mener une réflexion avec ses équipes sur la manière
d’illustrer le changement climatique. « La photo d’une rivière à sec n’est pas toujours pertinente pour parler de changement climatique : ça se passe où, et quand ? » Aux Échos, l’angle du
papier va orienter le choix de la photo. Un champ pour l’agriculture, une rivière pour la sécheresse, une fontaine ou des travailleurs en plein soleil pour la canicule, et ainsi de suite.
Une autre contrainte est à prendre en compte : le volume des publications. Entre le « print » et le web, les cinq journalistes-iconographes du service photo des Échos doivent illustrer entre
100 et 150 articles par jour. « Argent, placements, responsabilité sociale des entreprises (RSE), intelligence artificielle (IA), etc. Nous montrons beaucoup de concepts. » La règle est
donc d’aller au plus simple. « En voyant la photo, il faut que le lecteur puisse immédiatement comprendre de quoi il s’agit », explique Thierry Meneau. Quitte à tomber parfois dans certains
clichés.
Alberto Romele est chercheur en philosophie des techniques à l’université de Tübingen (Allemagne) et à la Fondation Bruno Kessler de Trente (Italie). Il s’intéresse notamment à la manière
dont l’intelligence artificielle est représentée. Certes, les articles de presse ou les articles scientifiques sont largement illustrés par des figures d’humanoïdes mi-chaire mi-pixels. Mais
Alberto Romele s’attarde sur un détail : la surabondance de bleu. « Statistiquement, le bleu est la couleur préférée dans le monde. C’est une couleur connue pour apaiser, calmer. Elle
rassure. Et en même temps, c’est la couleur de l’océan, de l’infini, de la transcendance, de la noblesse, autant de choses inaccessibles au commun des mortels. » Pour le chercheur, ce double
langage du bleu qui d’un côté rassure et de l’autre marque sa distance a pour conséquence directe de ne pas permettre aux citoyens de se saisir de ce sujet. « L’utilisation du bleu
anesthésie le débat que devrait susciter l’IA car les citoyens se sentent à la fois rassurés et en même temps comprennent immédiatement que des experts s’en occupent. »
Pour lui, le problème tient en deux mots : banque d’images. « Getty Images ou Shutterstock jouent un rôle dans nos imaginaires. Quand on cherche « IA », c’est une IA qui vous induit des
images d’IA… » C’est le serpent qui se mord la queue. « Il existe environ 400 000 images d’IA sur Shutterstock mais ce sont toujours les mêmes qui ressortent car c’est l’algorithme qui met
en avant celles qui ont le plus de succès. Cet engrenage est déterminé par l’IA elle-même. » Et par le fait que les journaux, par manque de moyens, font de moins en moins appel à des
professionnels pour produire des photos originales, d’autant plus sur ces sujets particulièrement complexes à mettre en scène. Aux Échos, Thierry Meneau et son équipe est régulièrement
confronté à cette difficulté. « Nous ne sommes pas fans des images de stock, mais parfois elles nous sauvent ! Et elles nous permettent de faire appel à des photographes sur d’autres sujets.
»
Alberto Romele a repéré trois grands types d’illustrations pour l’intelligence artificielle, toutes insatisfaisantes. La première consiste à proposer des images d’algorithmes or, comme le
suggère le chercheur, « une photo du cerveau ne montre pas l’intelligence, donc une ligne de code ne montrera pas l’intelligence artificielle ». La deuxième solution serait d’illustrer
l’intelligence artificielle par des photos d’objets fonctionnant grâce à elle. Là encore, le problème est de poser la question de savoir si la voiture autonome représentée est vraiment
autonome. Enfin, la dernière manière de représenter l’IA est de faire appel à l’imaginaire. C’est ici que les iconographes retombent bien souvent dans les banques d’images. Or, des
alternatives existent selon Alberto Romele. L’initiative de Better images of AI ou encore du CNRS proposent des banques d’images afin de mieux illustrer l’IA : travaux en laboratoire ou
encore œuvres d’artistes « donnant à penser ». Le risque, là encore, serait de laisser le lecteur sur le bas-côté en lui laissant croire que ces sujets sont trop conceptuels, trop complexes.
Et surtout, que ces sujets ne le concerneraient pas, alors que l’intelligence artificielle est déjà ancrée dans le quotidien, du fonctionnement du smartphone à celui de Parcoursup.
Comme avec l’intelligence artificielle et le climat, décalage et dissonance ont été au cœur des problématiques d’illustration du Covid-19 en début de pandémie. « Depuis le début de la
pandémie, les médias illustrent les risques liés au Covid par des photos de gens prenant le soleil sur la plage ou dans des parcs, alors que la plupart des contaminations se passent en lieux
clos », s’étonnait, en avril 2021, la journaliste Guillemette Faure dans La Revue des médias. « Peut-être avons-nous encore en tête les discours du premier confinement », cette injonction à
rester chez soi, cette décision d’un confinement strict prise par un Emmanuel Macron effrayé par l’insouciance printanière des Français au printemps 2020.
Plus de deux ans après le début de la pandémie, la manière d’illustrer le Covid-19 a largement évolué. Désormais, les médias donnent à voir des masques, des illustrations du virus, des gants
en laboratoire, des lits d’hôpitaux, des tests PCR, voire des individus vêtus de combinaisons intégrales anti-virus. Cette évolution de la représentation de ce sujet va de pair avec notre
compréhension de ce même sujet. Comme si nous avions collectivement grandi, appris de nos erreurs. Peut-être en sera-t-il de même avec le climat. Probable, quand on voit l’évolution de la
représentation de la diversité dans les médias.
Depuis deux ans, la rédaction des Échos a mis en place un suivi sur la présence des minorités dans les photos publiées ou diffusées. « Nous faisons en sorte de ne pas systématiquement
choisir une photo d’hommes pour illustrer un article sur les cadres supérieurs, de la même manière que nous sommes attentifs à ne pas prendre toujours des photos de femmes pour illustrer un
article sur des professionnels de santé », indique Thierry Meneau. Mais pour illustrer un article sur la Bourse, trouver une femme trader est mission quasi impossible, confie l’équipe photo.
Pour certaines interviews, le journal fait appel à des photographes professionnels. Une à deux fois par mois, Les Échos passent commande auprès d’un photographe, alternant entre un homme et
une femme. Parce que la diversité se joue aussi derrière l’image.
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