Les avatars de la radio indienne, du transistor au podcast

Larevuedesmedias

Les avatars de la radio indienne, du transistor au podcast"


Play all audios:

Loading...

La superficie du sous-continent indien, sa diversité géographique, linguistique, socio-culturelle et les difficultés d’infrastructures font qu’il est toujours difficile d’y obtenir des


chiffres fiables. Certains font autorité, comme ceux issus du recensement décennal. Le dernier, mené en 2011, révélait qu’à peine 20 % des ménages indiens possédaient désormais une radio, un


chiffre en chute de 15 % par rapport au recensement précédent et compensé par une hausse symétrique du nombre de ménages détenteurs d’un poste de télévision. À l’heure de la révolution


numérique promise par le Premier ministre Narandra Modi, la radio serait-elle en passe de devenir obsolète ? Dans les trains qui sillonnent sans relâche le grand Bombay aux heures de pointe,


on observe, pressés au coude-à-coude, les employés de bureaux, les vendeurs, le personnel de maison qui se rendent au travail, munis ou non de mallettes mais ayant tous les écouteurs aux


oreilles. S’il est difficile d’estimer(1) la part de ceux qui écoutent leurs play-lists, qui sont sur des plateformes de streaming musical (en pleine expansion), ou qui écoutent la radio, le


fait est que tous les grands opérateurs téléphoniques, de Vodafone à Airtel, offrent des forfaits donnant accès aux principales radio FM, et une étude du cabinet EY estimait déjà en 2011


que l’audience des radios indiennes provenait à 30 % des utilisateurs de téléphonie mobile. Quant aux chauffeurs de taxi généralement non climatisés en dépit de la température ambiante, ils


roulent toutes vitres ouvertes, ayant poussé assez loin le volume de leur radio réglée sur une station de musique Bollywood ou rétro indienne, les deux genres musicaux qui emportent de loin


l’adhésion des indiens. La radio représente certes moins de 2 % du total du secteur des médias en Inde(2) mais il ne faudrait pas réduire son importance à ce chiffre réducteur. Ses


perspectives de croissance sont bonnes, voire très bonnes puisque la radio est le média dont la progression est la plus rapide en termes de revenus. Et c’est le seul média capable de toucher


la quasi-totalité du territoire. UN SECTEUR OÙ COEXISTENT RADIOS PUBLIQUES, RADIO PRIVÉES ET RADIOS COMMUNAUTAIRES En dépit de son ancienneté – la première station de radio commença à


diffuser à Bombay en 1923 – la radio en Inde est une industrie qui n’a pas terminé sa croissance. Monopole d’état jusque 1999, l’ouverture aux acteurs privés a été très progressive et elle


est strictement encadrée. Le secteur se décompose actuellement entre le service public, le secteur privé sur la bande FM et les radios communautaires. > All India Radio reste le vecteur 


privilégié du gouvernement pour > communiquer sur ses programmes politiques et sociaux All India Radio est l’un des plus importants services publics de radio au monde. Avec ses 414


stations de radio diffusant dans 23 langages et 146 dialectes, il couvre près de 92 % du territoire indien et 99 % de sa population. Il conserve le monopole de la diffusion des informations.


Encore aujourd’hui, et cela constitue un point de contentieux avec le secteur privé, All India Radio est seul habilité à réaliser les bulletins d’actualités qui seront diffusés sans


modifications sur ses chaines ou relayés sur celles des stations FM privées. Cette restriction surprend alors qu’à la télévision, les chaines d’actualité en continu se multiplient, parfois


pour le meilleur ou pour le pire. Le gouvernement justifie son interdiction par sa crainte de voir les radios diffuser des contenus « non autorisés » - comprendre séditieux ou propres à


attiser les haines communautaires ou religieuses. All India Radio reste également le vecteur privilégié du gouvernement pour communiquer sur ses programmes politiques et sociaux. C’est sur


ses stations que le Premier ministre Narendra Modi s’adresse de manière mensuelle à la nation avec son émission _Mann Ki Baat, _régulièrement suivie par plus de 150 millions d’auditeurs et


qui se révèle être un véritable jackpot publicitaire pour la radio publique. Avec 243 stations, la radio privée FM couvre aujourd’hui 40 % du territoire et 264 villes appartenant


essentiellement au 1er et 2e tiers mais elle est en expansion rapide. Le gouvernement a enfin démarré la 3e phase d’attribution de bandes de fréquence – les précédentes avaient eu lieu en


1999 et 2006. Promise par le gouvernement depuis 2010, la mise aux enchères a démarré en 2015 et devrait s’étaler sur 4 ans. Quatre-vingt-onze nouvelles stations ont déjà été attribuées et


l’objectif est d’atteindre une couverture du territoire à 85 % par la FM d’ici à 2019. Les nombreuses contraintes en termes de plafond de parts de marché et les prix élevés limitent


cependant partiellement le succès de cette nouvelle phase, particulièrement dans les villes de 3e tiers où de nombreuses licences sont restées sans acquéreurs. Dernière pierre angulaire du


paysage radiophonique indien, la radio communautaire ne connaît pas le succès qu’on aurait pu espérer. Le gouvernement, encouragé par l’Unicef, soutient en théorie le développement de ces


radios à l’utilité sociale avérée. Gérées par la communauté pour la communauté, ces radios qui diffusent des informations locales pertinentes, que ce soit les bulletins météo ou des conseils


sanitaires, ont prouvé leur efficacité en temps de catastrophe naturelle et contribuent à l’émancipation et à l’éducation des femmes et des « castes arriérées »(3). Typiquement installées


dans des zones où les taux d’alphabétisation peuvent avoisiner les 25 % et où la possession d’un poste de télévision reste exceptionnelle, elles permettent de faire évoluer les mentalités.


Pourtant, des 4 000 radios communautaires promises par le gouvernement en 2007, seules 179 sont opérationnelles aujourd’hui, un chiffre inférieur à celui du Népal. Alors que le nombre de


dialectes en Inde serait de 1 600, les radios communautaires diffusent dans une trentaine de langages seulement. Ce manque de succès peut s’expliquer partiellement par les contraintes pesant


sur ces chaines. Leur limite de diffusion est fixée à 12 kilomètres alors qu’elles concernent justement des populations souvent très éparpillées et marginalisées. Les frais de mises en


place sont élevés. Et surtout, elles sont victimes d’un système administratif extrêmement procédurier qui amène au rejet de la plupart des dossiers. Ainsi, seule 11 % des demandes


d’ouverture de nouvelles radios communautaires ont été approuvées depuis 2012. Une situation qui ne devrait pas s’améliorer en 2016, alors que le gouvernement a encore réduit le budget qui


leur est attribué. UN PAYSAGE RADIOPHONIQUE DOMINÉ PAR QUATRE GRANDES STATIONS [embedded content] Qu’écoutent les Indiens à la radio ? Et d’ailleurs, écoutent-ils beaucoup la radio ? Il


faudra se désintéresser du secteur rural, peu couvert on l’a vu, à l’exception de la radio publique, et pour lequel on dispose de très peu de données. Même les données dont on dispose pour


l’Inde urbaine sont souvent controversées, et les grandes chaines de radio regrettent régulièrement l’absence de chiffres fiables sur les taux d’écoute. Mais le secteur est plus concentré et


moins diversifié qu’on l’imaginerait. La langue hindi domine, sauf dans le sud – il n’existe pas par exemple de chaine de radio en marathi à Bombay, alors qu’elle est la capitale du


Maharashtra, une situation que les chaines expliquent par les contraintes qu’elles ont à subir et qui pèsent sur leur rentabilité. L’un des objectifs de la phase 3 d’attribution de bandes de


fréquence, en augmentant fortement le nombre de stations, est d’ailleurs de favoriser la régionalisation. Le paysage radiophonique s’organise essentiellement autour de quatre grandes


chaines de radio. Radio City est généralement considérée comme leader, talonnée de près par Radio Mirchi, les deux autres « grandes », plus loin derrière, font jeu à peu près égal, il s’agit


de Big FM et de Red FM. Il n’est pas certain d’ailleurs que la nouvelle phase d’attribution de bandes de fréquence contribue à l’ouverture du secteur puisque ces quatre groupes ont raflé la


moitié des nouvelles stations qui viennent d’être crées. La programmation sur ces chaînes est essentiellement musicale, axée sur la musique Bollywood et le rétro hindi. On peut aussi noter


le challenger Radio One[+] NoteFruit d’une joint-venture entre le groupe Indien Next Media Works et BBC International. dont les programmes en anglais privilégient la musique anglo-saxonne et


qui est la station privilégiée des jeunes urbains aisés ou aspirant à la mobilité sociale. La tendance récente est pourtant à la diversification et à la recherche de la différenciation. On


voit se développer des talk-shows sans musique. _Ek kahani aisi bhi_, développé par Red FM a fait sa spécialité des histoires d’horreur et rencontre un vrai succès public, à tel point que la


direction de Red FM prétend avoir érodé les parts de marché de la télévision sur son créneau horaire de diffusion. De nombreuses radios s’engagent dans des campagnes pour l’environnement et


la santé, comme Big FM qui a choisi la lutte contre la consommation d’alcool ou de tabac, Radio Mirchi qui s’est engagée contre la violence au volant. > Ce sont dans les catégories 


socioprofessionnelles supérieures > qu’on retrouve un plus fort engagement envers la radio Au pays de Bollywood et de l’adulation des stars, le recours aux personnalités pour animer les


talk-shows et fidéliser les auditeurs est aussi en plein développement. Certains d’ailleurs n’hésitent pas à jouer la carte de l’élitisme pour se différencier, comme Radio One qui se


présente sans complexe comme la radio de l’« auditeur urbain, intelligent et éduqué ». Toutes ces évolutions – et l’appétence jamais démentie de l’auditeur indien pour la musique –


contribuent à faire évoluer positivement les taux d’écoute : 64 % des indiens qui captent la radio FM l’écouteraient désormais quotidiennement selon une étude récente et ils sont 79 % à le


faire depuis leur domicile. Dans les quatre grandes métropoles de Bombay, Delhi, Bangalore et Calcutta, ils consacreraient ainsi plus de 23 heures par semaine à l’écoute de la radio. Et


contrairement aux idées reçues, ce sont dans les catégories socioprofessionnelles supérieures qu’on retrouve un plus fort engagement envers la radio, avec un taux d’écoute plus élevé, une


plus forte mémorisation du nom des émissions, une constatation qui ne manque pas d’interpeller les annonceurs. Qu’en est-il des nouvelles façons d’écouter la radio ? Le cabinet KPMG, dont


les rapports font autorité dans le domaine des médias, affirmait récemment qu’on était passé de la notion de « couverture » à celle de « portée ». Il est vrai qu’on constate une présence


accrue des radios sur les réseaux sociaux, mais si le nombre de « like » obtenu par les pages officielles des principales radios peut paraître impressionnant (autour du million), on reste


très en deçà de ceux amassés par les principales chaines de télévisions, par exemple. De même, les podcasts restent une pratique minoritaire, à tel point que le terme est ignoré par la


grande majorité de la population. De l’aveu des acteurs du secteur, la radio numérique reste un marché de niche, une situation qui pourrait changer alors que les Indiens s’équipent


massivement en smartphones et accèdent de plus en plus à des forfaits data abordables. Il faudra surveiller l’impact du tout nouveau service 4G de Jio, la filiale télécom du groupe Reliance.


Approuvé par le Premier Ministre dans le cadre du plan « Inde numérique », ce tout nouveau service déployé par le groupe de Mukesh Ambani, le plus riche des Indiens, devrait permettre à des


dizaines de millions de personnes de passer directement de la 2G à la 4G à des prix défiant toute concurrence – et subventionnés – aux-dires de Mukesh Ambani, par les activités pétrolières


du groupe. Un giga de données devrait coûter, dès ce mois de septembre, 50 roupies soit 67 centimes d’euro. De quoi révolutionner les pratiques de consommation de l’internet mobile et donner


un nouvel élan à la radio. -- Crédits photos : _Prime Minister’s ‘Mann ki Baat’ on All India Radio_ [émission mensuelle du premier ministre indien Narendra Modi]. Narendra Modi / Flickr.


Licence CC BY-SA 2.0 _Living the Bajaate Raho Life - Malishka_. Red FM 93.5 Bajaate Raho! / YouTube QU’EST-CE QU’UN MÉDIA DE SERVICE PUBLIC ? - ÉPISODE 12/15 L’idée d’un service public de


l’audiovisuel est ancienne au Japon. Créée en 1925 sur le modèle de la BBC, la NHK oscille entre proximité avec le pouvoir et démocratisation. Réputée pour la qualité de ses programmes et


l’innovation technologique, elle semble renouer avec ses démons. QU’EST-CE QU’UN MÉDIA DE SERVICE PUBLIC ? - ÉPISODE 11/15 Autonome et indépendant financièrement, NHK est l’un des groupes


médiatiques les plus puissants au monde. Respecté pour sa sobriété et ses programmes culturels, le groupe japonais a cependant connu de récents scandales politico-financiers.


Trending News

Page introuvable

Page introuvable La page demandée n'existe pas. Vous pouvez accéder à la home page en cliquant ici. Moteur de recherche...

Le psg pourrait vite dire adieu à ancelotti

Grâce à sa victoire face à l'Olympique Lyonnais dimanche dernier (0-1), le Paris Saint-Germain s'est adjugé so...

Premier graveur blu-ray pour ordinateur professionnel

Découvrez le BWU-100A, un graveur Blu-Ray professionnel signé SONY FRANCE. Il s'agit du premier de son genre offran...

Un cétacé retrouvé échoué sur une plage du Médoc

Un cétacé retrouvé échoué sur une plage du Médoc - Thierry Dubouilh Olivia Chandioux Publié le vendredi 29 décembre 2017...

Real Madrid, la défaite de trop ?

Après seulement 13 journées, la Liga est-elle déjà pliée ? S'il est beaucoup trop tôt pour l'affirmer, la nouvelle défai...

Latests News

Les avatars de la radio indienne, du transistor au podcast

La superficie du sous-continent indien, sa diversité géographique, linguistique, socio-culturelle et les difficultés d’i...

Pourquoi amazon pharmacy ne peut pas se lancer en france

Amazon Pharmacy ouvre ses portes aux États-Unis, mais pas en France. La vente en ligne de médicaments sur ordonnance n’e...

L'entreprise girondine treefrog lève 64 millions d'euros pour ses recherches sur les cellules souches - ici

L'entreprise girondine TreeFrog vient de réussir une levée de fonds de 64 millions d'euros pour ses recherches...

Syrie : "palmyre est une ville morte"

La chute de Palmyre, tombée aux mains du groupe Etat islamique, fait craindre pour sa cité antique mais aussi pour sa po...

Comment terra nova veut rendre les marchés moins impatients | terra nova

LA FINANCE DE COURT TERME A RENDU LE CAPITALISME PLUS INÉGALITAIRE, SELON LE THINK TANK. TERRA NOVA ÉMET 5 RECOMMANDATIO...

Top