Pourquoi la newsletter fait son come-back dans les médias

Larevuedesmedias

Pourquoi la newsletter fait son come-back dans les médias"


Play all audios:

Loading...

Pour les journaux, les newsletters permettent de créer et maintenir un lien avec les lecteurs. © Crédits photo : Damien Meyer/AFP. Dans leur stratégie numérique, les médias misent de plus en


plus sur l’infolettre. Un temps perçu comme dépassé, ce format se révèle désormais stratégique pour motiver l’abonnement numérique et fidéliser les lecteurs. Vincent Bresson Publié le 26


octobre 2020 Confiné·e·s (_Society_), Coronavirus : l'essentiel à savoir (_Le Parisien_), Coronavirus, ce qu’il faut savoir (_Le Figaro_)… Avec la crise sanitaire, les médias ont misé


sur les newsletters. Alors qu’on les imaginait dépassés par les chatbots et les notifications mobile, les e-mails font de la résistance. « _Ça fait des années que l’on annonce leur mort_,


rappelle Bertrand Gié, directeur du pôle news du _Figaro. Ce format est pourtant toujours présent et redevient même tendance !_ » Le_ New York Times_, dont la moindre innovation éditoriale


et économique est scrutée par les observateurs du monde médiatique, mise également beaucoup sur ce format _oldschool_. Avec succès, puisque le vénérable quotidien américain annonçait fin


2018 avoir 14 millions d’inscrits à ses newsletters. Au sein de la presse française, les envois d’e-mails sont pris au sérieux depuis longtemps. Dès 2002, _Le Monde _met en place sa première


lettre d’information nommée « _La checklist_ ». « _C’est un format ancien. À un moment, il a paru désuet, avant de revenir dans l’air du temps ces dernières années. Je pense que c’est en


grande partie grâce au mobile. La newsletter est adaptée à la lecture rapide et efficace. Mais si elle est revenue en force, c’est également grâce aux modèles d’abonnements numériques qui se


développent de plus en plus_ », détaille Alexis Delcambre, directeur adjoint de la rédaction du _Monde_ chargé de la transformation numérique. Ce retour en grâce a permis à de nombreux


médias de se constituer une base de courriels très importante. _Le Figaro_ revendique 3 millions d’abonnés uniques. Autant de contacts à qui envoyer des articles du journal, un peu de


publicité, voire différentes offres commerciales. « _Nos newsletters comportent un axe commercial, mais d’une part, on fait très attention aux données et à ne pas trop envoyer d’e-mails,


d’autre part c’est, sincèrement, un montant pas très élevé. On ne néglige pas ces revenus en ces temps de crise de la presse, mais ils ne sont pas importants par rapport au lien qu’on tisse


avec nos lecteurs _», explique Bertrand Gié. Olivier Porte, directeur commercial et marketing à Ouest-France, va dans le même sens : « _La publicité, c’est marginal et ce n’est pas un enjeu


aujourd’hui. Peut-être que ça le sera demain _». Alors, où se situe l’intérêt économique pour les médias ? LE TRAFIC N’EST PLUS L’ENJEU En pleine refonte de son offre numérique, _Le


Parisien_ a revu sa stratégie de newsletters. _« Nous en avions une vingtaine, qui étaient de simples listes d’articles, automatisées pour certaines. Depuis quelques mois, nous avons changé


d’approche et créé de vrais produits éditoriaux avec du contenu propre. Nous avons mis en place une équipe chargée de les éditer au sein de notre pôle Audience et engagement. Les services


traditionnels comme_ _les sports, la culture ou la politique s’impliquent aussi... Même si certains étaient dubitatifs au lancement, car ils pensaient que c’était un format ringard !_ »,_


_confie Pierre Chausse, directeur adjoint des rédactions du journal, en charge du numérique et des organisations. > « _Nous misons sur ce format pour conquérir de nouveaux abonnés > 


et, surtout, pour les fidéliser. _» > Pierre Chausse, directeur adjoint des rédactions du Parisien Cette évolution répond d’abord à un objectif de développement de l’abonnement


numérique._ « La part d’audience apportée par nos newsletters est en progression mais reste modeste comparée à d’autres sources. Ce n’est pas ce que nous recherchons absolument. Nous misons


sur ce format pour conquérir de nouveaux abonnés et, surtout, pour les fidéliser », _poursuit Pierre Chausse. Au _Monde, _les newsletters ont généré le mois dernier près de deux millions de


visites sur un total de 173 millions, soit un peu plus de 1 % du trafic total. Comme _Le Parisien_, le premier quotidien de la presse nationale en France a lui aussi des journalistes dédiés


à ce format. « _Dans certains cas, comme pour certaines newsletters matinales, c’est notre bureau à Los Angeles qui s’en occupe _», explique Alexis Delcambre. Pour d’autres titres,


l’influence des e-mails sur l’affluence des sites est un peu plus importante, tout en restant marginale : 4 % du trafic à _Ouest-France_, 1 à 2 % des visites quotidiennes de _Slate_ et « _un


peu moins de 5 %_ » au _Figaro,_ selon son directeur du pôle News. DE LA NEWSLETTER À L’ABONNEMENT Pour une grande partie des rédactions numériques, l’objectif économique n’est plus d’avoir


le plus gros trafic possible — même s’il s’agit bien évidemment d’un enjeu important — mais de convertir ces lecteurs en abonnés. « _Nous avons fait le choix d’un modèle freemium


_[stratégie commerciale qui mêle des articles en accès libre, pour attirer le plus grand nombre, et d’autres en accès payant] _et donc d’un développement important de l’abonnement _»,


justifie Alexis Delcambre. Une stratégie payante puisque _Le Monde_ compte à ce jour plus de 340 000 abonnés numériques, soit une progression de plus de 50 % depuis le début de l’année.


L’investissement des médias dans les newsletters est bel et bien à considérer dans une stratégie freemium plus large. « _C'est un outil qui crée et maintient un lien avec nos lecteurs_,


détaille le directeur adjoint de la rédaction du _Monde. En montrant nos meilleurs articles, dont une partie est réservée à nos abonnés, nous rappelons à ceux-ci qu'ils ont accès à


tous nos contenus, et nous donnons potentiellement envie de s'abonner à ceux qui ne le sont pas encore. _» Pour créer cette envie, les médias mixent dans la plupart de leurs newsletters


les contenus gratuits et payants. _Ouest-France_ place environ « _15 à 20 % de contenus payants_ », d’après les chiffres fournis par Olivier Porte. « _On a des lecteurs anonymes, on doit


pouvoir les embarquer avec nous et les faire interagir_, poursuit le directeur commercial et marketing._ En termes de transformation en abonnements, c’est ce qui se fait de mieux. Derrière


la newsletter, il y a l’abonnement. Sur Google, vous venez et vous partez._ _Là, on crée de l’usage. _» _Ouest-France _a même été l’un des seuls titres presse à lancer une newsletter payante


en 2015. Baptisée _La Lettre Agri-Agro_, cette lettre d’information hebdomadaire à destination du monde agricole coûtait 8 euros par mois et 4 euros pour les abonnés au journal. Après un


peu plus d’un an, _La Lettre Agri-Agro_ a été stoppée. Elle a cédé sa place à une newsletter gratuite et une payante ciblant l’ensemble du secteur économique local, publiée par Atlantique


Presse Information, un éditeur de presse racheté par _Ouest-France _en 2019. « _On n’échoue pas, on apprend_ », philosophe Olivier Porte. GARDER LE CONTACT AVEC LES LECTEURS Dans le flot


ininterrompu de l’information, les newsletters remplissent un rôle d’agrégateur très utile pour les lecteurs, parfois perdus au milieu de « l’infobésité » ambiante. « _Au _Monde,_ on publie


150 à 200 articles par jour. Il nous faut ordonner ces contenus, car les lecteurs font état d’une difficulté à appréhender ce volume _», explique Alexis Delcambre. À la manière d’une


notification téléphonique, elles endossent également un rôle de « pushs » informatifs. Un parallèle partagé par Pierre Chausse : « _C’est l’un des rares leviers à notre disposition, avec le


push d’application mobile, pour rester en contact avec nos lecteurs et se rappeler à leur bon souvenir. _» Comme les notifications mobiles, les e-mails viennent s’immiscer sur l’écran des


utilisateurs pour leur faire part d’une actualité brûlante. C’est le cas de « _L’Alerte info_ » du _Figaro_. Les infos majeures de la journée sont envoyées en temps réel sur la messagerie


des internautes ayant souscrits à cette infolettre. > « La newsletter permet de faire ce premier pas : on nous donne un > e-mail pour fournir un service. » > Olivier Porte, 


directeur commercial et marketing chez Ouest-France Côté business, les médias payants perçoivent la newsletter comme un service de plus à apporter à leurs lecteurs et un moyen de leur donner


envie de payer pour celles réservées aux abonnés, à l’exemple de Libération et de ses newsletters ChezPol et Tu Mitonnes, dont La Revue des Médias parlait en décembre 2019 . « _En tout, sur


notre cinquantaine de newsletters, une vingtaine d’entre elles ne sont accessibles qu’aux lecteurs ayant souscrit un abonnement dont nos lettres de journalistes,_ _qui apportent une vraie


valeur ajoutée avec un contenu exclusif sur des sujets thématiques comme l’actualité internationale, la religion et la tech_ », précise Bertrand Gié. Ce service supplémentaire est aussi une


réalité au _Monde_, dont 8 newsletters sur dix-sept sont uniquement accessibles aux abonnés (ils sont 156 000 à être abonnés à ces services). À _Ouest-France_, la stratégie digitale est


différente puisque parmi sa soixantaine de bulletins, un seul est réservé aux abonnés. « _La newsletter permet de faire ce premier pas : on nous donne un e-mail pour fournir un service _»,


commente Olivier Porte. « ÇA NE COÛTE RIEN ET ÇA PERMET DE FIDÉLISER » Un lien d’autant plus ténu dans le cas d’une newsletter éditorialisée. Pour accentuer cette proximité, certains médias


font même le choix de les incarner. C’est le cas du pureplayer gratuit _Slate_ qui a lancé une newsletter avec la journaliste Titiou Lecoq en 2015. 22 000 abonnés plus tard, Christophe


Carron, le rédacteur en chef de _Slate_, explique qu’elle est plus efficace qu’une newsletter classique : « _On est autour de 40 % de taux d’ouverture sur nos newsletters automatisées avec


un taux de clics sur nos articles autour de 15 %. Sur celle de Titiou Lecoq, le taux d’ouverture atteint 50 %. Les newsletters éditorialisées attirent plus d’abonnés, mais il faut un public


très ciblé pour que ça fonctionne._ » Du côté de _Numerama_, pureplayer spécialisé dans la technologie, cette dualité entre infolettre automatisée et éditorialisée est aussi présente. « _Une


newsletter automatique, ça ne coûte rien et ça permet de fidéliser_, assure Marie Turcan, rédactrice en chef._ Mais ce n’est pas une audience engagée, ni communautaire, contrairement à


celle de Règle 30, __notre newsletter éditorialisée__ lancée il y a un peu plus de six mois avec la journaliste Lucie Ronfaut. On a opté pour un modèle très incarné._ » Et le taux


d’ouverture s’en ressent, puisqu’il est de 6 à 12 % pour les automatisées, alors que Règle 30 atteint les 50 %. Pour Marie Turcan et sa rédaction, le trafic généré importe également assez


peu : « _Proposer une newsletter féministe avec un prisme numérique, anglée sur l’inclusivité, ce n’est pas un véhicule d’audience pour nous. On le voit comme un marqueur d’image. C’est une


façon de créer un lien plus fort et d’identifier Numerama._ » Encore perçue comme ringarde et non-rentable il y a quelques années, l'infolettre revient au cœur des stratégies de la


presse écrite. Elle peut même être un média qui se suffit à lui-même, comme le prouve le succès de Brief.me ainsi que de Brief.eco, et les lancements récents de Bulletin et de Vert. Bref, la


newsletter fait toujours recette.


Trending News

À paris, une dictée géante pour réconcilier les jeunes avec l'orthographe - ici

À la Grande Halle de la Villette à Paris, 500 jeunes venus des quatre coins de la région ont planché ce mercredi après-m...

Opel Vivaro Surf Concept en photos : Live Francfort 2015

Le 16/09/2015 à 00:00, modifié le 15/02/2019 à 15:31 CLIQUEZ ICI POUR REVENIR A L'ARTICLE L'OPEL VIVARO SURF CONCEPTSur ...

Football Ligue des Champions - Bordeaux - Lyon 1-0 - Foot 01

Publié Mercredi 07 Avril 2010 à 22:36 Dans : Ligue des Champions, Bordeaux, OL. Par La Rédaction Stade Chaban-Delmas Bor...

Occitanie : le candidat lr aux régionales conteste avoir participé à des repas clandestins

Occitanie : le candidat LR aux régionales conteste avoir participé à des repas clandestins - Valeurs actuelles Accueil »...

Girly, procédural ou thérapeutique : découvrez trois facettes méconnues du jeu vidéo

Connaissez-vous le jeu comme médicament ? La mode des jeux roses bonbons ? La science derrière les univers procéduraux ?...

Latests News

Pourquoi la newsletter fait son come-back dans les médias

Pour les journaux, les newsletters permettent de créer et maintenir un lien avec les lecteurs. © Crédits photo : Damien ...

« le message originel de l’islam possède une indéniable dimension féministe »

Les femmes sont-elles l’avenir de l’islam ? Bien qu’il soit souvent perçu comme patriarcal, le Dieu des musulmans présen...

Comment aider la forêt amazonienne, ravagée par des incendies?

La déforestation de plus en plus intensive est la principale cause des feux qui dévastent la forêt amazonienne ...

« bataille mémorielle : match nul à reims »

TRIBUNE. Reims, son champagne, sa cathédrale, son Ange au sourire – et ses batailles mémorielles par statues interposées...

Travailler plus après le déconfinement? "on veut rendre fous les français", estime xavier bertrand

Cet article date de plus de cinq ans. Le président de la région Hauts-de-France réagissait aux déclarations de la secrét...

Top