La liberté d’expression en inde est-elle menacée?
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Encadrée par des lois parfois rétrogrades, menacée par la politique identitaire et le communautarisme, la liberté d’expression est portée par le développement des réseaux sociaux. Elle
demeure une valeur forte de la société civile dans la plus grande démocratie au monde. Hélène Lecuyer Publié le 29 février 2016 L’arrestation du leader d’un syndicat étudiant pour sédition
en février 2015 marquera les annales du débat sur la liberté d’expression en Inde. Intellectuels de gauche, militants d’extrême-droite, journalistes, hommes politiques, forces de police se
trouvèrent rassemblés dans une farce tragique mêlant sentiment nationaliste, fantasme terroriste, faux compte Twitter, manipulation d’images et échauffourées à la cour de justice. Au-delà de
la question de savoir si , oui ou non, Kanhaiya Kumar avait critiqué, lors d’un discours, la condamnation à mort du terroriste séparatiste cachemiri Afzal Guru et s’il avait scandé des
slogans réclamant la libération du Cachemire, se pose surtout la question de l’exercice de la liberté d’expression en Inde. > La liberté d'expression est souvent menacée par le
"droit à > s’offusquer" qui règne dans la société indienne Car elle est souvent menacée par le « droit à s’offusquer » qui règne en maître dans la société indienne, encourageant
certaines factions à recourir à la violence pour se faire justice. Et les lois rétrogrades sur la sédition héritées de l’empire britannique, les mêmes qui ont rendu possible l’arrestation
de Mahatma Gandhi par les autorités coloniales de l’époque, permettent encore aujourd’hui d’entraver le travail des journalistes qui couvrent les zones séparatistes ou en proie à la guérilla
maoïste. Comme le fait remarquer le journaliste et économiste Omkar Goswani, en soi, réclamer l’indépendance du Cachemire devrait-il justifier une arrestation ? LA LIBERTÉ PAR LE WEB ? On
ne peut pourtant nier que la liberté d’expression existe en Inde. Sur les réseaux sociaux, elle se montre florissante et souvent virulente.Le 24 mars 2015, la Cour Suprême a invalidé la très
controversée section 66A de l’Information Technology Act. Voté en 2008, cet amendement autorisait l’emprisonnement (jusqu’à 3 ans) de toute personne qui utiliserait les nouvelles
technologies pour répandre des informations « insultantes … menaçantes … fausses … dans l’intention de mécontenter, déranger … ou insulter ». Une définition aussi vaste, et aussi vague,
avait conduit à de nombreux excès, l’un des plus spectaculaires ayant été l’arrestation et la condamnation de deux jeunes filles à 15 jours de prison pour un post Facebook et un like, lors
du décès de Bal Thackeray, alors leader du parti d’extrême-droite indienne Shiv Sena. Dès lors que le sentiment communautaire ou religieux se sentait attaqué, il était possible pour la
police d’arrêter tout auteur de sarcasme ou critique sur les réseaux sociaux. L’abolition de cette section, après un combat de 3 ans mené par une jeune étudiante en droit, a constitué une
victoire éclatante pour les tenants de la liberté d’expression, à tel point que le gouvernement s’en inquiète. Le ministre de l’Information et des Telecommunications1 Arun Jaitlee notait
lors d’un récent discours qu’il n’existe plus sur internet aucun garde-fou, ce qui, dans une société où les susceptibilités sont exacerbées par le multiculturalisme et la diversité des
religions, pourrait menacer l’harmonie sociale. D’après le Gouvernement Request Report publié par Facebook, l’Inde est d’ailleurs le pays qui soumet le plus grand nombre de requête de
suppression de contenu au monde (15155 au premier semestre 2015) au motif que ces contenus pourraient perturber la paix sociale au sein du pays. L’autre signe de la vitalité de la liberté
d’expression est le développement de l’information indépendante en ligne. Qu’il s’agisse de blogs collaboratifs, comme Kalifa, de plateforme d’actualités comme Scroll.in, de sites militants
comme India Resist ou d’observatoire des médias comme Hoot, ces sites offrent tous la possibilités aux opinions divergentes de s’exprimer, ils font la chasse aux dossiers sensibles, à la
corruption, au communautarisme et sont devenus une source de référence pour l’élite indienne anglophone. L’économiste Amartya Sen affirme d’ailleurs que la société indienne – tout comme ses
institutions, est profondément tolérante et a le goût du débat à tel point que ce qui est parfois perçu comme la montée de l’intolérance en Inde est plutôt l’expression d’une tolérance
excessive, celle que la société manifeste pour certains sous-groupes doctrinaires et fanatisés. DES AGRESSIONS QUI MARQUENT LES ESPRITS > La liberté de la presse est entravée par le
triptyque tracas > judiciaires, dépendance publicitaire et autocensure En dépit de l’attachement de la société civile à la liberté d’expression et de la protection offerte par la
constitution (art 19-1), il n’est pourtant pas facile d’exercer le métier de journaliste en Inde. L’Inde est classée 136ème sur 180 pays en termes de liberté de la presse par Reporters Sans
Frontières. Les assassinats de journalistes surviennent régulièrement : le dernier en date concerne un journaliste qui enquêtait sur des activités minières illégales dans l’Uttar Pradesh. Il
n’est également pas rare d’être agressé ou menacé, comme la journaliste Malini Subramaniam qui enquête sur les malversations policières dans les zones tribales de Chhattisgarh. Travailler
dans certaines zones sensibles – celles où les militants séparatistes ou les guérilleros maoïstes s’opposent au gouvernement – est d’ailleurs un véritable exercice d’équilibriste, entre le
risque d’être pris pour un agent du gouvernement ou un allié des insurgés et les pressions de la police qui souhaiteraient faire des journalistes leurs informateurs. Mais au delà de ces
événements sensationnels et qui sont d’ailleurs très largement relayés par la presse nationale, la liberté de la presse est plus subtilement, et plus discrètement entravée par le triptyque
tracas judiciaires, dépendance publicitaire et autocensure. TRACAS JURIDIQUES Vikram Doctor, journaliste à l’_Economic Times_2 déclare d’ailleurs que le principal obstacle que rencontre un
journaliste dans l’exercice de ses fonctions en Inde sont les problèmes juridiques. Les plaintes sont extrêmement fréquentes - Jayalalithaa, la Chief Minister du Tamil Nadu a ainsi procédé à
190 attaques en diffamation durant son mandat et le système judiciaire indien étant très lent et procédurier, certains groupuscules ou certaines communautés se font une spécialité du
harcèlement juridique, qui peut vite tourner au cauchemar lorsque le journaliste doit se rendre à de multiples reprises pour audience dans des endroits reculés du pays si c’est là qu’y a été
déposée la plainte. De grands groupes, comme le Times of India, disposent de leur propre service juridique rompu à traiter ces plaintes, mais elles peuvent devenir une véritable nuisance
pour les petites structures et empêcher de travailler. « N’importe qui peut s’offenser à propos de n’importe quoi », explique le journal pour expliquer un épisode récent, largement relayé
sur les réseaux sociaux, dans lequel le Times of India avait refusé de placer l’annonce d’une mère qui recherchait un compagnon pour son fils homosexuel – le recours aux annonces
matrimoniales étant la norme en Inde. AUTOCENSURE Les liens avec le monde des affaires peuvent aussi poser problème. Vikram Doctor relate ainsi que, à la suite de la publication d’un article
négatif sur la Tata Nano, « voiture économique » du groupe Tata, l’Economic Times avait perdu, pendant plusieurs années, tout accès au PDG du groupe, Ratan Tata. Il en est de même pour le
monde politique. S’il est possible de critiquer le gouvernement, ce n’est pas sans conséquences. La principale étant l’impossibilité soudaine d’accéder aux plus hauts niveaux du gouvernement
et d’obtenir informations et interviews. Les professionnels des médias semblent avoir tellement intériorisé la nécessité de ne pas heurter la classe politique, les annonceurs et surtout le
sentiment communautaire, qu’ils considèrent faire preuve de discernement plutôt que de subir la censure. Le caricaturiste Hemant Morparia2 affirme ainsi qu’il dessine ce qu’il veut, ayant «
l’art et la manière », tout en avouant que, bien qu’appréciant Wolinski – qu’il avait rencontré à l’occasion d’une résidence d’artistes et d’une exposition croisée –, il n’avait jamais
compris son goût pour la provocation gratuite. Pour le caricaturiste du Bombay Times, ce qui pose problème dans la société indienne n’est pas la prétendue intolérance des indiens mais bien
la politique identitaire, qui fait du communautarisme un argument de campagne. Si Hemant Morparia, par prudence ou retenue, n’a jamais rencontré de problèmes avec la censure ou la vindicte
publique, ce n’est pas le cas de tous ses collègues caricaturistes. Les locaux de Lokmat, un quotidien en langue Marathi, furent saccagés en janvier 2015 et son caricaturiste attaqué en
justice car il avait choisi d’illustrer un article sur les circuits de financements de Daech … par une tirelire en forme de cochon, ce qui provoqua l’ire de la communauté musulmane. DES
INQUIÉTUDES « ANTINATIONALES » ? > If anyone shouts anti India slogan & challenges nation's sovereignty > & integrity while living in India, they will not be tolerated or
> spared > — Rajnath Singh (@BJPRajnathSingh) February 12, 2016 Aujourd’hui, pour certains, arguer que la liberté d’expression est en retrait, que l’intolérance augmente, c’est être
antinational – ce qui explique, par exemple, la proposition insultante formulée par le ministre de l’environnement du Maharashtra à la star Aamir Khan de prendre un aller simple pour le
Pakistan pour avoir osé exprimer son malaise. Pour d’autres, c’est tout simplement une urgence. -- Crédits photos : _Jaipur, India, March 2012_. Riccardo Romano / Flickr Licence CC BY-NC-ND
2.0 _Capture d'écran du site _The Hoot. _2013-03 India 129_ [Annonces matrimoniales d'un quotidien indien].Edmund Gall / Flickr Licence CC BY-SA 2.0 * 1Information and Broadcasting
Minister. * 2a2bEntretien, juin 2015. * 3Il se réfère ici à la domination de la culture hindouiste, le safran étant la couleur des nationalistes hindous.
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