La k-pop, phénomène musical coréen

Larevuedesmedias

La k-pop, phénomène musical coréen"

Play all audios:

Loading...

La K-pop déborde aujourd'hui largement les frontières de la Corée du Sud. Retour sur ce genre musical au service du soft power coréen. Jennifer Rousse-Marquet Publié le 27 septembre


2012 Début 2012, aux États-Unis, le groupe sud-coréen Girls' Generation était l’invité des talk-shows _Late Show with David Letterman_ et _Live! with Kelly_. Venu présenter sa nouvelle


chanson « The Boys », Girls Generation est ainsi devenu le tout premier groupe sud-coréen à se produire sur un talk-show télévisé américain. Quelques jours plus tard, un téléfilm sur le


groupe coréen Wonder Girls était diffusé sur la chaîne TeenNick. L’engouement pour la K-pop ne se limite pas à l’Amérique du Nord : en 2010, des groupes du label SM Entertainment se sont


lancés dans une tournée mondiale de la Chine aux États-Unis en passant par la France1. Récemment, le très sérieux journal d’affaires japonais _Nikkei_ a même qualifié le genre musical de « 


Prochain Samsung. » Grace à des stratégies marketing innovantes et des campagnes promotionnelles rigoureusement planifiées, la musique pop sud-coréenne – ou K-pop – semble être en train


d’infiltrer les marchés occidentaux et le reste du monde. Qu’est-ce que la K-pop ? Comment peut-on expliquer l’engouement dont elle fait l’objet ? Quelles stratégies son succès révèle-t-il ?


LA K-POP : UNE PRODUCTION CULTURELLE STANDARDISÉE DOMINÉE PAR LES « BIG 3 » > La K-pop est à la fois une musique de synthèse accompagnée de > chorégraphies calibrées au millimètre, 


portée par des chanteurs > séduisants à la pointe de la mode, et un produit culturel très > standardisé Dire de la K-pop qu’il s’agit juste de pop sud-coréenne serait réducteur : la


K-pop est à la fois une musique de synthèse accompagnée de chorégraphies calibrées au millimètre, portée par des chanteurs séduisants à la pointe de la mode, et un produit culturel très


standardisé. La K-pop emprunte beaucoup à la culture pop japonaise et à la musique pop américaine de la fin des années 1990 – Britney Spears et consort – : ces charmants artistes coréens


dégagent une certain innocence, mais ont des personnalités plus marquées que leurs homologues japonais. Et bien que parfois sensuelles, les stars de la K-pop – surnommées les _idoles _–


n’atteignent pas le niveau de provocation des pop stars américaines, s’assurant par là même une entrée sur les marchés asiatiques conservateurs. Au milieu des années 1990, Kim Young-Sam, le


président sud-coréen de l’époque, lit dans un rapport que les revenus liés à l’exportation du film _Jurassic Park_ de Steven Spielberg ont représenté l’équivalent de l’exportation de pas


moins de 1,5 millions de voitures Hyundai. Il n’en a pas fallu moins pour que le gouvernement identifie l’industrie culturelle comme futur moteur de croissance de l’économie du pays. De


nombreuses agences de recherche gouvernementales ont alors été créées, et des projets ont été subventionnés afin de trouver des moyens de dynamiser l’industrie culturelle de la nation. > 


La diffusion de la culture sud-coréenne a commencé avec les dramas Dans un premier temps, la diffusion de la culture sud-coréenne a débuté avec les dramas – les séries télés locales – , qui


sont devenus populaires en Asie. L’engouement pour les dramas s’est ensuite progressivement propagé au reste du monde, notamment grâce à Internet qui a permis à d’autres pays de découvrir


ces échantillons de culture coréenne, mais aussi d’avoir un premier aperçu de la K-pop. La musique est une part prédominante des dramas, et les chansons phares des séries sont généralement


répétées plusieurs fois au cours des épisodes. Ce fut le cas par exemple de la chanson _Stand By Me,_ du groupe SHINee dans le drama _Boys Over Flowers_. Quelles sont les spécificités de ce


genre musical qui lui permettent de passer de la Corée au talk-show de Letterman ? La réponse à ces questions est peut-être à chercher du côté des maisons de disques sud-coréennes, dont le


rôle est capital dans le développement de la K-pop. Les trois acteurs principaux de l’industrie de la K-pop en Corée sont les maisons de disques – appelées localement ‘agences de talents’-


SM Entertainment, YG Entertainment et JYP Entertainment. Ces labels sont généralement appelés les « Big 3 », de par la position dominante qu’elles occupent sur ce secteur d’activités, et de


par leur effort pour pénétrer les marchés étrangers. Chaque agence a son propre style et se focalise sur un genre musical en particulier : YG produit majoritairement de la K-pop aux accents


Hip-Hop et R&B, SM se spécialise dans la pop et la dance, et JYP mélange R&B, dance et pop. YG Entertainment a été fondé par Yang Hyun-Suk, ancien membre de Seo Taiji & Boys, un


boys band R&B des années 1990. Parmi les groupes phares de la compagnie, on trouve Big Bang, 2NE1, Seven ou PSY. _Super Junior_ À la même période, le label JYPEntertainment n’a pour sa


part enregistré qu’un chiffre d’affaires de 1,1 milliards de Wons (environ 934 000 $). Cet écart s’explique par le fait que la plupart des artistes populaires de l’agence sont signés sur des


filiales de JYP. Le fondateur et PDG de la compagnie est le chanteur /producteur/compositeur/ personnalité Park Jin Young. Autrefois, JYP Entertainment hébergeait des artistes comme Rain et


G.O.D. C’est maintenant le label des groupes Wonder Girls, 2AM et 2PM. L’agence a été particulièrement active dans ses tentatives d’expansion à l’international, notamment aux États-Unis.


Une branche américaine a été ouverte dès 2007, une chinoise en 2008, et une japonaise en 2010. AUDITIONS ET ENTRAÎNEMENT MILITAIRE : LE PROCESSUS DE FABRICATION DES STARS Ces agences sont en


charge de la totalité du processus de « fabrication » des stars de K-pop. C’est un processus méticuleux et bien rodé, qui va des castings à l’entraînement, en passant par la production des


performances et la promotion à l’international. Chaque artiste K-pop est passé par une étape de sélections draconiennes, et par l’obligatoire phase d’entrainement dirigé par une batterie


d’experts. Les premières sélections se font par le biais d’auditions, et les futurs étudiants sont recrutés à travers le monde entier. Ces sélections peuvent se faire par le biais


d’auditions publiques, via Internet, ou suite à la recommandation d’une star. Des auditions publiques sont par exemple organisées par le label JYP Entertainment tous les premiers et


troisièmes dimanches de chaque mois. Outre leurs compétences en chant et en danse, d’autres critères sont pris en compte dans le processus de sélection comme la motivation ou la « _star


quality_ ». Des auditions de grande envergure sont également régulièrement organisées par les maisons de disques, ceci dans divers pays. SM Entertainment organisait cet été la « 2012 SM


Youth Star Audition » dans 12 villes de 7 pays (Corée, États-Unis, Chine, Japon, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). Pendant ces auditions internationales, parmi les 10 000 prétendants


initiaux, seuls quelques dizaines arrivent généralement jusqu’à la finale, et seulement une poignée seront effectivement sélectionnés pour l’entraînement. Mais la sélection n’est que la


première étape, le véritable challenge étant l’entraînement. Si le talent est une chose, le travail acharné est un prérequis indispensable à tout étudiant. Seuls les meilleurs seront


autorisés à débuter en tant qu’artistes, et rien n’est laissé au hasard. Chaque aspirant doit suivre des cours de danse, de chant, de comédie, de développement personnel, d’entraînement


physique – et même des cours de langues étrangères, censés leur permettre de se préparer à une carrière en Corée, mais aussi à l’international. Le but est d’en faire des «  _multi-purpose


stars_ », capable de chanter, danser, jouer dans des dramas, et être mannequins. Ces préadolescents sont généralement logés ensemble, et doivent s’entraîner entre 10 et 12 heures par jour,


entre 6 et 7 jours par semaine. En plus de cet emploi du temps surchargé, ils doivent mener leur scolarité. Le play-back n’étant pas une option envisageable pour ces artistes, chaque


performance se doit d’être parfaitement exécutée. D’autre part, cette période d’entraînement permet aux agences de voir si les étudiants montrent suffisamment de motivation, et de maturité,


pour mener une vie d’_idole_. L’image des artistes est également minutieusement conçue par les maisons de disque, et il n’est pas inhabituel qu’il soit demandé aux aspirants chanteurs


d’améliorer leur physique par le biais d’opérations de chirurgie esthétique ou de régimes lourds, tout ceci dans le but d’être plus attrayant commercialement parlant. Il est de plus souvent


interdit pour ces étudiants d’avoir des relations sentimentales pendant la totalité de la durée de leur entraînement, afin que ceux-ci soient totalement concentrés sur leur formation. Les


membres d’un groupe essayent de se différencier les uns des autres, en mettant en avant leurs spécificités et leur personnalité, et chaque membre à son propre fan club. Les agences les


encouragent cependant à se mesurer les uns aux autres, afin d’avoir l’honneur de devenir le leader du groupe (celui qui danse à la tête de la formation). Tout est mis en œuvre pour que ces


jeunes deviennent de véritables professionnels. > "L'entraînement est un coupe gorge" D’après Jay Park, un ancien membre du groupe 2PM, l’entraînement est « un coupe gorge.


Vous avez un tas de personnes qui veulent débuter, et vous ne savez pas qui va réussir et qui va être choisi. Vous pouvez être placé [dans un groupe], mais [les responsables de l’agence]


peuvent ensuite décider qu’un autre conviendrait mieux, et ils font l’échange. Vous devez perpétuellement être à votre maximum ». Parfois, les étudiants rejetés par certaines agences sont


repêchés par des agences concurrentes pour être placés dans un autre groupe – c’est par exemple le cas des membres du groupe BEAST -, mais la plupart ne sont pas aussi chanceux. Lorsque les


labels estiment que l’entraînement touche à sa fin, un « partenariat » est proposé aux artistes, c'est-à-dire un contrat qui peut durer une quinzaine d’années. Cela est particulièrement


difficile à gérer dans le cas des boys bands, car en Corée tous les hommes doivent passer par deux années de service militaire obligatoire entre 18 et 27 ans. La quantité des devoirs et


règles auxquels doivent se plier les artistes, ainsi que la durée des obligations contractuelles ont également été largement critiquées. Les contrats des artistes sont d’ailleurs souvent


appelés des « contrats d’esclave ». LA K-POP À LA CONQUÊTE DU MONDE ? > BoA est la première artiste sud-coréenne à avoir fait son entrée > sur le classement japonais Oricon En 2003,


lors de la première diffusion du drama _Winter Sonata_ à la télévision japonaise, la série télé a remporté un succès aussi surprenant que foudroyant. La même année, la “Reine de la K-Pop”


BoA a fait son entrée sur le marché japonais. Alors qu’elle jouissait à l’époque d’un succès modéré en Corée, sa popularité au Japon a été immédiate. Elle est d’ailleurs la première artiste


sud-coréenne à avoir fait son entrée sur le classement japonais Oricon. Et bien que BoA ait été présentée comme une chanteuse de J-pop – la pop japonaise -, son succès au pays du soleil


levant a permis d’ouvrir la voie à d’autres _idoles_ coréennes. _La chanteuse BoA_ Depuis lors, la K-pop concurrence la J-Pop sur son propre marché. Des groupes coréens comme KARA ou


Girls' Generation remportent un franc succès au Japon, et sont des habitués des émissions de télévision locales depuis 2010. Les deux groupes ont, de plus, enregistré des chansons


exclusives en japonais, spécifiquement pour ce marché. Le succès de la K-pop au Japon est en grande partie dû au fait que la K-pop, tout en s’appuyant sur des codes de la J-pop, tire ses


influences de la musique occidentale. Le sex-appeal des artistes coréens est également un changement apprécié par rapport à l’image éculée des innocentes stars de J-pop. En Corée du Sud, la


K-pop représenterait 80% du marché national5. Mais avec une population de seulement 48 millions d’habitants, le marché domestique de la Corée reste un marché limité, d’où la nécessité pour


les groupes de K-pop de s’exporter. À l’inverse, le Japon est le second marché musical au monde après les États-Unis, et la vaste majorité des ventes à l’étranger des albums de K-pop y sont


d’ailleurs réalisées. En 2008, le Japon représentait 68% des exports de l’industrie musicale coréenne, contre respectivement 11,2 % et 2,1 % pour la Chine et les États-Unis. Ces dernières


années, afin de dynamiser la popularité de la K-pop dans d’autres pays que le Japon, une attention toute particulière a été portée sur les performances live à l’étranger. Les labels coréens


se tournent plus particulièrement vers l’Europe et les États-Unis. En 2008, la chanteuse solo BoA est devenue la première artiste K-pop à tenter d’entrer sur le marché américain. Un album en


anglais – contenant même un remix avec Flo Rida - a été lancé. Cependant, avec seulement 8 000 unités écoulées, l’album s’est avéré être un fiasco monumental, ce qui a vite poussé la star à


se recentrer sur les marchés coréens et japonais. Début 2009, le girls band coréen Wonder Girls s’en est mieux sorti. En mars 2009, le groupe américain Jonas Brothers annonçait que la


première partie de sa tournée américaine serait assurée par le groupe K-pop, et dans la foulée, Wonder Girls est devenu le premier groupe sud-coréen à faire son entrée sur le célèbre


classement American Billboard Hot 100 Chart, avec son single anglais “Nobody”. _« Nobody », de Wonder Girls_ En 2011, le girls band s’est également produit au 40e anniversaire de Earth Wind


& Fire. Plus récemment, d’autres girls band féminins comme Girl’s Generation et 2NE1 ont tenté de faire leur entrée sur le compétitif marché américain, en s’assurant généralement le


soutien de stars locales. Le rappeur américain Snoop Dog a ainsi participé au remix de la chanson « _The Boys_ » des Girls’ Generation, et Will.i.am des Black Eyed Peas a apporté son soutien


au groupe 2NE1 pour leur premier album sur le marché US. > Dès la conception d'un groupe, les maisons de disque coréennes > visent le marché international Dès la conception d’un


groupe, les maisons de disque coréennes visent le marché international : des compositeurs, chorégraphes et stylistes étrangers sont engagés, et les étudiants doivent apprendre des langues


étrangères dans le cadre de leur entrainement. Des albums spéciaux et des chansons exclusives sont également enregistrés dans les langues locales des pays visés. Le girls-band Wonder Girls a


par exemple récemment collaboré avec le chanteur américain Akon sur la chanson « _Like Money_ », formatée pour l’Amérique du Nord. Le pendant négatif de cette adaptation aux marchés locaux


est que les groupes de Kpop en viennent presque à perdre leur identité et leur singularité nationale, pour se fondre dans la masse. « _Like Money_ » en est un exemple flagrant, la chanson


n’ayant rien de particulièrement coréen. _« Like Money », de Wonder Girls_ Toujours dans l’optique de s’affranchir des barrières culturelles et de faciliter l’entrée sur les marchés


étrangers, il est courant que les groupes incluent des membres d’origine autre que coréenne. Ceux-ci présentent l’avantage de maîtriser la langue et les codes culturels du pays visé. Cette


technique marketing était déjà utilisée dans les années 1990 : certains groupes comptaient parmi leurs rangs des étrangers d’origine coréenne comme des coréens-américains ou des coréens du


Japon. Certaines chanteuses du groupe F(x) sont par exemple chinoises et taiwanaises-américaines, et des chanteuses de Miss A sont d’origine chinoise. L’un des exemples les plus connus de


cette formule est le succès sans précèdent en Thaïlande de Nichkhun, un chanteur du boys band 2PM. Né en Californie mais issu d’une famille chino-thailandaise, parlant couramment 5 langues,


Nichkhun est considéré comme étant responsable de la modification de la manière dont les Coréens perçoivent la Thaïlande. Le chanteur a même été nommé Ambassadeur de bonne volonté de


l’Autorité de Tourisme de Thaïlande. «  _Hands Up_ », de 2PM Parfois, les membres d’un groupe sont séparés en fonction de leur nationalité afin de permettre aux agences de lancer un même


groupe sur deux marchés simultanément. Les membres coréens sont par exemple en tournée dans leur pays, pendant que les membres d’origine chinoise s’attaquent au marché chinois. Le groupe ne


se réunit alors que lors de représentations spéciales. C’est le cas du boys band Super Junior : « Super Junior M » s’occupe de la promotion en Chine en mandarin, pendant que « Super Junior J


 » et «  Super Junior K » s’occupe respectivement la promotion au Japon et en Corée. Pour finir, les agences effectuent des partenariats avec des labels étrangers afin d’assurer la promotion


des artistes à l’international. Par conséquent, dès le commencement de l’étape de production, le groupe est vu comme un produit, conçu pour un marché global : les productions des albums à


l’étranger sont assurées par des labels du réseau, des compositeurs et des chorégraphes reconnus sur la scène internationale sont sollicités, des chansons sont réalisées exclusivement pour


certains marchés, et des membres de nationalités diverses sont inclus dans les formations. LES NOUVELLES TECHNOLOGIES, UNE COMPOSANTE PRIMORDIALE DU PHÉNOMÈNE K-POP Le recours aux nouvelles


technologies fait partie intégrante de la stratégie des maisons de disques pour promouvoir la vague coréenne. Les réseaux sociaux comme Youtube, Facebook or Twitter se sont révélés être des


moyens particulièrement efficaces pour augmenter la popularité des stars de K-pop à l’étranger. La Corée du Sud est l’un des pays les plus connectés au monde6, et d’après l’International


Federation of the Phonographic Industry, la scène musicale du pays a été durement impactée par le piratage. Les ventes de CD ont chuté de 70,7 % entre 2000 et 2007. L’industrie musicale du


pays s’est alors concentrée sur la distribution numérique et les tournées. Aujourd’hui, les services numériques représentent 80 % des revenus de l’industrie musicale du pays, soit le


pourcentage le plus élevé au monde. Ces dernières années, les médias digitaux se sont particulièrement développés, tout comme l’utilisation des réseaux sociaux. Les labels ont alors commencé


à se reposer sur Internet pour assurer aux groupes une exposition mondiale. L’utilisation des nouvelles technologies leur a permis de réduire de manière significative le temps et le coût


liés au lancement d’un groupe sur les marchés étrangers. Les _idoles _coréennes se servent également des réseaux sociaux pour communiquer avec leurs fans, et apparaître plus « proches » en


partageant photos et vidéos de leur vie privée sur Facebook et sur YouTube - ceci souvent en live et de manière exclusive. Les groupes peuvent être lancés entièrement en ligne, en proposant


des contenus gratuits qui sont partagés massivement. Les réseaux sociaux permettent à la K-pop de toucher une audience plus large, et à certains groupes de devenir populaires dans des pays


étrangers alors même qu’aucune opération promotionnelle n’a été organisée, comme l’illustre récemment le succès fulgurant du chanteur PSY avec « Gangnam Style », qui a bénéficié du bouche à


oreilles via les réseaux sociaux Twitter et Facebook notamment. Le tube vient de dépasser les 200 millions de vues sur YouTube en un peu plus d’un mois, et la moitié de ces vues proviennent


des États-Unis7. Portée par les réseaux sociaux, la chanson a fait son entrée dans les classements américains, et « Gangnam Style » a de plus été mentionnée par le _Huffington Post_, _CNN_,


_The Wall Street journal_, ou encore le _LA Times_. Le _Korea Times_ en a parlé comme du «  plus grand démarrage aux États-Unis de toute l’histoire de la musique sud-coréenne  ». _« Gnagnam


Style__ », de Psy_ Fin 2011, YouTube a officiellement ajouté la K-pop à sa liste de genres musicaux, ce qui en fait le premier genre musical propre à un pays rajouté à cette liste. Les


vidéos des groupes de K-pop les plus populaires y atteignent des dizaines de millions de vues. D’ après le journal coréen _Hankook Ilbo_, les vidéos de K-pop, début 2012, avaient été


regardées plus de 23 milliards de fois. Le genre musical K-pop bénéficie de plus d’une communauté en ligne de fans particulièrement actifs. Il s’agit de jeunes consommateurs, curieux, à


l’aise avec les nouvelles technologies, et habitués aux medias sociaux dont ils savent se servir pour communiquer ou obtenir des informations. Sur YouTube, les vidéos amateurs de fans de


K-pop reprenant leurs chansons favorites ou imitant les pas de danse des idoles coréennes se multiplient. Sur Facebook, le groupe « Kpop France » qui regroupe les fans français de K-pop


compte 12 000 membres, et le groupe chinois ‘Kpopn’ a lui plus de 720 000 membres – un chiffre d’ autant plus impressionnant que l’accès au réseau social est bloqué en Chine. D’après un


sondage réalisé par le Korean Culture and Information Service, on dénombre près de 460 000 fans de l’hallyu en Europe en 2011, concentrés majoritairement en France et au Royaume-Uni, et 182


fanclubs dédiés à l’hallyu comptabilisant 3,3 millions de membres. Et c’est une communauté de fans particulièrement bien organisée. Durant les MTV European Music Awards de 2011, le groupe de


K-pop Bigbang a créé la surprise en remportant le Best Worldwide Act Award, devançant Britney Spears avec plus de 58 millions de votes. _« Tonight__ », de Big Bang_ D’après YG


Entertainment, entre décembre 2010 et mai 2011, la chaîne YouTube de Big Bang a enregistré 5,8 millions de vues en Europe, avec la France, le Royaume-Uni et la Suède en tête de liste.


Lorsque des concerts de K-pop sont organisés en Europe et aux États-Unis, les places sont vendues en l’espace de quelques minutes, et les fans se tournent vers les médias sociaux pour


l’organisation de flashmobs afin de demander que soient organisés des concerts supplémentaires. En 2010, des groupes du label SM Entertainment ont réalisé une tournée mondiale. Le « SMTown


Live World Tour » s’est entre autre rendu à Paris, où les 7 000 tickets se sont vendus en 15 minutes. Les fans se sont alors organisés via Facebook, et un flashmob avait été organisé devant


le Musée du Louvre. Un concert supplémentaire avait alors été programmé, et avait affiché complet 10 minutes après l’ouverture des ventes. Alors que l’engouement pour la K-pop semble se


propager d’un pays à un autre, le gouvernement coréen observe une augmentation des exportations liées aux contenus culturels. LA K-POP, NOUVEL INSTRUMENT DE LA DIPLOMATIE DOUCE Pour CJ


E&M, une autre société sud-coréenne de divertissement, les ventes de disques ne représentent que 40 % des revenus totaux de la compagnie. Les 60 % restants sont issus des produits


dérivés. Le pourcentage limité des revenus issus de la vente de disques est l’une des raisons pour laquelle les agences se sont concentrées sur l’expansion à l’étranger. D’après le Overseas


Economic Research Institute, la popularité de la pop sud-coréenne à l’international a des retombées positives sur les exportations de biens de consommation _made in Korea _: une augmentation


de100 $ des exportations de biens et services liés au secteurs du divertissement provoque une augmentation des exportations de biens de consommation du pays de 412 $. Cela signifie que la


diffusion des contenus culturels coréens améliore l’image des produits coréens et en dynamise les ventes. Les stars K-pop sont donc régulièrement sollicitées pour faire la promotion de


produits divers et variés : cela peut aller des derniers processeurs, aux restaurants de poulets frits. Les Girls Generation ont par exemple vanté les mérites des marques Intel, LG,


Nintendo, Domino’s Pizza, Christian Dior, 7-Eleven ou Lipton. À elles neuf, elles génèrent un chiffre d’affaires de 50 millions $ par an. Le groupe 2NE1 fait actuellement la promotion des


appareils photos Nikon. D’après Nikon Korea, depuis le lancement de la campagne de publicité, la société a décroché la seconde place du marché, juste derrière Samsung (23%). _« I am the Best


__», de 2NE1_ > La K-pop est en train de devenir le nouvel outil de soft power de la > Corée du Sud Alors que la K-pop est en train de devenir le nouvel outil de soft power de la


Corée du Sud, le succès de l’industrie du divertissement est en train de modifier la manière dont la Corée est perçue à l’étranger, favorisant ainsi le tourisme culturel. De plus, plusieurs


agences touristiques coréennes, chinoises et japonaises se sont spécialisées dans les voyages organisés centrés sur le thème de la K-pop. Un musée de 8 000 mètres carrés dédié à l’_hallyu_ a


même été ouvert à l’aéroport international d’Incheon, à Séoul. De son côté, la maison de disque SM Entertainment a récemment acquis BT&I, l’une des plus grandes agences de voyage du


pays10. Les bénéfices de la K-Pop se font sentir jusque dans la chirurgie esthétique : les cliniques commencent à voir un nombre de croissant de touristes venir dans le pays pour des


opérations de chirurgie esthétique qui leur permettront de ressembler d’avantage à leur _idole_ préférée. LA K-POP, UNE SIMPLE PHASE ? Cela dit, en Corée les importations de biens culturels


étrangers restent supérieures aux exportations de biens culturels sud-coréens. Ainsi, dans le secteur culturel, le pays affiche en 2011 un déficit de 224 millions $, en baisse de 42% par


rapport à 201011. Il convient alors de se poser la question suivante : la K-pop est-elle en train d’envahir le monde ? Ou ne s’agit-il là que d’un phénomène favorisé par Internet et porté


par une communauté de fans particulièrement actifs ? L’émergence de fanclubs de K-pop à travers l’Europe, l’Amérique latine et le Moyen-Orient ainsi que le nombre de vues sur Youtube de


certaines vidéos sont impressionnants, mais le genre musical n’est pas en train d’envahir le monde, à la manière de Madonna à son apogée ou de Lady Gaga dernièrement. La K-pop demeure pour


le moment une tendance marginale à l’échelle mondiale, mais massive en Asie. Le genre accuse d’autre part quelques faiblesses, qui pourraient à terme s’avérer problématiques. En premier


lieu, au sein de cette industrie hautement compétitive et malgré un fonctionnement bien rodé, les maisons de disque ne sont pas immunisées contre le facteur d’imprévisibilité des réactions


du public. Des années d’entraînement ne peuvent pas garantir que le public sera au rendez-vous une fois le lancement du groupe. Voir par exemple le récent succès de PSY : le chanteur est à


mille lieues des groupes comme Girls Generation ou Wonder Girls, spécifiquement formatés pour l’Amérique. Ensuite, une quantité astronomique de nouveaux groupes inondent le marché chaque


année, tous plus ou moins conçus sur le même moule, ce qui pourrait provoquer une lassitude du public. Par exemple, la plupart des tubes les plus connus du label JYP ont été composés par le


directeur de la maison de disque, Park Jin Young lui-même. Fatalement, ces chansons sont relativement similaires sur le plan musical. Même au Japon, le public devient de plus en plus


conscient de la saturation provoquée par le nombre élevé de groupes de K-pop qui se disputent le marché. De plus, dans l’industrie K-pop, l’accent est clairement mis sur les mélodies


entraînantes plutôt que sur les paroles, qui ne sont pas particulièrement élaborées. La phrase “Bo Peep Bo Peep” est par exemple répétée 110 fois dans la chanson du même nom du groupe


T-ara12. Dans cette industrie en constante évolution, le manque d’originalité et de diversité des tubes de K-pop pourrait finir par avoir des effets néfastes. Pour finir, certaines agences


sont extrêmement dépendantes d’un ou quelques groupes populaires. C’est par exemple le cas de YG Entertainment, dont le groupe Big Bang représentait en 2010 près de 70,11 % des revenus.


Enfin, en ce qui concerne l’Amérique du Nord, tout le monde n’est pas convaincu de la capacité de la K-pop à avoir du succès sur le sol américain (voir l’échec de BoA). D’après Morgan Carey,


un consultant musical américain qui travaille avec des labels coréens depuis 2007, les participations à des talk-shows ou la présence au Billboard chart ont “une importance minime”. Selon


lui, « pour infiltrer la culture pop américaine, il faut passer par la mode ou le cinéma ». D’après un récent sondage réalisé par le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme et par


la Korea Foundation for International Culture Exchange (KOFICE), 60% des étrangers pensent que l’engouement pour la culture coréenne déclinera dans les prochaines années. La standardisation


des contenus était la première raison avancée par les personnes interrogées. -- Crédits photos: - image principale : Korea.net / Flickr - Idolx2 / Youtube (capture d'écran) - sment /


Youtube (capture d'écran) - ???? ><! / Flickr.com - BIGBANG / Youtube - 2NE1 / Youtube (capture d'écran) * 1Le SMTown World Tour. * 2a2b2c5 membres. * 3Le groupe a atteint 13


membres à une certaine époque. * 49 membres. * 5Frédéric MARTEL, Mainstream. Enquête sur cette culture qui plaît à tout le monde, Flammarion, 2010, p. 266. * 6Le taux de pénétration


Internet est de 76 %, et les connections sont parmi les plus rapides au monde. * 7Au 25 août, avec 50 millions de vues : 47 % proviennent des USA, 7 % du Royaume-Uni, 6,8 % du Canada et


seulement 4 % de la Corée . * 8637 millions $ en 2010. * 9eEn comparaison, ce chiffre atteignait 5 millions $ en 1997, et 268 millions $ en 2005. * 10Renommée depuis SMTown Travel. * 11385


millions $ en 2010. * 12La chanson dure 4 minutes.


Trending News

'power couple': gretchen se posiciona contra talira e rafael

AS DUAS JÁ PROTAGONIZARAM DISCUSSÕES NO 'POWER COUPLE' * Por: Lais Seguin 21 mai 2025 - 07h40 Compartilhar Mes...

Christian boltanski abre 1ª mostra individual no país

Questões como identidade, destino e acaso são a matéria-prima de CHRISTIAN BOLTANSKI, figura central da arte francesa e ...

Aureilhan. Au cœur de l’asca

Le tennis de table est fortement perturbé en ces temps de crise sanitaire, pour ainsi dire il n’y a plus rien en termes ...

La racv nombra a mario vargas llosa académico de honor

VALÈNCIA (EP). La Real Academia de Cultura Valenciana (RACV) ha nombrado al escritor Mario Vargas Llosa como nuevo acadé...

La Jornada - Afp y Ap

Ginebra. Jennifer Hermoso, quien alzó la voz tras recibir un beso forzado de Luis Rubiales, ex presidente de la Real Fed...

Latests News

La k-pop, phénomène musical coréen

La K-pop déborde aujourd'hui largement les frontières de la Corée du Sud. Retour sur ce genre musical au service du...

La Jornada - Afp y Ap

Ginebra. Jennifer Hermoso, quien alzó la voz tras recibir un beso forzado de Luis Rubiales, ex presidente de la Real Fed...

Curzio malaparte: beguiling chameleon | thearticle

The half-Italian, half German Kurt Suckert (1898-1957) adopted the pseudonym of Curzio Malaparte, a self-styled evil inv...

En concert : francois constantin salsa project

[[[http://www.concertandco.com/img/groupes/reduit/constantin.jpg]]]François Constantin : Jazz - PercussionnisteVoir la f...

Pasteló de puçol, la tarta magna de amparo segarra

Justo hace un año escribí sobre una receta totémica, festiva, gigantesca, “un prodigio de la gastronomía valenciana”. Me...

Top