Comment « la croix » et « brut » m’ont fait discuter avec une inconnue pendant deux heures

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Comment « la croix » et « brut » m’ont fait discuter avec une inconnue pendant deux heures"


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Sur le papier, la pizza était la seule chose qui devait nous mettre d’accord. Nos réponses au questionnaire de « La Croix » et « Brut » étaient totalement différentes.  © Crédits photo :


montage La Revue des médias Le quotidien catholique et le média vidéo ont organisé des rencontres entre des personnes ayant des opinions différentes. 6 000 participants ont joué le jeu. J’en


faisais partie. Florine Amenta Publié le 26 novembre 2024 Nous nous retrouvons dans une pizzeria du 11ᵉ arrondissement de Paris. _« Je me suis dit que la pizza, ça plaît à tout le monde »_,


sourit Véronique, 68 ans. Sur le papier, c’est la seule chose qui devait nous mettre d’accord. Nous avons toutes les deux répondu à un questionnaire en ligne imaginé par _La Croix_ et _Brut


_pour l’événement « Faut qu’on parle » organisé ce samedi 23 novembre. Nous avons répondu différemment à toutes les questions : neuf désaccords sur neuf, formant ce que Sara Cooper, de


l’ONG « My country talks », propriétaire de l’algorithme qui constitue les paires de discussions, appelle_ « un duo parfait »_. Cet événement, lancé en Allemagne en 2017, par l’hebdomadaire_


Die Zeit_, visait à briser les bulles de filtres et laisser des opinions opposées échanger. _« Avec la montée des extrêmes et l’arrivée de Trump, les gens refusaient de dialoguer avec ceux


de l’autre bord politique »_, explique Sara Cooper. La rédaction du magazine a eu l’idée de faire se rencontrer des personnes ayant répondu de manière différente aux mêmes questions.


L’algorithme a été conçu pour créer des binômes dont les divergences sont les plus importantes possibles. Il est désormais utilisé dans une vingtaine de pays par le biais de médias


intéressés par l’initiative. DÉSTABILISANT Arrivée quelques minutes en retard à notre rendez-vous, je propose à Véronique de passer directement au tutoiement. Nous avions échangé des mails


afin de nous mettre d’accord sur la date et l’horaire. Véronique est retraitée mais son emploi du temps est bien chargé. Je suis journaliste de passage à Paris, la ville où j’ai vécu jusqu’à


peu. Qu’on puisse trouver deux heures libres en même temps, _« ça tient du miracle, mais surtout de notre endurance et de notre détermination », _s’enthousiasmait-elle dans nos échanges par


mail. Nous sommes assises près de la fenêtre, une musique pop comble les moments de silence. Après quelques minutes timides, je brise la glace en l’assommant de questions — sûrement un


mélange de stress et de déformation professionnelle. « _Pourquoi vous êtes-vous — pardon — pourquoi t’es-tu inscrite à cet événement ? Tu as des enfants ? Oh, cinq ? Et des petits-enfants ?


Donc tu vis dans une maison ? »_ Cet exercice ressemble à mon quotidien : poser des questions et m’intéresser aux réponses, à la gestuelle de l’interlocuteur et à son raisonnement. Répondre


à ses questions, celles d’une inconnue avec laquelle je n’ai apparemment rien en commun, est un peu plus déstabilisant. EMPATHIE Véronique m’explique qu’elle avait envie de discuter avec de


nouvelles personnes et de débattre dans le calme. Psychologue retraitée depuis peu, elle me parle de son métier avec douceur. Je l’interroge, elle prend le temps de me raconter des éléments


de sa vie et pose ses mots. Les confidences fusent. En cinq minutes d’échange, j’en sais plus sur Véronique que sur certains de mes collègues de travail. Tout semble nous opposer :


quarante-cinq ans d’écart, des milieux de vie et des quotidiens différents. Pourtant, la sexagénaire me fixe avec attention, elle s’intéresse, s’interroge et me questionne. Est-ce une


déformation professionnelle de son côté aussi ? Elle fait en tout cas preuve d’empathie. Nos présentations effectuées, ma partenaire souhaite relire les questions. Je lui tends mon


téléphone. Lunettes sur le nez, elle lit : _« Doit-on rétablir l’impôt sur la fortune ? » _La sexagénaire dénonce des inégalités, elle s’indigne de ces ultra-riches qui détiennent des sommes


astronomiques. Je suis d’accord avec elle, mais reste sceptique sur l’utilisation des sommes récupérées. Elle acquiesce. Pour quasiment chaque sujet, nous réalisons que les réponses ne sont


jamais simples. Ce n’est ni oui, ni non, tout dépend du contexte. Il y a par exemple la question : _« Pensez-vous que le mouvement MeToo a un impact positif sur la société ? » _Véronique se


réjouit de la libération de la parole des femmes. Mais elle s’inquiète des discours _« qui mettent tous les hommes dans le même sac ». _Elle a rencontré son mari sur les bancs du lycée, l’a


suivi à Chicago puis de retour en France, elle a fondé une famille en banlieue parisienne. Elle détient la preuve qu’il reste des hommes bien. > Un simple oui ou non ne suffit toujours 


pas Nous décidons de passer à un autre sujet clivant. _« Faut-il armer la police municipale ? »_,_ « Limiter la vitesse autorisée des voitures pour lutter contre le changement climatique ? 


»_ Sur ces questions, nous convenons vite qu’un simple oui ou non ne suffit toujours pas. Agir contre la violence et la pollution, oui, mais est-ce les bonnes méthodes ? Chacune à son tour


expose son avis, sans que l’autre ne la contredise, mais apporte plutôt de la nuance. Le rythme est soutenu mais des instants de silence s’interposent entre nos idées et nos argumentations.


Véronique repose sa tête sur sa main. J’ai les bras croisés : certains verront là le signe d’une fermeture à la discussion ; c’est ma manière de me concentrer sur le sujet en évitant de


jouer avec mes doigts. À chaque nouvelle question, l’ancienne psychologue prend le temps de lire la phrase, de la décortiquer en appuyant chaque mot. Elle regarde en l’air, resserre et


replace son foulard autour du cou puis répond. CURIOSITÉ Nous nous éloignons peu à peu du guide de conversation fourni par _La Croix. _La discussion dérive même sur la religion — le sujet


était jugé trop clivant pour apparaître dans le questionnaire, mais nous l’avons abordé naturellement. Véronique, catholique pratiquante, s’interroge sur mon athéisme. Je lui explique ma


vision, elle partage des anecdotes sur sa foi. Nous comprenons vite qu’au-delà de nos différences, nous avons une curiosité commune. Nous devons conclure notre échange, j’ai un rendez-vous


professionnel à deux pas. Cette conversation — ponctuée de «_ tu as raison »_ et de _« c’est vrai » _a finalement révélé bien plus de points d’accord que de divergences. Peut-être ne


sommes-nous pas assez militantes pour ce type d’événement : aucun sujet ne nous a poussées à élever la voix. Pour trouver son opposé, le questionnaire dichotomique n’était peut-être pas le


plus adapté. Mais nous avons trouvé ce que nous cherchions : un moment d’échange agréable. INTROSPECTION Véronique rêve d’ouvrir un café où les gens viendraient simplement discuter. Cet


événement l’a confortée dans ce projet. Pour l’instant, elle profite de sa retraite et jouit de son temps libre pour se former autour de la théologie. De mon côté, cet exercice a permis un


travail d’introspection. En dévoilant à voix haute et à une inconnue ma manière de penser sur des sujets clivants, j’ai modifié quelques-unes de mes analyses. En échangeant avec Véronique,


j’ai trouvé des limites à mes réflexions et nous avons mis en lumière notre méconnaissance de certaines problématiques sociétales. Comment parler de l’impôt sur la fortune si nous n’en


connaissons même pas les tenants et les aboutissants ? Avant de partir, nous promettons de nous revoir. Les jours suivants, nous continuons à échanger des messages : Véronique m’envoie le


lien d’une conférence intéressante sur l’importance du dialogue, je lui demande son accord pour la publication de cet article. _« Quelle belle idée, _me répond-elle. _On est tellement inondé


de news terribles sur lesquelles nous n’avons pas la main ! MERCI ! »_


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