De drones d’engins pour couvrir l’actualité

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Les drones investissent peu à peu le journalisme. Utilisés pour fournir des vues aériennes à bas coût ou bien de l’information sur des zones dangereuses, vont-ils révolutionner le traitement


de l’information ou bien est-ce seulement une ressource d’appoint pour les rédactions ?   Arnaud Mercier Publié le 22 juin 2016 Les drones commencent progressivement à entrer dans notre


univers de référence, voire dans notre quotidien. Entre les drones militaires (dont les journaux nous informent régulièrement qu’ils ont servi à identifier tel ou tel ennemi ou à tuer tel


terroriste islamiste), les drones de la protection civile (pour surveiller un incendie ou une catastrophe), les drones de loisir (simples gadgets offert à Noël ou outils pour vidéastes


amateurs cherchant à renouveler leurs prises de vue et les publiant sur YouTube), jusqu’aux drones utilisés pour fabriquer des images d’information, toutes ces machines, tous ces usages ont


fait rentrer le terme dans notre vocabulaire ordinaire. Pour autant, cela ne signifie pas que les usages sont stabilisés. Les drones de captation vidéo sont encore utilisés de façon plus ou


moins expérimentale par les rédactions pour couvrir l’actualité. Des formations se sont ouvertes pour maîtriser ces engins et leur règlementation très contraignante et restrictive. Des


journalistes reporters d’images (JRI) cherchent à développer leurs savoir-faire en ajoutant cet outil à leur gamme, à moins que ce ne soit leurs rédactions qui leur payent un stage pour


mettre en œuvre une politique de recours aux drones dans certains circonstances. Des sociétés spécialisées offrent les services de « dronistes » pour filmer des événements, pour faire de la


captation d’images à des fins d’information, mais souvent aussi de promotion publicitaire – en particulier dans le secteur du tourisme. > Le drone peut-il révolutionner l’information ?


Mais que peuvent faire les rédactions d’un drone ? Qu’apporte un tel engin à la couverture vidéo de l’actualité ? Le drone est-il le ferment d’une « révolution de l’information » ou


risque-t-il de devenir un coup d’épée dans l’air ? Les questions et les obstacles qui se dressent devant le drone journalisme sont légion. Cartographie des enjeux de cette nouvelle


technologie au service de l’information. D’INDÉNIABLES ATOUTS Et il est vrai que la vertu de cette forme de prise de vue est d’ajouter la verticalité à un regard qui serait par trop


horizontal sans cela. Le drone permet de prendre des images dans des situations difficiles comme lors de catastrophes, naturelles ou pas. Par le survol, le drone passe outre les obstacles du


terrain, voire ceux des services de sécurité, afin de tourner des images qui donnent une idée plus claire, plus tangible, des dégâts occasionnés. Les rédactions y ont désormais recours lors


d’inondations, après une tempête ou un éboulement. Le drone remonte alors la trajectoire du fléau qui s’est répandu, offrant à voir au fil de l’air les détails de ce qui a été détruit. Le


drone a aussi pour vertu d’offrir des images qui peuvent être spectaculaires et souvent inédites. Par l’effet de surplomb ainsi créé, on découvre un territoire, on remet en perspective un


événement dans sa géographie globale. Loin de la focale assez étroite de la caméra sur pieds, le drone élargie le regard, aide à contextualiser les faits, comme le font, du reste, dans les


JT, les images tirées de Google Earth. Ainsi, un journaliste australien raconta dans une conférence professionnelle comment il couvrit la guerre en Afghanistan avec un drone. Arrivé avec les


secours, par exemple, sur les lieux d’une embuscade, il fit s’envoler aussitôt son drone pour prendre des clichés de la vallée où les talibans furent embusqués. Ces photos furent insérées à


son reportage vidéo pour rendre visible la géographie montagneuse et aider à mieux comprendre comment ce type d’embuscade pouvait se dérouler, sur un terrain escarpé qui y était propice.


Ajoutons que le drone a aussi la vertu d’être très peu cher, relativement à la location d’une heure ou deux d’hélicoptère pour filmer depuis le ciel. Un drone de prix raisonnable (autour de


2 000 €), se rangeant aisément dans un coffre de voiture, peut parfaitement suffire à prendre quelques clichés ou vidéos utiles. Rien à voir avec la lourdeur des procédures de location d’un


hélicoptère, son coût répété sur chaque nouveau terrain, les nombreux obstacles météorologiques au survol en hélicoptère… Mais en dépit de ses atouts indéniables, le drone journalisme reste


en suspens, à questionner. DES PROBLÈMES SÉCURITAIRES ET RÈGLEMENTAIRES L’espace aérien fait l’objet depuis les débuts de l’aéronef puis de l’aviation, d’un monopole étatique. Les États


souverains entendent garder le contrôle des voies aériennes et limiter ainsi les menaces pouvant venir du ciel et donc par surprise. À cet égard, le drone, même amateur, est perçu comme une


menace potentielle. En témoigne la nervosité des autorités à chaque annonce du survol par un drone non identifié d’une centrale nucléaire ou d’une autre zone sensible. Pour prévenir les


risques d’espionnage, d’actes terroristes ou même d’accidents liés au survol des zones sensibles, les États démocratiques aussi bien que les puissances autoritaires cherchent donc à


règlementer sévèrement l’usage des drones. En France, la réglementation est particulièrement drastique, pour ne pas dire tatillonne et bureaucratique, même si les choses se sont un peu


simplifiées récemment. L’arrêté du 11 avril 2012 relatif à l'utilisation de l'espace aérien par les aéronefs qui circulent sans personne à bord a été abrogé et remplacé par


l’arrêté du 17 décembre 2015. Même chose pour l’arrêté du 11 avril 2012 relatif à la conception des aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord, aux conditions de leur emploi


et sur les capacités requises des personnes qui les utilisent, remplacé aussi en remplacé aussi en décembre 2015. Sur le papier, il faut donc demander des autorisations préalables, posséder


un certificat de pilote, respecter des zones de survol, ne pas monter trop haut dans le ciel, etc. Faut-il accepter sans mots dire ce contrôle très strict ? Est-on face à une évidence de


défense qui ne peut se contester ? Ou bien la question du survol par un drone relève-t-il d’une problématique similaire à celle des ondes radiophoniques des années 1970 ? Rappelons qu’à


l’époque le monopole d’État sur les ondes se justifiait pour des raisons de sécurité nationale. Le mouvement des radios libres qu’il engendra pourrait-il et/ou devrait-il nourrir une


réflexion sur un mouvement du drone libre ? Aux États-Unis, des groupes se constituent pour réclamer plus de souplesse dans la réglementation afin de permettre de développer ce marché jugé


prometteur et facteur de croissance. Des chercheurs se sont d’ailleurs employés à démontrer que les risques pour le trafic aérien étaient largement surestimés par les autorités américaines.


LES FAIBLESSES DE L’ENGIN > Les forces du drone sont aussi ses faiblesses Le drone est un engin fragile, qui a, pour de nombreux modèles, une faible autonomie de batterie. Impossible,


donc, de survoler un site des heures durant à attendre la « bonne image » volée, celle qui révèle quelque chose. De la même façon, impossible d’utiliser ces engins comme une sorte de


téléobjectif en l’air. Beaucoup de fantasmes circulent sur le caractère intrusif du drone sur notre vie privée, alors qu’en vérité, un puissant téléobjectif raccordé à un appareil photo


permet de prendre plus discrètement des photos plus invasives. Car les petits drones du commerce font du bruit et sont donc repérables aisément pour des personnes attentives. Conduire une


investigation avec un drone relève donc plus d’une idéalisation que d’une réalité. Mais surtout, la dépendance de ces petits aéronefs à la météo est absolue. Le vent et la pluie sont des


ennemis implacables de ces engins volants. Les rédactions qui en ont utilisés racontent toutes en avoir perdu un (voire plusieurs) dans des essais, et même une fois rodées. Ce qui fonde ses


atouts (sa légèreté, sa maniabilité) en fait aussi sa faiblesse (sa perte de contrôle sous intempéries). QUELLES COMPÉTENCES DANS LES RÉDACTIONS POUR CES ENGINS ? Prendre au sérieux le drone


comme outil venant compléter la gamme des moyens mis en œuvre pour couvrir l’actualité, c’est aussi poser la question des compétences. Quel savoir-faire faut-il pour cet exercice ? Quelle


certification officielle faut-il posséder ? Et du point de vue de la direction des titres de presse, cela pose la question de leur stratégie d’usage et donc de formation. Faut-il considérer


que tout JRI (journaliste reporter d’images) a vocation à posséder un jour son brevet de pilote d’aéronef ? > Tout JRI a-t-il vocation à posséder son brevet de pilote > d’aéronef ? À


l’opposé, faut-il laisser le marché arriver à maturité par le biais d’opérateurs privés et externaliser les coûts de production d’actualité ? Entre les deux, la politique de ressources


humaines dans la presse pourrait considérer qu’il faut créer une rédaction dédiée, occupée par un, deux ou trois JRI, qui auraient le seul monopole de la captation vidéo par drones. Mais


reste la question la plus lourde de sens, celle de la narration par le drone. UN « STORYDRONING » EST-IL POSSIBLE ? De même qu’on parle de storytelling, à propos de certaines façons de se


mettre en scène dans l’espace politico-médiatique, on peut oser ce néologisme pour désigner ce qui serait un reportage fait avec des images issues des drones. Quelle appropriation narrative


un journaliste peut-il bien faire d’images tournées en drone ? Comment penser la complémentarité entre les images en verticalité et celles en horizontalité ? Le drone se suffit-il à lui-même


ou restera-t-il un appoint à d’autres images plus « classiques » ? Lorsque s’expriment des JRI ayant tâté du drone pour des reportages, il en ressort toujours l’idée qu’il ne peut s’agir


que d’une technologie complémentaire, une façon d’ajouter un point de vue plus aérien à des images vues du sol. Les contraintes d’usage sont telles, l’autonomie de batterie est si faible, la


qualité des images si incertaine dans certains contextes de tournage, que nul ne se sent autorisé à tout miser sur le seul drone. Le drone sera utilisé en reportage long, lorsqu’avec


plusieurs jours de tournage programmés, on aura la certitude de pouvoir tourner dans de bonnes conditions au moins une fois. Il apportera des images complémentaires, achetées à des sociétés


spécialisées, mieux équipées et mieux armées pour gérer tous les paramètres (dépôt d’un plan de vol, d’une demande d’autorisation, pilotage par des « télépilotes d’aéronefs » déclarés et


diplômés, etc.). Épisodiquement, on l’utilisera pour des images spectaculaires sur une actualité-catastrophe. DES FREINS MENTAUX ET ORGANISATIONNELS A SA PLEINE INTÉGRATION ? On peut


toutefois se demander si les obstacles objectifs ne servent pas trop facilement de freins à la créativité. Il manque sans doute encore dans les rédactions, un épisode assumé de prospection


exploratoire où des tests multiples permettraient de découvrir des usages innovants. Ce qui en dit peut-être plus sur les limites socio-économiques des entreprises de presse que sur les


limites du drone. La situation financière est souvent si fragile, l’appel de l’actualité « chaude » si fort, la pression à produire du papier et des images si intense, que l’idée de dégager


du temps et des ressources pour apprivoiser de nouvelles technologies, pour faire en quelque sorte de la R&D (recherche & développement ») semble aussi impossible qu’indécent.


Pourtant réussir les mutations numériques et technologiques de la presse sont le défi majeur et cela implique de changer de logiciel, en faisant entrer les entreprises de presse dans l’ère


de la R&D afin d’explorer toutes les potentialités des nouveaux outils qui ne cessent de se créer, pour se réinventer en permanence. À coup sûr, le drone ne va pas révolutionner le


journalisme, mais la façon dont il est apprivoisé dans les rédactions nous dit des choses sur les défauts d’adaptation au changement dans les rédactions et la difficulté d’intégrer toutes


les potentialités du drone. -- Crédits photos : _AR Drone 2.0 Carbon._ Lee / Flickr. Licence CC BY-NC-ND 2.0 _Flying a drone_.gato-gato-gato / Flickr. Licence CC BY-NC-ND 2.0


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